Etats-Unis

Grève des professeurs de Los Angeles: une bataille de classe bradée par le collaborationnisme

(«le prolétaire»; N° 533; Juin - Juillet - Août 2019)

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En janvier, la principale métropole de la côte Ouest des Etats-Unis a été secouée, pendant six jours, par une vaste et combative grève.

Trente milles professeurs et autres travailleurs de l’éducation du district de Los Angeles, en Californie, se sont mis en grève pour de meilleurs salaires, des classes moins surchargées et l’embauche d’infirmières, de psychologues, de bibliothécaires et de conseillers d’éducation.

Elle a ainsi privé de cours 600 000 élèves dans 900 écoles, collèges et lycées publics.

Cette grève illimitée s’est accompagnée d’une véritable solidarité de classe. Cette solidarité s’est traduite par des manifestations massives qui ont réuni jusqu’à 60 000 travailleurs. Elle s’est aussi exprimée sur de très nombreux piquets de grève devant les écoles, qui ont été tenus par des enseignants, des personnels scolaires et prolétaires parents d’élèves. Des grèves de solidarité ont été menées par la section locale SEIU (un syndicat d’employés qui syndique dans les secteurs des services publics, de la santé et de l’entretien) et le syndicat des dockers ILWU a prêté des salles aux grévistes pour qu’ils puissent organiser la fabrication de matériels et des distributions alimentaires sur les piquets.

 

CETTE BATAILLE A ÉTÉ SABOTÉE PUIS BRADÉE PAR LE COLLABORATIONNISME.

 

Dès le départ, les dirigeants du syndicat enseignant UTLA montraient qu’ils n’avaient appelés à la grève que sous la pression et déclaraient «les éducateurs ne veulent pas la grève». Lorsque la grève s’est transformée en réussite, ils ont œuvré à l’affaiblir en ordonnant aux grévistes de laisser les non-grévistes traverser les piquets de grève.

Au bout d’une semaine de grève combative, l’UTLA a appelé à la reprise du travail en raison d’un accord sensé prévoir une réduction de l’effectif des classes et des recrutements. Au départ, les grévistes étaient enthousiastes face à ce qui leur était présenté comme une victoire. Mais lorsque l’accord a été publié, l’enthousiasme a fait place à la colère.

Pour justifier sa trahison, la bonzerie a organisé un scrutin bidon (en jouant sur le fait que beaucoup n’avait pas encore lu l’accord) et proclamé une écrasante victoire du «oui». Cette supercherie n’a pas éteint la colère: la page Facebook du syndicat a été inondée de milliers de commentaires furieux se plaignant des termes de l’accord et du vote précipité.

 

BEAUCOUP DE GRÉVISTES ONT PU JUGER DEPUIS DE L’ÉTENDUE DE LA TRAHISON.

 

L’augmentation salariale de 6% est identique à celle proposée par l’employeur (le LAUSD) l’été dernier. Pourtant, l’inflation à Los Angeles est de plus de 3 % par an. L’augmentation va rapidement être rognée par l’inflation et le niveau de vie va repartir à la baisse.

La clause qui permettait d’augmenter à volonté le nombre d’élèves par classe est abrogée… mais cela avait été obtenu avant le déclenchement de la grève.

La réduction de la taille des classes d’un élève sera très limitée et vraiment effective dans trois ans… pour aboutir à 39, ce qui sera une baisse limitée dans certains cas et une augmentation pour d’autres (les cours de mathématiques avaient jusqu’alors un plafond de 37 élèves).

La création de postes de conseiller d’éducation ne se fera que si l’école atteint une moyenne de 750 élèves par conseiller.

L’embauche de 300 infirmières et de 81 bibliothécaires est programmée… mais le LAUSD avait proposé avant la grève d’embaucher 1 200 enseignants, conseillers, infirmières et bibliothécaires. Plus de 800 postes ont disparu entre temps !

 

EN FAIT, LE COLLABORATIONNISME A BRADÉ UNE BELLE BATAILLE SUR LE TERRAIN DE CLASSE QUI AVAIT SU TROUVER LA SOLIDARITÉ ACTIVE DE CERTAINS SECTEURS PROLÉTARIENS.

 

Cela souligne l’ampleur des tâches des communistes qu’ils ne peuvent malheureusement affronter aujourd’hui que de façon extrêmement limitée. Sans l’action décidée et fermement orientée par des principes de classe, il n’est pas possible de construire un front de lutte uni, groupant tous les travailleurs prêts à se battre contre le statu quo bourgeois et l’union sacrée de la bourgeoisie et du collaborationnisme.

Les grèves qui secouent les États-Unis (dans l’enseignement, l’automobile, les hôtels…) constituent un clair rappel de la nécessité et de l’urgence d’un authentique syndicalisme de classe.

Il n’y a pas d’autre voie pour assurer la défense conséquente des intérêts matériels et, au-delà, des intérêts historiques de la classe prolétarienne.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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