Impérialisme français,
Bas les pattes du Togo!

(«le prolétaire»; N° 475; Janvier-Février-Mars 2005)

 

 

Après 38 ans à la tête du Togo, Gnassingbé Eyadema est mort le 5 février dernier. Par la voix de Chirac l’impérialisme français a salué la mémoire d’«un grand ami de la France». L’ancien sergent-chef de la coloniale avait commencé sa carrière politique au service de l’impérialisme en assassinant en 1963 Sylvanus Olympio, le premier président du Togo indépendant qui essayait de se tourner vers les Etats-Unis. Au cours de son long règne grâce au soutien sans faille de l’impérialisme tricolore (y compris militaire), il fit du petit Togo un paradis néocolonial: répression sanglante contre les opposants politiques ou les travailleurs, muselage des médias d’un côté, tandis que de l’autre les richesses togolaises (essentiellement le phosphate) alimentaient les caisses françaises et le clan au pouvoir. Le régime togolais était en outre au coeur de différents trafics au profit de l’impérialisme français: trafic d’armes (établi par un rapport de l’ONU) en direction de certains alliés peu recommandables de la France, trafic de diamants, etc. La brutalité du régime, responsable du massacre de centaines d’opposants en 1999 (1), était telle qu’elle avait conduit l’Europe à imposer des sanctions au Togo en dépit de l’opposition française (de gauche et de droite: parmi les défenseurs les plus connus du régime Eyadema, il y a Rocard et c’est sous Mitterrand que furent envoyées des troupes françaises à sa rescousse).

Résultat: en 2004, 68% de la population togolaise vivait en dessous du seuil de pauvreté, alors que la fortune personnelle d’Eyadema était estimée à 4,5 milliards de dollars, soit plus de trois fois la dette extérieure du Togo (1,4 milliards de dollars en 2002).

Dès la mort d’Eyadema connue, les militaires portaient au pouvoir son fils Faure Gnassingbé (qui avait la charge de gérer la fortune familiale), écartant le président du Parlement qui aurait dû assurer la continuité du pouvoir. Recrutée dans l’ethnie du Président, la petite armée togolaise, encadrée par des conseillers militaires français, a depuis longtemps été purgée de tout élément non fidèle au clan régnant et elle était le rempart fidèle de celui-ci: elle l’a démontré par des raids meurtriers dans les quartiers populaires de Lomé lorsque éclataient des manifestations contre le régime.

Devant les protestations internationales, et tout en mettant ses troupes présentes en Afrique en état d’alerte, Paris appelait au respect de la Constitution togolaise. Cela ne lui était pas difficile car cette constitution a été rédigée et amendée par des experts français (notamment le giscardien Debbasch, ancien doyen de la faculté de Droit d’Aix qui était venu en toute hâte donner un habillage juridique au transfert du pouvoir) de façon à conforter le mieux possible le pouvoir en place! Mais les manifestations de rue de dizaines de milliers de personnes, durement réprimées, et la pression diplomatique des pays africains (et des Etats-Unis, pas mécontents de se présenter en recours contre la domination française!), ont contraint les autorités à esquisser un semblant de recul. Elles ont annoncé qu’une élection présidentielle devrait avoir lieu prochainement, et Faure Gnassingbé devrait démissionner pour remettre l’intérim entre les mains du président du parlement comme le prévoyait la constitution. Mais il n’y aucune illusion à avoir; le régime a déjà organisé à plusieurs reprises des élections, honteusement truquées même si les «observateurs» français (y compris lors de la dernière fois en 2003, des apparentés PCF comme un ancien dirigeant de SOS Racisme) (2) déclaraient le contraire, il fera la même chose demain, avec l’aide des impérialistes. Ce n’est pas par des élections démocratiques que tombera le régime dictatorial; et si par extraordinaire l’opposition arrivait au pouvoir, elle a déjà déclaré par la bouche de Gilchrist Olympio (le fils du président assassiné) que la France resterait son partenaire privilégié: elle signifie de cette façon qu’elle respecterait la domination impérialiste. Ce n’est que contrainte et forcée que la bande mafieuse au pouvoir lâchera prise; ce n’est que sous la pression directe des masses que l’impérialisme français criminel relâchera son étreinte sur sa néocolonie.

La pieuvre impérialiste doit être abattue en son centre: Il revient aux prolétaires d’ici d’apporter une aide décisive aux opprimés africains qui se heurtent à l’impérialisme français et à ses créatures; non pas en faisant confiance aux institutions démocratiques ou aux partis sociaux-impérialistes, mais en retrouvant le chemin de la lutte de classe intransigeante contre le capitalisme.

 

Impérialisme français, bas les pattes du Togo! Troupes françaises, hors d’Afrique! Vive la solidarité internationale des prolétaires!

27.02.2005

 


 

(1) Voir «Le Prolétaire» n°450 (août-oct. 1999) - (2) Voir «Le Prolétaire» n°468 (août-sept. 2003)

 

Particommuniste international

www.pcint.org

 

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