Californie: Dans les flammes de l’enfer capitaliste

(«le prolétaire»; N° 531; Décembre 2018 - Janvier 2019)

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La Californie du Nord a été ravagée par des incendies de grande ampleur au mois de novembre, après d’autres, bien moins graves, au cours de l’été. Ces incendies ont été les plus graves en dimension et en victimes de l’histoire de la Californie; ils ont dépassé celui de 1933 (près de 60 morts) et celui de 1889, faisant suite à une terrible sécheresse et qui jusqu’ici était considéré comme le plus étendu (le nombre de ses victimes est inconnu): début décembre le bilan officiel de tous les incendies de cette année était de 85 morts et 11 disparus. Il faut rester cependant méfiant avec ce bilan car l’année dernière, après l’ouragan qui a ravagé Porto Rico, il a fallu plusieurs mois pour que le gouvernement revoie ses chiffres officiels à la hausse, passant de 64 à... 2 975 morts !

 

Une catastrophe provoquée par le capitalisme

 

Les incendies de forêt sont des phénomènes naturels qui éclatent régulièrement en Californie; mais le capitalisme et le règne de la loi du profit sont entièrement responsables de l’ampleur des dégâts et du terrible bilan humain.

Sans aucun doute, les graves sécheresses à répétition que connaît la Californie depuis des années sont liées au réchauffement climatique. Ce phénomène résulte de l’émission de gaz à effet de serre par l’économie capitaliste. Une grande variété d’activités productives contribuent à augmenter la concentration de ces gaz dans l’atmosphère: la production et la combustion d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), la combustion du bois, l’élevage du bétail et les cultures intensives, l’exploitation forestière. Même si les industriels américains du charbon et du pétrole et le président Trump qui est à leur service nient ce réchauffement, il n’y a guère de doute qu’il joue un rôle non négligeable. Cependant l’invocation rituelle du changement climatique sert à masquer que des causes plus prosaïques et directement liées à la soif du profit des capitalistes ont joué un rôle primordial dans la catastrophe.

La vétusté des installations électriques publiques semble être la cause directe du déclenchement des incendies. De nombreux témoignages établissent un lien entre les départs de feu et des pannes électriques constatées. De plus, les lignes électriques ont été mises en place sans laisser une distance de sécurité entre elles (en cas de chute d’un poteau), sans pistes pare-feu pour exploiter chaque m², et elles ne sont pas enterrées pour limiter les coûts.

A cette cause immédiate s’ajoute des causes plus profondes liées à l’anarchie de l’urbanisation de la société capitaliste. De nombreuses habitations et lotissements ont vu le jour dans des zones forestières: selon une étude scientifique officielle en vingt ans des millions de logement ont été construits aux Etats-Unis dans des zones à risque d’incendie; et dans celles-ci entre autres modifications de l’environnement, le pin Douglas, très inflammable, a remplacé les essences traditionnelles comme le pin ponderosa ou le séquoia géant. Ce sont les populations les plus pauvres qui ont dû s’installer, à cause de la spéculation immobilière dans la région de San Francisco et Sacramento, dans les régions les plus difficiles d’accès pour les secours.

Enfin, les dispositifs anti-incendie dans la région étaient dérisoires, l’alerte n’a pas été donnée et beaucoup d’habitants des quartiers pauvres n’ont jamais reçu d’ordre d’évacuation. Les voies d’évacuation n’ont pas été aménagées à cet effet, ce qui a créé d’énormes embouteillages qui ont empêché la fuite des habitants.

 

Un crime social

 

Non seulement, le système capitaliste est le véritable coupable de ces incendies dévastateurs et meurtriers, mais il fait aussi payer le prix lourd aux prolétaires et aux autres travailleurs salariés.

Les quartiers pauvres sont les plus éloignés des secours et ils sont les plus difficiles à évacuer. Et, à la différence des banlieues riches, ils ne disposaient pas d’effectifs de pompiers privés pour assurer leur protection.

Les quartiers ouvriers sont également ceux qui sont localisés près d’infrastructures industrielles dangereuses. C’est le cas par exemple de ceux à proximité du laboratoire de Santa Susana, un site contaminé par des déchets nucléaires, qui a en partie brûlé et a répandu des produits toxiques dans l’atmosphère.

Plus soucieux de leurs profits que de la vie des prolétaires, les capitalistes de l’agrobusiness ont contraint les ouvriers agricoles du comté de Ventura à poursuivre la cueillette des cultures.

La bourgeoisie montre aussi la valeur qu’elle accorde à la vie des prolétaires en utilisant des détenus - en grande partie des prolétaires - comme pompiers (1500 des 9000 pompiers). Ces détenus sont payés deux dollars par jour plus un dollar de l’heure lorsqu’ils sont sur le terrain pour lutter contre les incendies.

 

L’incendie prolétarien mettra un terme au règne funeste de la bourgeoisie

 

Ce n’est pas en suppliant les capitalistes de «sauver le climat» que l’on pourra voir cesser les destructions provoquées par le capitalisme et son inexorable recherche du profit. Engels le soulignait déjà en 1876 dans son texte «Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme»: «Pourvu qu’individuellement le fabricant ou le négociant vende la marchandise produite ou achetée avec le petit profit d’usage, il est satisfait et ne se préoccupe pas de ce qu’il advient ensuite de la marchandise et de son acheteur. Il en va de même des effets naturels de ces actions. Les planteurs espagnols à Cuba qui incendièrent les forêts sur les pentes et trouvèrent dans la cendre assez d’engrais pour une génération d’arbres à café extrêmement rentables, que leur importait que, par la suite, les averses tropicales emportent la couche de terre superficielle désormais sans protection, ne laissant derrière elle que les rochers nus? Vis-à-vis de la nature comme de la société, on ne considère principalement, dans le mode de production actuel, que le résultat le plus proche, le plus tangible».

Il est impossible de résoudre les problèmes liés au climat ou de protéger les prolétaires et les masses paupérisées des catastrophes dites naturelles dans le cadre du capitalisme. Tant que durera le capitalisme, les famines, les épidémies causées par le manque d’accès aux infrastructures de base (évacuation des eaux usées, alimentation en eau potable...) continueront. Avec ou sans réchauffement climatique, des milliards de personnes resteront vulnérables face aux événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, les séismes, les inondations, les incendies...

La révolution communiste mondiale est la seule issue. C’est elle et seulement elle qui peut assurer la survie de l’Humanité.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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