Corée du Sud: rattrapé par la crise, le dragon capitaliste crache son feu contre les prolétaires

(«le prolétaire»; N° 520; Juin-Juillet-Août 2016)

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La présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye vient de faire début juin une visite officielle en France. C’est l’occasion de dire un mot sur ce pays quiest le chef de file de ce qu’on appelle les «dragons asiatiques», ces nouveaux pays exportateurs qui, à côté de la Chine ou du Japon inondent le marché mondial de leurs productions.

 

La crise économique commence à toucher ces jeunes puissances capitalistes du Sud Est Asiatique et la Corée du Sud en particulier.

Ce pays, qui compte aujourd’hui 50 millions d’habitants, a connu une industrialisation rapide à partir des années 1960. Il s’est hissé au 14e rang mondial des puissances capitalistes selon son PIB, et au 5e rang des exportateurs, devant la France. Ce développement économique rapide s’est accompagné d’un essor des luttes ouvrières dans les années 1980 (1). Comme ailleurs, la bourgeoisie y a répondu en mettant en place des amortisseurs sociaux – ce que la croissance économique lui permettait –, et en lançant un processus de démocratisation pour détourner les détourner de la lutte classiste et les «intégrer» dans la «communauté nationale».

Aujourd’hui, les dits «Dragons asiatiques» dont le développement reposait en grande partie sur les exportations, tant célébrés par les propagandistes bourgeois pour «prouver» la vigueur du capitalisme, sont touchés par la récession mondiale, en particulier par la baisse de ces exportations qu’elle entraîne.

Cette baisse, manifeste dès le premier semestre 2015, était «inattendue» pour les économistes et les dirigeants coréens (mais la balance commerciale restait positive, en raison de la baisse encore plus marquée des importations – signe de la récession intérieure). Le pays a été particulièrement touché par le ralentissement économique chinois (premier importateur des marchandises coréennes), mais plus encore par la baisse de la monnaie japonaise (le yen) et de l’euro, ainsi que par la chute des prix du pétrole qui a fait plonger les exportations de son industrie pétrochimique. Depuis le début de l’année 2015, les exportations sud-coréennes ne cessent de reculer. Les chantiers navals (la Corée du Sud a longtemps été le premier constructeur mondial de navires, avant d’être dépassée par la Chine) connaissent la pire crise de leur histoire selon la presse, etc.

Pour faire face à la baisse des profits, gouvernement et patronat ont décidé de frapper les prolétaires.

La bourgeoisie coréenne a donc promu de nouvelles lois pour accroître l’exploitation. Ces lois ressemblent beaucoup à la loi «Travail» française: Hollande et Park Geun-hye ont donc matière à communiquer, pas seulement à propos d’investissements et de relations commerciales, mais également sur la meilleure façon d’imposer aux prolétaires les attaques capitalistes!

Ces lois de «réforme du travail» prévoient de multiplier les contrats précaires (qui sont privés d’une partie des avantages sociaux et qui facilitent les licenciements), de faciliter les licenciements, de modifier unilatéralement les contrats de travail, de baisser les salaires...

A ces lois, s’ajoute des mesures sécuritaires au nom de la lutte antiterroriste dont une des conséquence a été l’interdiction du Parti progressiste unifié à la fin de l’année 2014.

A Paris comme à Séoul, mêmes maux capitalistes, mêmes remèdes antiprolétariens! Même travail de sape du collaborationnisme syndical!

La principale confédération syndicale coréenne, la KCTU, a protesté contre ces mesures avec une manifestation de plus de 80 000 personnes le 14 novembre dernier. Le gouvernement a répondu par une féroce répression : camions à eau, gaz lacrymogène, matraquages, perquisition des locaux syndicaux et saisie de documents, arrestation de responsables syndicaux, poursuites contre d’autres...

Bien que victime de la répression bourgeoise, la KCTU poursuit sa politique de collaboration de classe. Au lieu de lancer un appel au combat, la KCTU a quémandé le soutien du parti Minjoo, un parti bourgeois de centre-gauche.

 Dans les jeunes pays capitalistes, comme dans les métropoles impérialistes, les prolétaires n’ont d’autre choix que la lutte sur le terrain de classe pour faire face aux attaques capitalistes. Il leur est indispensable de se placer uniquement sur ce terrain - par sur celui de la défense de l’entreprise, de la «cohésion sociale» ou de la nation - et d’avoir recours à des méthodes de classe : grèves illimitées avec occupation et piquet de grève, comités de grève responsables devant les assemblées de grévistes, extension et généralisation des grève, autodéfense face aux jaunes et aux forces de répression...

Au-delà de cette lutte ouverte, ce qui fait cruellement défaut au prolétariat - dans les pays capitalistes émergents, dans les vieilles puissances industrielles comme dans les pays les plus retardés - est le parti de classe, capable de mener le combat contre la bourgeoisie et tous ses valets, le combat pour la révolution communiste.

 


 

(1) cf «L’éveil du prolétariat coréen», Le Prolétaire n°393 (oct.-nov. 1987).

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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