PSA: seule la lutte sur des bases de classe peut faire reculer les patrons

(«le prolétaire»; N° 503; Mai - Juillet 2012)

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La nouvelle officielle de la fermeture de l’usine Peugeot d’Aulnay pour 2014 tombe au moment où nous bouclons ce journal. C’est à vrai dire tout sauf une surprise: les syndicats avaient déjà publié il y a un an un texte interne de la direction qui l’annonçait.

Les dirigeants de Peugeot avaient affirmé qu’il s’agissait seulement d’une étude théorique qui n’était «plus d’actualité», mais en fait ce texte détaillait très exactement la marche qu’ils suivent aujourd’hui avec l’annonce de 8000 suppressions de postes dans les différents établissements en France (il n’y a pas d’informations sur le sort des usines à l’étranger, mais le texte prévoyait la fermeture de l’usine de Madrid) après les 4000 décidés en novembre dernier, le gros morceau étant constitué par l’usine d’Aulnay qui compte 3300 salariés, dont 300 en intérim. La fermeture de celle-ci entraînera inévitablement la perte de plusieurs milliers d’emplois chez les sous-traitants (7000 selon une estimation des patrons de PME).

Il faut relever au passage que, selon le Journal du Dimanche du 14/7 la direction du groupe avait tenu le gouvernement informé de ses intentions, au point de discuter de certaines des modalités du plan de suppression d’emplois (1). La direction de PSA a en effet besoin de l’aide de l’Etat, ne serait-ce que pour restructurer sa branche financière (PSA Finances, organisme de prêt aux acheteurs), ou pour demander une aide financière à la Commission européenne.

Bien entendu les travailleurs n’ont pas été mis au courant, Montebourg jouant même la comédie il y a quelques semaines, en demandant publiquement que PSA l’informe de ses intentions! Hollande a affirmé dans sa déclaration du 14 juillet qu’il n’accepterait pas... non pas les licenciements, mais les «licenciements secs» et que le plan social devait être «renégocié» (mais où et quand a-t-il été négocié?). Le souci premier du gouvernement est sans doute d’éviter un conflit dur, mais il veut surtout aider les entreprises de la construction automobile en difficulté face au recul du marché en raison de la crise et face à la concurrence. Il serait donc absurde de s’imaginer pouvoir trouver en lui un allié potentiel face à Peugeot!

Mais c’est pourtant ce que prétendent ouvertement certains syndicats en dépit de leur réputation de combativité. SUD, dont les militants et sympathisants à Aulnay appelaient le 12 juillet, jour où la décision de PSA a été connue, à la grève illimitée, marie cet appel à la lutte dans son communiqué à un appel franchement pro-capitaliste au gouvernement «pour mettre en place un plan d’ensemble de la filière automobile assurant l’avenir et maintenant tous les emplois du secteur, notamment à PSA (en intégrant les sous-traitants); imposer un plan national d’innovation et de développement de l’automobile du futur, intégrant les impératifs écologiques; mettre en place un fonds patronal mutualisé, financé par les entreprises du secteur de l’automobile (Renault, Toyota, etc.) pour maintenir l’activité»!

Les autres syndicats d’Aulnay étaient hostiles à la grève et pour plus de sûreté ils n’ont pas posé la question aux travailleurs rassemblés devant l’usine, se contentant de leur demander s’ils étaient favorables à la «mobilisation»! On a vu un front rassembler le syndicat-maison (SIA), FO, etc. et les «ultras de la CGT-LO» (selon l’expression du Figaro) contre la grève, bien que spontanément les ouvriers aient arrêté la production (2). Pour les militants de Lutte Ouvrière qui dirigent la CGT locale qui multiplient les déclarations ronflantes sur la «guerre» déclarée par la direction, «une grève illimitée serait une erreur tactique», il faut laisser passer les vacances et attendre septembre. Le refus de la grève est aussi la ligne suivie par les syndicats de Rennes qui prévoient une «grande marche» en septembre (!), bien que là aussi certains travailleurs, conscients que les syndicats voulaient les faire marcher disaient que «c’est maintenant qu’il faut se rebeller» (3).

Il est sûr que la direction avait prévu de faire son annonce 15 jours avant les départs en vacances pour éviter au maximum le risque d’une grève: si l’usine Aulnay doit fermer dans un peu plus d’un an, il lui faut encore produire des milliers de voitures! Les travailleurs n’ont pas d’autre arme que le blocage de la production et l’extension de la lutte aux autres usines; cela ne signifie pas que la seule solution était forcément de déclencher la grève (ou plutôt de la généraliser) au moment où les annonces ont été faites, mais les syndicats laissent en fait un mois et demi à la direction et au gouvernement pour s’efforcer de calmer les choses. Mais surtout l’unité syndicale défendue dans les faits par les militants de Lutte Ouvrière ( y compris derrière la proposition d’un «comité de lutte») signifie l’unité avec les adversaires résolus de la lutte qui ne songent qu’à négocier avec la direction. C’est une voie qui ne peut mener qu’à la défaite.

La rupture avec les organisations engagées dans la collaboration avec les patrons et les orientations interclassistes, l’emploi des méthodes et des moyens classistes, l’organisation sur des bases de classe sont indispensables pour mobiliser tous les travailleurs et mener la lutte avec des chances de succès. Alors qu’une vague de suppressions d’emplois se dessine dans beaucoup de secteurs, ceci est vrai chez PSA comme partout.

14/07/2012


 

(1) Le JDD cite un «proche» de Hollande disant que les annonces de PSA auraient été plus «dramatiques» sans ces contacts, démontrant qu’il y a déjà eu une négociation dans le dos des prolétaires: patrons et gouvernement, même «de gauche», sont bien des compères!

(2) «Le groupe veut faire baisser la production, ne lui faisons pas ce plaisir», déclaration de la déléguée du SIA à Libération, 13/7/12.

(3) Libération, ibidem

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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