Coopération militaire franco-israélienne

(«le prolétaire»; N° 496; Avril-Mai-Juin 2010)

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La coopération militaire franco-israélienne a une vieille et triste histoire: il suffit de rappeler l’attaque commune des armées britannique, française et israélienne contre l’Egypte de Nasser en 1956. Dans les années 50 et 60 la France vendit quantité de matériel militaire à Israël (en particulier les avions Mirage de Dassault) et aida même ce pays à mettre sur pied son programme de construction de l’arme nucléaire. Mais après un raid des Mirage israéliens contre le Liban en 1969, de Gaulle mit fin à la coopération militaire avec Israël; l’impérialisme français inaugurait sa «politique arabe» qui lui permit de prendre pied dans des régions riches en pétrole qui étaient autrefois la chasse gardée des impérialistes anglo-saxons: Irak, Lybie, etc.

La coopération militaire est par définition une activité opaque, surtout quand elle s’exerce vis-à-vis d’un pays aussi peu recommandable qu’Israël; les liens militaires avec celui-ci n’ont probablement jamais été complètement coupés, mais quand la France s’efforçait de développer ses affaires et son implantation dans les pays arabes, ils ne pouvaient rester que discrets et limités.

Au cours des années la situation a bien changé et les échanges économiques comme la coopération militaire avec Israël ont pris une nouvelle importance; en 1994, sous la présidence de Mitterrand, un accord de recherche de défense était signé entre les 2 pays et en avril 2000 le gouvernement de «gauche plurielle» de Jospin signait avec le gouvernement israélien un nouvel accord de coopération technologique et industrielle en matière de défense. Cette coopération, déjà active sous un gouvernement de gauche est maintenant amplifiée sous le gouvernement de Sarkozy.

 Selon un quotidien israélien (1) «de hauts responsables diplomatiques [israéliens] affirment que ce rehaussement de la coopération militaire est le résultat de l’amélioration des relations entre les deux pays et des relations étroites qu’entretiennent MM. Sarkozy et Netanyahu». Un exemple de ce «rehaussement» avait été sans doute l’implication d’un navire militaire français dans le blocus de Gaza en janvier 2009 (2).

Dans la foulée d’accords passés en 2009, les armées française et israélienne ont «décidé d’effectuer des exercices conjoints en Israël et en France». Pour éviter tout incident fâcheux, les accords conclus prévoient une totale immunité aux militaires israéliens qui viendront s’entraîner en France: il ne manquerait plus qu’il soient traînés en justice pour crime de guerre! Un programme conjoint a été mis sur pied après d’une réunion de l’OTAN début 2010 sur la «lutte contre le terrorisme» en Méditerranée. Les militaires français étant paraît-il très intéresses par l’expérience israélienne en matière de «combat en zone urbaine» et des attentats à l’explosif,  des soldats français participeront à des formations à ce sujet.

Selon le «Canard Enchaîné» du 2 juin «des officiers de l’armée de l’air israélienne ont récemment participé, en France, à des simulations de guerre électronique, d’attaques de sites-radars sur les bases de Biscarosse (Landes) et de Cazaux (Gironde)»: tout ceci leur serait bien utile en cas d’attaque contre l’Iran...

 

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La France n’est pas le seul pays européen à entretenir une coopération militaire avec Israël. L’Italie a signé un accord quinquennal de coopération militaire avec Israël en 2005, que le gouvernement de centre-gauche de Prodi s’est bien gardé de remettre en cause; il semble que ce soit le domaine de la guerre électronique qui intéresse le plus les militaires israéliens.

L’Allemagne est le deuxième partenaire «scientifique» d’Israël (les Etats-Unis étant le premier, l’Italie étant le troisième), ce partenariat scientifique étant bien sûr très orienté vers l’armement. Si l’Allemagne ne lui vend plus autant d’armement lourd que dans les années 50 et 60  (tanks, etc.) (3), les Etats-Unis étant devenus hégémoniques dans la vente d’armes, elle lui a cependant fourni 3 sous-marins à la fin des années 90 et en 2000, dont l’un d’entre eux aurait discrètement suivi la flottille pacifiste. La coopération scientifico-militaire d’Israël avec son second partenaire économique après les USA est donc bien vivante. Début 2009 un quotidien israélien a révélé que l’Allemagne et Israël travaillaient en secret à la mise au point d’un système d’alerte nucléaire (4).

Enfin l’OTAN a mis sur pied depuis des années une opération dite «active endeavor» pour «protéger la Méditerranée contre les activités terroristes» au cours de laquelle plus de 150 bateaux «suspects» ont été contrôlés. Fin 2009 on apprenait que dans le cadre du renforcement de ses liens avec l’OTAN, la marine israélienne allait participer à cette opération avec un navire anti-missiles.

Comme le disait en 2007, la ministre israélienne des Affaires Etrangères (une ancienne des Services Secrets): «Partageant les mêmes valeurs de démocratie et de liberté, face aux mêmes dangers et unis par la même volonté de défendre notre façon de vivre, l’OTAN et Israël sont des partenaires naturels et des alliés stratégiques (...). De même que l’OTAN et Israël sont des partenaires pour défendre les valeurs de la démocratie, nous sommes aussi des partenaires pour répondre aux dangers de l’extrémisme» (5). Sans commentaires...

 

 


 

(1) cf «Yediot Aharanot», cité dans la revue de presse du 18/2/10 de l’Ambassade de France en Israël. cf  www.ambafrance-il.org/Jeudi-18-fevrier-2010.html

(2) Episode dont nous avons déjà parlé et qui est rappelé par «Le Monde» du 3/6/10

(3) Mais les moteurs des tanks israéliens «Mervaka» sont fabriqués sous licence allemande

(4) cf «The Jerusalem Post», 17/11/2008

(5) cf www.nato.int/cps/en/SID-21CEEECC-889F0B23/natolive/opinions_60087.htm

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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