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La laïcité, un principe bourgeois

 

( Brochure "le prolétaire" ,  Avril 2005,  format A5, 76 pages, Prix: 2 €) - Pdf

 

 

Table des matières

 

•  Introduction. Idéologie laïque et «valeurs républicaines», emblèmes de l’oppression de classe

•  L’«Ecole de Jules Ferry», école de la bourgeoisie

•  Voile islamique : A bas les lois discriminatoires ! Unité prolétarienne contre l’oppression ! (Le prolétaire n°467 ; Juin-Juillet 2003)

•  La guerre scolaire n’est pas un champ de bataille pour les prolétaires (Le prolétaire n°425; Février-Mars 1994)

•  Mobilisation réactionnaire pour la laïcité (Le prolétaire n° 404 ; décembre 1989 Janvier-Février 1990)

•  En marge des grèves dans l’enseignement (Le prolétaire n° 401 ; Mai-Juin 1989)

•  «Lutte Ouvrière» prosternée devant l’éducation bourgeoise (Le prolétaire n° 313; 16 au 29 mai 1980)

•  La fonction de l’enseignement dans la société bourgeoise. Extrait de : «L’opportunisme et l’enseignement» "(Le prolétaire n° 134; Septembre 1972)

•  Contre le culturalisme (Motion Bordiga au Congrès de la Jeunesse Socialiste) (Programme Communiste n°56 ; juillet-septembre 1972)

•  Lénine. De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion ( Proletari n° 45 ; 13 (26) mai 1909 - Œuvres Complètes, Tome 15)

•  Thèses sur l’Education communiste (1921). Extrait des Thèses adoptées au second Congrès de l’Internationale Communiste des Jeunes (Le Prolétaire n° 313 ; 16 au 29 mai 1980)

•  Sur le fil du temps. Anticléricalisme et socialisme (Battaglia Comunista n°35 ; 14-21 septembre 1949)

•  Sur le fil du temps. Laïcité et marxisme (Battaglia Comunista n°36 ; 21-28 septembre 1949)

 


 

INTRODUCTION

 

Idéologie laïque et «valeurs républicaines», emblèmes de l’oppression de classe

 

Tous les partis politiques, ou presque, de la gauche à la droite, ont fêté le centenaire de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat; les partis de gauche, bien sûr, qui voient dans la laïcité une conquête socialiste arrachée de haute lutte à la réaction; mais aussi Chirac pour qui cette loi est un des socles fondateurs de la République, mais également... le Vatican qui se félicite de la neutralité équilibrée qu’elle a instaurée!

Les campagnes pour la laïcité (la loi contre le port des signes religieux à l’école - en réalité contre le voile islamique - a été l’aboutissement de la dernière en date de celles-ci) ne sont rien d’autre que des mobilisations destinées à noyer les prolétaires dans une union interclassiste pour défendre les «valeurs laïques»: censées être celles de la «civilisation» au même titre que la démocratie et l’Etat «républicain», ces valeurs devraient unir le patron et l’ouvrier, le sans-logis et le milliardaire, la capitaliste et la prolétaire des banlieues.

L’Eglise catholique était autrefois l’un des plus fermes piliers de l’organisation sociale féodale; les premiers représentants du nouveau mode de production - le capitalisme - furent donc obligées de la combattre. Dans une première époque, cet affrontement ne pouvait pas ne pas revêtir la forme d’une lutte religieuse: ce fut la guerre de la Réforme contre la toute-puissance de la hiérarchie et de l’organisation de l’Eglise de Rome. A une étape ultérieure on eut la lutte menée par les écrivains et philosophes des «lumières», idéologues de la bourgeoisie naissante, en faveur de la «liberté de pensée» et du «progrès» contre l’immobilisme étouffant sur tous les plans des superstructures de l’Ancien régime, à commencer par l’Eglise. Les contradictions s’approfondissant, les orientations, qu’on pourrait dire réformistes, à l’enseigne de la libre-pensée, laissèrent ensuite la place à l’anticléricalisme ouvert et à l’athéisme déclaré: la période de la révolution antiféodale, de la révolution bourgeoise s’ouvrait.

Pour assurer la domination du mode de production capitaliste, il était nécessaire de briser par la force toutes les structures féodales. En même temps qu’ils guillotinaient les nobles, les révolutionnaires s’employaient à déchristianiser les campagnes. Ils brisèrent la richesse de l’Eglise en vendant ses biens comme ceux des seigneurs, ils pillèrent ses églises comme ils brûlaient les châteaux; ils voulurent lui enlever son influence sociale en lui arrachant l’école, l’état-civil, jusqu’au calendrier qui rythmait la vie sociale selon les fêtes religieuses.

Mais bien vite cependant les révolutionnaires bourgeois s’aperçurent de la menace causée par l’insatisfaction des masses plébéiennes envers le nouveau régime et leur aspiration, confuse encore, à «une nouvelle révolution bien plus profonde et bien plus grande qui sera la dernière» (Babeuf). Face à ce péril, le gendarme idéologique, la religion, retrouva, aux côtés du gendarme en chair et en os, toute son importance pour la nouvelle classe au pouvoir. Inquiète, cette dernière cherchait «un sabre»: elle le trouva dans Bonaparte, dont la clairvoyance dans les intérêts de sa classe lui avait fait refuser de détruire le Vatican et qui fit venir le pape à Paris pour sacrer, derrière les oripeaux impériaux, l’avènement du règne de la bourgeoisie.

Il fallut cependant en France encore plusieurs décennies et de nombreuses luttes - et y compris des convulsions révolutionnaires - pour faire définitivement lâcher prise aux résidus de l’ancien régime. Le combat pour arracher complètement l’école à la religion fait partie de ces luttes qui furent historiquement progressives, bien qu’intégralement bourgeoises. Le prolétariat ne pouvait pas ne pas participer et pousser à ces combats; mais il devait le faire sur ces propres bases de classe; le combat commun contre l’ancien régime ou ses survivances ne devait pas faire oublier un seul moment la lutte future qui l’attendait contre la bourgeoisie, contre son mode de production, contre son Etat et toutes ses institutions, école y compris.

Mais c’est précisément cela que la bourgeoisie, s’appuyant sur ses relais au sein même de la classe exploitée, s’efforça, malheureusement avec succès, à faire oublier à cette dernière. L’anticléricalisme fut ainsi au dix-neuvième et au vingtième siècles l’un des dérivatifs les plus pernicieux à la lutte de classe. La laïcité devint un but en soi, synonyme même de socialisme («Vérité, laïcité, socialisme», ce sont là tous mots synonymes» affirmera un socialiste réformiste), au même titre que la république, la démocratie, la patrie. Pour ces objectifs prétendus être au-dessus des classes et éternellement menacés par les forces réactionnaires, les prolétaires étaient appelés à s’unir à tous les «individus de progrès»; ils devaient sacrifier leurs intérêts «égoïstes» de classe en temps de paix et sacrifier leur vie en temps de guerre.

Aujourd’hui la laïcité et l’anticléricalisme ont perdu tout ce qu’ils avaient pu avoir dans un lointain passé de révolutionnaire ou de simplement progressif; l’Eglise s’est mise depuis longtemps au service du capitalisme et le régime républicain n’est plus menacé depuis des lustres et des lustres par une restauration de la Royauté et de l’Ancien régime.

L’invocation de la laïcité ne sert plus, au nom d’une pseudo-«neutralité» qui laisse le terrain entièrement libre à l’idéologie bourgeoise la plus conformiste, qu’à interdire la lutte politique à l’école et à légitimer le racisme contre les prolétaires immigrés de confession musulmane, désignés pratiquement comme des barbares; l’école laïque «libératrice» ne fonctionne plus sans les juges et la police.

Les révolutionnaires et les prolétaires conscients des intérêts de leur classe ont donc la tâche de dénoncer et de combattre comme anti-prolétariennes toutes les campagnes laïques. S’accompagnant d’une exaltation immonde de l’Etat bourgeois et de ses répugnantes «valeurs républicaines», cultivant ouvertement les préjugés chauvins les plus grossiers, elles sont tout à fait consciemment organisées pour paralyser et diviser la classe ouvrière, elles ne servent que la classe ennemie.

A l’idéologie laïque et aux valeurs républicaines qui sont les emblèmes de leur oppression, les prolétaires doivent opposer la seule perspective libératrice: celle de l’unité internationale des prolétaires, de la reconstitution de leur parti communiste international, de la reprise de la lutte de classe contre la bourgeoisie et tous les Etats bourgeois et de la révolution mondiale!

 

*       *       *

 

Pour armer les lecteurs contre la propagande bourgeoise en rappelant les positions marxistes, nous avons rassemblé dans cette brochure quelques textes sur le thème de la laïcité et de l’école. Dans une première partie, après un article qui rapelle le sens véritable de l’oeuvre laïque du politicien Jules Ferry - «un souci de discipline collective, pour améliorer le fonctionnement de l’organisme social, (...) pour mettre fin à la révolution», bref, un «dispositif de domination», comme l’écrivait il y a vingt ans Edwy Plenel (il n’était pas encore directeur du Monde!) -, nous reproduisons des articles du Prolétaire portant sur divers épisodes de campagnes laïques, en particulier à propos du «voile islamique». Dans une deuxième partie, outre des articles rappelant la lutte de la Gauche contre le «culturalisme» et la façon dont l’Internationale Communiste posait le problème de l’instruction, nous avons réuni des textes plus théoriques: des «Fils du Temps» écrits par Amadeo Bordiga sur la question de la laïcité et de l’anticléricalisme, et un article très important de Lénine sur la façon, complètement différente de l’anticléricalisme et de l’«illuminisme» bourgeois, dont les marxistes doivent combattre la religion.

 


 

Parti communiste international

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