A propos des manifestations contre le « pass sanitaire »

La lutte contre l’autoritarisme bourgeois ne peut se mener que sur des positions prolétariennes de classe !

(«le prolétaire»; N° 541; Juin-Juillet-Août 2021)

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Depuis plusieurs semaines des dizaines de milliers de personnes (plus de 200 000 selon les sources policières), soit beaucoup plus que les « anti-vax » qui refusent par principe toute vaccination, manifestent en pleine période de congés dans des dizaines et des dizaines de villes, grandes ou petites, contre le « pass sanitaire » et les autres mesures gouvernementales annoncées face à la pandémie comme les menaces de licenciement (ou de mise pied sans solde) des personnels qui refuseraient de se faire vacciner, des amendes voire des peines de prison pour non présentation du pass sanitaire, etc.

Les infirmières qui avaient dû l’an dernier s’occuper de malades sans pouvoir se protéger de manière adéquate, risqueront maintenant d’être licenciées si elles ne le sont pas assez ! Des mouvements de grève ont eu lieu dans plusieurs établissements hospitaliers

 Ces mesures autoritaires (qui au passage contredisent les affirmations faites quelques semaines auparavant…) (1) s’inscrivent dans une logique répressive mise en œuvre par les gouvernements successifs sous des prétextes divers, bien avant l’apparition de la pandémie. Il s’agit d’une tendance de fond qui répond à l’aggravation inexorable des tensions sociales au fur et à mesure que les difficultés du capitalisme lui imposent d’accroître l’exploitation des prolétaires tout en réduisant toujours plus les dépenses sociales, dénoncées bien évidemment comme des « charges » intolérables par les bourgeois (Macron, 12/6/18 : les aides sociales coûtent « un pognon de dingue »).

Cette tendance s’est manifestée avec une force et une efficacité sans précédent lorsque dans de nombreux pays, de l’Amérique Latine à l’Asie en passant par l’Afrique ou le Moyen-Orient, les gouvernements ont décrété des confinements pour casser les luttes prolétariennes et surmonter leurs problèmes pour maintenir la paix sociale.

De même l’imposition de confinements successifs, d’un état d’urgence permanent et la prise de mesures autoritaires par le gouvernement français, a ses racines dans le fait qu’il a été successivement confronté au mouvement des Gilets Jaunes et aux luttes contre l’attaque sur les retraites. C’est cela qui explique aussi le passage récent de lois répressives dites de « sécurité globale » et contre le « séparatisme ». En effet le gouvernement n’entend pas arrêter ses attaques antisociales, même si la réduction des indemnités de chômage a été repoussée à début octobre et l’attaque contre les retraites remise à plus tard (Martinez, le pompier social en chef, avait prévenu que sinon se serait « jeter de l’huile sur le feu » !) (2) ; la baisse des Aides au Logement effective depuis le début de l’année devrait rapporter en 2021 plus d’un milliard d’euros à l’Etat, alors que les subventions et les aides au patronat se sont multipliées.

Dans cette situation où menace toujours une vague de licenciements et de plans sociaux –175 000 emplois seraient menacés selon l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques), Capital, 15/7/21 – et où la reprise économique tant vantée se montre de plus en plus problématique, il est vain d’espérer un assouplissement de la classe capitaliste et de son gouvernement.

Les manifestations contre le pass sanitaire se sont déroulées aux cris de liberté ! démocratie ! au nom de l’individualisme et derrière les drapeaux bleu-blanc rouge – signe de leur nature politique majoritairement petite bourgeoise ; c’est la raison pour laquelle on y retrouve, comme dans les autres grands pays où de telles manifestations ont eu lieu (Etats Unis, Allemagne, etc.), la présence de courants d’extrême droite. La croyance en une démocratie idéale et les illusions d’une lutte « populaire », interclassiste, qui pourrait faire reculer le gouvernement sont typiques de tout mouvement petit bourgeois, incapable de comprendre que la plus démocratique des démocraties n’est jamais autre chose que le masque de la dictature de la classe dominante bourgeoise.

Cependant ces manifestations drainent aussi, comme chaque fois en pareil cas, des éléments prolétariens qui entendent manifester leur hostilité au pouvoir. Mais en l’absence d’une force de classe, leurs intérêts propres sont noyés dans la mélasse d’un faux unanimisme « populaire » où dominent toutes les illusions petites bourgeoises.

Le capitalisme et les Etats bourgeois sont en dernière analyse les responsables de la catastrophe sanitaire mondiale de la pandémie par leur négligence criminelle à tous les niveaux des besoins de santé publique. Depuis le début ils répondent à cette pandémie en accroissant démesurément leur contrôle social, en interdisant, réprimant, à tour de bras ; en un mot en faisant retomber les conséquences d’un mode de production fondé sur la recherche « quoi qu’il en coûte » du profit, sur la population en général, mais plus précisément sur les prolétaires obligés de travailler sans protections ou plongés dans la misère. Les dernières mesures annoncées l’illustrent une nouvelle fois, en menaçant les travailleurs de licenciements et en pesant encore sur leur vie quotidienne (alors que les députés se sont absous du pass sanitaire pour siéger au parlement !) ; même si la vaccination est efficace (1), elle ne peut à elle seule venir à bout de l’épidémie en l’absence toujours criante de moyens hospitaliers et autres : leur passage en urgence est en réalité dictée, non par les besoins sanitaires de la population, mais par les besoins de l’économie capitaliste.

Contre la pression inexorablement croissante du capitalisme, dont le pass sanitaire n’est qu’un exemple, les défilés même nombreux seront toujours insuffisants : seule une force suffisamment puissante pourra le faire reculer avant de pouvoir le renverser.

Cette force, c’est celle du prolétariat ayant retrouvé ses armes et ses orientations de classe et reconstitué son parti révolutionnaire, internationaliste et international, pour diriger son combat jusqu’à la victoire finale. Dans un avenir plus ou moins proche le prolétariat sera de nouveau appelé à lutter pour se défendre ; les bourgeois s’y préparent, les prolétaires doivent s’y préparer aussi, se préparer à lutter sur leur terrain, celui de l’affrontement classe contre classe.

 

Contre toutes les offensives anti-prolétariennes, retour à la lutte de classe contre le capitalisme et l’Etat bourgeois !

 

20/08/2021

 


 

(1) Au moment où nous écrivons, diverses études relativisent cette efficacité. S’il semble que les vaccins utilisés protègent bien contre les formes graves, leur efficacité contre le «variant delta» («indien») serait assez faible et surtout de durée limitée, obligeant à une vaccination de rappel au bout de quelques mois seulement.

En Israël, pays où la vaccination avec le vaccin Pfizer a été massive, l’immunité serait tombée en août à 39% en moyenne et seulement à 16% pour ceux qui avaient reçu leurs injections en janvier. cf. Financial Times, 24/8/21

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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