Italie

Encore les mineurs en première ligne: «nous lutterons jusqu’au bout, désormais nous sommes en guerre!»

(«le prolétaire»; N° 504; Août - Octobre 2012)

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«Nous lutterons jusqu’au bout, désormais nous sommes en guerre», c’est ainsi que les journaux télévisés, ont synthétisé le 27 août la décision, prise à l’unanimité en assemblée générale par les mineurs de Carbosulcis, d’entrer en lutte pour défendre leur poste de travail.

L’écho de la lutte des mineurs sud-africains et de la sanglante répression perpétrée par la police démocratique d’une Afrique du Sud écrasée, non plus par l’apartheid, mais comme dans tous les pays par le profit capitaliste, ne s’était pas encore éteint que les mineurs de Sardaigne faisaient entendre leurs voix. Le 26 août au soir, une trentaine des 270 mineurs de Sulcia sont descendus à 373 mètres sous terre occuper la mine de charbon dans la tentative d’obtenir une solution à leur situation. «Nous resterons là des semaines, des mois: que l’on ne se fasse pas d’illusions, nous ne lâcherons pas. En 1995, nous sommes restés cent jours dans les galeries. Des promesses, nous en avons trop entendu. Nous ne ressortirons que lorsque nous aurons eu des réponses» écrit Il Corriere delle Sera du 28/8 en citant le porte-parole qui, à la surface, coordonne l’occupation. «Nous sommes prêts à tout, y compris à nous comporter comme des fous»; et d’autres qui descendaient dans le puits, rapporte le même journal, lançaient aux reporters accourus sur place des paroles tranchantes comme des coups de rasoir: «Nous avons des explosifs et des détonateurs. Ne nous contraignez pas à nous en servir!». Il s’agit de 300 kg d’explosifs que les mineurs ont «mis à l’abri» dans les puits...

La mine de Nuraxi Figus n’est pas une exploitation antique; il s’agit de la dernière mine de charbon d’Italie: «L’ installation est technologique et sûre. On n’y travaille pas dans des conditions lamentables comme en Chine ou en Afrique du Sud» disent les mineurs. Mais les visages qui remontent à la surface sont toujours noirs de charbon, c’est pourquoi on les appelle toujours des gueules noires. La mine est exploitée par l’entreprise Carbosulcis qui a fait partie de diverses sociétés à participation étatique et elle est aujourd’hui propriété de la Région Sardaigne. Dans le cadre de sa politique de privatisation, celle-ci a décidé de la fermer à la fin de l’année, parce que le projet de fournir du charbon à la centrale électrique voisine et aux entreprises industrielles Alcoa, Eurallumina et Glencore a capoté en raison du coût trop élevé de l’énergie qui en est tiré. Comme il n’y a de fonds européens que pour une seule centrale, l’Enel [l’EDF italienne] a décidé de privilégier la centrale de Porto Tolle, évidemment plus rentable, plutôt que celle de Nuraxi Figus.

La fermeture de la mine et la crise de l’industrie en Sardaigne font planer une menace dramatique de chômage pour les prolétaires d’Alcoa, d’Eurallumina, de Glencore, de Vilnyls, en plus de Cabosulcis avec ses 463 travailleurs au total. La situation dans cette dernière entreprise est explosive et la crainte d’une dure lutte ouvrière préoccupe les autorités de l’île, confrontées à une augmentation notable du chômage au cours des derniers mois.

Les syndicats officiels qui sont encore en mesure de garder le contrôle de la colère des mineurs avec des projets de «requalification» de la mine dans le cadre de la politique de privatisation pour la «capture et le stockage du co² dans le sous-sol» (L’Unità, 28/8/12), savent que la situation pourrait leur échapper. Le secrétaire de la CGIL [l’équivalent de la CGT] de l’île avertit: «la Sardaigne est une poudrière dont les mèches sont allumées. D’ici peu, le syndicat ne pourra plus contrôler les tensions sociales, parce qu’il n’y a pas de volonté politique de réfléchir à des projets qui apportent des réponses véritables au 14% des Sardes sans travail et au 40% des jeunes qui sont au chômage» (L’Unità, ibidem).

Après avoir ouvertement avoué que leur rôle principal n’est pas d’organiser la défense des intérêts élémentaires des prolétaires, mais de «contrôler les tensions sociales», les responsables syndicaux sont prêts, si les «réponses véritables» n’arrivent pas, à passer la main aux forces de l’ordre qui savent comme répondre avec leurs équipements anti-émeutes aux tensions sociales!

Les mineurs de Sulcis et les prolétaires des grandes et des plus nombreuses petites entreprises, ont en fait un intérêt commun: le salaire, que les capitalistes soient ou non capables de leur donner un emploi. Unis et organisés dans une lutte commune, ils pourraient constituer une force véritable capable de résister à l’attaque qu’ils subissent par les capitalistes nationaux ou étrangers qui ne sont guidés que par le souci de la rentabilité des activités industrielles; si les profits ne sont pas au rendez-vous, ceux-ci n’hésiteront jamais à licencier les travailleurs jugés surnuméraires ou à fermer des entreprise et à transférer l’activité là où elle peut être plus rentable. Nul besoin de stratèges super-géniaux pour comprendre que l’union fait la force! La lutte de classe prolétarienne a sa base dans l’unité de classe, dans la solidarité de classe, unité et solidarité qui trouvent leur ciment dans le même intérêt de classe: obtenir un salaire, même quand les capitalistes ferment une entreprise. Mais cet objectif ne peut être atteint pour tous les ouvriers concernés que par la lutte ouverte pour la bonne raison, comme les mineurs de Sulcis l’ont bien compris et n’ont pas hésité à le proclamer, qu’avec les capitalistes, nous sommes en guerre! Les capitalistes ne font pas de cadeaux et leurs gouvernements non plus: pour leurs intérêts ils prennent la vie de tous prolétaires en terme de temps de travail comme en terme d’existence physique, le profit vaut pour eux plus que la vie de n’importe quel travailleur.

Pourquoi donc les prolétaires devraient accepter sans réagir d’être exploités, de risquer leur vie, d’être écrasés de fatigue quand il y a du travail, et de tomber dans la misère quand il n’y a en pas? Les «tensions sociales» que les syndicats et les partis dits «ouvriers» – en réalité vendus à la bourgeoisie – en bons pompiers sociaux s’efforcent d’apaiser, sont produites par le capitalisme: elles sont la conséquence des antagonismes d’intérêts entre la classe des capitalistes et la classe des prolétaires. Elles démontrent que cette société avec ses gouvernements et ses lois, avec ses banques et ses polices est organisée pour les capitalistes, pour les bourgeois! Pour connaître une société à mesure d’homme, centrée sur la satisfaction des besoins humains vitaux et non sur les besoins du marché et du profit, les prolétaires n’ont pas d’autre choix que la lutte contre l’esclavage salarié!

Cette lutte commence par l’organisation de la défense exclusive de leurs intérêts immédiats, comme le font les mineurs de Sulcis, les mineurs de la Lonmin en Afrique du Sud, les mineurs des Asturies, comme le font les prolétaires quand ils commencent à prendre entre leurs mains l’initiative de la lutte en dépassant les barrières érigées par les forces du collaborationnisme interclassiste.

En effet les prolétaires ne trouvent pas en travers de leur route seulement les capitalistes, leurs lois et leurs polices; ils trouvent aussi les forces de l’opportunisme syndical et politique, forces qui tout en se disant du côté des prolétaires travaillent en réalité pour les capitalistes; forces qui au lieu d’organiser la lutte pour la défense des travailleurs et de leurs intérêts, cherchent à les convaincre qu’il est indispensable de «concerter» avec les capitalistes et les autorités des accords tenant compte des exigences du profit et du marché.

Mais profit et marché sont toujours en opposition aux intérêts prolétariens et ceux qui s’emploient à «accorder» les intérêts des prolétaires et les intérêts de l’entreprise ne sont que des agents du capital: ils feront tout pour étouffer la combativité et briser la lutte, démontrant leur utilité à leurs patrons dans cette sinistre besogne!

 

Vive la lutte des mineurs de Sulcis!

Vive l’unité et la solidarité de classe prolétariennes!

Pour la défense du poste de travail, pour des conditions de travail sûres et sans danger, et, surtout, pour le maintien intégral du salaire aux licenciés!

Pour la réorganisation classiste de la lutte prolétarienne, en défense exclusive des intérêts ouvriers immédiats: la vie des ouvriers ne se troque pas contre un emploi!

 

29/08/2012

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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