IIe Congrès de l’Internationale Communiste

Thèses sur le mouvement communiste des femmes

Moscou 1920 (extraits)

(«le prolétaire»; N° 537; Mai-Juin-Juillet 2020 )

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Les thèses sur le Mouvement communiste des femmes dont l’avant-projet fut rédigé par la révolutionnaire allemande Clara Zetkin, ne purent être adoptées au Congrès, en raison sans doute de l’absence de Zetkin; elles ne furent discutées et finalement ratifiées par le Comité Exécutif de la nouvelle Internationale que dans les semaines qui suivirent. C’est peut-être la raison pour laquelle elles n’ont pas été incluses dans les recueils de Thèses et Résolutions de l’Internationale Communiste publiés en France. Nous n’en donnons ici que quelques brefs extraits. Le lecteur peut les trouver dans leur intégrité à : https:/ /archivesautonomies. org/spip.php?article4293

 

 

1. Le deuxième congrès de la IIIe Internationale confirme la résolution du premier congrès relative à la nécessité d’éveiller chez les ouvrières la conscience de classe, de les élever dans les principes du communisme, d’en faire des révolutionnaires, des communistes conscientes, résolues, dévouées. Il est absolument indispensable que les femmes prolétariennes prennent une part des plus actives à la lutte pour le renversement du capitalisme et la réalisation du communisme. Il faut assurer à toutes les femmes la plénitude des droits civiques afin que comme mères, éducatrices et agents de production elles puissent développer librement, complètement leur personnalité, reliée par des liens de solidarité avec la société dans son ensemble. Le prolétariat doit arriver à l’unité la plus grande et à la force la plus puissante pour que, dans la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie comme dans la construction de la nouvelle société, il puisse créer les conditions sociales nécessaires à la réalisation de cet objectif pour les femmes.

2. L’histoire ancienne aussi bien que l’histoire contemporaine nous apprennent que la propriété privée est la cause première fondamentale de la domination des hommes sur les femmes. Ce n’est que par l’établissement de la propriété privée et sa légalisation que la femme et l’enfant ont pu devenir, comme l’esclave, la propriété de l’homme. Ce n’est que sur la base de la domination d’un d’être humain sur d’autres, que fut possible la naissance de la division de classe entre riches et pauvres, entre exploiteurs et exploités. C’est alors aussi que naquit la dépendance de.la femme, en tant que mère et épouse, par rapport à l’homme, sa subordination à ce dernier, son statut de paria dans la famille comme dans la société. Cette dépendance s’est même maintenue jusqu’à nos jours dans les mœurs comme dans les préjugés des nations dites civilisées; elle se manifeste dans l’absence ou tout au moins dans les restrictions apportées par la loi aux droits de la femme; dans la situation d’infériorité de cette dernière par rapport à l’homme dans la famille, l’État et la société; dans le rabaissement et les obstacles à son développement intellectuel; dans la non prise en compte de l’importance sociale de l’activité maternelle. Chez les peuples européens, cette situation a été consolidée et aggravée par le développement des corporations, qui exclurent les femmes de la production sociale et confinèrent rigoureusement leur activité dans la sphère des fonctions domestiques et de la famille.

Pour que les femmes puissent jouir d’une complète égalité sociale avec les hommes, dans les faits et pas seulement dans les pages inertes de froids codes juridiques, pour que les femmes puissent comme les hommes conquérir la possibilité de l’accomplissement sans restrictions et du libre développement de leur personnalité humaine, deux conditions sont nécessaires: Premièrement, la propriété privée doit être abolie et remplacée par la propriété sociale. Deuxièmement, l’activité des femmes doit être intégrée dans la production sociale d’un nouveau régime, libre de toute exploitation et domination. Seule la réalisation de ces deux conditions permettra aux femmes de ne pas devenir économiquement dépendantes des hommes dans la famille en tant qu’épouses et mères ; ou de ne pas tomber dans leur emploi, à cause de l’opposition de classe entre exploiteurs et exploités, sous la domination économique et l’exploitation des capitalistes en tant que prolétaires. Seule elle empêchera que des exigences étroites et excessives, que ce soit dans l’accomplissement des tâches familiales et maternelles ou dans le domaine professionnel, provoquent le gaspillage de talents et de capacités et rendent impossible l’intégration harmonieuse des deux sphères d’activité. Seule la réalisation de ces deux conditions garantira que les femmes participent en tant que travailleuses et productrices, avec le plein développement de leurs facultés et de leurs forces, à une communauté de travailleurs et de producteurs dont tous les membres auront les mêmes droits et les mêmes devoirs. Alors l’activité professionnelle et la maternité formeront un tout harmonieux pour une vie complète.

3. Le mouvement féministe bourgeois a démontré son impuissance à obtenir pour l’ensemble des femmes l’égalité complète des droits que réclame leur dignité d’êtres humains. La lutte pour ces revendications a entraîné sans doute un changement fondamental qui ne doit pas être sous-estimé : l’abandon officiel par la société bourgeoise et son État du vieux préjugé sur l’infériorité des femmes, et la reconnaissance de leur égalité sociale et juridique avec les hommes. Cependant, dans la pratique, la réalisation des revendications féministes se réduit presque exclusivement à une réforme du régime capitaliste dans l’intérêt des femmes et filles des classes possédantes, alors que l’immense majorité des prolétaires, des femmes de la classe ouvrière, continuent à être asservies et exploitées et que leur personnalité humaine, leurs droits, leurs intérêts continuent à être foulés aux pieds.

Tant qu’existe le régime capitaliste, le droit de la femme à disposer librement de sa personne et de ses biens signifie l’étape ultime du développement de la propriété et l’accroissement des possibilités d’exploitation des femmes prolétaires par les capitalistes. Le droit à l’instruction et à l’emploi à l’égal des hommes se réduit à l’admission des femmes des classes possédantes aux professions dites supérieures, mettant an application dans ce domaine aussi la loi fondamentale de la concurrence capitaliste illimitée, aggravant le conflit économique aussi bien que social entre les sexes. Même la plus importante des revendications féminines, l’égalité politique complète entre les sexes et en particulier la reconnaissance du droit de vote et d’éligibilité, est absolument insuffisante pour assurer aux femmes n’ayant pas ou peu de propriété, la plénitude de leurs droits et leur entière liberté.

Sous le capitalisme le droit de vote ne sert qu’à consolider la démocratie politique bourgeoise, purement formelle ; en aucune façon il ne signifie une réelle, économique démocratie prolétarienne. L’exercice du droit de vote et d’éligibilité général direct, secret, de tous les adultes ne signifie rien d’autre que le degré le plus élevé de la démocratie bourgeoise et constitue la base et le voile du mode le plus perfectionné de la domination de classe des possédants et des exploiteurs. Dans la période actuelle d’impérialisme, de développement social révolutionnaire, cette domination de classe, en dépit du démocratique droit de vote, s’accentue de plus en plus et prend la forme de la dictature la plus oppressive, la plus brutale sur les non possédants et les exploités. Ce droit de vote n’abolit pas la propriété privée sur les moyens de production ni le conflit de classe entre bourgeoisie et prolétariat. En outre il ne supprime donc pas pour l’immense majorité des êtres humains les causes de la dépendance économique de la grande majorité des femmes et des hommes par rapport à une minorité – les possédants, femmes et hommes. Il ne fait que masquer cette dépendance et cette exploitation du voile trompeur de l’égalité politique.

C’est pourquoi même l’égalité politique complète ne saurait constituer pour les femmes prolétaires le but ultime de leur mouvement et de leur lutte. Pour elles, le droit de voter et de se présenter aux élections n’est qu’un des moyens parmi beaucoup d’autres de se préparer à oeuvrer et à lutter pour l’instauration d’un ordre social libéré de la domination de la propriété privée sur les êtres humains et donc, après la disparition du conflit de classe entre exploiteurs et exploités, d’une société de producteurs libres, avec des droits et des devoirs égaux.

4. Le communisme est le seul régime social réalisant ces conditions et assurant ainsi à toutes les femmes la liberté complète ainsi que la plénitude de leurs droits. La base du communisme, c’est la propriété sociale des grands moyens de production, de répartition et d’échange. Par l’abolition de la propriété privée sur les moyens de production le communisme supprime la cause de l’asservissement et de l’exploitation de l’homme par l’homme, l’antagonisme entre le riche et le pauvre, l’exploiteur et l’exploité, le maître et l’esclave ; en réalisant cela il élimine aussi le conflit économique et social entre les hommes et les femmes. Du point de vue social les femmes sont copropriétaires, coadministratrices, co-utilisatrices des moyens de production et de distribution et co-consommatrices des résultats matériels et culturels de leur usage et de leur fonctionnement. A ce titre les femmes dans leur développement et leur activité dépendent de leurs liens de solidarité avec la société dans son ensemble. Elles ne dépendent plus à cause de leur sexe d’un homme particulier, ou de la collectivité restreinte de la famille et encore moins d’un capitaliste rapace et d’une classe dominante exploiteuse.

La loi suprême de l’économie communiste est la satisfaction des besoins matériels et culturels de tous les membres de la société selon les potentialités économiques et culturelles les plus avancées du moment. Ce but ne peut être atteint que par l’institution du travail obligatoire pour tous les adultes en bonne santé, sans distinction de sexe. Il ne peut être atteint que dans une organisation sociale qui reconnaît la même valeur de tous les travaux socialement nécessaires ou utiles, qui reconnaît le labeur et les difficultés de la maternité comme une tâche sociale, qui fonde les conditions du développement de ses membres depuis leur naissance sur le libre travail social et l’effort le plus conscien4. Le communisme est le seul régime social réalisant ces conditions et assurant ainsi à toutes les femmes la liberté complète ainsi que la plénitude de leurs droits. La base du communisme, c’est la propriété sociale des grands moyens de production, de répartition et d’échange. Par l’abolition de la propriété privée sur les moyens de production le communisme supprime la cause de l’asservissement et de l’exploitation de l’homme par l’homme, l’antagonisme entre le riche et le pauvre, l’exploiteur et l’exploité, le maître et l’esclave ; en réalisant cela il élimine aussi le conflit économique et social entre les hommes et les femmes.

Du point de vue social les femmes sont copropriétaires, coadministratrices, co-utilisatrices des moyens de production et de distribution et co-consommatrices des résultats matériels et culturels de leur usage et de leur fonctionnement. A ce titre les femmes dans leur développement et leur activité dépendent de leurs liens de solidarité avec la société dans son ensemble. Elles ne dépendent plus à cause de leur sexe d’un homme particulier, ou de la collectivité restreinte de la famille et encore moins d’un capitaliste rapace et d’une classe dominante exploiteuse.

La loi suprême de l’économie communiste est la satisfaction des besoins matériels et culturels de tous les membres de la société selon les potentialités économiques et culturelles les plus avancées du moment. Ce but ne peut être atteint que par l’institution du travail obligatoire pour tous les adultes en bonne santé, sans distinction de sexe. Il ne peut être atteint que dans une organisation sociale qui reconnaît la même valeur de tous les travaux socialement nécessaires ou utiles, qui reconnaît le labeur et les difficultés de la maternité comme une tâche sociale, qui fonde les conditions du développement de ses membres depuis leur naissance sur le libre travail social et l’effort le plus conscient.

(...)

Femmes prolétaires de tous les pays !

 Levez-vous, et en union avec le prolétariat mondial combattez sous les drapeaux de l’Internationale Communiste contre le capitalisme et son illusoire démocratie pour conquérir le pouvoir politique et instaurer la dictature du prolétariat et le régime des soviets. De vous, femmes prolétaires, plus encore que des hommes on peut dire que dans cette lutte, vous n’avez à perdre que vos chaînes et vous avez un monde à conquérir.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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