Aux sources des caravanes de migrants vers les États-Unis : le Honduras, un enfer pour les prolétaires et les opprimés

(«le prolétaire»; N° 532; Février - Mai 2019)

Retour sommaires

 

 

La question de l’immigration aux États-Unis fait souvent la une de l’actualité à travers la volonté de Trump d’accentuer la militarisation de la frontière avec le Mexique (largement commencée par ses prédécesseurs) ou à travers les mauvais traitements subis par les immigrés.

Ce qui fait peu ou pas les gros titres ce sont les causes des caravanes de migrants qui, parties d’Amérique centrale, traversent le Mexique pour espérer atteindre les États-Unis. Le Honduras, petit pays de neuf millions d’habitants, est un exemple typique de ce que fuient les migrants.

Le Honduras est victime de l’impérialisme yankee depuis de nombreuses décennies, comme tous ses voisins d’Amérique centrale. La population vit dans une très grande misère avec 68 % de pauvres selon la Banque mondiale et un sous-emploi qui touche 44 % de la population active.

En 2009, le président Zelaya qui apparaissait aux Etats-Unis comme un gêneur pour exploiter le pays a été renversé par un coup d’État made in USA. Le président actuel, José Orlando Hernandez, a été élu puis réélu lors d’élections truquées et les contestations ont été réprimées dans le sang (une trentaine de morts en 2017). Depuis le coup d’État, la militarisation du régime s’est accélérée en raison des livraisons étasuniennes d’armement.

Pour les prolétaires des plantations – souvent des paysans sans terre – , l’exploitation est féroce et les propriétaires n’hésitent pas à recourir à des milices armées pour intimider ou réprimer ceux qui osent relever la tête. Dans les campagnes, les populations sont expulsées car d’énormes territoires sont concédés aux multinationales, exonérées d’impôts, qui se concentrent dans trois secteurs : la culture du palmier à huile, l’extraction minière et l’hydroélectricité. Ceux qui résistent aux projets sont persécutés et constamment menacés, et dans le pire des cas arrêtés ou assassinés: entre 2010 et 2017, 123 militants environnementalistes ont été assassinés.

Les usines qui travaillent pour l’exportation, les maquilas, exploitent des jeunes filles avec des journées interminables, des humiliations, des conditions de travail épuisantes, des violences sexuelles… Leurs exploiteurs les jettent comme des marchandises usées lorsqu’elles atteignent la vingtaine car, épuisées par le travail, leur productivité baisse.

Dans les villes, les gangs – les maras – règnent en maître: ils tuent, rackettent et sèment la terreur. Ces gangs se sont formés lorsque les États-Unis ont décidé, il y a plusieurs années, de déporter vers l’Amérique centrale leurs criminels originaires de la région! Les plus hautes autorités de l’État sont aussi liées au crime organisé: le frère de l’actuel président est incarcéré aux États-Unis pour son implication dans le narcotrafic.

La violence contre les femmes, les homosexuels, les bisexuels et les transgenres est endémique et le gouvernement ne fait que l’accentuer. L’interdiction de la pilule du lendemain et le refus obstiné de dépénaliser l’interruption de grossesse (par exemple dans les cas très fréquents de viol) tuent, tous les ans, des centaines de femmes qui doivent recourir à des avortements clandestins. Le caractère réactionnaire du régime laisse également libre court aux violences contre les minorités sexuelles: depuis 2009, 262 personnes ont été assassinées en raison de leur orientation sexuelle (contre 20 entre 1994 et 2009).

Si le Honduras est un paradis pour les exploiteurs, c’est un véritable enfer pour les prolétaires, les masses prolétarisées, les paysans pauvres, les femmes, les minorités sexuelles… Cette situation est le fruit de la domination impérialiste.

C’est cet enfer que des milliers d’Honduriens tentent de fuir chaque année. En 2017, près de 80 000 Honduriens ont émigré vers le Mexique et les États-Unis. Ils fuient au péril de leur vie: risque d’être enlevés, violés et assassinés par des gangs de passeurs, risque d’être internés dans les camps aux États-Unis (une quarantaine de morts dans ces camps depuis l’arrivée au pouvoir de Trump) ou au Mexique… Des sources indépendantes estiment à 8 000 le nombre de migrants morts depuis 20 ans.

Pour la classe ouvrière des villes et des campagnes du Honduras et d’Amérique centrale, il n’y a – comme ailleurs – qu’une seule issue fondamentale à la crise de la société bourgeoise: la révolution communiste et la dictature prolétarienne. Nos frères de classe centraméricains, livrés à l’horreur capitaliste, ont besoin de lutter et de conquérir leur indépendance de classe pour préparer cette issue, contre toutes les forces bourgeoises.

Mais le prolétariat mondial, et en particulier au prolétariat étasunien, a aussi une place importante à prendre dans le combat contre la barbarie impérialiste.

En manifestant sa solidarité de classe avec les migrants que l’administration Trump dénonce et bloque à la frontière, mais aussi combattant avec acharnement les aventures militaires des États-Unis, pour paralyser son bras criminel, le prolétariat étasunien aidera à son tour les masses exploitées à radicaliser politiquement et socialement leur lutte et à rompre avec les illusions nationalistes et démocratiques.

Et réciproquement les coups ainsi portés par les masses centro-américaines à l’impérialisme yankee pourront s’étendre et s’amplifier au cœur même de la citadelle impérialiste.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

Retour sommaires

Top