Espagne: Grève des mineurs des Asturies et de la métallurgie de Vigo

Pour la défense intransigeante des conditions de vie du prolétariat!

Pour la lutte avec les moyens et les méthodes de classe!

(«le prolétaire»; N° 503; Mai - Juillet 2012)

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Depuis le 23 mai les mineurs, surtout des Asturies mais aussi des provinces de Leon, Palencia et ailleurs, sont en grève illimitée pour exiger du gouvernement central qu’il ne supprime pas les subventions à la production de charbon, ce qui signifierait pratiquement sa disparition. A partir de début juin les travailleurs des transports urbains, puis les professeurs intérimaires des Asturies se sont joint à la grève. De leur côté, les travailleurs des chantiers navals auxiliaires de Vigo ont mené diverses manifestations durant le mois de mai qui se sont soldées par des affrontements directs tant avec la police qu’avec les membres du comité d’entreprise.

 

La politique anti-ouvrière menée par la bourgeoisie en Espagne comme dans les autres pays frappés par la crise capitaliste mondiale (augmentation de l’âge de la retraite, réformes des lois du travail, etc.), d’abord par un gouvernement socialiste et maintenant par le gouvernement de droite du Parti Populaire, ainsi que la répression contre les travailleurs, les licenciements qui se comptent par milliers chaque mois dans toutes les villes espagnoles, les coupures dans les services de base ou les baisses de salaire généralisées dans la Fonction Publique, ont jusqu’ici submergé les prolétaires qui ont vu leurs conditions de vie se dégrader sans qu’il semble y avoir aucune alternative.

Il n’y a pas de doute que le mécontentement social s’est considérablement accru, surtout parmi la classe ouvrière qui supporte plus qu’aucune autre tout le poids de la dite situation d’urgence au nom de laquelle la bourgeoisie cherche à modifier la législation sociale qui accordait encore il y a peu quelques avantages sociaux aux travailleurs, et la situation dans les entreprises où le despotisme patronal ne cesse de s’accentuer jusque dans les moindres circonstances. Mais ce mécontentement ne se manifeste encore que comme une vague expression de malaise, démocratiquement orientée vers la protestation citoyenne, symbolique, légaliste et confiante dans la capacité des lois bourgeoises à sauver la barque en train de couler... En somme une situation de frustration socialement acceptée à laquelle il semble ne pas y avoir de remède.

Les syndicats jaunes, qui non seulement sont financés plus ou moins directement par l’Etat et les entreprises où ils existent, mais qui, en outre, ont inscrit dans leurs principes la défense de l’économie nationale, le maintien à tout prix de la bonne marche de la production et la solidarité des travailleurs avec la bourgeoisie au nom d’un intérêt commun pour lequel il faut accepter de se sacrifier, ces syndicats collaborationnistes et défaitistes se chargent de maintenir la classe prolétarienne pieds et poings liés face aux coups qui lui sont adressés de toute part. Ils n’organisent que des manifestations symboliques, des grèves concoctées à l’avance avec les patrons et le gouvernement, ils désorganisent systématiquement sur les lieux de travail toutes les tentatives de lutte contre les conditions de vie particulièrement pénibles qui se généralisent partout. Deux grèves générales en trois ans et une dizaine de manifestations annoncées à grand bruit mais qui n’ont rien été d’autres que des soupapes de sécurité pour faire diminuer la tension sociale afin que le cycle du profit capitaliste puisse continuer à fonctionner sans grave obstacle de la part des travailleurs.

De leur côté, les mobilisations des couches sociales intermédiaires commencées le 15 mai de l’année dernière, ont suivi exactement la ligne que suivait nécessairement les forces dirigeantes de ce mouvement dit des “indignés”: défense de la démocratie, foi dans la collaboration entre les classes pour résoudre de manière satisfaisante pour toute la société les problèmes posés par la crise capitaliste, etc. Sous cet aspect le prolétariat est pris en tenailles: d’un côté la direction défaillante et conciliatrice des syndicats jaunes; de l’autre les tendances réunies sous le drapeau de la spontanéité et de l’autonomie, qui expriment sans doute un profond malaise social, mais qui, de fait, se retrouvent avec les premiers, démontrant une fois de plus que la lutte de classe ne se résume pas à une forme d’organisation.

Mais face à ces forces politiques et idéologiques qui oeuvrent pour que le prolétariat reste victime des méfaits d’un monde qui semble complètement irrationnel et en même temps le seul possible, d’autres forces matérielles, d’une profondeur et d’une envergure bien plus grandes, sont à l’oeuvre dans le sous-sol social, minant tous les équilibres entre les classes sociales et tendant à rompre les entraves qui freinent la réaction de la classe ouvrière. Aujourd’hui cela n’arrive encore, précisément que de façon tendancielle, à travers des événements épisodiques qui peuvent disparaître rapidement, mais qui, sans l’ombre d’un doute tracent un chemin.

Les grèves des mineurs des Asturies (qui pour la première fois depuis des décennies ont entraîné d’autres secteurs dans la lutte) et celles des travailleurs du secteur naval de Vigo sont deux exemples qui témoignent non seulement que l’affrontement social reviendra sur le devant de la scène, mais qu‘il le fera de la manière la plus adéquate pour lutter et imposer ses intérêts de classe immédiats.

En effet, même la presse de la gauche bourgeoise a reconnu que le plus inquiétant dans les luttes des Asturies est la réapparition “des scènes de guérilla urbaine des années 80 dans laquelle risque de tomber la région”. La grande crainte des patrons, des bourgeois mais aussi des directions syndicales jaunes, est en effet que les prolétaires se placent sur le terrain de l’affrontement ouvert, classe contre classe.

 Bien plus que la “guérilla” , ils redoutent que les prolétaires recourent aux moyens et aux méthodes leur permettant de faire reculer leur ennemi de classe par les dommages causés à la production par des grèves illimitées, des piquets organisés pour faire cesser le travail non seulement dans une usine, mais des zones entières, l’extension de la solidarité et de la lutte aux autres travailleurs.

Il suffit de voir la différence de traitement des autorités: d’un côté, la plus grande permissivité envers les protestations inutiles, les manifestations rituelles qui ne débouchent sur rien, les actions symboliques; de l’autre, la répression envers les grèves ouvrières, même quand elles sont encore contrôlées par les forces collaborationnistes.

Mais il suffit de voir aussi que cette répression déchaînée contre les travailleurs par la police ou la Guardia Civil est impuissante à arrêter la lutte.

Les prolétaires peuvent vaincre dans la lutte. Et ils pourront sortir de la situation de défaite permanente où ils se trouvent aujourd’hui, à condition de revenir à l’affrontement ouvert avec leurs ennemis de classe. A condition qu’ils soient prêts à combattre en prenant en mains leur lutte, en défendant leurs seuls intérêts de classe, y compris au niveau le plus immédiat et concret, en retrouvant en définitive les moyens et les méthodes de la lutte classiste.

Ces méthodes consistent à étendre l’unité de classe dans toutes les situations, à surmonter la concurrence que se livrent entre eux les prolétaires, à s’attaquer réellement à la production pour faire reculer les patrons, à se défendre contre les attaques lancées par les corps répressifs de l’Etat pour liquider la lutte.

Les prolétaires peuvent et doivent entrer en lutte, mais ils ne pourront le faire réellement que s’ils arrivent à se placer sur le terrain de la lutte de classe, par conséquent non seulement dans la lutte économique défensive ou offensive, mais aussi dans la lutte politique, révolutionnaire, dont l’organe est le parti de classe. Sinon ils seront condamnés à rester dans l’obscur tunnel de misère et d’exploitation où la bourgeoisie les a placés.

 

Pour la reprise de la lutte de classe!

Pour la défense intransigeante des méthodes et des moyens de la lutte de classe!

Pour la reconstitution du Parti Communiste, International et Internationaliste!

 

11/06/2012 - ( tract diffusé par nos camarades en Espagne )

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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