Epidémie d'obésité au mexique: american way of fat

(«le prolétaire»; N° 527; Janv.-Févr.-Mars 2018)

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Gros Mexique, si loin de la révolution prolétarienne, si  près  de  Coca-Cola !

 

Face à l’épidémie d’obésité et de diabète qui frappe les masses pauvres du Mexique, on pourrait sans mal parodier la célèbre formule prononcée, il y a plus d’un siècle, par le président mexicain Porfirio Diaz «Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des États-Unis».

Alors que 5% environ de la population souffre encore de malnutrition dans les campagnes les plus reculées, l’obésité fait 80 000 victimes annuelles au Mexique, victimes qui s’ajoutent à celles de la sauvage exploitation des prolétaires dans les bagnes industriels ou agricoles, à celles de la misère qui règne dans les bidonvilles et les villages, à celles des violences liées au trafic de drogue et d’êtres humains, à celles de la répression étatique et patronales… Toutes ces innocentes victimes rappellent le caractère infâme et criminel du règne de la bourgeoisie au Mexique et ailleurs.

 

 Un mal made in capitalisme

 

Le bilan de l’obésité est accablant. Au Mexique, les trois-quarts de la population sont en surpoids et un tiers est obèse.

Ce mal a explosé avec la mise en place de l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain, NAFTA en anglais) à partir de 1994. Il a créé un vaste espace de libre échange des marchandises entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique (accompagnée de mesures de contrôle de l’immigration).

Depuis sa naissance le capitalisme est toujours à la recherche d’un moyen de nourrir ses salariés au moindre coût, de façon à faire baisser le niveau des salaires ou au moins de le contenir au niveau le plus bas possible: le salaire correspond en effet au prix des moyens de subsistance nécessaires au maintien et à la reproduction de la force de travail. Tous les pays capitalistes (à commencer par le berceau du capitalisme, la Grande Bretagne avec ses Fish and chips) ont donc été contraints d’affronter et de résoudre ce problème de fournir une alimentation de base indispensable à ses esclaves salariés, sans se soucier bien sûr de sa qualité.

Mais les Etats-Unis, la puissance capitaliste dominante depuis des décennies et des décennies, eux, ont mis au point la solution la plus complète et la plus satisfaisante pour le capital; cela avait commencé avec de grandes campagnes organisées par l’Etat pour répondre aux besoins... des sociétés agroalimentaires dès le dix-neuvième siècle, et plus tard par le développement à grande échelle de la production industrielle de produits alimentaires, depuis le corned beef d’autrefois jusqu’aux plus modernes Fast Food. Cela lui a permis de conquérir une bonne part du marché international de la nourriture à destination des prolétaires et des masses pauvres.

L’ouverture des frontières du Mexique a fait déferler sur le pays une énorme quantité de cette «malbouffe». Les taxes sur le fructose industriel ont diminué et la vente de boissons sucrées a triplé jusqu’à constituer aujourd’hui 10 % des calories consommées par les Mexicains. Le prix des produits transformés à haute teneur en calories a baissé. Dans le même temps, le salaire annuel moyen a régressé, passant de 16 000 dollars en 1994 à 15 300 en 2016. Pour survivre, les masses déshéritées se sont tournées vers cette «malbouffe» industrielle devenue facilement disponible; elles ont abandonné leur régime alimentaire traditionnel devenu trop onéreux qui reposait sur des productions locales sans ajout de graisse, de sel ou de sucre.

Cette situation a accéléré la destruction de la petite agriculture mexicaine par la concurrence de son voisin impérialiste.

Le capitalisme se développe toujours au détriment de l’agriculture; cette loi du mode de production capitaliste s’est vérifiée dans les conditions particulières du Mexique où la classe dominante bourgeoise a «choisi» de sacrifier de vastes pans de l’agriculture en contrepartie du développement d’une industrie délocalisée des Etats-Unis – notamment les fameuses maquiladoras où règne l’exploitation la plus grande (le salaire moyen y est maintenant inférieur au salaire chinois). Le Mexique est ainsi devenu un exportateur de produits industriels principalement à destination des Etats-Unis (le premier poste étant les automobiles). Alors qu’en 1994 il avait un déficit de sa balance commerciale avec eux, il enregistre maintenant un énorme excédent (64 milliards de dollars en 2016); cela a d’ailleurs provoqué l’ire de l’administration Trump qui veut remettre en question l’ALENA.

Mais de l’autre côté, l’ALENA a entraîné la perte de près de 5 millions d’emplois agricoles et mis en jachère 2 millions d’hectares. L’exode rural qui a suivi de 6 millions de personnes s’est en partie dirigé vers les Etats-Unis (c’est le cas de 2 millions d’entre eux) où de nombreux prolétaires mexicains (légaux ou illégaux) sont employés... dans l’agriculture! Le Mexique est passé de l’autosuffisance alimentaire à une très forte dépendance aux importations en provenance des États-Unis.

Cependant le Mexique enregistre également depuis quelques années un excédent dans les échanges commerciaux agricoles avec son voisin du Nord (environ 1 milliard de dollars par an). Les associations d’agriculteurs américains se plaignent que l’ALENA ait fait disparaître plus de 250 000 exploitations paysannes (plus du cinquième des petites exploitations) par la concurrence des productions à bas prix (surtout dans les légumes, les fruits et les bovins). Ce sont les grandes entreprises de l’agroalimentaire qui ont profité de l’ALENA; elles sont essentiellement américaines, mais il existe aussi quelques grandes firmes au Mexique (parfois à capitaux américains) qui ont prospéré en surexploitant la main d’oeuvre agricole, locale ou immigrée. Outre le blé c’est essentiellement dans les produits laitiers et autres produits alimentaires que les Etats-Unis ont un solde commercial excédentaire vis-à-vis du Mexique.

L’ALENA a également permis aux capitalistes de l’agroalimentaire américains de s’emparer d’une grande partie des réseaux de distribution. Alors qu’autrefois les petits commerces traditionnels vendaient des produits frais, les chaînes de supermarché qui se sont multipliées mais surtout les petites épiceries de proximité vendent en majeure partie de la nourriture à bas prix – et de mauvaise qualité: les aliments transformés et raffinés ont aussi l’avantage de pouvoir rester longtemps sur les étagères des commerces, à la différence des produits frais qui sont périssables, comme les fruits et légumes.

Les conséquences ont  été rapidement  visibles. Entre 1988 et 2012, le pourcentage de femmes de 20 à 49 ans touchées par l’obésité est passé de 9,5 à 37,5 % (les femmes sont en moyenne  plus sensibles à l’obésité). Le diabète, qui est une des premières conséquences de l’obésité, touche près de huit millions de Mexicaines et de Mexicains et il est devenu la première cause de mortalité. Le taux de mortalité liée à l’obésité est de 152 pour mille, soit huit fois plus que la moyenne des grands pays capitalistes membres de l’OCDE. 130 000 personnes souffrent d’insuffisance rénale et 86 000 doivent subir une dialyse trois fois par semaine.

Mais si l’augmentation de l’obésité a été très rapide au Mexique, ce sont  les Etats-Unis qui détiennent le record du taux d’obésité dans le monde (38% des adultes, 40 % chez les femmes, 31% des enfants), taux en augmentation continuelle.  Cela signifie que les prolétaires américains et leurs familles ont été et sont toujours les premières victimes du système d’alimentation mis en place par le capitalisme étasunien et que celui-ci diffuse dans le monde entier.

Les ravages de l’obésité ne sont pas la conséquence de ¦«mauvais» comportements individuels ou «choix de vie» des prolétaires mais une pathologie du capitalisme et, pour ce qui est du Mexique de la domination économique de l’impérialisme étasunien sur le pays.

 

Le  remède: révolution et dictature prolétarienne

 

Aujourd’hui, le capitalisme n’a plus à offrir aux prolétaires que «de la sueur, du sang et des larmes». Il tue à petit feu par l’exploitation, les «accidents» du travail et les maladies professionnelles, par la faim ou une alimentation dégradée, par l’exposition à des polluants de toute nature… Il tue brutalement dans des guerres, des catastrophes ‘«naturelles» ou industrielles…

Le prolétariat devra venger toutes ces victimes prolétariennes et détruire ce système qui sème le malheur et la mort.

La dictature révolutionnaire du prolétariat sera ce bras vengeur. Elle renversera la domination des capitalistes et brisera les chaînes de l’exploitation impérialiste.

A l’heure actuelle, faute d’avoir pu renouer avec les traditions classistes et reconstituer le véritable Parti communiste, le prolétariat est désarmé face à ses ennemis bourgeois. Bien que la reconstitution du Parti de classe ne puisse pas être rapide, elle est objectivement un besoin toujours plus pressant. C’est sous sa direction que les prolétaires pourront monter au combat en proclamant:

Que crève le capitalisme, ce système mortifère!  Que triomphe le communisme, notre seul salut!

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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