Contre les orientations collaborationnistes qui mènent les luttes à la défaite, retour à la lutte de classe

(«le prolétaire»; N° 528; Avril-Mai-Juin 2018)

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La décision du premier ministre de recevoir les syndicats de cheminots début mai, a été aussitôt saluée sans rire par l’intersyndicale comme une «défaite du gouvernement»! Peu leur importait que Philippe avait précisé qu’il ne s’agissait pas de discuter des revendications des travailleurs, ni des «réformes» qu’il avait décidées, mais seulement de la dette de la SNCF et de l’avenir de l’entreprise; ou plutôt, c’était cela qui intéressait vraiment ces organisations qui ont fait de la collaboration entre les classes, de la défense de l’entreprise et des discussions entre «partenaires sociaux», le véritable but de toutes leurs actions. C’est bien pourquoi elles isolent les luttes et les travailleurs y compris au sein même de la SNCF où les syndicats organisent des AG séparées selon les catégories; c’est bien pourquoi elles ont évité dès le début du conflit des cheminots d’engager une lutte frontale contre les projets gouvernementaux, orientant le mouvement dans la perspective de négociations, et trouvant l’idée «géniale» de faire la grève par intermittence.

Mais face à la détermination du gouvernement, une détermination au moins égale aurait été  indispensable: lutter à moitié est la meilleure façon de perdre!

Convaincu de ne rien risquer, le gouvernement ne s’est même pas donné la peine de jouer la comédie des négociations et il a encore annoncé de nouvelles décisions (sur le fret). Les syndicats y compris les plus collaborationnistes comme la CFDT, se sont offusqués, celle -ci déclarant que le gouvernement voulait les pousser à la grève reconductible, mais qu’ils ne tomberaient pas dans cette «provocation» (ouf!). Devant  l’attitude gouvernementale, les larbins se sont rebillés: ls ont décidé... de ne plus aller aux réunions de concertation avec la ministre des transports...

On nous dira que la CGT et SUD parlent de «convergence des luttes»; mais c’est de la poudre aux yeux: il ne peut y avoir de convergence quand les luttes sont menées sur des bases corporatistes et pour la défense de l’entreprise. Une véritable convergence ne pourrait naître que sur la base d’une lutte réelle menée sur des positions de classe; les autres travailleurs pourraient alors constater que ceux qui sont entrés en lutte ne le font pas sur des bases catégorielles et pour des objectifs qui ne regardent qu’eux, mais qu’ils luttent pour de revendications intéressant tous les prolétaires. Si de plus cette lutte était menée avec des méthodes de classe (grève illimitée, piquets de grève pour interdire aux non-grévistes de travailler, blocage des installations, comités de grève, etc.), comme cela avait été le cas en 1995, elle serait alors un exemple formidable qui pourrait vite se révéler contagieux. Mais cette unification des luttes ne pourra se réaliser que contre les orientations des appareils syndicaux qui, en bons collaborationnistes, y sont résolument opposés.

Si des groupes de prolétaires tiraient cette dure mais indispensable leçon de l’impasse où les appareils syndicaux, secondés par les partis politiques de gauche et d’«extrême gauche», emmènent les luttes actuelles, un pas décisif serait alors fait vers la renaissance de la lutte de classe.

 

(Ci-dessous le dernier tract distribué par nos camarades lors du mouvement)

 

 

Le gouvernement multiplie les attaques

Pour riposter la seule solution est la lutte générale de classe anticapitaliste!

 

Le passage à l’automne dernier sans problèmes de la «Loi Travail XXL» (les ordonnances modifiant le code du travail) grâce au sabotage d’une véritable lutte par les directions syndicales (qui s’étaient discrètement concertées pendant l’été avec le gouvernement), a constitué le feu vert pour généraliser les attaques anti-ouvrières et mettre en chantier les mesures antisociales: dans l’Enseignement, dans la Fonction Publique, à la SNCF, dans la Formation professionnelle, l’assurance-chômage», sur les pensions de retraite, etc.

A cela se sont ajoutés l’accentuation de la politique répressive avec une nouvelle loi scélérate contre les réfugiés et les travailleurs sans-papiers, le blindage de l’Etat par l’inscription dans le droit commun des principales mesures de l’état d’urgence, le recours à la police pour évacuer les universités (les nervis d’extrême droite n’étant pas suffisants), l’évacuation à grand spectacle par des centaines de policiers des quelques dizaines d’opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure et des Zadistes de Notre-Dame des Landes – et de l’autre côté la suppression de l’impôt sur la fortune, la préparation de nouvelles suppressions d’impôts pour les entreprises. En même temps a été annoncée une augmentation importante du budget des armées, afin de satisfaire les industriels de l’armement et de permettre les interventions militaires de l’impérialisme français au Moyen-Orient ou en Afrique.

 

Contre ces attaques généralisées, ce qu’il faut, ce n’est pas un «dialogue social constructif», mais une lutte générale et de classe !

 

La généralisation et l’aggravation des attaques appellent une lutte ouverte et générale si l’on veut résister à un gouvernement fermement décidé à réaliser les desiderata patronaux. La politique de Macron ne fait que porter à un degré plus élevé la politique suivie par Hollande qui avait déjà multiplié les cadeaux aux capitalistes et attaqué les travailleurs; mais ce sont en réalité tous les gouvernements bourgeois, qu’ils soient de gauche ou de droite, qui font la politique exigée par le capitalisme. Or celui-ci a besoin d’augmenter ses profits pour faire face à ses concurrents en Europe et sur le marché mondial. Et il n’y a qu’un moyen pour cela: accroître l’exploitation des travailleurs, diminuer les dépenses sociales – qui constituent ce que l’on appelle le «salaire indirect».

Combattre réellement cette politique implique de se placer sur le terrain de la lutte anticapitaliste: prolétaires et capitalistes, travailleurs et patrons, ne sont pas des «partenaires», ce sont des adversaires de classe. Mettre au premier plan la défense des intérêts de l’économie nationale ou de l’entreprise, ou prétendre qu’ils sont conciliables avec ceux des travailleurs, revient à abandonner dans les faits la défense des intérêts prolétariens. C’est pourquoi il est impossible pour se défendre de compter sur les organisations syndicales collaborationnistes qui ne rêvent que de concertation avec le gouvernement et les patrons.

Les faits le démontrent une nouvelle fois: à la SNCF, refusant l’épreuve de force avec le gouvernement, les directions syndicales ont décidé de tronçonner le mouvement avec une grève en pointillé et à dates fixes dont le seul résultat est d’en diminuer l’efficacité et d’épuiser les travailleurs, tout en gênant le moins possible l’entreprise et le gouvernement. Elles gémissent en outre que la «méthode» du gouvernement contrevienne «aux principes même d’un dialogue social constructif» et provoque une «détérioration du climat social» (lettre unitaire à la ministre des transports, 20/4/18)! Mais ce n’est pas un dialogue constructif avec un gouvernement qui exprime crûment les intérêts capitalistes qui est nécessaire, mais la lutte contre lui! Ce n’est pas la détérioration du climat social que les travailleurs doivent craindre, mais le maintien de la paix sociale qui les paralyse! Ailleurs les syndicats continuent à appeler à des mobilisations séparées, secteur par secteur. Pour ne pas être un mot creux, la «convergence des luttes» dont parlent certains, ne pourrait être qu’un mouvement d’ensemble dépassant les limites d’entreprise et de corporation, sur la base de revendications unitaires de classe: augmentation générale et antihiérarchique des salaires, plus forte pour les bas salaires, égalité des salaires quel que soit le sexe ou l’âge, augmentation générale des prestations sociales et des pensions, réduction drastique du temps de travail et de l’âge de la retraite, salaire intégral aux chômeurs, régularisation de tous les travailleurs sans papiers, etc., voilà quelques-unes de revendications élémentaires répondant aux besoins des travailleurs.

 Mais les appareils syndicaux orientent les mobilisations vers des objectifs limités, catégoriels, interclassistes de défense de l’entreprise, du service public ou du fonctionnement de l’Etat, et non de la défense des intérêts de classe des travailleurs – ce qui est la seule façon d’obtenir la solidarité de tous les prolétaires et l’extension des luttes.

Complètement englués dans le réseau de collaboration de classe mis en place par la bourgeoisie, les appareils syndicaux collaborationnistes sont bien obligés d’apparaître comme les défenseurs des travailleurs; mais leur priorité étant la bonne marche de l’économie nationale et le maintien de la paix sociale, ils ne peuvent donc être que des adversaires de la lutte prolétarienne de classe et de toute orientation anticapitaliste. Quand le gouvernement ne leur donne pas de «grain à moudre», quand il annonce des mesures sans se donner la peine de jouer la comédie de la «concertation», ils crient à la provocation!

Mais les provocateurs les plus dangereux ce sont ceux qui sabotent ou qui dévient les luttes, en un mot ceux qui font le jeu de la bourgeoisie tout en jouant la comédie de la lutte. C’est le cas des directions syndicales collaborationnistes, mais aussi des partis de gauche et d’extrême gauche qui, même quand ils sont dans l’opposition, suivent la même politique réformiste et interclassiste, faisant passer l’intérêt des travailleurs après l’intérêt de l’entreprise.

 

Revenir aux buts, aux méthodes et aux moyens de classe !

 

C’est indépendamment de tous ces gens et contre les orientations défaitistes de l’opportunisme politique et syndical, qu’il est nécessaire d’entrer lutte, sans se laisser égarer par les discours mensongers sur la défense de l’économie nationale, de l’usine, de l’entreprise ou des Services Publics. Les prolétaires ne doivent pas laisser à d’autres le soin de se défendre: pour être victorieux ils doivent prendre en main leurs luttes, se mobiliser et s’organiser pour la défense exclusive de leurs seuls intérêts de classe, qui sont complètement opposés à ceux des capitalistes, de leur économie et de leur Etat.

Il est indispensable de revenir aux méthodes, aux buts et aux moyens de classe: grève illimitée avec piquets de grève et occupation pour empêcher les non-grévistes de saboter la lutte, extension du mouvement aux autres entreprises et autres secteurs sur la base de la défense exclusive des intérêts de classe, comités de grève élus pour diriger le mouvement et responsables devant tous les travailleurs, etc.

Cette lutte défensive sur le terrain économique et immédiat pourra être victorieuse si elle est effectivement menée de cette manière; elle pourra alors donner le coup d’envoi à la lutte plus large, politique et offensive, la lutte révolutionnaire décisive pour renverser l’ordre bourgeois, en finir à jamais avec le capitalisme et instaurer la société sans classe: le communisme.

Pour la lutte générale sur le terrain exclusivement de classe !

Pour l’organisation des travailleurs indépendamment du collaborationnisme !

Pour la reconstitution du parti de classe !

Pour la reprise de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme !

 

29/04/2018

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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