Corona virus : une épidémie que la bourgeoisie ne contrôle pas mais qu’elle utilise pour accroître son contrôle politique et social

(«le prolétaire»; N° 536; Février-Mars-Avril 2020 )

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Le nouveau coronavirus, initialement appelé 2019-nCoV (2019 nouveau coronavirus) puis Covid19, fait partie d’une vaste famille de virus provoquant des affections qui vont du rhume banal au syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et au syndrome respiratoire aigu sévère (SARS). Il est apparu pour la première fois à Wuhan, une grande ville industrielle de la province du Hubei, en Chine.

Il a été officiellement notifié pour la première fois par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) le 31 décembre 2019 ; mais certains médias (dont le New York Times) ont révélé que ce coronavirus avait été identifié dès octobre dernier : les autorités chinoises ont caché l’information pendant plus de deux mois – comme pour le SARS en 2009 – de peur que cette nouvelle épidémie ne nuise aux affaires... et c’est en fait ce qui est arrivé en janvier et février 2020, non seulement en Chine, mais au niveau de l’économie mondiale, qui a subi et subira des dommages importants.

L’histoire du médecin Li Weuliang est connue : c’est lui qui a le premier signalé la présence de ce nouveau virus et le danger d’une épidémie ; pour cette raison il a été arrêté, et contraint à se rétracter publiquement par les autorités chinoises. En fin de compte, elles ont dû le libérer et lui faire reprendre ses activités; mais, infecté lui aussi, il est finalement décédé début février. Étant donné la gravité de cette nouvelle maladie et la facilité avec laquelle elle s’est propagée à Wuhan, en Chine et ailleurs, en raison des multiples relations commerciales que les entreprises de cette ville entretiennent avec le monde entier, le problème ne pouvait être dissimulé très longtemps.

Dès le 30 janvier, un mois après que l’OMS ait signalé sa présence, selon les données officielles chinoises, il n’y avait que 169 morts en Chine, alors qu’on comptait officiellement plus de 7 000 cas d’infections dans le monde (Chine, Hong Kong, Corée du Sud, Vietnam, Japon – le bateau de croisière Diamond Princes bloqué dans le port de Yokohama avec 3700 personnes à bord – et ailleurs).

A la suite des différentes recherches des hôpitaux et instituts de  tous les pays, les possibilités de détection de la présence de ce coronavirus sont devenues plus performantes. En conséquence, le nombre d’individus reconnus porteurs du virus a fortement augmenté. Si le 12 février le nombre d’infections dans le monde s’élevait à plus de 45 000 (dont 44 700 en Chine) et les décès à 1 100, le 25 février les patients identifiés se montaient à 80 350 et les décès à 2 705, le plus grand nombre (2 663) en Chine, principalement dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie

Comme lors des précédents MERS et SARS, cette fois encore la science bourgeoise se montre soumise  –  il ne peut en être autrement dans la société bourgeoise  – à l’économie de marché, l’économie du profit capitaliste. Le fait même que les autorités chinoises aient dissimulé la réalité pendant des mois a entraîné un énorme retard dans la prise des premières mesures d’intervention pour limiter la propagation de la maladie; mais les conditions mêmes de vie, l’hygiène et la masse énorme des habitants de cette mégalopole qui ressemble à une gigantesque fourmilière, facilitent l’éruption d’épidémies incontrôlables qui, grâce aussi aux moyens modernes de transport, se propagent rapidement dans tous les pays.

Une fois l’épidémie généralisée, qu’ont fait les autorités chinoises? Elles ont isolé les villes et les territoires : selon les médias, les habitants de Wuhan et de la province ont été complètement isolés du reste du monde, bloqués chez eux. Les villes et les régions dans toute la Chine deviennent des zones militarisées et subissent la loi martiale.

Et que font les autorités dans les pays où des foyers d’épidémie apparaissent, comme en Italie? Elles isolent les villes et les territoires environnants, comme cela s’est produit en Italie dans les dix communes de Lodigiano et dans la commune de Vo’ Euganeo, dans la région de Padoue. La décision de l’Italie de bloquer les vols à destination et en provenance de la Chine date du 30 janvier; La Russie a suivi, fermant ses frontières avec la Chine et d’autres pays asiatiques. Mais après que des foyers du coronavirus aient été identifiées en Italie, l’Autriche, la Bulgarie et les pays qui accueillaient massivement les touristes de la Péninsule comme l’Île Maurice, les Seychelles, la Jordanie et même le Koweït, ont interdit l’entrée sur leur territoire aux Italiens !

Il est significatif que, devant des épisodes comme le nouveau coronavirus, et a fortiori quand  ils ne touchent pas un seul pays mais « le monde entier», les médias se ruent pour réaliser des reportages, diffuser des photos, des vidéos et des interviews de toutes sortes ; ils alimentent ainsi une inquiétude exagérée à propos d’événements qui, dans une société où la méfiance, la peur, l’incertitude, l’insécurité sont partout – peuvent facilement provoquer la panique. La réaction la plus immédiate est alors       de rejeter le danger menaçant sur « l’étranger » extérieur au  monde restreint de la famille, du  pays, ou de la couche sociale dont on fait partie. Alors « sus à l’empoisonneur ! » qui à l’époque de la peste était dénoncé comme le responsable de la maladie, « sus au chinois ! » assimilé au porteur d’une épidémie mortelle, ou « sus  à l’italien !», comme cela arrive ces jours-ci  après l’apparition de foyers en Lombardie et Vénétie : c’est au tour des très civilisés italiens (parmi lesquels les racistes ne manquent pas) de connaître un peu ce qu’ont subi autrefois les Juifs, les Roms et les immigrés…

Bien sûr, une épidémie comme celle-ci ne doit pas être prise à la légère, et cela vaudrait aussi pour la rougeole, le choléra ou toute autre maladie.

Mais chaque hiver voit la propagation de virus grippaux de différents types qui frappent régulièrement un fort  pourcentage de la population en provoquant des milliers de morts, notamment parmi les personnes âgées et déjà affaiblies par d’autres maladies. Ces  décès n’attirent pas l’attention des autorités et des médias : des vaccins sont déjà sur le marché et de nombreux médicaments sont à la vente  pour répondre aux effets de ces grippes. La chose est différente quand un nouveau virus apparaît ; alors toutes les sociétés pharmaceutiques du monde se lancent dans des recherches pour élaborer un vaccin qui puisse être utilisé et sur lequel elles pourront gagner des sommes astronomiques – surtout si les autorités obligent quasiment la population à se vacciner (comme c’est arrivé par exemple lors de  la grippe aviaire). Comme toujours les affaires avant tout, et encore mieux si la « santé publique » en est le prétexte!

Mais il y a un autre aspect dans la manière dont la bourgeoisie traite les situations de ce genre et il concerne directement le prolétariat.

Avec la propagation du coronavirus, un sentiment général de peur se répand face à ce qui apparaît comme un mal que seule peut combattre la société capitaliste, avec sa science et ses ressources, une société qui met en œuvre tout ce dont elle dispose  pour sauver le plus de monde possible...

Cela revient à dire: prolétaires, vous n’avez pas d’autre choix que de vous en remettre aux  capitalistes qui disposent des moyens financiers, économiques, politiques et militaires de vous « protéger » de ces maux contre lesquels il n’existe pas de prévention sinon celle que la science sera capable de mettre au point et qui pourra servir contre de futurs malheurs ...

Car l’intérêt de la bourgeoisie ne se limite pas aux affaires, aux profits qu’elle retirent de tout malheur, de toute catastrophe ; il concerne également l’attitude du prolétariat face aux problèmes engendrés par ces catastrophes. La bourgeoisie a intérêt à ce que le prolétariat non seulement se plie aux besoins de la classe capitaliste chaque jour de sa vie ; mais il faut aussi qu’il soit convaincu qu’il n’existe pas d’alternative à la domination bourgeoise. Et, pour arriver à ce résultat, la classe dominante utilise tous les moyens qui s’avèrent efficaces: depuis les forces du réformisme traditionnel jusqu’aux scientifiques payés pour répandre en même temps la peur et la croyance en l’efficacité toute-puissante de la science bourgeoise ; depuis l’autoritarisme du pouvoir avec toutes ses forces policières et militaires, jusqu’aux religions qui invitent la population à prier un dieu qui, en plus d’envoyer les malheurs sur terre, aurait le pouvoir de les éliminer...

Le capitalisme ne changera jamais ; jamais il n’organisera la société selon les nécessités de  la santé de l’humanité : les affaires, le profit capitaliste, sont absolument contraires aux besoins de la vie et de la santé humaines. C’est le capitalisme qu’il faut changer ! Autrement dit il faut éliminer définitivement ce mode de production et de domination sociale, et le remplacer par une société centrée sur les besoins de l’espèce humaine en relation harmonieuse avec elle-même et avec la nature.

La bourgeoisie sait, par expérience historique, que le prolétariat est la seule force sociale qui peut l’affronter et briser son pouvoir politique et militaire. En s’érigeant en nouvelle classe dirigeante, le prolétariat peut alors réaliser son  programme politique qui vise d’abord à supprimer la bourgeoisie en tant que classe sociale, donc pas seulement comme classe dirigeante, et  à se supprimer lui aussi en tant que classe prolétarienne ; en effet le nouveau mode de production qu’établira la dictature prolétarienne ne sera pas basé sur l’exploitation par le capital du travail salarié au sein d’une économie transformant tout , y compris les êtres vivants, en marchandises ; il sera basé sur les besoins réels de la vie sociale de l’espèce humaine, supprimant toute division en classes et donc toute exploitation de l’homme par l’homme.

Ce n’est que dans une telle société que toutes les découvertes potentiellement positives pourront être utilisées au profit des êtres humains et non pour le marché, et que toutes les activités potentiellement nuisibles pour la vie présente et future de l’humanité seront éliminées. La prévention aura alors une importance fondamentale car la nouvelle science pourra faire des progrès impossibles à la science bourgeoise parce que celle-ci est totalement conditionnée par les intérêts de l’économie capitaliste qui est une économie de la catastrophe!

25/2/2020

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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