va «Où va la CGT ?»

A toute blinde vers l’union sacrée !

(«le prolétaire»; N° 521; Septembre-Octobre 2016)

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Il y a quelques mois, des militants d’extrême gauche ont créé un «Bataillon International de Libération» (IFB) pour combattre au Rojava (Kurdistan syrien). Cette formation a été créée à l’initiative d’organisations maoïstes ou «marxistes-léninistes» en particulier le parti turc TKP-ML (Parti Communiste Turc-Marxiste-Léniniste) et sa branche armée, la TIKKO.

Des volontaires français ont formé en son sein une «Brigade Henri Krasuki» (du nom de l’ancien dirigeant de la CGT et membre du PCF) qui a fait parlé d’elle en publiant un communiqué de soutien aux militants CGT d’Air France poursuivi par la justice.

Nous avons déjà parlé du courant «Où va la CGT?» animé par Voie Prolétarienne, qui affirme lutter pour l’indépendance de classe contre les compromissions de la direction du syndicat. Il a publié un article sur son blog: «La CGT et Rojava: retour sur un buzz et une polémique».

Il présente la formation de ce bataillon comme «la volonté explicite de ne pas laisser le champ libre aux forces réactionnaires». La réalité est tout autre: le bataillon est sous la direction des forces bourgeoises nationalistes kurdes. Cela est très clair dans sa proclamation lors de sa naissance: les «travailleurs, ouvriers, femmes, jeunes et gens de différentes fois et identités, écologistes, anti-impérialistes, antifascistes, anti-capitalistes, démocrates et révolutionnaires» qui la forment entendent «men[er] la révolution de Rojava, sous le drapeau du YPG et YPJ», les organisations kurdes syriennes du PYD (Parti de l’Union Démocratique), la branche locale du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), implanté en Turquie.

Comme si cette soumission au nationalisme bourgeois ne suffisait pas, «Où va la CGT?» justifie l’alignement sur les intérêts impérialistes: «dans le combat antifasciste», les alliances avec l’impérialisme «sont des alliances possibles, quoique dangereuses et risquées. Les FTP recevaient des parachutages d’armes de Londres durant la Deuxième Guerre mondiale».

 Un rappel en forme d’aveu. Pour ce qui est des FTP, il ne s’agissait pas d’alliances «dangereuses et risquées» pour recevoir des armes, mais des effets de la politique contre-révolutionnaire du stalinisme de trahison des intérêts prolétariens, qui se traduisait par la soumission du prolétariat à la bourgeoisie lors de la deuxième guerre mondiale. En ce qui concerne la Syrie, l’IFB en se mettant sous les ordres du PYD/PKK, se met au service de l’ordre impérialiste au Moyen-Orient, et plus précisément des intérêts des impérialismes occidentaux (sous la forme de la coalition américaine dont la France fait partie); elle agit comme la Résistance stalinienne qui s’était alliée à De Gaulle et défendait le capitalisme français dans la guerre, avant de continuer à le faire après la guerre, en métropole et dans les colonies (avec à la clé les ignobles massacres de Sétif contre les nationalistes algériens).

Espérant clore le débat, «Où va la CGT?» n’hésite pas à manier la calomnie contre ceux qui critiquent son alignement derrière son impérialisme: «Nos détracteurs devraient être un poil plus clair pour expliquer leur conception du combat dans la région et pourquoi ils soutiennent en fait Assad et Poutine».

Les maoïstes de VP ont un trou de mémoire: pendant près de deux décennies, le PKK auquel est lié le PYD a reçu un soutien logistique et financier de la dictature sanguinaire de la famille Assad, et le PYD a toujours évité d’affronter les forces du régime.

Dans certaines parties de Rojava, Assad a retiré ses forces de sécurité, laissant ainsi carte blanche aux nationalistes kurdes, tout en continuant à payer les salaires des fonctionnaires et en contribuant au fonctionnement des administrations locales. De plus, ces derniers mois, le PYD a collaboré avec les forces militaires du régime syrien ainsi qu’avec les forces russes pour tenter de s’imposer sur le terrain.

Cette défense de l’union avec l’impérialisme est logique pour une organisation à l’hérédité stalinienne; mais elle est aussi la conséquence de l’opportunisme de Voie Prolétarienne, bien incapable de se tenir sur des positions de classe, comme le reste des organisations de la dite extrême gauche: dans sa grande majorité, cette dernière, y compris les libertaires, s’est embarquée dans le soutien aux combattants du PYD/PKK

C’est caractéristique de ce que nous pourrions appeler «l’activisme tacticien» qui a depuis toujours gangrené l’opportunisme d’extrême gauche; celui-ci n’a jamais reculé devant les  «compromis» mais, bien sûr!, au nom de la «tactique» (il vaudrait mieux dire: de la manœuvre).

Ces manœuvres représentent un reniement des intérêts de classe dans la mesure où elles se traduisent par le suivisme par rapport à telle ou telle force bourgeoise.

«Où va la CGT?» et VP peuvent bien s’imaginer ce qu’ils veulent: ils ne sont en fait qu’une adaptation passive à l’influence et aux préjugés des mouvements soumis à l’ordre bourgeois.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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