Aperçu sur la syrie (4)

La syrie indépendante

(«le prolétaire»; N° 504; Août - Octobre 2012)

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Une instabilité chronique

 

A son accession à l’indépendance après le départ des troupes coloniales françaises, la Syrie se trouvait confrontée à de multiples problèmes économiques, sociaux et politiques. Amputée d’une partie de son territoire et notamment de ses débouchés naturels sur la Méditerranée que constituaient le port de Beyrouth et, pour la région d’Alep, la capitale économique du pays, celui d’Alexandrette (Antioche, maintenant Iskenderun selon l’appellation turque), la faiblesse du pays en faisait la cible des convoitises rivales des Etats de la région et des divers impérialismes. L’organisation politique du nouvel Etat sous la forme d’une démocratie parlementaire à l’européenne, ne pouvait suppléer à l’arriération économique et sociale du pays. La classe dirigeante, composée essentiellement de grands propriétaires terriens absentéistes, de chefs religieux ou de grands commerçants, et fragmentée selon les divisions régionales typiques de la Syrie, montra rapidement son vrai visage en se livrant à un pillage éhonté du pays.

L’ignominieuse défaite lors de la guerre engagée en mai 48 par la Ligue Arabe contre Israël (rappelons que la Palestine faisait partie de la Grande Syrie rêvée par les nationalistes) fut un facteur aggravant de la crise de régime qui couvait et dont le facteur déclenchant se trouva dans la détérioration de la situation des larges masses, notamment à cause de la flambée des prix causée par les mauvaises récoltes.

Un nouveau parti, le parti Baas («Renaissance») alliant nationalisme arabe et discours «socialisant» (1) apparût pour la première fois sur le devant de la scène en se mettant fin 48 à la tête des grèves étudiantes qui bientôt s’étendirent à la population active de tout le pays; les revendications mêlaient les thèmes nationalistes et les revendications sociales, de la reprise immédiate de la guerre contre Israël à la baisse du prix du pain... La répression fut sanglante et la police ne suffisant pas à la besogne, le gouvernement eut recours à l’armée et à l’imposition de la loi martiale.

Afin de surmonter ses difficultés économiques, le gouvernement projetait un accord financier avec la France ainsi qu’un autre avec les Etats-Unis pour la construction d’un oléoduc destiné à évacuer le pétrole irakien pompé par l’Aramco vers la Méditerranée. Dans l’ambiance surchauffée du moment, il était impossible que le parlement donne son accord à ces projets. En mars 49 un coup d’Etat militaire, inspiré par les impérialistes (2), permit de résoudre le problème et de ratifier ces accords. Ce coup d’Etat n’était que le premier d’une interminable série: quelques mois plus tard à peine un second coup d’Etat, inspiré par des intérêts impérialistes et régionaux rivaux, lui succédait...

 

De «l’unité» avec l’Egypte...

 

Il n’y a guère d’intérêt à faire l’histoire détaillée de l’instabilité politique chronique de la Syrie au long des années cinquante et soixante.

Il nous faut cependant noter l’épisode de l’union entre la Syrie et l’Egypte (la dite «République Arabe Unie» qui dura de 1958 à 1961) car elle est l’expression de la politique égyptienne traditionnelle consistant à prévenir l’apparition dans le monde arabe d’une puissance qui pourrait lui porter ombrage; dans ce cas précis il s’agissait d’empêcher toute alliance de la Syrie avec l’Irak (perspective dite de l’unité du «Croissant Fertile») ou avec la Jordanie (perspective dite «Hachémite»): on voit ce que valaient les discours enflammés de Nasser sur l’unité arabe!

Du côté syrien, la perspective d’une union avec le grand Etat égyptien s’expliquait par l’appui que celui-ci pouvait donner face à des difficultés internes croissantes (3) et à des menaces extérieures redoutables. Craignant de voir la Russie mettre la main sur le Moyen-Orient à la faveur de l’effacement des impérialismes anglais et français après l’échec de leur attaque contre l’Egypte en 1956, les Etats-Unis voulaient en effet intimider la Syrie (et également l’Egypte) en envoyant la VIe flotte croiser en Méditerranée orientale, en fournissant des armes à la Jordanie, en menaçant d’une intervention militaire turque, voire en fomentant un coup d’Etat à Damas. Mais ces menaces provoquèrent le rapprochement syro-égyptien, qui était d’ailleurs également conçu par ses partisans comme un moyen d’éviter un alignement trop marqué sur Moscou: (la R.A.U., comme l’Egypte se présentera toujours comme «non-alignée»).

Cette union entre l’Egypte et la Syrie pouvait paraître s’inscrire dans la perspective d’unification de la «nation arabe» agitée par le nationalisme arabe dont le parti Baas était le chantre le plus fervent. Elle montre en réalité ce que valent les tentatives bourgeoises d’unification entre des Etats. Les rivalités apparurent bien vite; les bourgeois syriens alléchés par le grand marché égyptien déchantèrent devant la concurrence venue de ce pays, les investissements égyptiens espérés brillèrent par leur absence, tandis que les autorités cairotes s’efforçaient d’imposer un contrôle bureaucratique et policier sur un pays avec lequel elles ne pouvaient envisager d’unité que sous la forme de la soumission; les principaux partis syriens, y compris le Baas, furent obligés de se dissoudre dans le parti nassérien unique ou de passer dans la clandestinité, tombant alors sous le coup de la répression brutale des services égyptiens qui se livrèrent à des exactions répétées.

En ce qui concerne le prolétariat, une série de mesures légales, semblables à celles décrétées par le régime nassérien en Egypte, apportaient sur le papier des améliorations à la condition ouvrière: un système d’assurances sociales, un nouveau code du travail reconnaissant un congé annuel, accordant des garanties en cas de maladie ou d’accident du travail, et contre le licenciement, etc. Mais en même temps la répression s’accentua contre toute activité syndicale réelle: les syndicats furent étroitement contrôlés, les militants syndicaux pourchassés (en particulier là où il y avait eu des grèves les années précédentes, comme dans le textile à Alep en 55 et 56, parmi les ouvriers de l’électricité à Homs et Hama en 54, etc.). Cette politique anti-ouvrière s’accompagna en général d’une baisse des salaires, pour les aligner sur les salaires égyptiens. On comprend que les charmes du nassérisme s’évanouirent auprès des prolétaires syriens bien plus vite qu’auprès des milieux bourgeois...

Selon le marxisme, l’Etat étant une machine de défense, outre d’un mode de production, des privilèges de la classe dominante érigée sur ce mode de production, il est impossible d’unir deux Etats sans l’emploi de la force (que ce soit par une révolution ou une guerre) pour briser l’un d’eux et assurer la domination de l’autre. Jamais en effet une classe dominante n’abandonnera (ou ne partagera) sans résister l’appareil qui assure sa situation sociale et garantit sa domination.

 Finalement en septembre 61 un coup d’Etat à Damas sonna la fin de l’union entre les deux pays. L’Etat est en définitive une bande d’hommes en armes, cette affirmation d’Engels qui dans les pays capitalistes riches est masquée par l’existence de tout un attirail d’institutions démocratiques, est une évidence immédiate dans les pays plus pauvres qui ne peuvent se payer ce luxe; toute l’histoire de la Syrie est là pour le démontrer et pour démontrer que même les conflits d’intérêts au sein de la classe dominante qui retentissent sur l’orientation de l’Etat, se résolvent sur le terrain de la violence et de la force militaire.

 

...à la «révolution» Baasiste

 

Dans la propagande officielle, le coup d’Etat qui en mars 63, mit fin à l’intermède troublé de pseudo-démocratie parlementaire ouvert en 61, est présenté comme le début de la «révolution». Eclatant un mois après la venue au pouvoir en Irak de militaires Baasistes, ce premier coup d’Etat baasiste en Syrie (il y en aura plusieurs, selon les affrontements entre factions) marque, sinon une «révolution» qui n’a jamais eu lieu, du moins un tournant dans l’histoire économique et politique du pays.

Depuis cette date toutes les équipes qui se succéderont au pouvoir selon les vicissitudes des conflits au sein des cercles dirigeants se réclameront du Baas.

Mais, facteur autrement plus important, les dirigeants des diverses factions Baasistes réussiront à piloter une modernisation des rapports économiques et sociaux syriens qui permettra un indéniable développement économique, base sur laquelle le pays finit enfin par jouir d’une stabilité politique qui, en dépit des guerres durera plusieurs décennies sous le poing de fer du régime militaro-policier sans scrupules de Hafez el Assad..

C’est cependant après avoir dans un premier temps écrasé dans le sang des troubles qui avaient éclaté sous la bannière islamiste et après avoir liquidé diverses oppositions, que le régime baasiste commença à se lancer dans des réformes économiques: nationalisations des ressources minières, des grandes entreprises industrielles, de diverses sociétés étrangères.

A partir de 1966, le régime se «radicalisa» au niveau d’une propagande «socialisante» mais surtout en se rapprochant de Moscou. A l’extérieur, il suivit une politique qui se voulait marquée du sceau du panarabisme et du soutien à la cause palestinienne (ce qui lui vaudra d’être entraîné dans la «guerre des 6 jours» de 1967 où la Syrie perdra la région stratégique du plateau du Golan). A l’intérieur il s’efforça d’impulser un développement économique sur le modèle russe; la faiblesse du capitalisme privé, surtout investi dans le commerce, ne laissait d’ailleurs d’autre alternative que le recours à l’Etat pour jeter les bases d’une industrialisation locale, sans parler de la construction d’infrastructures modernes, notamment pour ce qui est des voies de communication.

Dans l’agriculture, qui était alors le principal secteur économique, la réforme agraire qui avait été initiée en 1958, à l’époque de la R.A.U., est alors relancée. Le but affiché était de liquider la grande propriété latifundiste parasitaire et de pousser à un développement capitaliste de l’agriculture. Si elles ne furent pas révolutionnaires, les transformations furent réelles: les grands propriétaires fonciers qui possédaient 50% des terres avant la réforme n’en possédait plus qu’un peu moins de 18% après, tandis que les paysans sans terre qui représentaient 60% de la paysannerie avant la réforme n’en représentaient plus que 36% après.

Il s’agit d’une réforme capitaliste, avons nous dit, non seulement parce que la propriété privée de la terre n’a évidemment pas été supprimée, mais aussi parce que c’est la couche des paysans moyens (de 10 à cent hectares de terre) qui fut le gros bénéficiaire de la redistribution des grandes propriétés; constituant 15% des paysans, ils possédaient après la réforme 59% des terres, alors que les petits propriétaires qui constituent 48% de la population paysanne, n’en possédaient que 23,6%. La moitié environ de ces petits propriétaires ont des surfaces si petites qu’en dépit des aides de l’Etat, ils ne pourraient survivre sans trouver du travail temporaire à la ville ou sur la terre des paysans riches (4).

La réforme agraire n’a donc pas révolutionné les rapports sociaux à la campagne; elle n’a en fait concerné qu’un peu plus du cinquième des terres cultivables (l’Etat restant le plus gros propriétaire terrien: il n’a jamais été question de distribuer les terres domaniales aux paysans sans terre). Elle a cependant permis un certain développement d’une agriculture capitaliste utilisant davantage des moyens techniques modernes et employant une main d’oeuvre salariée, dont les tenants sont devenus parmi les plus sûrs soutiens du régime, en particulier dans les régions autrefois délaissées par le pouvoir central.

 

La venue au pouvoir de Hafez el Assad, ou l’alignement du régime Baasiste sur l’impérialisme mondial

 

Outre à l’hostilité des grands propriétaires latifundistes, désormais marginalisés, l’orientation «socialisante» (lire: capitaliste d’Etat) du régime Baasiste syrien conduisit assez rapidement, après la défaite militaire de 1967, à des frictions avec certains secteurs de la bourgeoisie traditionnelle. Une aile «droite» défendant leurs intérêts se forma autour du ministre de la défense, le général el Assad, qui se mit à contester les orientations de la majorité de l’équipe dirigeante. Après une première tentative en 1969, probablement avortée en raison de l’opposition de l’URSS, le principal allié de la Syrie et son principal fournisseur d’armes, ce sont les événements extérieurs qui ouvrirent à Assad la porte du pouvoir.

 En septembre 1970, après un détournement en Jordanie d’avions par le FPLP, les troupes jordaniennes se lancèrent à l’assaut des camps palestiniens du pays. Cette initiative du roi Hussein avait reçu l’appui ouvert des Américains, mais aussi celui de la plupart des Etats arabes, effrayés de constater que les réfugiés Palestiniens présents dans leurs pays avaient pris les armes, ce qui posait une grave menace au maintien de l’ordre. Un slogan des franges palestiniennes les plus radicales était en effet «le chemin de Jérusalem passe par les capitales arabes», autrement dit: il faut d’abord renverser les régimes arabes pro-impérialistes pour pouvoir se donner une force suffisante au renversement du colonialisme israélien (5)..

 La seule exception à cet état d’esprit était pratiquement constituée par le gouvernement de Damas (6) qui, depuis la défaite militaire de 1967 se posait en adversaire irréconciliable d’Israël, en partisan résolu de la lutte palestinienne et en dénonciateur des autres Etats arabes. Il décida donc d’envoyer ses blindés au secours des Palestiniens. Il n’y a guère de doute que l’entrée dans le combat des troupes syriennes aurait signifié la défaite de l’armée du roi Hussein, confrontée à une résistance plus forte que prévue des guérillas palestiniennes, déjà maîtresses du nord du pays, et au renversement probable du régime jordanien qui faisait face à l’hostilité de la majorité de la population, d’origine palestinienne. Et si le pion jordanien était tombé, c’est tout l’ordre impérialiste dans la région qui aurait été ébranlé, avec des conséquences incalculables.

 Les Russes firent connaître leur opposition à cette opération militaire, et Assad ordonna aux blindés syriens de faire demi-tour. De son côté, l’OLP d’Arafat se soumit, elle aussi, au respect de l’ordre impérialiste régional, en appelant les Palestiniens à déposer les armes au nom de la «non-ingérence dans les affaires intérieures des Pays Arabes». Les victimes palestiniennes des soldats Bédouins, dans les bombardements indiscriminés des camps palestiniens, dans les fusillades de combattants désarmés, etc., ont été estimées à près de 10 000 et les blessés à plus de cent mille (principalement des civils); les camps furent rasés et les combattants palestiniennes qui le purent furent contraints de fuir le pays (essentiellement vers le Liban) pour échapper aux massacres.

Le «septembre noir» jordanien marqua une victoire de la Sainte Alliance contre-révolutionnaire, unie, de l’URSS aux Etats-Unis, d’Israël aux Etats arabes, en dépit de ses sanglants affrontements internes, contre tout mouvement des masses opprimées et déshéritées: les Etats bourgeois ne font qu’un devant la menace que peuvent présenter les exploités, comme Marx l’avait écrit lors de la Commune de Paris.

Mis en accusation lors du congrès du parti Baas qui se tint peu après, Assad répondit par un coup d’Etat qui le portera au pouvoir jusqu’à sa mort trente ans plus tard: le chemin du pouvoir à Damas passait par le respect de l’ordre impérialiste et l’abandon des Palestiniens à leurs bourreaux jordaniens. Quelques années plus tard, le régime de Assad qui, lors de la guerre de 1973, avait acquis, par comparaison à l’attitude de l’Egypte, une réputation de «fermeté» face à Israël (7), rendit une nouvelle fois un fier service à l’ordre impérialiste mondial; avec l’accord implicite ou explicite des Etats-Unis, d’Israël, de l’URSS et, mezzo voce, des Etats Arabes, les troupes syriennes intervinrent en 1976 dans la guerre civile libanaise pour sauver un régime réactionnaire en perdition et empêcher la victoire des Palestiniens et de leurs alliés du «camp progressiste» qui aurait risqué de déstabiliser toute la région.

Le fameux «axe de la résistance» à Israël et l’impérialisme dont la Syrie aurait été l’incarnation, n’a jamais existé que dans la propagande officielle de Damas...

(A suivre)

 


 

(1) Les fondateurs du parti Baas, Michel Aflak et Saleh Bitar, ont raconté avoir découvert le «socialisme» lors de leurs études à Paris dans les années trente, mais un socialisme non marxiste parce que le marxisme était un facteur de division de la nation arabe. En fait ils avaient d’abord été séduits par la «socialisme» stalinien, lorsque celui-ci s’identifiait en Syrie au nationalisme. Ils rompirent avec le PC Syrien lorsque celui-ci, conformément à la politique stalinienne, abandonna la revendication nationale pour la défense de ‘impérialisme français au nom de la lutte contre l’Allemagne nazie.

(2) Patrick Seale, le grand spécialiste britannique de la Syrie, s’affirme peu convaincu d’un rôle des Etats-Unis dans l’instigation du coup d’Etat, mais il écrit qu’on ne peut en dire autant d’une participation française. Il affirme toutefois que les Etats-Unis étaient au courant de la préparation de ce coup d’Etat. cf P. Seale, «The Struggle for Syria», Oxford University Press 1965, p. 36.

 Quoi qu’il en soit, le régime du colonel Zaïm sera résolument pro-français. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il sera fusillé ainsi que son premier ministre, tous deux kurdes, par les hommes du colonel Hennaoui, fervent partisan d’un rapprochement avec les intérêts anglais. Renversé au bout de quelques mois en raison de sa volonté d’unir la Syrie avec l’Irak (sous domination britannique), ce militaire druze sera assassiné à Beyrouth par des Kurdes voulant venger le meurtre de leurs coreligionnaires.

(3) P. Seale écrit: «A la fin de l’été 1957, la Syrie était arrivée à deux doigts de la désintégration en tant que communauté politique organisée. Non seulement parce qu’il n’y avait pas de consensus général sur les règles du comportement politique, mais, plus grave encore, parce que beaucoup de Syriens avaient perdu confiance dans l’avenir de leur pays en tant qu’entité indépendante». cf «The Struggle for Syria», op. cit., p. 308.

Il ne s’agit pas là de psychologie, mais du reflet parmi les cercles dirigeants des problèmes causés par l’instabilité politique interne: «Les désordres se multiplient; les factions en viennent aux mains; l’anarchie gagne et l’ordre public ne peut plus être maintenu» écrit Claude Palazzoli dans «La Syrie. Le rêve et la rupture». Le Sycomore, Paris 1977, p.169. Michel Aflak, le dirigeant historique du Baas, parti qui fut le plus chaud artisan de l’unification avec l’Egypte, expliquait: «nous voulions un Etat fédéral assez fort et assez centralisé pour résister aux manoeuvres des opposants à l’intérieur et des Gouvernements étrangers à l’extérieur», cf «The Struggle...» op. cit., p. 318.

(4) Statistique citée dans «Syria. Society, Culture and Polity», State University of New York Press 1991, p. 37.

(5) Ces organisations, même les plus extrémistes, n’ayant jamais dépassé le cadre du nationalisme bourgeois, ne pouvaient en réalité envisager la seule perspective historiquement possible de renversement des Etats de la région: celle de la révolution prolétarienne en couronnement de la lutte de classe anticapitaliste. Ils parlaient de renverser ces régimes (comme par exemple le FPLP au sujet de la Jordanie) parce qu’ils étaient des obstacles à la lutte palestinienne, parce qu’ils étaient inféodés à l’impérialisme, parce qu’ils étaient corrompus, etc., non parce qu’ils étaient capitalistes. Ils s’interdisaient ainsi de mobiliser les prolétaires et les masses exploitées et opprimées...

(6) Le régime irakien, lui aussi se réclamant du Baasisme (les chefs historiques du Baas s’y étaient réfugiés après avoir été exclus du Baas syrien), fit des déclarations bruyantes de soutien aux Palestiniens; mais il s’abstint de la moindre action concrète en leur faveur...

(7) Sa «fermeté» face à Israël et les Etats-Unis lui valut de recevoir des financements arabes lui permettant de surmonter les destructions causées par Israël à une partie de son infrastructure économique; mais cette fermeté toute relative déboucha lors des négociations sur un engagement à empêcher toute action de guérilla contre Israël à partir de son territoire. Cet engagement fut intégralement respecté pendant les décennies qui suivirent, faisant de la frontière avec la Syrie, la plus sûre d’Israël...

 

 

Parti communiste international

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