Le capitalisme mondial au tournant de la crise

(«le prolétaire»; N° 494; Sept.-Oct.-Nov. 2009)

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A la différence du conflit de 1914-1918, la deuxième guerre mondiale ne déboucha pas sur une vague révolutionnaire, contrairement aux espoirs de ceux qui n’avaient pas pris toute la mesure de la défaite subie par le prolétariat à la fin des années vingt. Les immenses ravages de la guerre avaient donné au capitalisme la possibilité de se lancer avec une ardeur juvénile dans un puissant cycle d’accumulation et d’expansion; cela ne lui aurait cependant pas été possible sans l’aide irremplaçable du collaborationnisme politique et syndical, de matrice stalinienne ou social-démocrate, pour surmonter la toujours difficile période de l’immédiat après-guerre, pour s’opposer aux velléités de tel ou tel secteur ouvrier combatif de s’opposer à la surexploitation en les canalisant dans le cadre général de la démocratie bourgeoise.

Les trente ans d’expansion qui suivirent, surtout dans les pays capitalistes développés, enracinèrent la domination du réformisme et des pratiques de collaboration des classes parmi les prolétaires sur la base matérielle des retombées de la prospérité économique qui leur «garantissait» un accroissement lent mais régulier de leur niveau de vie; tandis que les pays coloniaux arrachaient leur indépendance politique et se lançaient, avec des succès évidemment divers, dans la constitution de foyers nationaux d’accumulation capitaliste. Cette longue période de croissance capitaliste aboutit à la grande crise économique internationale de 1974-75. Pour la première fois depuis la guerre les grands puissances capitalistes furent simultanément frappées par la récession économique. Si la bourgeoisie put faire redémarrer sans trop de difficultés la machine économique, la crise de 74-75 et sa «réplique» encore plus violente de 1980-82 signèrent un tournant dans la vie du capitalisme. La période de forte expansion économique et d’amélioration continue des masses laborieuses était dans l’ensemble terminée, laissant la place à une croissance beaucoup plus molle et à une précarisation toujours plus grandes des travailleurs.

Durant les trois décennies qui s’écoulèrent après la crise de 1975, le capitalisme a pu pourtant continuer à croître et à maintenir ses profits en extorquant une part supplémentaire de plus-value aux prolétaires, en allégeant le poids de l’Etat dans l’économie (ce qui ne signifie pas diminution de son rôle), en recourant de façon toujours plus massive à la drogue du crédit pour étendre artificiellement la demande solvable, etc., mais aussi en trouvant un nouveau champ d’expansion dans l’ouverture des marchés constitués par les pays dits autrefois «socialistes». Cependant, comme disaient Marx et Engels dans la Manifeste, la bourgeoisie ne résout ces crises qu’en préparant «des crises plus formidables et en diminuant les moyens de les prévenir». C’est ainsi par exemple qu’au cours des dernières années les autorités américaines ont systématiquement démantelé les règles et réglementations instituées au cours des décennies pour prévenir le retour d’une grande crise financière, parce qu’elles faisaient obstacle au mouvement des capitaux! La crise actuelle, résultat de trente ans de croissance supplémentaire du capitalisme, est, aux dires des bourgeois eux-mêmes, plus grave que les précédentes; elle est en tout cas la plus internationale, la première crise vraiment mondiale (alors qu’en 74-75 et 80-82, les pays du bloc de l’Est et la Chine entre autres avaient été relativement épargnés) comme le montre le fait que pour la première fois le PIB mondial est en recul: aucun pays n’a pu cette fois être protégé par des «rideaux de fer» ou des barrières douanières quelconques. Ses conséquences en seront d’autant plus profondes; si elle n’est pas la crise finale du capitalisme (concept dénué de sens car le capitalisme ne finira que lorsqu’on sera passé de la crise économique à la crise politique révolutionnaire), elle marquera à n’en pas douter un tournant, en ouvrant une période qui ne pourra se conclure qu’en un nouveau conflit mondial plus terrible encore que les précédents, seul moyen pour ce sanglant mode de production de retrouver une vigueur nouvelle, au cas où le prolétariat ne soit pas arrivé à le renverser auparavant.

 

Fin de la grande récession?

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Un an après l’effondrement des bourses du monde entier, les représentants des grandes puissances se sont à nouveau réunies cet automne lors de différents sommets. Tout ce beau monde s’est félicité que, grâce à son action, le pire ait été évité: on a échappé à un nouveau 1929, la récession est terminée ou presque, la croissance commence à poindre le bout de son nez, les profits font leur réapparition dans les banques, les grands Etats travaillent la main dans la main pour éliminer les causes de la crise et empêcher son retour.

La réalité est bien moins rose, comme le reconnaissent d’ailleurs y compris certains économistes réputés qui avaient longtemps nié toute possibilité d’éclatement d’une crise économique. Alors que les responsables économiques américains pronostiquaient que la récession aux Etats-Unis avait «probablement» pris fin au mois d’août, les statistiques publiées en septembre ont montré qu’il n’en était rien; ceux qui assuraient que le commerce mondial avait redémarré au deuxième trimestre, ont été démentis par les faits, etc.

Cependant il est vrai qu’on a assisté à une «stabilisation» de l’économie internationale, suivie d’une certaine amélioration. Au plus fort de la crise financière, les grands établissements bancaires avaient cessé de se prêter entre eux et il a fallu l’intervention urgente et massive des banques centrales et des Etats pour éviter que le tarissement du crédit et l’effondrement des banques ne mette à terre l’économie mondiale. Cette intervention a permis de sauver les systèmes financiers nationaux et international; mais si le malade n’est plus entre la vie et la mort, il reste sous soins intensifs comme le démontre entre autres la fragilité persistante du secteur bancaire: à la mi-octobre près de cent banques avaient fait faillite aux Etats-Unis depuis le début de l’année, au point que l’institution chargée de garantir les dépôts se trouvait à court d’argent...

Essayons de dresser un rapide petit tableau de l’état économique du monde pour le premier anniversaire du krach boursier.

Depuis quelques mois les bourses affichent des hausses insolentes, qui contrastent avec l’anémie de l’économie dite «réelle». A la mi-septembre la bourse américaine venait ainsi de vivre son meilleur semestre depuis 1933 (53% de hausse de l’indice Standard and Poor’s); mais il est vrai que les 6 mois précédents avaient été les pires depuis 1932! Les autres bourses du monde avaient connu une évolution comparable, voire beaucoup plus marquée: +45% en Chine, +56% au Japon, +70% en France et Grande-Bretagne, +74% en Allemagne, +94% en Russie, +109% en Italie, +133% en Turquie (1). Inutile de dire que cette véritable fièvre boursière n’a aucun rapport avec l’évolution des profits des entreprises ou de l’activité économique au cours de la même période, sur lesquels les indices boursiers devraient en toute logique être alignés. Comment expliquer ce phénomène?

Nous allons demander à des économistes... chinois de nous répondre:

«Suite au développement de l’économie, le marché boursier et le marché du logement en Chine ont connu une croissance fulgurante, provoquant l’inquiétude des économistes. Selon les statistiques, après une augmentation incroyable du marché boursier chinois, la valeur évaluée est déjà considérablement élevée. Les investisseurs n’hésitent pas à entrer sur le marché boursier. Au mois de juin, au total 1,6 million de comptes ont été créés, soit une hausse de 68 % par rapport à la même période de l’année dernière. Actuellement, la valeur totale du marché boursier de Shanghai et de Shenzhen a dépassé celle du Japon, se classant au deuxième rang mondial (...).

Selon Zhang Liqing, directeur de l’Institut des finances de l’Université centrale des Finances et de l’Economie, l’augmentation rapide et incontrôlable du crédit des banques a provoqué la hausse des prix des titres d’action et des logements. Selon les données du Bureau d’Etat des statistiques, à la fin du premier semestre 2009, les crédits nouvellement émis ont dépassé les 7 370 milliards de yuans, représentant un record jamais établi depuis la fondation de la République Populaire de Chine. Début 2009, l’objectif annuel fixé par l’Etat n’était que de 5 000 milliards de yuans. L’énorme volume du crédit a sans aucun doute stimulé la croissance économique du pays, mais a également entraîné certains problèmes. (...) Selon M. Zhang, au cours du premier semestre 2009, une grande part des fonds a été versée dans le marché boursier et le marché du logement, alors que les moyennes ou petites entreprises sont toujours confrontées à l’insuffisance monétaire. L’écart entre l’expansion financière et la croissance de l’économie réelle ne cesse d’augmenter. (...) Ba Shusong, directeur adjoint de l’Institut des Finances du Centre de recherche et de développement du Conseil des Affaires d’Etat, a déclaré que la Chine présentait déjà les facteurs fondamentaux de la formation des bulles économiques. (...) M. Ba a précisé que les bulles économiques sont à court terme sources de bénéfices pour les investisseurs, mais qu’elles constituent un grand risque pour l’économie nationale» (2).

Le même phénomène s’est répété dans tous les pays: les gigantesques quantités de crédits attribuées aux établissements bancaires et financiers se sont en partie retrouvées sur les marchés boursiers (et aussi sur les marchés de matières premières) où elles ont alimenté la croissance de la «bulle spéculative» en cours. Les divers responsables gouvernementaux ont beau critiquer amèrement le fait que le crédit aux entreprises et aux particuliers soit toujours aussi limité, les banques, dont la santé est toujours chancelante après leurs pertes colossales de l’année dernière, ne peuvent pas ne pas chercher à placer leurs capitaux là où ils peuvent rapporter le plus rapidement et le plus sûrement des profits. Et tant pis si cela signifie faire courir un grand risque à l’économie nationale et internationale!

En effet le crédit aux entreprises et aux particuliers a connu une forte chute, «historique» en France au premier semestre: -24% pour les prêts aux entreprises, -15% pour les crédits à la consommation, -27% pour le crédit au logement pour les particuliers (chiffres annuels). Aux Etats-Unis la contraction du crédit (credit crunch) continue et s’accélère même pour les petites entreprises et les particuliers; les crédits à la consommation ont baissé de 12 milliards de dollars en août (dernier chiffre connu), soit de 5,8% en variation annuelle, après avoir baissé de 19 milliards en juillet soit de plus de 9%, ce qui serait le plus mauvais chiffre depuis que ces statistiques sont publiées (1943).

 

Les plans de sauvetage étatiques...

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Cependant les plans de sauvetage ou de relance adoptés par les divers gouvernements ont eu un effet positif réel sur l’activité économique de la plupart des pays. L’exemple le plus éloquent est celui de la «prime à la casse», qui concerne le secteur automobile, activité particulièrement importante dans l’industrie des grands ou moins grands pays industrialisés. Partout où elle été instituée, cette subvention étatique à l’achat d’un véhicule neuf a rencontré un grand succès et constitué un précieux ballon d’oxygène, non seulement pour les constructeurs automobiles, mais aussi pour leurs fournisseurs et sous-traitants divers.

Aux Etats-Unis cette prime (dite «cash for clunkers») n’a été effective que pendant 2 mois seulement; mais elle aurait débouché sur la vente de plus de 600.000 véhicules et entraîné un redémarrage significatif de la production industrielle. Les autorités estimaient qu’elle se traduirait par une hausse de 0,3 à 0,4% du PIB (Produit Intérieur Brut) du troisième trimestre.

En Europe la vente d’automobiles neuves a progressé par rapport à l’année précédente de 2,8% en juillet et 3% en août (derniers chiffres connus) grâce à cette mesure prise par 11 pays sur les 16 de la zone euro. Parmi les pays producteurs, seule la Suède, où le gouvernement a refusé de l’adopter, a vu les ventes continuer à fortement reculer pendant l’été. En Allemagne, où la prime a été mise en oeuvre dès le mois de décembre pour se terminer fin août, elle aurait permis la vente de deux millions de véhicules. En août le marché allemand a ainsi enregistré une hausse de 26,8% par rapport au même mois de l’année précédente!

 Cependant la vente des véhicules commerciaux, qui ne bénéficient pas de cette prime, continuent à reculer; par exemple en France, alors que les ventes d’automobiles avaient augmenté de 14% en septembre par rapport à l’année dernière, celles des véhicules utilitaires légers (moins de 5 tonnes) ont baissé de 18,8% et celles des véhicules lourds se sont effondrées: - 46,6%: cette chute continue de la vente des véhicules commerciaux et industriels est le reflet direct du marasme économique persistant. Et dans les pays où les primes mettent fin, les ventes baissent aussitôt, ce qui démontre le caractère artificiel et temporaire des hausses précédentes.

L’exemple le plus flagrant est donné par les Etats-Unis, où la fin de la prime a débouché sur nouvelle chute drastique des ventes: elles ont reculé en septembre de 41% par rapport au mois d’août! Par rapport à septembre 2008, les ventes de véhicules neufs ont baissé de 22,7% (l’année dernière, elles étaient déjà en baisse de 22,8% par rapport à l’année précédente: la crise dans l’industrie automobile continue donc au même rythme aux Etats-Unis). Plus précisément, nous avons une baisse de 45% pour General Motors (récemment sorti de la faillite, mais qui ne semble guère en forme), de 42% de Chrysler (vendu à FIAT), de 20% de Honda, 12,6% de Toyota, etc.; Ford paradant presque, puisqu’il limite son recul à 5,1%... (3)

 

...ont empêché l’effondrement économique...

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Pour avoir une vue plus large de l’activité économique dans les différents pays et de son évolution récente, regardons les chiffres de la production industrielle (les données dont nous disposons portent en général sur le mois d’août), de la production d’acier et de la consommation de pétrole ainsi que ceux indiquant les variations du marché mondial.

Par rapport au même mois de l’année précédente, où la récession économique avait déjà commencé mais sans atteindre encore son maximum d’intensité, les chiffres de la production industrielle sont tous très négatifs à l’exception pratiquement unique de la Chine qui affiche officiellement une hausse de 12,3% et de l’Inde: hausse de 6,8%.

Nous avons: -10,7% pour les USA, -18,7% pour le Japon, -16,7% pour l’Allemagne, -13% pour la France, -11,2% pour la Grande-Bretagne, -18,2% pour l’Italie, -11% pour l’Espagne, -12,6% pour la Russie, -9,2% pour la Turquie, la Suède affichant une baisse record avec -20,9%: le fameux modèle suédois a du plomb dans l’aile... Pour compléter le tableau, donnons les chiffres de quelques autres pays. Amérique Latine: Argentine: -9%; Brésil: -9,9%; Mexique: -6,5%; Venezuela (juin): -12,4%. Afrique du Sud (qui connaît sa première récession depuis 17 ans:): -15% (4).

Mais si l’on consulte maintenant les variations d’un mois sur l’autre (chiffres corrigés des variations saisonnières), on constate que la production industrielle a recommencé à croître dans la dernière période dans beaucoup de pays; tout en restant inférieure de 15,4% au niveau de l’année précédente, la production industrielle dans la zone euro avait ainsi augmenté en août de 0,9% par rapport à juillet, où elle avait déjà augmenté de 0,2% par rapport à juin (5). Exceptions: la Grande-Bretagne avec une forte baisse de 2,6% en août par rapport à juillet, identique à celle de la Suède, le record étant détenu par l’Irlande: -16%! Au Japon la production industrielle était en août en - faible - progression pour le 5e mois consécutif grâce, selon les commentateurs, aux plans de relance mis en oeuvre à grand frais depuis le début de la crise dans le pays comme au niveau international. Aux Etats-Unis, elle est repartie à la hausse à partir du mois de juillet.

Pour ce dernier pays, nous avons signalé plus haut le rôle important des subventions à l’industrie automobile dans cette augmentation. Selon les calculs de certains économistes, la totalité de la hausse de la production industrielle en Allemagne et la moitié en France seraient à mettre au compte de ces subventions (6). Quoi qu’il en soit, il est indéniable que les chiffres de la production industrielle ont cessé de reculer dans les derniers mois et recommencent même à augmenter.

La production mondiale d’acier reste toujours un élément essentiel de l’industrie et de la construction. Elle a touché son plus bas niveau - 82 millions de tonnes - en décembre 2008, puis elle a recommencé à augmenter sensiblement à partir de mai jusqu’à atteindre les 104 millions de tonnes en juillet (en baisse toutefois de 11% par rapport à juillet 2008). Une partie importante de cette hausse des derniers mois est due à la Chine qui en juillet a produit presque la moitié de l’acier mondial (50,7 millions de tonnes), en augmentation de plus de 12% sur un an. Pour les grands pays producteurs, nous avons les variations annuelles suivantes pour juillet: Etats-Unis, -41,6%; Russie, -18,4%; Allemagne, -28,8%; Italie, -43,2%; Grande-Bretagne, -30,6%; France, -37,2%; Espagne, -32%; Turquie, -8,5%; Ukraine, -28%; Brésil: -22,8%; Mexique: -23%; Japon, -24%; Corée du Sud, -13%; Taïwan, -26,6%. Même s’il ne s’agit pas d’un grand pays producteur, il est intéressant de noter que c’est à la Suède que revient le record de baisse: -97%! De son côté, l’Inde connaissait une augmentation de 4% (7).

Le pétrole est une source d’énergie vitale pour l’économie capitaliste moderne, qui ne peut, à courte et moyenne échéance, être remplacée par aucune autre, en dépit de tous les efforts de diversification entrepris partout; sa consommation est un reflet fidèle de l’état de l’économie internationale. L’année 2008 avait déjà vu la plus faible augmentation de consommation de pétrole dans le monde depuis la récession de 2001: +1,4%. Ce chiffre était la résultante d’une baisse de la consommation américaine (-2,8%) et des autres pays capitalistes les plus développés (-0,5% en Europe), et d’une croissance persistante de la consommation en Chine, en Inde et dans d’autres pays en développement.

L’année 2009, avec la généralisation de la crise à l’ensemble de la planète, a vu une baisse de la consommation mondiale qui est estimée à plus de 2% par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Cette dernière qui publie surtout des statistiques concernant les pays de l’OCDE, a annoncé pour le deuxième trimestre 2009 une baisse en rythme annuel de la consommation de 5% aux Etats-Unis, de 10,8% en Allemagne, de 12,9% au Japon, de 7,8% en France, de 5,6% en Italie, de 4,6% en Espagne. De leur côté, les autorités chinoises ont annoncé une baisse de la consommation au premier semestre de 2,9% sur un an. Ces chiffres contrastent fortement avec la hausse enregistrée par le prix du pétrole depuis quelques mois; même si l’AIE ou l’OPEP ont publié en septembre et octobre des prévisions d’un ralentissement de la baisse de la consommation, ils démontrent le caractère purement spéculatif de cette hausse.

Venons-en au commerce mondial qui donne toujours un indice sûr de l’ampleur d’une crise; depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, il n’avait connu, en volume, que deux petites baisses, lors des crises de 1975 et en 82 (-2,2%). Au cours des dernières décennies le volume du commerce international a progressé plus vite que la production elle-même à la suite de l’internationalisation croissante du capitalisme - la fameuse «mondialisation». La crise économique actuelle ne pouvait donc avoir sur lui qu’un retentissement plus important qu’il y a vingt ou trente ans. C’est ce à quoi on assisté, mais à une échelle inattendue: il a subi une véritable chute, sans précédent depuis la fin de la guerre mondiale, qui serait même supérieure à celle des débuts de la crise des années trente selon certains économistes (8): en septembre la CNUCED estimait que le recul serait de l’ordre de 10% (9) Toutefois, il semble que ce recul des échanges internationaux se soit arrêté au cours de l’été. Selon un office néerlandais spécialisé cité par la presse, le commerce mondial aurait augmenté en volume par rapport au mois précédent de 1,6% en juin, puis de 3,5% en juillet. Ces chiffres à eux seuls sont encore insuffisants pour parler d’une reprise assurée du commerce mondial, mais ils signalent une nette variation de tendance par rapport à l’effondrement qu’il a connu depuis la fin 2008 (10).

Enfin pour clore ce tour d’horizon, il nous faut citer une statistique officielle sur l’évolution des profits aux USA (nous ne disposons pas de données pour les autres pays). Au second trimestre, les bénéfices des entreprises non-financières ont enregistré une hausse de 12 milliards de dollars, après une baisse de plus de 40 milliards au premier trimestre. Cette hausse des profits est attribuée à la «baisse des coûts salariaux et non salariaux» qui a plus que compensée les baisses de prix (11): aux Etats-unis au moins, les capitalistes ont bel et bien réussi à transférer le poids de la crise sur les prolétaires!

 

...mais pas la progression du chômage...

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Une autre démonstration en est donnée par les statistiques sur le chômage. Les derniers chiffres publiés montrent qu’il continue partout à progresser inexorablement. Aux Etats-Unis ce sont plus de 260.000 postes de travail qui ont été supprimés en septembre. Sans doute le rythme des suppressions d’emploi s’est ralenti par rapport à ce qu’il a été à depuis un an (supérieur à 400.000 par mois depuis août 2008, pour culminer à 700.000 en janvier), mais ces suppressions massives ne cadrent pas avec l’idée complaisamment répandue par les autorités selon laquelle la récession serait terminée; cela est confirmé par la baisse du temps de travail moyen à 33 heures par semaine en septembre, un record. Le taux de chômage officiel se rapproche toujours plus du triste record atteint lors de la crise de 1982 (où il est monté jusqu’à plus de 10%) puisqu’il avait atteint en septembre les 9,8%. Plus de 7 millions d’emplois ont été ainsi supprimés depuis le début officiel de la récession (décembre 2007). En septembre, les suppressions d’emploi les plus importantes l’ont été dans le secteur de la construction (64 000), des employés de l’Etat (53 000) et de l’industrie manufacturière (51 000). La plupart des spécialistes estiment que le taux de chômage devrait atteindre les 10% d’ici la fin de l’année.

Mais en outre si nous examinons de plus près les chiffres publiés pour septembre, nous constatons que plus de 500.000 personnes ont cessé de chercher du travail ce même mois; si ces travailleurs «découragés» et ceux qui ont été contraints d’accepter un travail à temps partiel étaient pris en compte, on aurait eu un taux de chômage (complet ou partiel) de 17% (12).

En gardant donc à l’esprit que les statistiques officielles minorent toujours fortement la réalité du chômage, regardons ce qu’il en est pour les autres pays (la plupart des données sont pour août): 8,2% en Allemagne; 9,9% en France; 7,4% en Italie (juin); 7,9% en Grande-Bretagne (juillet); 7,8% en Russie; 5,5% au Japon; 8,1% an Brésil; 8,8% en Argentine, 6,3% au Mexique, 7,7% au Venezuela (juin); 13% en Turquie; 12,5% en Belgique et 18,9% en Espagne, peu enviable record qui n’est battu que par l’Afrique du Sud: 23,6% (juin)! (13). Rappelons que le calcul du taux de chômage au Japon (où il avait atteint 5,7% en juillet avant de baisser légèrement en août) diffère sensiblement de celui des autres pays - évidemment dans le sens de le diminuer! Une particularité récente de ce pays est la très forte progression des travailleurs temporaires qui constituent maintenant un tiers de la main d’oeuvre: ce sont eux qui supportent le poids principal de la crise.

 Selon l’OCDE, le nombre de chômeurs dans sa zone (qui correspond grosso modo à ce que l’on appelait autrefois le camp occidental, les alliés asiatiques des Etats-Unis y compris) devrait atteindre les 53 millions à la fin de cette année...

 

...ni n’ont débouché sur une franche reprise économique

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Les quantités gigantesques de liquidités mobilisées d’une façon ou d’une autre par les Etats et les institutions internationales ont donc permis de sauver le système financier mondial et de stopper la détérioration de l’économie internationale. Mais même les économistes partisans les plus enthousiastes des politiques mises en oeuvre depuis le début de la crise, admettent que la reprise économique sera lente et tortueuse, certains allant jusqu’à redouter une rechute à la suite de l’épuisement inévitable des effets stimulants des plans de relance (comme lors de la crise de 1980-82).

C’est aussi ce que craignent sans l’avouer les autorités financières et économiques mondiales, comme le démontre que le fait qu’elles persévèrent dans leur politique d’argent facile (taux d’intérêt pratiquement égal à zéro, déficits publics en forte hausse, etc.) en dépit des dangers que cela fait poser sur l’activité économique future.

 Selon des spécialistes des questions budgétaires réunis à Paris à la mi-octobre, la dérive des déficits publics dans la zone euro risque en effet d’atteindre des niveaux insoutenables rendant nécessaire à terme un «choc fiscal», c’est-à-dire une forte augmentation des impôts, avec des conséquences négatives sur la croissance économique.

 Le FMI, lui, constatant que la hausse de la dette publique dans les pays développés est «sans précédent en temps de paix», estime qu’elle pourrait atteindre 120% du PIB dans 5 ans. Pour la ramener à 60% en 20 ans (sic!) il préconise que les Etats passent «de déficits budgétaires équivalents en moyenne à 3,5% du PIB à des excédents de l’ordre de 4,5%» (14). A moins de retrouver une croissance économique exubérante que personne n’envisage, cela signifierait là des politiques d’austérité extrêmement sévères conjuguant hausse des impôts et taxes et baisse des dépenses sociales...

Pour l’heure les Etats sont engagés dans une course aux déficits qui représentent un précieux stimulant pour une économie anémique. Et tant pis si ces déficits et ces injections de liquidité sapent la stabilité de l’ordre économique, compromettent la croissance future et alimentent des bulles spéculatives dont l’explosion tôt ou tard fera des ravages: «trop de monde a intérêt à ce que de nouvelles bulles se créent pour effacer les pertes subies» (15). La Commission européenne a engagé des procédures contre 20 des 27 pays parce que leur déficit budgétaire dépasse les 3% stipulés par les critères du traité de Maastricht, soulevant un haussement d’épaules parmi les responsables politiques: au diable ces critères et ce traité quand ce qui est en jeu c’est la santé et les profits immédiats des entreprises capitalistes!

 Même la «vertueuse» Allemagne, qui a inscrit dans sa Constitution la nécessité de n’avoir aucun déficit, devrait en avoir un d’au moins 3,9% cette année et ceci sans prendre en compte les décisions de son nouveau gouvernement de creuser encore les déficits. Les autres Etats font bien pire puisqu’on prévoit en Italie un déficit de 5,3%, de 8,2% en France, de 10% en Espagne, de 12,4% en Grande Bretagne (supérieur à celui de la petite Irlande: 12%) et de 12,5% en Grèce (16).

De même la dette publique qui selon ces mêmes critères ne devait pas dépasser un niveau équivalent à 60% du PIB, est en moyenne de 72,2% dans les pays de la zone. Plus précisément elle a déjà atteint les 74% en France et officiellement devrait dépasser les 80% en 2010; elle devrait être de 73,4% en Allemagne cette année pour atteindre les 78% l’an prochain; et en Italie, pays européen le plus endetté, elle a déjà dépassé les 115% au deuxième trimestre de cette année.

Aux Etats-Unis, à la fin de l’année fiscale 2009 (septembre), le budget de l’Etat accusait un déficit de 9,9%, le plus important depuis 50 ans (les revenus fiscaux étant eux aussi les plus faibles depuis un demi-siècle); la dette publique devrait dépasser les 80% du PIB cette année pour atteindre, selon le FMI, les 100% l’année prochaine. Et encore, à condition que l’Etat ne mette pas en place un second grand plan de relance comme on commence à le réclamer avec de plus en plus d’insistance en raison des faibles résultats du premier...

Au Japon, le déficit budgétaire prévu est de 10% (contre 3,2% en 2007, avant la crise), tandis que la dette publique représentait à la fin de l’année fiscale 2009 l’équivalent de 196% du PIB et elle devrait atteindre les 220% à la fin de 2010, si le nouveau gouvernement du Parti Démocrate n’est pas enclin à creuser davantage les déficits, comme il semble que ce soit le cas.

 

Comment le capitalisme peut-il surmonter la crise?

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Dans le Manifeste Communiste Marx et Engels, après avoir dit que la croissance des forces productives entraîne régulièrement des crises de surproduction, écrivent: «Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises? D’un côté en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l’autre en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens».

Le recours au crédit est l’un des moyens principaux d’exploiter plus à fond les marchés anciens (on dirait matures aujourd’hui): sans la généralisation massive du crédit à la consommation, l’immobilier n’aurait pas connu le boom qu’il a connu au cours des dernières années aux Etats-Unis et ailleurs, ni la construction automobile et les autres secteurs.

 Marx explique que le système du crédit accélère le développement des forces productives et du marché mondial, en surmontant pour un temps les limites du capital; mais «le crédit accélère en même temps les explosions violentes de cette contradiction [entre forces productives et marché - NdlR], les crises, et partant, les éléments qui dissolvent l’ancien mode de production». C’est pourquoi il fait «figure de levier principal de la surproduction et de la surspéculation commerciale» (17).

La crise actuelle démontre avec éclat la véracité des analyses marxistes. Pratiquement tous les économistes reconnaissent maintenant que la reprise économique qui a suivi la récession de 2001 a été le fruit d’un endettement qui, poussé à son comble, insuffisamment régulé (ils trouvent tous, après coup, que le capitalisme n’a pas été assez régulé!), a débouché sur une débauche de spéculation et de surproduction. La dette totale (publique et privée) des Etats-Unis a commencé à augmenter après la crise de 1980-82 où elle était autour de 160% du PIB, pour atteindre 265% lors de la récession de 2001 et augmenter encore plus rapidement ensuite jusqu’à arriver à plus de 340% du PIB en 2007; l’endettement des ménages américains a suivi une courbe similaire mais encore plus accentuée avec une forte accélération après 2001, en même temps que leur taux d’épargne devenait nul. Le recours toujours plus grand au crédit (à la dette comme disent aujourd’hui les économistes) est devenu de plus en plus nécessaire pour relancer une machine productive toujours menacée par l’engorgement récurrent des marchés.

Une démonstration frappante en est donnée par les chiffres suivants: alors que dans les années cinquante et soixante, 1,5 dollar de crédit était nécessaire pour obtenir 1 dollar de croissance du PIB, ce chiffre augmenta à partir des années quatre-vingt pour culminer à 3 dollars de crédit pour 1 dollar de croissance dans les années quatre vingt-dix; il augmenta encore au cours du cycle ouvert après la crise de 2001 pour atteindre près de 4,5 dollars de crédit pour chaque dollar de croissance (18)! L’ «industrie financière» devint de plus en plus importante dans l’activité économique américaine; alors qu’au cours des années 50 et 60, les profits des sociétés financières ne représentaient que 10 à 16% des profits de toutes les entreprises, leur part ne cessa de progresser à partir à partir du milieu des années 80, surtout avec les politiques de dérégulation suivies lors des présidences de Bush (père) et Clinton pour atteindre un sommet de 40% au moment de la crise de 2001-2002.

Cette débauche croissante de crédit, de finance et de spéculation qui s’en suit inévitablement aux Etats-Unis, mais aussi dans les autres grands pays, qui ne pouvait pas ne pas déboucher sur un effondrement, témoigne des difficultés grandissantes rencontrées par le fonctionnement du cycle économique capitaliste au cours des dernières décennies. Elle indique aussi qu’il sera très difficile de trouver, comme après 2001, un moyen pour relancer l’économie dans une nouvelle expansion du crédit à la consommation; il faudrait d’abord que se résorbe l’endettement actuel des consommateurs qui n’arrivent plus à rembourser leurs crédits! C’est pourquoi l’Etat est devenu le consommateur en dernier recours: pratiquement seule l’augmentation de ses dépenses peut offrir un marché suffisant aux entreprises capitalistes étranglées par la surproduction. Mais l’augmentation rapide de l’endettement des Etats et la nécessité qu’il y aura tôt ou tard à y remédier font que cette solution ne peut être que temporaire et partielle.

La conquête de nouveaux marchés est donc une voie que cherchent naturellement à emprunter toutes les puissances capitalistes, en dépit des avis de ceux qui condamnent doctement le modèle allemand ou japonais basé sur l’exportation: les mêmes qui vantaient hier la mondialisation, voudraient que le capitalisme se recentre sur ses marchés nationaux; mais comme le disait le Manifeste, le capitalisme a définitivement donné un caractère international à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, il a enlevé à l’industrie sa base nationale.

La conquête des marchés signifie une lutte commerciale accrue entre les diverses puissances capitalistes. A l’heure actuelle cette lutte commerciale tend de plus en plus à prendre la forme d’une guerre des monnaies, comme cela se dessinait avant le krach boursier de l’année dernière. Le dollar est ainsi redescendu à la mi-octobre au niveau qu’il avait atteint en août 2008 par rapport à l’euro (1,5 dollar pour 1 euro), provoquant l’émoi des responsables européens: les marchandises américaines y trouvent en effet un regain de compétitivité par rapport aux marchandises de la zone euro. Un banquier parisien estime que la Réserve Fédérale Américaine «est sans doute très contente de ce qui se passe». Il explique que «c’est que du bonheur pour les Etats-Unis: vous exportez la récession et vous importez de la croissance» (19). La reprise économique en Europe pourrait en effet être compromise par cette baisse du dollar, étant donné en outre que la monnaie chinoise est strictement alignée sur le cours de la devise américaine, rendant la concurrence avec les marchandises chinoises encore plus difficile...

 Les capitalistes américains ne sont pas particulièrement enthousiasmés par cet alignement, car ils préféreraient une réévaluation de la monnaie chinoise pour amoindrir la pression concurrentielle de ce pays; mais ils ont aujourd’hui trop besoin des capitaux chinois afin de financer leurs déficits pour s’y opposer vraiment, sans compter qu’une bonne partie des entreprises chinoises exportatrices travaillent comme sous-traitants d’entreprises américaines. On assiste ainsi à la mise en place dans les faits d’une sorte de bloc commercialo-monétaire américano-chinois, flanqué par la Grande-Bretagne qui laisse elle aussi filer sa monnaie, contre leurs concurrents européens, japonais et autres (notamment les autres pays asiatiques exportateurs).

 

Capitalistes contre prolétaires

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L’aggravation de l’exploitation de la classe ouvrière est inévitable car c’est de cette exploitation que le capitalisme tire la plus-value indispensable à son fonctionnement. Nous avons déjà vu que les capitalistes américains ont réussi à sauver leurs profits en pesant sur les salaires; les prolétaires ont été les premiers à subir les conséquences de la crise avec l’augmentation rapide du chômage, la perte de leurs logements qui concerne des millions de familles prolétariennes américaines, et de leurs retraites: des centaines de milliers de prolétaires de plus de 65 sont obligés de travailler ou sont à la recherche d’un emploi aux Etats-Unis pour cette raison, tandis qu’un peu partout en Europe se généralise la tendance à reculer l’âge de la retraite et à rogner sur les dépenses sociales de tout type. Ceux qui ont pu conserver leur emploi se trouvent et se trouveront de plus confrontés à des baisses de salaires.

Des prévisionnistes d’une banque d’investissement française écrivent ainsi, en dressant à destination de leurs clients capitalistes, une perspective pour les prochaines années: «Les gouvernements, au lieu d’annoncer une reprise cyclique normale, feraient mieux d’expliquer les difficultés: - pertes irréversibles d’emplois (...) - contraction du commerce mondial et (...) risque d’appréciation de l’euro - impossibilité de redémarrer le mode de croissance soutenu par l’endettement. - nécessité dans le futur de passer à des politiques budgétaires restrictives. - accélération des délocalisations. -déformation du partage des revenus au détriment des salariés». Dans une autre synthèse ils mettent les points sur les i: «- La croissance va être faible avec la poursuite du désendettement du secteur privé. - Ceci va spontanément réduire la profitabilité des entreprises, comme on l’a vu dans tous les pays dans le passé. - (...) la seule solution pour les entreprises sera de réduire les salaires, ce qu’on voit déjà aux Etats-Unis, au Royaume Uni, au Japon, en Allemagne». Et ils concluent: «La situation sociale va devenir très tendue aux Etats-unis, en Europe, au Japon» (20). C’est ce que disent, d’une façon en général plus feutrée, toutes les institutions de prévision nationales et internationales, en évoquant une reprise faible et «sans emplois». A l’occasion d’ailleurs elles n’hésitent pas à être plus directes, comme l’a fait le FMI lorsqu’il a menacé d’arrêter son aide à l’Ukraine après la décision de son gouvernement d’instaurer un salaire minimum (21) parce que cette décision menacerait la «stabilité» du pays: pour que le capitalisme retrouve la santé, il faut que les prolétaires crèvent de faim!

La baisse des salaires, la hausse du chômage, la diminution des prestations sociales va augmenter la pauvreté dans les pays capitalistes développés: elle touchait déjà avant la crise 76 millions de personnes en Europe. Mais la situation est plus dramatique encore dans les pays en développement. Selon la Banque Mondiale, près de 90 millions de personnes dans le monde y seraient tombées dans une extrême pauvreté (moins de 1,25 dollars par jour) à cause de la crise et plus d’un milliard de personnes devrait souffrir de disette cette année (22). Pour les bourgeois ce ne sont que des pauvres dont il faut se soucier, non pour des raisons charitables, mais pour préserver la stabilité du système politique et économique en vigueur; pour le prolétariat révolutionnaire, ce sont des alliés naturels qu’il faudra mobiliser dans la lutte révolutionnaire commune de ceux qui ne possèdent rien que leurs chaînes.

Le futur proche verra s’accentuer toujours davantage l’exploitation capitaliste, s’accroître le chômage et la précarité, en même temps que se déchaînera la concurrence entre les divers impérialismes ou blocs d’impérialismes pour l’emporter sur leurs concurrents dans un marché mondial déjà largement saturé de marchandises, jusqu’à ce que la guerre commerciale, industrielle et financière se transforme en guerre ouverte pour détruire par la violence les forces productrices en surnombre et permettre un redémarrage en grand de l’accumulation capitaliste.

Tel a été le débouché inévitable de la grande crise de surproduction des années trente; tel sera le débouché fatal de la future crise générale de surproduction dont la crise actuelle qu’est encore que le prodrome, si, dans les années qui viennent, le prolétariat ne réussit pas à trouver la force de répliquer aux coups redoublés du capitalisme, s’il n’arrive pas, pour reprendre les mots du Manifeste, à se constituer en classe donc en parti, pour abattre ce mode de production qui ne promet à l’humanité que crises, misère et guerres.

 

(A suivre)

 


 

(1) cf International Herald Tribune, 12-13/9/2009 (performances mesurées en dollars).

(2) cf Beijing Information, 10/8/2009

(3) Selon Autodata Corporation, www.motorintelligence.com, octobre 2009.

(4) Nous reprenons les séries statistiques publiées par l’hebdomadaire britannique The Economist.

(5) Communiqué d’ Eurostat (organisme de statistiques européennes), 14/10/2009.

(6) cf Les Echos, 15/10/2009.

(7) Ces statistiques sont disponibles en ligne sur www.worldsteel.org

(8) Voir l’article avec tableaux comparatifs entre 1929 et maintenant, «A tale of two depressions» (mise à jour septembre 2009) sur www.voxeu.eu.

(9) cf le «Rapport sur le commerce et le développement, 2009», aperçu général, CNUCED, Genève septembre 2009. La CNUCED est la Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement.

(10) cf Les Echos, 15/10/2009

(11) Bureau of Economic Analysis, 30/9/2009. www. bea.gov / newsreleases / national / gdp / 2009 / gdp2q09_3rd.htm

(12) Voir le communiqué du Bureau of Labor Statistics du 2/10/2009 sur www.bls.gov

(13) The Economist, ibidem.

(14) cf Le Monde, 14/10/2009

(15) Selon un responsable de l’OFCE (organisme de prévision économique) cité par Enjeux Les Echos, septembre 2009

(16) Communiqué d’Eurostat, 22/10/2009.

(17) Marx, Le capital, Livre trois, ch. 27. Ed. Sociales 1976, p. 412.

(18) Selon Hans Magnus, Financial Times, 23/1/2008.

(19) cf Le Monde, 24/10/2009.

(20) Voir les Flash Economie n°397 (7/9/2009) et 470 (21/10/2009) publiés par le service de Recherche Economique de la banque Natixis. (il s’agit d’une de ces banques zombies qui a frôlé la faillite lors du krach boursier).

(21) Communiqué du FMI, signé par son «socialiste» président Strauss-Kahn, 29/10/2009. Le FMI demande officiellement un veto sur cette loi et sur celle des pensions.

(22) Déclaration du vice-président de la Banque mondiale, le 20 octobre à Mexico. Selon lui avant la crise 1,4 milliard de personnes vivant avec moins de 1,25 dollars par jour et ce chiffre aurait augmenté de 89 millions depuis le début de celle-ci.

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Annexe: Variations de la production industrielle de quelques grands pays capitalistes

 

Les variations d’une année sur l’autre de la production industrielle sont parmi les indices les plus significatifs de l’ampleur de la crise capitaliste. Elles expriment, en lien direct, la chute des profits et avec le cortège de licenciements, de pression sur les salaires et sur la productivité exigée des travailleurs que cela implique.

 

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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