Un courant carrément réformiste: le CCR du NPA

(«le prolétaire»; N° 518; Décembre 2015 - Février 2016)

Retour sommaires

 

 

Fondé en avril 2011, le «Courant Communiste Révolutionnaire» est une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste. S’alliant souvent, face à la majorité du NPA, avec deux autres tendances «de gauche» : «Anticapitalisme & Révolution» et la «Tendance Claire», le CCR se veut le pôle révolutionnaire de ce parti.

Il se donne officiellement comme objectif de «réaffirmer, à la fois dans l’orientation, mais aussi dans la pratique militante, l’actualité d’un projet révolutionnaire qui combat ouvertement pour la destruction de l’État capitaliste et la construction d’un nouveau pouvoir fondé sur les organismes d’auto-organisation des masses».

Malgré ce genre de déclarations, l’orientation du CCR ne diffère pas réellement de celle du reste du NPA: un même réformisme mais avec un habillage plus radical. La relance par Mélenchon du thème de la 6e République a été l’occasion pour le CCR de faire son coming out démocratico-républicain («Comment lutter contre la Cinquième République», ccr4.org).

Par pur suivisme derrière les élucubrations de l’ancien candidat du Front de gauche, le CCR a découvert « l’urgence, pour les communistes révolutionnaires de s’emparer de la question avant que d’autres ne s’en mêlent à notre place» car «la délégation des réformes institutionnelles ne peuvent que faire le jeu des populismes et de la démobilisation». C’est la vieille rengaine du danger fasciste servi à toutes les sauces par tous les courants bourgeois, de la droite «républicaine» à l’ «extrême» gauche.

Le CCR dénonce avec une hargne bien démagogique «le régime pourri de la Vème république et sa caste de politiciens» et «les affaires et les business juteux, (...) les carrières politiques dorées». Il lance donc des slogans démocratiques et républicains: «A bas la Présidence monarchique et autoritaire, à bas le Sénat, chambre aristocratique élue par des notables». Mais pas question de crier à bas l’Etat bourgeois!

Le CCR appelle donc à «une réelle mobilisation populaire de fond » car «Toute victoire sur ce terrain [institutionnel] serait un instrument de mobilisation facilitant prise de conscience de classe et combat contre le patronat». C’est pourquoi «l’extrême gauche devrait être à la pointe du combat». Mieux vaut en rire!

Comme nous le disions il y a plus de 60 ans, «la superstition et le fétichisme constitutionnels [sont] un trait invariable de la politique bourgeoise» («Les socialistes et les constitutions», Battaglia Comunista, n°44, 23-30 novembre 1949).

Au contraire, «Le socialisme en tant que mouvement révolutionnaire du prolétariat n’a que des préalables à base de classe, n’a qu’une seule exigence essentielle, la lutte contre le pouvoir de la classe bourgeoise, que sa forme institutionnelle soit républicaine ou dynastique.» («Les socialistes et les monarchies», Battaglia Comunista, n° 17, 27 avril - 4 mai 1949).

Par souci de réalisme, les «révolutionnaires» du NPA listent l’ensemble de leurs propositions «pour une démocratie large, au service de la population». Au lieu de faire la critique du mensonge démocratique, ils prétendent que ce système peut être au service de tous, toutes classes confondues!

Sur le plan strictement institutionnel, le CCR propose une république parlementaire classique avec un ensemble de mesures qui existent déjà dans d’autres États bourgeois :

· une «chambre unique concentrant les pouvoir exécutif et législatif» c’est-à-dire une seule assemblée comme le Portugal ou dans la monarchie danoise;

· la «proportionnelle intégrale» qui existe en Allemagne pour l’élection du Parlement européen ou en Israël;

· un droit de vote très large ouvert à «toute personne résidant en France dès l’âge de 16 ans», comme lors du récent référendum sur l’indépendance de l’Écosse;

· des élus révocables, comme aux États-Unis où depuis 2011, 150 référendums révocatoires ont eu lieu ;

· des «mandats limités à une durée de deux ans», comme la Chambre des représentants aux États-Unis (en Suisse le président est élu pour un an non renouvelable).

 

*        *        *

 

Sur le plan budgétaire, le CCR nous offre un programme qui pourrait être accepté par les plus tièdes des réformistes: une réforme fiscale pour «imposer très fortement les revenus du capital», la publication du budget (prévue par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789) et la classique défense des services publics.

Dans ce programme, rien de communiste et même rien de vraiment réformiste. Ces «communistes révolutionnaires» se font les défenseurs d’un régime à mille lieux de la révolution et de la dictature du prolétariat.

Il n’est même pas la peine de faire de longs développements pour démasquer ces gens qui sont bien à leur place dans le NPA. Nous nous contenterons de rappeler ce que nous disions lors des débats institutionnels de l’après-guerre en Italie: «Notre slogan? Dynastes, grands-prêtres et magistratures républicaines, puissiez-vous, bras dessus bras dessous, aller au plus vite en enfer!» («Les socialistes et les monarchies», Battaglia Comunista, n° 17, 27 avril - 4 mai 1949) et de publier ci-contre l’appréciation lapidaire du jeune Engels sur la démocratie. Nous n’avons rien à ajouter.

 

 


 

Friedrich Engels

La démocratie et le communisme

 

La Révolution française fut l’aube de la démocratie en Europe.

La démocratie – et je considère que c’est le cas pour toutes les autres formes de gouvernement – est une contradiction dans les termes, un mensonge, rien d’autre au fond que de l’hypocrisie (de la théologie, comme en Allemagne nous appelons cette dernière).

La liberté politique est une pseudo-liberté, la pire forme d’esclavage; l’apparence de la liberté et, par conséquent, la réalité de la servitude.

Il en va de même pour l’égalité politique; par conséquent la démocratie, de même que toute autre forme de gouvernement, doit finalement tomber en pièces: l’hypocrisie ne peut subsister, la contradiction qu’elle dissimule doit apparaître au grand jour; nous devons avoir soit un véritable esclavage - c’est-à-dire un despotisme non déguisé - soit une liberté réelle et une égalité réelle, c’est-à-dire le communisme.

 

«Progrès de la réforme sociale sur le continent» (extrait), The New Moral World, 4/11/1843

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

Retour sommaires

Top