Impérialisme français hors de Côte d’Ivoire !

 

(«le prolétaire»; N° 474; Nov. - Déc. 2004) 

 

 

 Il y a un peu plus de deux ans le gouvernement français envoyait quelques centaines de soldats en Côte d’Ivoire sous le prétexte de protéger les civils étrangers; depuis lors leur nombre a augmenté jusqu’à 4500, auxquels il faut ajouter quelques milliers du contingent onusien sous commandement sénégalais. L’endossement par l’ONU de l’intervention militaire française et l’envoi de ce contingent avait comme but de légitimer l’action de Paris, et en outre d’apporter un renfort militaire appréciable aux soldats de l’opération «Licorne». Le but affiché était de maintenir la paix dans le pays, en s’interposant entre les rebelles et les forces gouvernementales.

En réalité le gouvernement français n’a jamais cherché à protéger autre chose que les intérêts des capitalistes français dans cette ancienne colonie. Peuplée seulement de 16 millions d’habitants dont la majorité vit dans la misère, la Côte d’Ivoire possède en effet des richesses importantes qui engraissent les bourgeois locaux et étrangers: grâce au travail sous-payé de travailleurs dont beaucoup viennent d’autres pays (et y compris des enfants), elle est le premier producteur mondial de cacao, le troisième de café et elle produit d’autres produits agricoles pour le marché mondial. La plus grande partie de ces productions est entre le mains de grandes entreprises internationales, notamment françaises. Par ailleurs, le poids économique de la Côte d’Ivoire dans la région est tel, que sa déstabilisation aurait des conséquences catastrophiques sur les autres pays, souvent plus pauvres et plus fragiles, quand ils ne sont pas déchirés par la guerre civile, comme récemment encore le Liberia. Enfin, une perte du contrôle de cette ancienne colonie par la France ne manquerait pas d’avoir des retentissements fâcheux pour sa domination sur son «pré carré» traditionnel, les pays de la zone Franc...

 

Recolonisation économique

 

La part de l’impérialisme français a sans aucun doute diminué dans l’économie ivoirienne depuis l’époque coloniale. Une bourgeoisie locale s’est développée et s’est enrichie dans l’exploitation et la commercialisation des différentes productions agricoles, à l’image de l’ancien autocrate Houphouët Boigny, la plus grande fortune ivoirienne: en 1975 les 10% les plus riches de la population ivoirienne possédaient 37% de la richesse nationale; dix ans plus tard ils en possédaient 43%. Selon certaines sources, le pouvoir d’achat des salariés aurait baissé de 4% par an au cours de la décennie 70, décrite, ce n’est pas par hasard, par les bourgeois français comme l’âge d’or de la Côte d’Ivoire (1).

A côté de ce développement d’une classe bourgeoise locale (dont une grande partie des revenus allait se placer, suivant là aussi l’exemple d’Houphouët, dans les banques françaises et européennes), les impérialismes concurrents ont accru fortement leur présence: en dépit d’une résistance furieuse des sociétés françaises appuyées par Paris (2), de grandes multinationales américaines, brésiliennes ou européennes ont fini par réussir à s’implanter au cours des dernières décennies dans la commercialisation ou la production du cacao, du café, etc. Le déclin de la domination française au cours de cette période qui a vu le pays devoir faire appel aux institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale) pour trouver un secours financier que l’ancienne métropole ne pouvait plus assurer, s’est traduit concrètement par la diminution du nombre de français vivant en Côte d’Ivoire: de 50.000 environ il y a 25 ans à 15.000 aujourd’hui.

Cependant, les privatisations qui ont été imposées par le FMI et les organisations financières internationales pour redresser les finances ivoiriennes ont largement profité aux capitalistes français: leur part s’est à nouveau accrue depuis une dizaine d’années dans l’économie de ce pays malgré la concurrence persistante des grandes sociétés capitalistes étrangères; c’est ainsi qu’on a pu parler d’une véritable recolonisation économique qui récemment a permis à Bouygues de s’emparer du monopole de distribution de l’eau et de l’électricité, au groupe Bolloré de reprendre les chemins de fer et l’essentiel des activités portuaires, d’asseoir des positions dominantes ou importantes dans le café, le tabac, le caoutchouc, l’ananas, à France Télécom de s’emparer des télécoms ivoiriens, à Total de se tailler un empire dans le raffinage, etc, tandis que le secteur bancaire est très largement dominé par les banques françaises.

Avec les filiales de ces grands groupes, plusieurs centaines de petites entreprises françaises forment toujours la trame de la (petite) industrie et de l’économie formelle du pays; elles génèrent d’ailleurs la moitié des recettes fiscales de l’Etat et emploient près du tiers des salariés ivoiriens. De façon générale, les capitalistes français restent de loin les premiers investisseurs en Côte d’Ivoire (27% du capital du pays est entre leurs mains, devant le capital d’Etat, le capital privé ivoirien et les autres impérialismes) (2) et la France est le premier partenaire commercial de celle-ci.

 En outre, le système monétaire lié au franc français a longtemps permis à l’ancienne métropole d’engranger à son seul profit de précieuses devises dans les caisses de la Banque de France, à la belle époque où le commerce extérieur ivoirien était largement bénéficiaire. Lors des premières années de gouvernement de gauche au début des années 80, la zone Franc a pu ainsi apporter une précieuse bouffée d’oxygène à une économie française en marasme qui enregistrait des déficits partout ailleurs.

Tout a changé quand la Côte d’Ivoire et les autres anciennes colonies exportatrices françaises exportatrices de matières premières sont devenues à leur tour déficitaires; il était intolérable pour le capitalisme français de financer à perte, par l’intermédiaire du mécanisme de la zone Franc, ces pays: dans les rapports entre bourgeois, et a fortiori entre pays dominants et dominés, la reconnaissance ou la charité n’existent pas!

Ne voulant pas desserrer les cordons de sa bourse, Paris s’est donc tourné vers le FMI et la BM pour qu’ils prêtent de l’argent à ces pays, en échange de mesures d’austérité et de libéralisation économique (même si ce dernier type de mesures ouvrait la porte aux impérialistes concurrents), puis a imposé une dévaluation drastique du Franc CFA (la monnaie de la zone).

En Côte d’Ivoire, Houphouët-Boigny (qui aimait répéter cette devise: «entre le désordre et l’injustice, je choisirai toujours l’injustice»), répliqua avec l’appui des forces militaires françaises, par la répression à la vague d’agitation, d’émeutes et de grèves déclenchées au début de 1990 par sa politique de baisse autoritaire des salaires et de hausse des prix à la consommation, tandis que le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo appelait la population à garder son calme et à ne pas manifester. Sur les conseils de l’impérialisme français (bien que le grand démocrate Chirac ait à l’époque déclaré que la Côte d’Ivoire n’était pas mûre pour le pluripartisme) qui craignait que la situation débouche sur «l’anarchie et la chasse aux étrangers» (3), Houphouët se résolut à un tournant démocratique: fin du parti unique et organisation d’élections, qu’il remporta contre Gbagbo.

La «démocratie» réussit pour un temps à ramener le calme, mais les difficultés économiques croissantes ont continué toujours plus à attiser les affrontements entre clans bourgeois, s’appuyant comme toujours, clientélisme oblige, sur des ethnies particulières dans des pays à l’unité nationale précaire. Bédié, le successeur de Houphouët lança la concept d’«ivoirité» pour faire des immigrés burkinabés, voire des populations du nord, les bouc-émissaires de la crise sociale - et aussi pour écarter le clan rival «nordiste» de A. D. Ouattara.

Les rivalités ethniques sont ainsi devenues un élément de plus en plus important dans la politique bourgeoise ivoirienne. Le «socialiste» Gbagbo dont la base politique est étroite, et qui a été élu président lors d’une élection organisée par le général putschiste Gueï et boycottée en conséquence par près de 70% des électeurs, s’est fait le champion de cette pratique, au point que de véritables pogroms ont été déclenchés par ses partisans en réplique à une tentative de coup d’Etat «nordiste». Comme près du quart de la population vivant dans le pays est étrangère et que bon nombre du reste sont soupçonnés de ne pas être véritablement ivoiriens, on voit les ravages que causent cette pratique: les victimes de cette politique ethniste sont avant tout les masses déshéritées et les prolétaires, dressés les uns contre les autres pour la plus grande satisfaction des bourgeois et des impérialistes.

Si depuis l’indépendance «les entreprises françaises ont gagné de l’argent en Côte d’Ivoire» (comme l’écrit dans un bel euphémisme le quotidien «Les Echos» du 9/11/4!) ainsi que les bourgeois locaux qui ont amassé des fortunes colossales, la situation des prolétaires et des masses est toujours restée misérable.

 Ce sont eux qui ont souffert le plus de la dégradation économique du pays depuis une dizaine d’années. Selon les statistiques officielles, la proportion de la population vivant au dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire n’ayant pas les moyens de satisfaire à ses besoins de base, était passée de 11% en 1985 à 37% en 1995 (derniers chiffres connus): aujourd’hui ce pourcentage ne peut qu’être plus grand encore, étant donné que la crise économique a fait des ravages et que le chômage s’est généralisé.

Les émeutes de mi-novembre au cours desquelles ont été pillés les biens des riches expatriés français (mais pas seulement des blancs) s’expliquent par cette misère et par la rancoeur de la population envers la vie privilégiée que mènent ces derniers.

Après la mort dans un bombardement de 9 soldats, les troupes françaises ont détruit les avions militaires ivoiriens et se sont emparés de l’aéroport d’Abidjan où elles sont arrivées à l’issue de combats avec les soldats ivoiriens. Puis elles ont réprimé les manifestations de protestation en tirant dans la foule en faisant de nombreuses morts et blessés, ce qui a déclenché les émeutes anti-françaises et les pillages dans la ville.

Le gouvernement Chirac, appuyé par tous les partis politiques français, a condamné bruyamment ces émeutes en prétendant que ses troupes n’avaient d’autre but que d’empêcher les violences en Côte d’Ivoire. Pourtant il n’a pas eu un mot pour les dizaines de morts ivoiriens et les centaines de blessés causés par ses soldats - que, merveille de la démocratie, tous les médias français unis comme un seul homme ont pris grand soin de cacher.

Il n’avait pas non plus réagi lorsque l’aviation gouvernementale a commencé à bombarder les zones tenues par la rébellion, faisant des victimes civiles, ou lorsque qu’en préparation à cette offensive, les autorités ont réinstallé de force des hommes du FPI à la tête de la télévision, empêché d’émettre les radios internationales (RFI, BBC, Africa n°1), fait saccager les journaux d’opposition et privé le nord du pays d’eau et d’électricité.

Il n’avait pas non plus réagi lorsqu’au début de cette année la police et les nervis de Gbagbo avaient violemment réprimé une manifestation de l’opposition, faisant des centaines de morts, ni lorsqu’ils ont assassiné cet été un dirigeant étudiant: c’est la démonstration que ce sont les intérêts impérialistes et eux seuls qui l’intéressent: bien loin de protéger les populations, les soldats français ont laissé faire toutes les exactions contre les civils, dans l’un et l’autre camp!

 

Retrait  sans  condition  des troupes  françaises !

 

C’est, consciemment ou non, faire véritablement acte de complicité avec l’impérialisme, que de prétendre que ces troupes auraient malgré tout une fonction pacifique et de faire dépendre leur retrait de la venue d’autres troupes, «neutres» et «impartiales»! Comme si l’intervention impérialiste, sous couleur de l’ONU ou de l’OUA, pouvait être bénéfique aux populations et impartiale vis-à-vis de l’impérialisme. La LCR demande ainsi le retrait des troupes françaises, mais ajoute que «Il faut d’urgence une solution africaine pour empêcher la dérive du gouvernement Gbagbo dans sa logique de guerre et d’épuration ethnique. Malgré toutes les méfiances que nous devons avoir sur la volonté des gouvernements africains, l’urgence impose une interposition militaire en Côte d’Ivoire à la place de l’armée française» («Rouge» n°2088, 25/11/4). Ces méfiances ne sont donc pas très grandes puisque ces trotskystes confient aux gouvernements bourgeois africains, clients des divers impérialismes, le soin de protéger les populations! On pourrait leur faire remarquer que les soldats de l’ONU déjà présents en Côte d’Ivoire en soutien aux forces françaises sont africains; de toute façon, l’action d’armées bourgeoises ne peut qu’être dirigée contre les prolétaires et les exploités, les forces militaires africaines ne faisant pas exception à la règle, comme le démontre toute l’histoire récente.

Ce genre de positions se retrouve aussi chez les libertaires de la CNT qui dans un tract daté du 19 novembre, redoutaient un départ précipité de la France:

 «Celui qui joue avec le feu doit gérer les incendies.

(...) Un départ de la France sans alternative et surtout sans remplacement par une force d’interposition autre, serait la porte ouverte à des meurtres aux allures génocidaires dans toutes les zones sous contrôle des milices pro-gouvernementales [Comme si la présence de la France avait empêché les tueries des forces gouvernementales!]. (...) Il faut que la France parte (...) Mais il faut pour cela que ses troupes soient remplacées par des forces moins partiales et moins mouillées dans le conflit». Donc, en attendant, il faut que la France... reste!

Comme troupes, le tract évoque «l’ONU, mais sans prérogatives politiques» - éternel rêve démocratique petit-bourgeois de la caverne de brigands impérialistes transformée en institution de paix; et comme perspective politique les accords de Marcoussis et d’Accra, un gouvernement d’union nationale présidé par le premier ministre actuel S. Diarra: précisément le dispositif imaginé par l’impérialisme français!

La position de ces libertaires rejoint la canaillerie du porte-parole autorisé de l’impérialisme français qu’est «Le Monde» vantant sans honte la protection assurée par la France aux pays qu’elle domine: «Jusqu’à la chute du mur de Berlin, Paris avait été un bon “gendarme de l’Afrique”, seulement (sic!) 40.000 victimes de guerre - dont la moitié au Tchad - ayant été comptabilisées dans ses ex-colonies par l’ancienne Mission militaire de coopération, un chiffre sans commune mesure avec les bilans dans le reste de l’Afrique, hors “garantie” française» (4)!

Il est vrai que «Le Monde» reconnaît que par la suite «la France s’est révélée bien moins efficace comme gardien de la paix», en particulier au Rwanda...

Lorsqu’éclata le coup d’Etat en 2002, les troupes françaises sauvèrent le régime de Gbagbo en même temps que les intérêts des grandes entreprises tricolores en arrêtant la progression des mutins. Gbagbo n’était certes pas le favori de l’impérialisme français; les velléités de son clan à desserrer un peu l’emprise économique française en jouant parfois la carte de la concurrence interimpérialiste a suscité la colère à Paris, qui a voulu le réduire à l’impuissance avec les accords de Marcoussis qui donnaient une part importante aux rebelles dans le gouvernement dit de réconciliation nationale. Mais il serait faux de le décrire comme opposé aux intérêts français. La concession des activités portuaires à Bolloré et la vente par celui-ci de sa filiale de négoce cacao à des proches de Gbagbo sur le dos des paysans ivoiriens (5) en témoignent. L’amélioration du climat entre Paris et Abidjan semblait se confirmer au cours des derniers mois sans être le moins du monde troublé par l’assassinat de journalistes français ni, encore moins, par les massacres du début de l’année. La reprise annoncée de l’offensive militaire contre les rebelles du nord avait même, semble-t-il, obtenu le feu vert du gouvernement français à condition que l’affaire soit réglée rapidement (6). Les troupes françaises avaient en tout cas laissé faire les bombardements, ce qui avait provoqué dans le nord des manifestations de protestation, réprimée par les soldats français, jusqu’à ce qu’une position française soit prise pour cible par l’aviation ivoirienne.

Que cette attaque ait été une bavure ou non, elle a été en tout cas immédiatement suivie d’une démonstration de force brutale des troupes françaises à Yamoussoukro (la capitale administrative, d’où partaient les avions) (7) et à Abidjan. Les partisans de Gbagbo y ont vu une tentative de renverser ce dernier, et il est difficile de leur reprocher de douter de la pureté des intentions françaises! Quoi qu’il en soit, cette opération militaire sanglante avait pour but de faire pression sur le régime. Pour amener le pouvoir ivoirien à être plus docile, le gouvernement français a employé les grands moyens, militaires et diplomatiques: vote de sanctions à l’ONU après l’arrêt dès le dix novembre des prêts de la Banque Mondiale. Il a reçu le soutien appuyé des divers impérialismes, y compris des Etats-Unis qui ont déclaré que l’action militaire française était justifiée et appelé Gbagbo à maintenir l’ordre: il paraît que des usines américaines avaient été contraintes de fermer à cause des troubles. La concurrence entre impérialismes ne doit pas faire oublier qu’ils ont tous besoin du maintien de l’ordre et donc de l’action d’un gendarme incontesté (8).

Devant un rapport de forces aussi écrasant, Gbagbo qui n’avait eu d’autres ressources que de mobiliser démagogiquement, à l’aide de ses milices «patriotiques» (qui avaient copié le vieux slogan chauvin anti-allemand du PCF: «A chacun son Français!»), les masses d’Abidjan, était finalement contraint de demander aux Français qui avaient quitté le pays de revenir! Après avoir déclaré que la Côte d’Ivoire allait devenir pire que le Viet Nam pour les Français, le président du parlement M. Koulibaly (qui s’affirme proche de Madelin!) donnait son accord à l’organisation de patrouilles militaires mixtes franco-ivoiriennes pour maintenir l’ordre à Abidjan...

Le gouvernement d’union nationale s’est réuni à nouveau comme si rien ne s’était passé, mais rien n’est réglé en réalité: les antagonismes entre fractions bourgeoises d’autant plus avides d’avoir leur part du gâteau que celui-ci s’est réduit, restent toujours aussi vives. L’exaspération des masses ne peut que croître étant donné que les derniers troubles vont accroître encore la crise économique (même si, se félicitent les économistes, le cacao continue à être exporté!), et les politiciens n’auront de cesse de la détourner dans des affrontements interethniques.

 

La  perspective prolétarienne

 

Les prolétaires de Côte d’Ivoire, qui ont une tradition indéniable de luttes et qui se sont déjà affrontés à plusieurs régimes, n’ont rien à gagner à se laisser entraîner dans cette querelle de brigands: bourgeois locaux, du nord ou du sud, et bourgeois français sont également leurs ennemis et doivent être tous combattus. Ils doivent refuser de se laisser diviser par ethnies ou par nationalités et se défendre ensemble contre les bourgeois et les impérialistes. Il faut avoir toute la stupidité malfaisante de démocrates petits-bourgeois à la LCR pour présenter comme perspective une «solution politique ivoirienne» basée sur une élection sous la protection des armées d’une «Assemblée qui prendra les choses en main» (?!).

La solution prolétarienne ne peut pas résider dans une quelconque variante de l’ivoirité, mais seulement dans l’union des prolétaires de toutes les nationalités et de toutes les ethnies. L’objectif prolétarien ne peut être une mensongère démocratie réunissant fraternellement exploiteurs et exploités au nom des intérêts supérieurs de la nation, mais la lutte déclarée entre les classes, la lutte anticapitaliste dont le but suprême est l’instauration du pouvoir international des prolétaires sur les ruines des Etats bourgeois. Objectif qui ne pourra être atteint que par une rupture complète des prolétaires, en Côte d’Ivoire comme ailleurs, avec toutes les orientations bourgeoises, démocratiques ou nationalistes, ethniques ou raciales et par leur organisation autour du programme communiste, c’est-à-dire par la reconstitution du parti de classe international par les prolétaires de tous les pays.

 Dans cette optique de classe, et non pour de vagues raisons humanitaires, le devoir des prolétaires français vis-à-vis des prolétaires et des masses pauvres de Côte d’Ivoire est de lutter contre les exactions de «leur» impérialisme et de «leur» Etat, de s’opposer sans hésiter à toutes les interventions militaires. C’est aussi une nécessité pour l’union ici avec les prolétaires immigrés, indispensable à la renaissance de la lutte de classe véritable, de la lutte prolétarienne ouverte contre le capitalisme.

 A bas tous les appels hypocrites à l’union nationale avec la bourgeoisie au nom des «victimes» des «voyous» ivoiriens descendus dans la rue: les seuls véritables voyous, ce sont les bourgeois!

 

Troupes françaises, hors de  Côte  d’Ivoire !

A  bas l’impérialisme  !

A bas le capitalisme!

Vive l’union des prolétaires de tous les pays !

 

  


 

(1) On peut se rappeler la bataille économique livrée dans les années 80 pour empêcher une société américaine d’acheter quasiment toute la production de cacao ivoirien. La firme française «Sucres et Denrées», réussit in extremis fin 1988 à recevoir de l’Elysée, en dehors de toute pratique comptable régulière, via la cellule élyséenne dirigée par le fils Mitterrand aujourd’hui traîné devant les tribunaux pour escroquerie, près d’un demi milliard de francs pour bloquer, avec des pots de vin divers, cette vente. cf «Le Prolétaire» n° 406. «Le Monde» du 10/11/4 rappelle aussi cet épisode.

(2) Selon les chiffres officiels du Ministère des Affaires étrangères. Dans les années 70, la part du capital français atteignait les 40% contre 27% au capital d’Etat (l’appareil d’Etat étant largement entre des mains françaises), 22% aux capitalistes d’autres pays et seulement 11% aux capitalistes privés ivoiriens.

(3) cf «Le Prolétaire» n° 406.

(4) cf «Le Monde», 10/11/4

(5) cf «Jeune Afrique L’Intelligent» n°2285 et 2288. Pour protester contre le «système mafieux» qui s’est mis en place avec la bénédiction du pouvoir afin d’empocher les juteux bénéfices de la filière alors que le prix de vente de leur production reste très bas, des paysans ont organisé manifestations et barrages à la mi-octobre. Plus de 600.000 paysans travaillent dans ce secteur.

(6) cf «Le Monde» 7-8/11/4 qui explique les militaires français étaient au courant des préparatifs militaires de l’armée ivoirienne et qu’ils ont laissé se dérouler les bombardements pendant 2 jours alors qu’ils avaient les moyens et le mandat pour les empêcher.

(7) Il est difficile de ne pas s’interroger sur la rapidité extrême de la réaction militaire française au bombardement de son cantonnement (moins d’une heure): manifestement on était non seulement prêt mais pressé d’en découdre.

(8) Le fait que dans le cas ivoirien la France joue le rôle de gendarme pour tous les impérialismes qui ont des intérêts sur place ne signifie pas la fin de la concurrence interimpérialiste ni des crocs-en-jambe. Plusieurs journaux ont rapporté que la France avait protesté auprès du gouvernement israélien à propos de l’action de conseillers militaires israéliens parmi les troupes de Gbagbo, voire parmi les manifestants anti-français (cette dernière accusation a toute la saveur des inventions des services secrets tricolores)! Il y a toutes chances que ces conseillers militaires agissaient avec l’assentiment des Américains.

 

Particommuniste international

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