Migrants: l’hypocrisie de la municipalité de gauche parisienne stigmatisée

(«le prolétaire»; N° 534; Septembre - Octobre 2019)

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Cet été l’odyssée du «See Watch» a défrayé la chronique. Ce navire affrété par une ONG allemande qui avait secouru 356 personnes en mer (dont 103 enfants), a été bloqué pendant plusieurs jours au large des côtes italiennes par le gouvernement de ce pays qui refusait de laisser débarquer de nouveaux migrants.

Finalement les commandantes du navire décidèrent de forcer le blocus quand la situation devenait intenable à bord et alors que Malte et la France n’avaient pas répondu à leur demande d’accoster dans ces pays: elles furent alors arrêtées par la police italienne puis déférées devant la justice pour «aide à l’immigration clandestine».

Devant le scandale international (le gouvernement français qui avait refusé d’accueillir les rescapés se payant le luxe de déclarer «inacceptable» les actions du gouvernement italien), les deux commandantes furent libérées, mais elles restent inculpées. C’est alors que la mairie de Paris décida d’accorder la plus haute médaille de la ville aux deux femmes. L’une d’elles, Pia Klemp, a sèchement répondu:

«(...) Madame Hidalgo, vous voulez me décorer pour mon action solidaire en mer Méditerranée, parce que nos équipages “travaillent quotidiennement à sauver des migrants dans des conditions difficiles”.

«Simultanément votre police vole les couvertures de gens contraints de vivre dans la rue, pendant que vous réprimez des manifestations et criminalisez des personnes qui défendent les droits des migrants et des demandeurs d’asile. Vous voulez me donner une médaille pour des actions que vous combattez à l’intérieur de vos propres remparts. Je suis sûre que vous ne serez pas surprise de me voir refuser votre médaille Grand Vermeil.

«Paris, je ne suis pas une humanitaire. Je ne suis pas là pour “aider”. Je suis solidaire à tes côtés. Nous n’avons pas besoin de médailles. Nous n’avons pas besoin de pouvoirs décidant qui est un “héros” et qui est “illégal”. En fait, il n’y a aucune base pour ça car nous sommes tous égaux. Ce dont nous avons besoin, c’est de liberté et de droits.

«Il est temps de dénoncer les honneurs hypocrites et de combler le vide par la justice sociale.

«Il est temps que toutes les médailles soient jetées comme des fers de lance de la révolution !

«Papiers et logements pour toutes et tous !

«Liberté de circulation et d’installation !»   

Pia Klemp n’a probablement pas une conception marxiste de la révolution et de la «libération sociale» à laquelle elle aspire, mais sa dénonciation de l’hypocrisie de la gauche parisienne et, dans d’autres déclarations, des gouvernements européens, fait mouche (1). Depuis 5 ans plus de 17000 personnes sont mortes ou disparues en tentant de traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune. Les bourgeoisies européennes qui exportent leurs capitaux et leurs marchandises dans le monde entier, mais bloquent l’accès de leurs pays aux migrants fuyant la guerre ou la misère dont le capitalisme mondial est la cause, sont directement responsables de ces morts. Dans tous les pays d’Europe, et pas seulement en Italie, les mesures répressives contre les migrants et les prolétaires étrangers ne cessent de se renforcer, dans un climat social général de plus en plus anti-ouvrier. La solidarité avec les migrants n’est pas une question humanitaire, ce doit être une solidarité de classe s’inscrivant dans la perspective de la reprise de la lutte unie des prolétaires de toutes nationalités contre le capitalisme et les Etats bourgeois.

 


 

(1) Pia Klemp ne se fait pas d’illusion sur la place que lui ont accordée les médias: «Quand on est une capitaine blanche, on est une «héroïne», mais quand on est un réfugié persécuté, on est traité comme des criminels». cf. https: // www.grece-austerite. ovh/intervieuw-de-pia-klemp/

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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