Non à l’intervention militaire française en Syrie et en Libye!

(«le prolétaire»; N° 520; Juin-Juillet-Août 2016)

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Le 9 juin dernier une dépêche de l’AFP reprise par plusieurs journaux (1), indiquait la présence de soldats français appartenant aux «Forces spéciales», aux côtés des troupes kurdes combattant en Syrie contre l’«Etat Islamique» (EI); jusqu’alors le gouvernement français n’avait admis que la présence de 150 soldats environ dans le Kurdistan irakien.

Le ministre de la Défense Le Drian avait déjà quelques jours auparavant laissé entendre cette intervention française dans les combats autour de la ville de Minbej, dans la région d’Alep au nord de la Syrie: «On appuie par des apports d’armes, de la présence aérienne et du conseil» avait-il dit en effet sur la chaîne de telé Public Sénat. L’attaque contre cette ville aux mains de l’EI, qui est appuyée par les bombardements de la coalition américaine, est menée par les troupes kurdes du PKK/YPG, pour l’occasion rebaptisées «Forces démocratiques Syriennes» et qualifiées d’ «arabo-kurdes»; la coalition doit en effet tenir compte de l’hostilité de la population et des rebelles arabes envers les Kurdes, accusés d’avoir soutenu le régime et commis des exactions contre les civils ces derniers mois lors de la conquête de différents districts (2).

Le ministre de la Défense a démenti toute participation aux combats des soldats français, qui se contenteraient de «conseiller» les combattants autochtones. Mais on sait ce que valent pareils démentis: les Forces Spéciales sont des commandos envoyés comme troupes de choc en avant-garde des troupes régulières, comme cela a été le cas lors de la récente intervention française au Mali; elles peuvent être aussi utilisées pour servir des systèmes d’armes perfectionnés dont les combattants locaux ne connaissent pas le maniement. Des Forces Spéciales américaines sont également présentes en Syrie et Obama a annoncé lors de son récent voyage en Europe l’envoi de 250 membres supplémentaires de ces unités pour aider les YPG (en plus d’un renforcement militaire en Irak).

Déjà le 25 février Le Monde avait révélé la présence de Forces Spéciales françaises en Libye, suscitant la colère de Le Drian qui avait décidé d’ouvrir une enquête pour «compromission du secret défense». Ces soldats des Forces Spéciales en Libye sont secondées, selon Le Monde par des «membres du Service Action de la DGSE», autrement dit des tueurs des services d’espionnage français. Pratiquement au même moment un officier libyen confirmait la présence d’un «groupe» militaire français à Benghazi, tandis que la presse anglaise révélait que des militaires britanniques se trouvaient aussi clandestinement sur place (3).

Il y a quelques mois il était beaucoup question d’une intervention militaire occidentale ouverte en Libye pour y imposer un ordre répondant aux besoins de l’impérialisme, intervention dont le commandement aurait été confié à l’Italie (en raison de ses intérêts sur place). Pour des raisons que nous ignorons, mais où sans aucun doute les rivalités impérialistes tiennent leur place, cette opération militaire ouverte n’a jamais vu le jour, laissant la place à des interventions dissimulées où chaque Etat impérialiste défend ses intérêts.

En effet, en Libye comme en Syrie, la justification invoquée par les impérialistes pour leurs actions militaires est d’empêcher des actes terroristes sur leur propre sol: un acte d’autodéfense en quelque sorte! Mais, selon la déclaration d’un responsable anonyme du ministère de la défense sur la présence de soldats en Syrie: «on n’y va pas parce qu’il y a des Français [djihadistes –NDLR]» (1). Et effectivement si les impérialistes se précipitent à la curée, ce n’est pas pour «protéger leurs citoyens», sur qui ils feront au contraire retomber d’une façon ou d’une autre les conséquences de leurs exactions, mais pour défendre leurs intérêts présents ou futurs.

Il appartient aux prolétaires soucieux du sort de leur classe de se désolidariser des agissements de «leur» impérialisme et de «leur» Etat, de les dénoncer avant même d’avoir la force de pouvoir s’y opposer et de les combattre concrètement; d’autant plus aujourd’hui où le silence de la dite «extrême gauche» sur l’intervention militaire française trahit son ralliement en pratique, au nom de la solidarité avec les Kurdes, au front de guerre de la coalition américaine en Syrie: qui ne dit mot consent. L’opposition résolue à son propre impérialisme est la condition indispensable sur laquelle fonder l’internationalisme prolétarien.

 

Non au regain de l’intervention militaire en Syrie et en Libye!

Troupes françaises hors du Moyen-Orient et d’Afrique!

A bas l’impérialisme, vive la lutte prolétarienne internationale!

 


 

(1) cf Libération, 9/6/16

(2) cf «Au sujet de quelques réactions aux attentats de novembre», Le Prolétaire n°518

(3) cf Le Figaro.fr, 26/2/16

(4) cf Libération, op. cit.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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