Les divagations du CCI sur le populisme

(«le prolétaire»; N° 530; Octobre - Novembre 2018)

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Les médias bourgeois continuent à nous seriner sur le «populisme» ajoutant presque chaque jour de nouveaux membres à la liste des politiciens ou des gouvernements accusés de ce mal: le nouveau gouvernement italien, le nouveau président mexicain, le candidat d’extrême droite à la présidentielle brésilienne, etc. viennent rejoindre le premier ministre hongrois et le président Américain, Marine Le Pen et Mélenchon, etc.

Nous avons consacré un article il y a déjà quelque temps à dénoncer cette propagande bourgeoise mystificatrice (1); au passage nous avions critiqué les analyses à ce sujet du CCI; ce dernier a répliqué dans deux articles «Les failles du PCI sur la question du populisme» (2).

 

L’«aristocratie ouvrière»

 

Il nous y accuse d’«absence totale d’analyse du phénomène du populisme», de «confusion», de «placage de schémas tout faits» qui aboutit «à des aberrations et des affirmations stupides, complètement déconnectées de la réalité», «notamment quand [nous évoquons] l’existence d’une “aristocratie ouvrière”». Sur ce point nous sommes en bonne compagnie comme le reconnaît le CCI qui affirme que cette conception était déjà une erreur d’Engels et de Lénine!

Le CCI estime en effet qu’il s’agit là d’une «théorie sociologique pour diviser la classe ouvrière» – alors qu’il s’agit au contraire d’une analyse matérialiste pour expliquer l’influence bourgeoise (et en particulier l’influence des partis et organisations collaborationnistes) sur le prolétariat.

C’est tout-à-fait consciemment que les capitalistes accordent certains avantages et certaines «garanties» (statuts particuliers, etc.) à quelques couches du prolétariat pour assurer la paix sociale dans des secteurs particuliers de l’économie ou dans l’économie toute entière. Ces couches forment la base de masse des organisations réformistes, et elles adhèrent tout naturellement à leur idéologie chauvine, de supériorité vis-à-vis de la masse prolétarienne (et encore plus si d’origine étrangère) et d’hostilité envers la lutte révolutionnaire à mesure que leur mode de vie tend à se rapprocher de celui des couches petites bourgeoises.

Mais rien n’est en réalité jamais garanti au prolétariat, y compris à ses couches supérieures, sous le capitalisme. Lorsque la quête du profit l’exige, des secteurs d’aristocratie ouvrière peuvent connaître, et connaissent de fait une dégradation de leur situation, une prolétarisation brutale ou la menace de cette prolétarisation; ils peuvent réagir dans un premier temps en écoutant les sirènes réactionnaires qui leur promettent le retour à leur ancienne position; cependant d’autres fois ils y répondent en exprimant une violence de classe qui fait reculer jusqu’à certains prétendus révolutionnaires...

Le CCI nous accuse d’avoir une «vision schématique d’une bourgeoisie sans contradictions» (à tort, car nous avons expliqué au contraire dans notre article que les différentes fractions bourgeoises ont des orientations différentes); mais il a, lui, une vision complètement idéalisée d’une classe ouvrière sans contradictions, sans couches diverses, sans divisions en son sein – divisions créées et entretenues par la bourgeoisie pour la paralyser – et qui donc peut se mouvoir spontanément, comme un seul homme pourrait-on dire, dès qu’elle «prend conscience» c’est-à-dire dès qu’elle rejette l’idéologie bourgeoise grâce bien entendu à la discussion démocratique....

A l’inverse de ce conte de fées, il importe de comprendre que les divisions et la sujétion de la classe ouvrière ont des bases matérielles; et que ce ne sont pas des facteurs «idéologiques», mais des déterminations matérielles qui poussent et pousseront les prolétaires, dans le mouvement des luttes, à surmonter leurs divisions, à reconnaître qu’ils appartiennent à la même classe sociale, soumise à la même exploitation, et qui pousseront les éléments d’avant-garde dans ces mouvements à se mettre en quête d’une organisation de parti pour mener le combat.

 

L’élection de Trump et le référendum britannique sur le Brexit

 

Le CCI nous reproche de ne pas répondre à la question de savoir si ces deux événements correspondent aux intérêts des bourgeoisies respectives; car pour lui il s’agit là ni plus ni moins que de «revers pour la bourgeoisie», celle-ci ayant rien en fait «perdu le contrôle de son système démocratique»! (3). En partant d’une façon complètement erronée de poser le problème, caractéristique d’une vision idéaliste et non matérialiste, il est inévitable d’arriver à une conclusion fausse. Pour faire une analyse correcte il faut avant tout rechercher les causes profondes de l’évolution des situations, causes qui ne relèvent pas du monde éthéré des idées, mais de facteurs matériels et de heurts d’intérêts qui ont ensuite une traduction en positions politiques. Il est absurde de se demander si tel acte gouvernemental est ou non dans l’intérêt bien compris de «toute la bourgeoisie»: pour des marxistes toute action des gouvernements et des politiciens de la classe dominante est déterminée par des intérêts bourgeois – mais qui peuvent être ceux d’une fraction particulière voire minoritaire.

Le CCI écrit qu’un an après l’élection de Trump sa politique va «dans un sens totalement opposé aux prévisions du PCI selon laquelle [sic] la bourgeoisie saura faire entendre raison et mettre au pas les prétentions de Trump. A l’heure actuelle une grande partie de la bourgeoisie américaine est plongée dans le désarroi et plusieurs secteurs (...) essaie [re-sic] de trouver le moyen de le destituer», ce qui démontrerait que le populisme, supposément incarné par Trump, serait un facteur incontrôlable pour la bourgeoisie.

Effectivement dans l’article incriminé nous avions écrit que «les capitalistes à la tête de puissants groupes d’intérêts sauront faire comprendre à leur collègue Trump» les dangers de l’imposition de taxes à l’importation, etc.

Le temps qui s’est écoulé depuis a montré que les déclarations de Trump n’étaient pas uniquement démagogiques, comme nous l’avions cru trop vite; elles annonçaient une politique bien précise et suivie avec détermination, sinon toujours avec beaucoup de cohérence et de doigté. Pour le CCI nous avons eu grand tort de nous baser sur les cours de la bourse de Wall Street pour écrire que la bourgeoisie américaine (ou une bonne partie de la bourgeoisie) ne croyait pas du tout que ses intérêts étaient mis en péril par Trump, alors que les grandes orientations de la politique bourgeoise ne se jouent plus à la bourse. Il s’agit tout de même selon nous d’un signe important; mais pour satisfaire nos contradicteurs, nous pouvons entre autres citer une enquête réalisée un an après l’élection du candidat républicain, qui établissait que «les grands patrons américains sont très satisfaits de la politique économique menée par Donald Trump» (4). Les enquêtes au début de cet été allaient dans le même sens, après que les entreprises aient de manière générale enregistré une forte hausse de leurs profits à la suite des mesures économiques gouvernementales: voilà qui compte bien plus pour les capitalistes que les foucades ou l’amateurisme de Trump, souvent en conflit avec son administration elle-même.

Cependant l’opposition de fractions bourgeoises (par exemple la puissante Chambre Américaine du Commerce, les capitalistes de la grande distribution, ou les entreprises de la Silicon Valley ayant recours à l’immigration) est à la base de la virulence de l’opposition politique à Trump. Mais il ne fait aucun doute que sa politique est déterminée par d’autres fortes fractions capitalistes et non par ses idées personnelles; par exemple ce sont les grands industriels de la sidérurgie («Big Steel», comme on dit aux USA) qui sont à l’origine des mesures protectionnistes contre l’importation d’acier, que déplorent les industriels qui utilisent l’acier importé, à moindre coût. Plus généralement les menaces de guerre commerciale avec la Chine s’expliquent par la confrontation historique qui se dessine entre ces deux pays, et qui avait déjà été à l’origine du dit «pivot vers l’Asie» de l’administration Obama.

Prenons l’autre cas cité par l’article de Révolution Internationale: la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, «illustration flagrante d’une politique à l’emporte-pièce qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu et qu’attiser la recrudescence d’une violence incontrôlée (...)».

En réalité cette décision est la traduction d’un changement politique profond dans la région; fin 2017 le gouvernement saoudien, dans le cadre de son rapprochement avec Israël pour contrer l’Iran, avait secrètement averti les autorités palestiniennes qu’elles devaient renoncer à la revendiquer Jérusalem-Est comme capitale, accepter les colonies israéliennes et se contenter d’un Etat palestinien doté seulement d’une «souveraineté morale» (5). L’annonce quel-ques semaines plus tard de la décision américaine s’inscrivait dans ce changement; et d’ailleurs si cette annonce a entraîné des réactions diplomatiques hostiles, elle n’a pas provoqué de recrudescence de violence sur le terrain, les populations n’ayant aucune illusion sur le rôle des Etats-Unis, soutien indéfectible d’Israël depuis des décennies quel que soit la couleur du gouvernement (et en dépit de ses violations répétées des chiffons de papier que sont les résolution onusiennes).

Pour ce qui est de la Grande Bretagne, il est incontestable que les négociations avec les Européens sur la sortie de l’UE se passent difficilement et que le gouvernement de Theresa May enregistre des déconvenues répétées à ce sujet. Mais nous ne sommes pas convaincus que «le Brexit pose depuis un an de graves problèmes à la santé du capital national, en particulier en affaiblissant et sapant puissance considérablement sa puissance».

Les experts européens qui n’étaient pas avares de prévisions catastrophiques depuis deux ans, sont obligés de constater que, s’il y a eu un léger tassement de la croissance, l’économie britannique «résiste à l’approche du Brexit» (c’est-à-dire la sortie de l’Union Européenne), voire selon certains libéraux optimistes, qu’elle «se porte très bien» (6). La monnaie a perdu de sa valeur, mais au cours des derniers mois la croissance a rebondi, les exportations ont enregistré des records et en conséquence le déficit commercial s’est réduit, le chômage a diminué.

Tout n’est pas rose cependant et une sortie de l’UE mal négociée ou sans accord, aurait inévitablement de lourdes conséquences négatives – y compris d’ailleurs pour les pays européens.

Mais la Grande-Bretagne reste l’une des premières puissances économiques mondiales et la deuxième en Europe; si elle réalise un peu moins de la moitié de son commerce extérieur avec les pays de l’Union Européenne (44% pour être précis) (7), cela veut dire aussi qu’une partie importante ne dépend pas de ses relations économiques avec l’UE. La Grande-Bretagne est le pays européen qui compte proportionnellement le plus d’investissements américains sur son sol, et celui qui a le plus de capitaux investis aux Etats-Unis; c’est cette réalité de fond qui explique que le pays a toujours voulu garder un pied en dehors de l’UE et s’est toujours montré réticent à tout resserrement des liens avec elle, conservant notamment sa monnaie nationale, et qui lui a permis d’envisager le Brexit dans une période d’affaiblissement de l’Union Européenne.

Sans doute la traditionnelle «relation particulière» avec les Etats-Unis n’est plus ce qu’elle était autrefois; mais la Grande Bretagne est cependant le pays le mieux armé pour surmonter une rupture économique avec l’UE. Contrairement à ce qu’écrivait le CCI dans l’éditorial de sa revue théorique, la bourgeoisie britannique n’a pas laissé «ses intérêts vitaux à la merci d’aventuriers». Les partisans les plus décidés du Brexit se recrutent non parmi des politiciens excentriques en mal de popularité facile, mais parmi les membres du Parti Conservateur, le parti bourgeois traditionnel, comme on l’a vu au Congrès annuel de ce parti le 30/9 – c’est ce qui explique les difficultés du gouvernement à négocier un compromis avec «Bruxelles».

Nous nions donc que la bourgeoisie ait «perdu le contrôle de son système» politique et que les politiques menées par les gouvernements de Grande Bretagne ou des Etats-Unis soient dues à une mystérieuse maladie nommée «populisme» causée par «l’enlisement de la société dans la barbarie», et qui ferait courir un «risque de conséquences désastreuses pour le capital national et mondial».

Les tournants politiques sont toujours accomplis sous la pression de causes bien précises découlant en dernière analyse des besoins de fractions bourgeoises les plus influentes à un moment donné, que ces tournants se traduisent par l’accession au pouvoir du «populiste» Trump ou de l’anti-populiste Macron, qui a modifié la scène politique française bien plus profondément que ne l’a fait Trump dans son pays.

Pour le dire de manière très générale, ces tournants (auxquels on pourrait joindre les progrès de l’extrême droite en Suède ou en Allemagne, avec l’appui d’une partie du personnel politique bourgeois) ont pour fonction de répondre à un besoin de la domination bourgeoise, que ce soit sur le plan intérieur ou extérieur, dans une situation d’accumulation des risques économiques et politiques au niveau international – et non pas quelque chose qui «trouble le jeu politique avec pour conséquence une perte de contrôle croissante de l’appareil politique bourgeois sur le terrain électoral».

N’est-ce pas d’ailleurs le CCI qui nous expliquait que «c’est toujours la bourgeoisie qui gagne les élections», en rappelant, de façon un peu invariante, ce que disait l’Internationale Communiste: «le centre de gravité de la vie politique est définitivement sorti du parlement»? (8). Le terrain électoral serait-il redevenu le centre de gravité de la vie politique bourgeoise?

 

Dégénérescence et Décomposition

 

Le CCI nous accuse de ne pas faire «l’analyse concrète d’une situation concrète» (formule employée par Lénine), et de nous contenter de plaquer des schémas invariants. Mais s’il affirme péremptoirement que nous nous trouvons «dans une situation concrète historiquement nouvelle», mais il reconnaît aussitôt lui-même que cette situation «reste à analyser»!

Cela ne l’empêche pas (ce que nous sommes incapables de faire, selon lui) d’«analyser le populisme comme une expression politique de la période de décomposition. (..;) La montée du populisme (...) apparaît surtout comme une expression concentrée de l’incapacité actuelle de l’une et l’autre classe majeures de la société d’offrir une perspective pour le futur de l’humanité».

Mais rien ne vient à l’appui de cette «analyse» du «populisme», une appellation, rappelons-le, mise en circulation par les médias bourgeois pour cataloguer des phénomènes politiques hétéroclites, et qui en fin de compte ne peut qu’obscurcir une analyse politique des divers mouvements en cause.

En fait le CCI accorde crédit à ce fantasme du populisme afin de plaquer ses théories «rédigées il y a trente ans» sur la «décomposition» du capitalisme, et qu’il semblait avoir un peu mises de côté. Leur fondement était une soi-disant «incapacité (...) des deux classes fondamentales et antagonistes que sont la bourgeoisie et le prolétariat à mettre en avant leur propre perspective (guerre mondiale ou révolution), engendrant une situation de “blocage momentané” et de pourrissement sur pied de la société». Ce «pourrissement» de la société avait comme conséquence la remise en question des bases matérielles de la révolution prolétarienne...

En réalité la guerre mondiale est l’alternative vers laquelle se dirige inexorablement le système capitaliste en proie à des contradictions internes toujours plus graves. Mais ce n’est pas une perspective que la bourgeoisie envisage à n’importe quel moment; c’est dans une situation de très grave crise économique, politique et sociale que la perspective d’une guerre mondiale s’impose aux dirigeants bourgeois comme la seule planche de salut, en dépit de ses énormes dangers. Aucune crise d’une telle gravité ne s’est encore présentée, et le prolétariat, qui en aurait été bien incapable dans l’état de paralysie où il se trouve encore, n’a pas eu à empêcher cette perspective – ce qui ne peut être fait que par la révolution prolétarienne.

Trente ans plus tard le blocage «momentané» est toujours là et le CCI est toujours taraudé par ses doutes sur la révolution prolétarienne. Il nous sert ainsi une citation du «Manifeste du parti communiste» disant que les luttes des classes dans les civilisations passées avaient parfois abouti à «la ruine des diverses classes en lutte», comme s’il s’agissait d’une possibilité envisagée par Marx et Engels pour la lutte des classes moderne! Il écrit ainsi «soit la classe révolutionnaire finira par s’imposer (...) soit par incapacité ou défaite historique, la société capitaliste sombrera définitivement dans le chaos et la barbarie».

 Pour enfoncer le clou l’article cite un passage où Bordiga affirme «est révolutionnaire – pour nous – celui pour qui la révolution est tout aussi certaine qu’un fait déjà advenu» (9) en répliquant: «Non la révolution prolétarienne n’est pas écrite d’avance!».

En réalité celui qui doute, non de la date, des circonstances précises ou même des chances de succès de la révolution à un moment donné, mais de la certitude qu’elle aura lieu, est en train d’abandonner le camp révolutionnaire. Bordiga continuait après le passage cité: «Cela ne signifie pas que notre volonté ou notre conviction soient les causes qui engendrent la révolution, mais que l’histoire passée contient les causes de la révolution future et de notre certitude de parti».

Aberration bordiguiste? Relisons le Manifeste, à la fin du premier chapitre («Bourgeois et prolétaires»): «La bourgeoisie produit avant tout ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables». Sans commentaires...

De son côté le CCI décrit ainsi «Les enjeux réels pour le prolétariat face à la décomposition»: «A terme si le prolétariat s’avérait incapable de retrouver le chemin de la lutte révolutionnaire, toute la société serait engloutie dans des désastres en tous genres: faillites, catastrophes écologistes, extension des guerres locales, enfoncement dans la barbarie, chaos social, famines... Tout ceci n’a rien d’une prophétie: il ne peut en être autrement pour la simple et bonne raison que la logique destructrice du capital et du profit (...) est totalement irréversible».

Le CCI a beau terminer son article en affirmant que «le prolétariat offre la seule alternative possible au capitalisme et ses ressources sont intactes pour mener et développer ce combat», les doutes profondément défaitistes qu’il émet sur la révolution et sur les capacités révolutionnaires du prolétariat (doutes par ailleurs contradictoires avec sa croyance que ce dernier a été capable, on ne sait comment, d’empêcher depuis trente ans une guerre mondiale), ne sont en fait pas autre chose que la démonstration de sa douteuse identité révolutionnaire.

 

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La montée des forces et tendances nationalistes, que ce soit sous la forme de partis d’extrême droite, sous la forme du «populisme» de droite ou de gauche (10), sous la forme atténuée du souverainisme, ou plus simplement sous la forme de politiques menées par des partis bourgeois traditionnels, est un symptôme qui doit être reconnu et analysé pour ce qu’il est réellement – ce que les lubies du CCI sur la décomposition l’empêchent de faire. La montée de ces forces est la traduction politique des tensions inter-capitalistes croissantes que l’on voit à l’oeuvre un peu partout à la suite des crises économiques, y compris dans les régions apparemment pacifiques et prospères comme en Europe occidentale. La recomposition de la scène politique bourgeoise, avec l’affaiblissement voire parfois la quasi disparition des partis traditionnels, ne peut être assimilée à une «perte de contrôle» de la bourgeoisie que par ceux qui prennent ces partis et le terrain électoral pour les vecteurs fondamentaux de la domination bourgeoise, autrement dit par ceux qui sont donc victimes du crétinisme parlementaire!

Il s’agit en réalité d’un processus, encore en cours, d’adaptation et de consolidation de l’ordre bourgeois dans une situation qui exige et exigera une intensification des attaques contre le prolétariat, et qui par conséquent risque de susciter des flambées de lutte ouvrière.

L’avenir est aux affrontements de classe et c’est dans ces affrontements que les militants d’avant-garde seront poussés à chercher la boussole du programme communiste et du parti de classe, sans se laisser troubler ou égarer par les gémissements sur le «chaos», la «décomposition» ou la «barbarie». Le système capitaliste prépare un avenir toujours plus sombre, tragique et sanglant: que les prolétaires y trouvent un motif supplémentaire à préparer la fin du capitalisme!

 


 

(1) cf «Populisme, vous avez dit populisme?», Le Prolétaire n° 523.

(2) cf Révolution Internationale n°468 et 470.

(3) cf Revue Internationale n°157, p.2. Bizarrement le CCI écrit que nous lui «prêtons» cette «idée» pourtant exprimée en toute lettre dans l’éditorial de sa revue...

(4) AFP, 5/12/17.

(5) cf The New York Times, 3/12/17. C’est ce quotidien américain qui a révélé l’information, confirmée ensuite par d’autres sources. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël a en fait été votée par le Congrès américain en 1995. Mais les présidents successifs, y compris ceux qui avaient fait la promesse électorale du contraire comme Bush, signaient tous les 6 mois la suspension de cette loi.

(6) cf Les Echos, 12/8/18; IREF, 9/4/18

(7) En 2017 (derniers chiffres connus) les premiers clients du pays étaient les Etats-Unis (14% du total), l’Allemagne (9,5%), la France et les Pays-Bas (6% chacun), la Suisse et l’Irlande (5,1%) et la Chine (5%); les premiers fournisseurs étaient l’Allemagne (14%), la Chine (9,8%), les Etats-Unis (7,5%), les Pays-Bas (7,3%), la France (5,8%) et la Belgique (5,3%).

(8) cf Révolution Internationale n°358, juin 2005.

(9) Cette citation est tirée du texte «La science économique marxiste est un programme révolutionnaire» (exposé tenu à la réunion générale de Casale, 9-10/7/1960), et non de «La maladie infantile, condamnation des futurs renégats», comme l’écrit Révolution Internationale, induite en erreur par le texte de Camatte «Bordiga ou la passion du communisme» (Editions Spartacus, 1974).

(10) Mélenchon n’hésite pas à se revendiquer «populiste de gauche». La philosophe belge Chantal Mouffe qui se veut une inspiratrice de La France Insoumise, théorise ce populisme de gauche. Se revendiquant bien sûr de Gramsci, elle rejette la notion de lutte de classes pour ne parler que du «conflit» entre le «peuple» et l’«élite»; elle rejette la notion de révolution parce que «dans les sociétés européennes, il est possible de transformer l’ordre hégémonique existant sans détruire les institutions de la démocratie libérale» et elle rejette la notion de socialisme pour celle de «Démocratie radicale».

Bref une nouvelle mouture du vieux réformisme anti-prolétarien et pro-bourgeois... cf «Pour un populisme de gauche?»

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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