Soudan: fièvre de l'or pour les bourgeois, empoisonnement au cyanure pour les prolétaires

(«le prolétaire»; N° 526; Oct. - Nov. - Déc. 2017)

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Le Soudan est un État particulièrement pauvre d’Afrique de l’Est. Cette pauvreté a été renforcée par une longue guerre civile qui a opposé l’État central dominé par la bourgeoisie arabe aux populations noires et chrétiennes du Sud. Aujourd’hui des guerres se poursuivent au Darfour ou dans la région du Nil bleu. A la suite de l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 (pays aujourd’hui ravagé par la guerre civile), l’État soudanais a perdu une énorme partie de la production de pétrole qui faisait rentrer des devises.

L’industrie aurifère se développe dans le pays car l’État souhaitait compenser les pertes des revenus pétroliers. L’or représentait en 2009 1 % des exportations, 15 % en 2011 et 30 % en 2014. Cette politique entraîne logiquement la multiplication des usines d’extraction d’or, auxquelles s’ajoutent des mines d’orpaillage sauvage. Aujourd’hui, l’industrie de l’or emploierait deux millions de travailleurs. Beaucoup de ceux-ci sont issus des campagnes dont l’agriculture est victime du réchauffement climatique, de la sécheresse et des guerres.

Pour extraire l’or, les industriels utilisent massivement du mercure et du cyanure dont la nocivité n’est plus à prouver.

Les prolétaires qui se tuent à la tache dans ces bagnes sont les premières victimes. On constate une augmentation du taux des cancers dus à la vapeur du mercure ou à l’ingestion accidentelle de cyanure. A cela s’ajoutent de nombreux accidents en particulier ceux lié à la suffocation.

Les populations qui vivent à proximité des mines sont également atteintes car les rejets des entreprises s’infiltrent dans la nappe phréatique et contaminent les hommes, le bétail, les oiseaux et les cultures. On retrouve des traces importantes de polluants dans le Nil et jusqu’en Méditerranée. Ce sont des centaines de millions de personnes qui sont exposées à cette pollution massive.

Face à cet empoisonnement des prolétaires et des masses pauvres, des mobilisations ont eu lieu de manière désordonnée dans tout le pays. Ces mobilisations se font sous des slogans clairs: «Non au cyanure» «Non aux usines de la mort», «L’usine est nuisible». Les revendications dépassent parfois cela pour demander l’amélioration des conditions de vie de ces populations particulièrement démunies.

Cette contestation prend la forme de manifestations ou de sit-in mais aussi de méthodes plus radicales : coupure d’électricité, incendies volontaires d’installations industrielles, émeutes (dont une qui fait fuir le gouverneur provincial sous la protection des flics)… Ces mobilisations réussissent parfois à faire reculer le gouvernement et les industriels mais les usines vont souvent s’implanter ailleurs.

Ce qui manque cruellement aux prolétaires du Soudan est de mener le combat sur le terrain de classe, le seul sur lequel leurs intérêts peuvent être défendus. Les luttes de défense de l’environnement mènent à une impasse si elles se font sous les auspices de l’interclassisme.

Les masses soudanaises ne devront leur salut qu’à la reconstitution du parti mondial du prolétariat, état-major indispensable au triomphe de la révolution communiste. Cette voie tracée par le marxisme peut sembler peu « concrète » et bien longue. Mais c’est la seule qui peut mener à la mort du capitalisme. Toute les autres ne peuvent conduire que dans les impasses de la conservation sociale.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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