PRC - PRCF - PCRF :

Les frères ennemis du national-réformisme

(«le prolétaire»; N° 522; Novembre-Décembre 2016 / Janvier 2017)

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En cette période préparatoire au cirque électoral, les différents détritus issus du PCF – nostalgiques de Georges Marchais ou de Maurice Thorez – s’agitent. Cela concerne en particulier trois groupes dont les sigles sont très proches : le Parti Révolutionnaire « Communistes » (PRC) qui présente un candidat, le Pôle de Renaissance Communiste de France (PRCF) qui soutient Mélenchon et le dernier né, le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PRCF), issu de l’URCF après son bref mariage avec le PRC, constitué en octobre dernier.

Ce panier de crabes pseudo-communistes est marqué par de profondes inimitiés et hostilités (1), mais surtout par une profonde parenté. La lecture de leur prose le montre facilement (2). Ces groupes défendent – avec des variations notables – une même ligne qui marie les vieilles recettes réformistes et le social-chauvinisme (plus ou moins déclaré).

Loin de défendre le socialisme, ces partis ne font que dénoncer un mauvais capitalisme (comme s’il pouvait en exister un bon!): le PRC met en cause «les multinationales capitalistes qui détiennent le pouvoir économique et financier et donc le pouvoir politique», le PRCF « l’oligarchie capitaliste» et le «grand capital», le PCRF les «monopoles». Quid de l’exploitation capitaliste des prolétaires? N’en déplaise au trio, lorsqu’elle est pratiquée par les petits capitalistes, elle est aussi sauvage que celle des «monopoles» et autres multinationales!

Bien entendu, cette vision «anti-monopoliste» s’accompagne d’une défense d’un «socialisme» qui n’est qu’une forme de capitalisme plus étatisé et – peut-être! – plus social.

Le PCRF réclame la «socialisation des grands moyens de production et d’échanges, pour ôter la base de pouvoir des capitalistes et mettre l’économie au service des biens du peuple», et la «mise en place démocratique d’une planification nationale qui permette un développement économique et social répondant aux besoins populaires». Le PRCF lui propose une «nationalisation démocratique (…) des banques, des assurances et des secteurs-clés de l’économie» et la «reconstruction planifiée du «produire en France» industriel, agricole et halieutique avec l’objectif de rééquilibrer le commerce extérieur de la France, d’assurer autant que possible les besoins avec des productions nationales» qui «loin de brimer les PME et le PMI (…) sera un puissant stimulant pour leur développement». Enfin, le troisième larron veut «développer une industrie nouvelle dynamique, de créer des centaines de milliers d’emplois, de développer les services publics de santé pour tous, l’éducation, la formation, la recherche», ce qui nécessite de «reprendre [sic] les grands moyens de production et d’échange aux multinationales industrielles et commerciales, aux grandes banques et sociétés financières» et «nationaliser totalement et contrôler étroitement les secteurs clés de l’économie».

Pour résumer, un capitalisme dans lequel les grandes entreprises – et seulement elles – seraient sous le contrôle de l’État… capitaliste! Un programme vraiment «populaire» qui entend satisfaire avant tout les petit-bourgeois qui regrettent l’État-providence et même les petits patrons.

Ces prises de position sont donc fondamentalement anti-marxistes. Ce sont les vieilles rengaines du «socialisme d’Etat» que professaient déjà Jaurès et que dénonçaient Engels, par exemple dans une lettre à Lafargue: «Mais prenons simplement la proposition de charger l’Etat de l’importation des blés. J[aurès] veut empêcher la spéculation. Mais que fait-il? Il charge le gouvernement de l’achat des blés étrangers. Le gouvernement est le comité exécutif de la majorité de la Chambre, et la majorité de la Chambre, c’est la représentation la plus exacte possible de ces mêmes spéculateurs en blés, en actions, en fonds publics, etc. (…) Il ne vous suffit pas qu’ils volent la France au moyen du budget annuel et de la Bourse, où ils emploient du moins leurs propres capitaux et leurs propres crédits – vous voulez les doter de plusieurs milliards et du crédit national, pour qu’ils vident les poches encore plus à fond a[u] moyen du socialisme d’Etat!» (6 mars 1894).

Le «socialisme d’Etat» a comme corollaire le démocratisme le plus vulgaire. Le PRCF défend une «République française démocratique et populaire, plaçant le «monde du travail au centre de la vie nationale» (programme du Conseil National de la Résistance) avec une «nouvelle constitution franchement républicaine élargissant tous les espaces démocratiques et permettant aux travailleurs de peser d’un poids décisif à tous les niveaux, y compris à l’entreprise et dans le quartier, dans la commune rurale et sur le campus». Le PCRF, la «construction d’instruments de pouvoir politique qui permettent au prolétariat (ceux qui ne vivent que de leur salaire) d’intervenir à tout moment dans les choix politiques, pour qu’ils soient conformes aux intérêts populaires et qui en finissent avec la machine d’État bureaucratique de la bourgeoisie» et le PRC, la reprise «aux multinationales le pouvoir économique et financier sans lequel le pouvoir politique n’existe pas». Démocratie – Peuple - République, voilà le triptyque bourgeois devant lequel communient nos faux communistes !

Enfin, comme tout bon réformisme s’accompagne de patriotisme, le trio ne fait pas exception. Le Manifeste Communiste affirmait que les prolétaires n’ont pas de patrie: ce n’est plus l’avis de notre trio!

Pour le PRC, la capitalisme serait anti-national car il «pille les ressources de la nation et du peuple»; et il défend la vision d’ «une France qui refusera de participer aux guerres impérialistes, qui développera une politique de coopération avec tous les pays, sur un pied d’égalité, dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté des nations et des peuples. Une France qui agira pour une politique de paix». Le PRCF est obsédé par l’Union Européenne et l’OTAN dont il veut «sortir» pour créer «une République française indépendante et souveraine» et il  invite les progressistes [sic! Qui c’est?] à unir de nouveau le drapeau tricolore de la nation au drapeau rouge international des travailleurs».

Mariage impossible! Comme le disait Marx «Ce n’est que trempé dans le sang des insurgés de Juin [1848] que le drapeau tricolore est devenu le drapeau de la révolution européenne, le drapeau rouge». Le PCRF diabolise également l’OTAN et l’UE vues comme des «alliances militaro-politiques (...) qui permettent aux monopoles d’imposer aux peuples leur politique barbare». Ah, si seulement la France renouait avec la politique gaullienne et exerçait seule sa politique de rapine! Nos trois compères se vautrent dans le social-patriotisme en rêvant d’un impérialisme français assez puissant pour être indépendant de ses concurrents et pratiquer pacifiquement le commerce international !

 Dans ses efforts pour se donner une allure radicale et combative, le trio PRC-PRCF-PCRF se prétend «révolutionnaire» mais son orientation politique démontre sa totale appartenance au courant réformiste, anti-révolutionnaire.

Loin de mettre au centre de sa politique la lutte de classe et l’indépendance politique du prolétariat, il noie ce dernier dans le «peuple», c’est-à-dire un conglomérat de plusieurs classes, y compris bourgeoises comme les patrons des PME et PMI. Quand on sait (statistiques de l’INSEE) que les PME représentent plus des deux tiers de l’emploi en France, on voit que la lutte prolétarienne de classe passe obligatoirement au sein de ce «peuple» adoré par nos héritiers du stalinisme. Refuser cette lutte au sein du «peuple» signifie sacrifier les intérêts des exploités aux intérêts des exploiteurs – même si ces exploiteurs ne sont que des petits et moyens patrons. Nos trois frères ennemis ne l’ignorent évidemment pas et c’est dans une optique tout-à-fait anti-prolétarienne qu’ils s’affirment défenseurs du «peuple» et de la «nation».

Les véritables communistes, eux, combattent les notions de «peuple» et de «nation» comme celui de «démocratie», en expliquant qu’ils signifient collaboration de classe, c’est-à-dire abandon des intérêts de classe prolétariens. Ils ne proposent pas une démocratisation de la République, mais rappellent la nécessité de la destruction de la République bourgeoise et de l’instauration sur ses ruines de la dictature du prolétariat, régime politique transitoire indispensable d’abord pour tenir en échec la réaction bourgeoise et étendre la révolution aux autres pays; ensuite pour extirper le capitalisme et réorganiser toute la société sur une base non marchande; ils n’ont pas comme objectif l’installation de rapports de collaboration, même sur un pied d’égalité, entre des nations souveraines, mais, lorsque la révolution communiste internationale aura triomphé et que sera établi le pouvoir international du prolétariat, la disparition des nations et l’établissement d’un plan unique mondial pour répartir les forces productives à l’échelle de la planète selon les besoins réels de la population et de la façon la plus harmonieuse. Perspective rigoureusement inverse de celle de tous les réformistes, de matrice néo-stalinienne ou non!

Derrière son verbiage de gauche et l’utilisation abusive des symboles communistes, notre trio s’efforce de répandre dans les rangs du prolétariat les pires balivernes réformistes et le nationalisme le plus crasse. C’est une force anti-prolétarienne au service du capitalisme, descendant en ligne droite de la contre-révolution stalinienne.

 


 

(1) Voir les articles du PRCF «L’embrouille PCRF contre le PRCF: la confusion au service de l’impuissance» et «RC(F?): confusionnisme et/ou nihilisme national».

(2) PCRF «Renoncement de François Hollande: rebondissement de la crise politique», 3 décembre 2016, pcrf-ic.fr; PRCF «Demandez le programme! 4 sorties et 10 entrées pour une perspective révolutionnaire», www.initiative-communiste.fr ; et PRC «Journal», septembre 2016, site communistes.org

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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