Les craintes de la Banque Mondiale pour la démocratie

(«le prolétaire»; N° 538; Août-Septembre-Octobre 2020 )

Retour sommaires

 

 

La Banque Mondiale a publié le 7 octobre son rapport annuel sur la pauvreté dans la monde. Pour la BM la crise actuelle «a plongé plus d’économies dans une récession simultanée que n’importe quelle autre crise depuis 1870» (1). Nous ne savons pas trop ce que signifie cette curieuse affirmation, étant donné que l’interdépendance des économies est aujourd’hui sans commune mesure avec ce qu’elle était il y a un ou deux siècles. Passons.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les experts de la Banque avertissent que pour la première fois depuis un vingtaine d’années, «le taux mondial d’extrême pauvreté devrait augmenter en 2020»: d’ici 2021 c’est 130 millions de personnes de plus qui devrairnt connaître cette situation tragique (moins de 1,9 dollar, soit 1,6 € par jour, de revenu).

Ce taux pourrait atteindre 7% de la population mondiale en 2030, alors que l’ONU avait fixé comme projet de le ramener à 3% en 2015; et auparavant elle avait eu l’objectif de faire disparaître l’extrême pauvreté dans le monde en... l’an 2000! Les faits montrent que capitalisme est incapable d’éliminer la pauvreté, qu’elle soit ou non «extrême».

Il est vrai que le taux de pauvreté monétaire avait reculé dans le monde ces dernières décennies, notamment avec la forte croissance économique en Chine et d’autres grands pays asiatiques. Mais déjà «les taux de pauvreté extrêmes au Moyen Orient et en Afrique du Nord avaient presque doublé entre 2015 et 2018, passant de 3,8 à 7,2 %» à la suite des guerres dans ces régions. La crise actuelle ne peut qu’accentuer les problèmes dans les pays pauvres.

Mais ce qui inquiète le plus la BM c’est que la «pandémie d’inégalités» engendrée par la crise «menacera de plus en plus de compromettre l’ordre social et la stabilité politique, voire la préservation de la démocratie». Voilà le cauchemar des bourgeois, banquiers ou non: que l’ordre social soit menacé par des flambées de révoltes des masses précipitées dans la misère la plus noire et n’ayant plus rien à perdre.

La Banque Mondiale fait des propositions lénifiantes pour une «relance durable et inclusive» avec réduction des inégalités pour conjurer cette menace. Ce ne sont que des voeux pieux; il n’y aucun doute à avoir: les bourgeois n’hésiteront jamais à se tourner vers des solutions de force pour défendre leur ordre et c’est sur le terrain de la force, classe contre classe, que les masses prolétariennes devront répondre et vaincre.

 


 

(1) Discours du président de la BM à Francfort, le 5/10. Consultable sur le site www.banquemondiale.org.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

Retour sommaires

Top