Le Premier Mai, journée de lutte du Travail contre le Capital, est devenu une fête de l’asservissement des travailleurs salariés au Capital !

Quand redeviendra-t-il le Premier Mai des Travailleurs ?

(«le prolétaire»; N° 520; Juin-Juillet-Août 2016)

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Ils ont tout détruit ! Ils ont fait disparaître les organisations syndicales indépendantes de la classe ouvrière, ils ont détruit le parti de classe, ils ont falsifié et défiguré la théorie marxiste du communisme.

Classe bourgeoise dominante, petite bourgeoisie, opportunistes et collaborationnistes : ils ont uni leurs forces de conservation pour battre la classe prolétarienne qui avait osé non seulement lutter pour résister à son exploitation, mais lutter pour s’émanciper de l’esclavage salarié; une classe prolétarienne qui au niveau international avait levé le poing contre toutes les oppressions, bourgeoises et pré-bourgeoises, contre toutes les répressions utilisées par les classes dominantes du monde pour l’écraser.

Au cours des glorieuses années de la révolution prolétarienne puis des appels à la révolte lancés par l’Internationale Communiste aux prolétaires du monde, tous les pouvoirs constitué tremblèrent: de Berlin à Paris, de Londres à Petrograd, de Rome à Budapest. L’impérialisme trouva devant lui un prolétariat capable de se soulever contre un ordre apparemment immuable, et qui, renouant avec la geste des Communards parisiens, se lançait à la conquête du pouvoir en Russie, en Allemagne, en Hongrie, en Pologne. Moscou fut conquise et devint la capitale prolétarienne et communiste; Budapest suivit mais elle fut perdue au bout de quelques mois comme l’Allemagne.

Les forces de la contre-révolution et de l’opportunisme prirent le dessus et elles purent s’appuyer sur la dégénérescence des partis communistes des grands pays comme l’Allemagne et le France, et du parti bolchevique lui-même. La grande saison de la révolution prolétarienne, seule force porteuse de l’émancipation du prolétariat de l’esclavage salarié s’acheva sur une défaite due à l’obscène alliance des bourgeois démocratiques avec le stalinisme.

Là où le prolétariat européen avait donné le plus de fil à retordre aux classes dominantes, comme en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Russie, la réaction bourgeoise fut la plus terrible; la vieille garde bolchevique fut éliminée, emprisonnée et ensevelie dans des camps de travail forcé des tueurs staliniens qui se vantaient de supprimer ainsi les «ennemis du peuple» ; en Hongrie c’est la contre-révolution blanche qui liquida la jeune République des Conseils, tandis qu’en Allemagne et en Italie après le désarmement politique et militaire des prolétaires réalisé par les sociaux-démocrates, les forces de la réaction fasciste purent terminer le travail en écrasant la classe ouvrière.

C’est à cause de la victoire de cette gigantesque réaction internationale de l’impérialisme, que ce soit sous la veste démocratique, stalinienne ou fasciste, que le prolétariat fut conduit à participer, essentiellement comme chair à canon, à la seconde boucherie mondiale.

Depuis, plus de 70 ans d’une collaboration de classe toujours plus triviale se sont écoulés. Sans doute les grandes grèves de l’après-guerre ont montré la vitalité de la classe ouvrière.

Mais elles démontrèrent surtout la capacité des pouvoirs bourgeois à utiliser l’expansion économique qui suivit les gigantesques destructions de la guerre pour concéder aux ouvriers des améliorations limitées de leur situation en échange de la collaboration de classe avec l’aide irremplaçable de toutes les forces de l’opportunisme politique et syndical, continuant de cette façon la même politique sociale adoptée par le fascisme.

Le contrôle social n’avait plus besoin de la répression ouverte, les méthodes et les moyens démocratiques suffisaient et suffisent encore : elles font croire aux prolétaires que les amélioration de leurs conditions peuvent être obtenues à la longue par la discussion, la négociation, en reconnaissant les exigences des capitalistes et en refusant les méthodes et moyens de la lutte directe contre le patronat et son Etat

Mais les faits démontrent le contraire : sans indépendance de classe, sans organisations de défense immédiate indépendante et sans parti de classe, les prolétaires se trouvent démunis face à la classe qui dispose de tout le pouvoir économique, politique social et militaire; pouvoir que cette classe bourgeoise exerce sans scrupules dans son seul intérêt, laissant quelques miettes à ses garde-chiourmes, les bonzes syndicaux, politiciens «socialistes», «communistes» ou simplement «de gauche» et à la couche d’aristocratie ouvrière, qu’elle utilise pour influencer les masses prolétariennes et les assujettir aux exigences du capitalisme.

Les faits continuent à démontrer que les prolétaires grossissent les rangs des chômeurs, qu’ils sont victimes des accidents du travail parce que les patrons économisent toujours sur les mesures de sécurité, qu’ils voient leurs conditions de vie et de travail se dégrader inexorablement, qu’ils sont victimes de la répression quand ils osent se révolter contre leurs conditions d’esclavage; ce sont encore eux qui tombent sous les bombardements des très civilisées nations démocratiques ou qui sont obligés de prendre la voie de l’exil pour échapper aux situations de misère, de violence, de guerre provoquées ou soutenues par les grandes puissances impérialistes.

Les faits continuent à démontrer que les bourgeois ne peuvent défendre leurs intérêts qu’au détriment des intérêts des prolétaires; ceux qui affirment l’existence d’une communauté d’intérêts entre ouvriers et patrons ne font que tromper les prolétaires pour les laisser désarmés face à la voracité capitaliste.

Pour pouvoir ne serait-ce que se défendre contre les attaques quotidiennes des capitalistes contre leurs conditions de vie et de travail, les prolétaires doivent rompre complètement avec les méthodes, les moyens, les politiques de la collaboration de classe. Ils doivent retrouver les armes de leur bataille historique de classe : la lutte contre la bourgeoisie est déterminée par l’antagonisme de classe qui est constitutif de la société capitaliste.

 Les armes de cette lutte ne sont pas celles que la bourgeoisie leur conseille par l’intermédiaire de ses laquais opportunistes: celles-ci ne servent qu’à paralyser leur force de classe en la noyant dans des préoccupations individuelles, corporatistes ou de catégories, compatibles avec les intérêts capitalistes. La force du prolétariat ne réside pas tant dans le nombre que dans l’organisation et dans les méthodes et moyens qu’utilise et maintient dans le temps cette organisation.

Pour pouvoir ne serait-ce que mener la lutte de défense immédiate contre les capitalistes, les prolétaires doivent se réorganiser de façon indépendante sur des plates-formes de lutte pour la défense exclusive de leurs seuls intérêts de classe. Ils doivent se réarmer politiquement grâce aux expériences de lutte qui démontrent quels sont leurs véritables alliés et quels sont leurs ennemis ; dans cette bataille les prolétaires ne peuvent trouver une orientation et des indications d’action que grâce à un parti dont la mission est de défendre les objectifs généraux et historiques de la classe prolétarienne, au niveau pas seulement national, mais international: le parti de classe.

L’histoire a démontré plus d’une fois que, même après avoir subi de terribles défaites, les prolétaires peuvent reprendre leur lutte de classe, sous la pression des facteurs économiques et matériels qui rendent intolérables les conditions que leur imposent les pouvoirs bourgeois. La poussée vers la lutte ne découle pas de la «volonté» d’individus ou de groupes à se mobiliser pour un idéal ; elle découle de la nécessité de survivre dans des conditions différentes des précédentes, comme le démontrent les masses de réfugiés et migrants prêts à risquer leur vie pour atteindre les rivages européens!

Recommencer à se poser les objectifs unificateurs des prolétaires pour pouvoir regrouper autour d’eux une force réelle, est une nécessité envers sa propre existence et un devoir envers la classe à laquelle on appartient, non par «choix», mais en raison des conditions sociales existantes; la priorité doit ainsi revenir aux revendications effectivement communes à toutes les catégories, indépendamment de l’âge, du sexe, de la catégorie ou de la nationalité, comme:

 

-Diminution drastique de la journée de travail

-Augmentation des salaires, plus forte pour les catégories les moins bien payées

-Salaire intégral aux chômeurs

-Non au travail sans mesures de sécurité

-Non au travail non déclaré

 

C’est la grève, sans préavis, illimitée, et qui ne s’arrête pas durant les négociations, qui doit redevenir l’arme principale des prolétaires de toute catégorie, de tout pays, de toute race ou de toute nationalité. Se réorganiser dans des associations économiques classistes signifie s’unir sur un même programme de lutte, pour la défense des intérêts prolétariens immédiats. Il n’y a pas d’autre voie pour arrêter la dégradation continue des conditions d’existence des prolétaires, pour sortir de l’impuissance où les a conduits la bourgeoisie et l’opportunisme collaborationnisme, et pour reprendre le combat vers leur émancipation.

Lutter pour l’émancipation du prolétariat ne veut pas dire lutter pour «plus de démocratie» qui permettrait d’obtenir plus de «prospérité», plus de «liberté», plus de «droits». Lutter pour la démocratie signifie en effet lutter pour la conservation sociale, pour le pouvoir de la bourgeoisie, pour l’asservissement du prolétariat aux capitalistes; cela signifie se livrer pieds et poings liés à ceux qui exploitent le travail salarié pour s’enrichir et augmenter encore leur puissance, à ceux qui prêchent la paix mais préparent la guerre!

Le prolétariat révolutionnaire du siècle dernier a en fin de compte perdu la bataille, mais davantage par l’action du réformisme interclassiste que par la force directe de l’ennemi de classe bourgeois. Cependant la guerre historique en prolétariat et bourgeoisie, au niveau mondial, n’est pas terminée; et à la fin, comme les vieilles classes dominantes féodales, la classe bourgeoise sera inévitablement vaincue: la bourgeoisie produit avant tout ses propres fossoyeurs (Manifeste du Parti Communiste, 1848)

 

Premier mai 2016

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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