Quand les «syndicalistes révolutionnaires» revendiquent … des licenciements

(«le prolétaire»; N° 505; Novembre-Décembre 2012)

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Depuis des années, les travailleurs de l’enseignement ont subi des attaques des gouvernements successifs. Face à ces attaques, les ripostes ont été stérilisés par les différents appareils syndicaux. Ceux-ci diffusent et confortent les préjugés petits-bourgeois et conservateurs (voire réactionnaires) de la profession: culte de Sainte Ecole publique, défense de la «mission» des enseignants et des « intérêts des élèves», fétichisme de la République «éducatrice» (pour ne pas dire «civilisatrice») des jeunes prolétaires, …

Ces croyances sont largement répandues et diffusée par les courants d’ «extrême» gauche du syndicalisme enseignant.

C’est particulièrement le cas de la tendance Emancipation, qui s’affirme héritière de l’Ecole Emancipée, tendance «syndicaliste révolutionnaire» dans la Fédération Unitaire de l’Enseignement de la CGTU puis de la FEN.

Elle se présente sur son site comme «une tendance intersyndicale regroupant, quelle que soit leur appartenance syndicale, les personnels de l’Éducation Nationale, les étudiantEs, les lycéenNEs qui interviennent sur leur lieu de travail, dans leurs organisations syndicales comme dans les mouvements sociaux sur des bases anticapitalistes et qui refusent l’autoritarisme, la bureaucratie et le corporatisme».

Son Manifeste de 2004 affirme que «le syndicalisme révolutionnaire prend le parti des exploitéEs contre les exploiteurs d’une manière inconditionnelle et permanente» et qu’il «se situe d’abord aux côtés des plus précaires, des plus exploitéEs».

Mais dans les faits, ces «syndicalistes révolutionnaires» se font, au nom de la laïcité, les défenseurs de leur patron – l’Education nationale – contre les travailleurs des écoles concurrentes .

En Seine-Maritime, les militants d’Emancipation font en effet partie des fondateurs et des animateurs de l’Observatoire de la laïcité scolaire. Non seulement cet Observatoire est totalement interclassiste car, comme l’affirme son tract de fondation (repris dans Combat Laïque 76, novembre 2011), il est «ouvert à toute association, syndicat, élu-e défendant l’Ecole Publique Laïque» mais il est également le vecteur de la pire chauvinisme d’entreprise.

Ce tract énumère les dépenses faites par l’Etat au profit de l’enseignement privé:

 «Les établissements privés sous contrat d’association Loi Debré de 1959 – la quasi-totalité – ont leurs personnels et une partie de leur retraite payés par l’Etat, leur fonctionnement payé intégralement par les collectivités territoriales et l’Etat (communes pour les écoles, département pour les collèges, Région pour les lycées), leurs investissements mobiliers et immobiliers partiellement pris en charge par des fonds publics».

Dans le système éducatif français, les 135'000 enseignants (payés directement par l’Etat) et les 80'000 personnels administratifs, d’entretien, surveillants, etc. (rémunérés grâce au forfait d’externat versé par l’État, les régions et les départements) sont davantage exploités que leurs collègues du public avec des salaires inférieurs, une précarité et une flexibilité plus fortes, des droits syndicaux limités, … Leur défense devrait donc être une priorité pour n’importe quel syndicaliste surtout s’il se dit révolutionnaire! Ce n’est pas le cas d’Emancipation!

Pour conclure, ce tract lance un appel: «A tous les degrés de l’enseignement, les fonds publics doivent être strictement réservés à l’Ecole Publique!».

Très clairement, ces militants demandent que l’Etat-patron cesse de financer les écoles privées et donc arrête de payer les salaires et les pensions des travailleurs du privé. Ils revendiquent donc un vaste plan social qui frapperait les travailleurs de l’enseignement privé! Où l’on voit le caractère anti-prolétarien de l’idéologie laïque qui ne sert qu’à diviser les travailleurs, à justifier le corporatisme le plus étroit et la défense la plus obtuse de l’Etat bourgeois...

 Loin d’être une saine réaction de classe aux trahisons de la bonzerie syndicale le «syndicalisme révolutionnaire» défendu par Emancipation n’est que l’aile gauche du collaborationnisme et, de fait, le fer de lance de la défense de l’entreprise Education nationale contre les travailleurs des écoles concurrentes.

Dans l’enseignement comme ailleurs, il est nécessaire pour les travailleurs de rompre avec tous les faux amis, en particulier avec les prétendus révolutionnaires qui ne sont que les valets du syndicalisme jaune et des ennemis de la reprise de la lutte de classe.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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