Belgique : un accord syndicats-patronat contre les prolétaires

(«le prolétaire»; N° 541; Juin-Juillet-Août 2021)

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Le « G10 », l’instance de négociation réunissant représentants syndicaux et patronaux, a abouti le 8 juin, à un nouvel Accord Inter-professionnel (AIP).

La FGTB, syndicat proche des Socialistes et censé être plus combatif que les autres centrales, a présenté cet AIP en termes fervents. « Oui à la solidarité ! » titre ainsi le communiqué de la SETCA du 22/6 (1). Mais en fait de solidarité, c’est de la solidarité avec les patrons qu’il s’agit ! L’organisation patronale FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) se félicite en effet de cet accord qui permettra la « sauvegarde de la compétitivité » des entreprises notamment en « contrôlant efficacement les augmentations salariales » (2). 

Sans doute les syndicats mettent-ils en avant l’augmentation du salaire minimum ; mais cette augmentation, qui ne sera que progressive, concerne seulement 2% des salariés. La FEB explique à ce sujet : « Pour la plupart de nos secteurs, il n’y a donc pas d’impact à la hausse sur les catégories de salaires les plus faibles. Et lorsque c’est malgré tout le cas on peut s’attendre à des réductions supplémentaires des charges patronales à titre de compensation ». Les « charges patronales » étant ce que l’on appelle du « salaire différé » (payé aux travailleurs sous forme de prestations sociales diverses), cela signifie que les patrons reprendront d’une main ce qu’ils lâchent de l’autre ! De plus la FEB ajoute que cette augmentation restera « en dessous de la plupart des minima sectoriels existants »

Pour tous les autres salariés, les augmentations de salaire ne devraient pas dépasser les 0,4% pour les 2 ans qui viennent, c’est-à-dire moins que l’inflation (qui, en augmentation, a atteint les 1,4% en rythme annuel au mois de mai) : les salaires réels vont donc baisser. Les exemptions aux réglementations sociales en matière d’heure supplémentaires défiscalisées sont prolongées (jusqu’à fin 2022), de même que le délai pour l’harmonisation des pensions de retraite, etc. Sans compter que les capitalistes vont recevoir les milliards prévus dans les plans de relance…

On comprend qu’un tel accord n’état pas fait pour susciter l’enthousiasme des travailleurs en général et des syndiqués en particulier. La FGTB se gargarise de la consultation de la «base syndicale » au cours de laquelle « la démocratie syndicale a pu jouer pleinement son rôle ». Merveille de la démocratie « sans surenchère ni populisme », l’accord a en effet été finalement ratifié de justesse – au prix d’une magouille qui a permis d’invalider des milliers de voix…

Mais selon la presse (3) « la cohésion prévaut », car si les opposants sont mécontents, ils ont  obtenu… que le syndicat organise une action dans quelques mois ! Ces « opposants » ne valent donc pas mieux que les dirigeants puisqu’ils privilégient la cohésion syndicale à la défense des prolétaires, en acceptant la mise en œuvre de l’AIP et l’organisation ensuite d’une action-bidon pour se dédouaner aux yeux des travailleurs…

Ce que démontre ce nouvel épisode,  ce n’est pas que les « dirigeants syndicaux et du PS capitulent devant les patrons » (4), car pour capituler, il faut d’abord avoir lutté (ou au moins s’être préparé à lutter). Or ni le PS, gérant loyal du capitalisme depuis toujours, ni les bonzes syndicaux n’ont jamais songé à lutter contre les patrons ; ce que cet épisode démontre une nouvelle fois, c’est que la collaboration de classe se fait toujours au détriment de la classe ouvrière ; contre les patrons et l’Etat bourgeois seule la lutte ouverte paye, seule elle peut les faire reculer et leur arracher des concessions substantielles et non de misérables aumônes.

Mais pour que cette lutte de résistance soit efficace, elle doit se mener avec des méthodes et des moyens classistes, en rupture complète avec les orientations collaborationnistes des appareils syndicaux qui taxent de populisme toute critique de leur pratique fondamentalement anti-prolétarienne. Elle pourra alors être le tremplin de la lutte plus générale, de la lutte révolutionnaire pour abattre le capitalisme.

Se préparer dès aujourd’hui à cette lutte est la seule alternative réaliste pour les prolétaires soucieux de défendre leurs intérêts et non celui de leurs exploiteurs.

 

Non à la solidarité avec les patrons!

Oui à la lutte de classe contre le capitalisme et tous ses laquais !

 

28/6/2021

 


 

(1) https://www.setca.org/fr/fed/iobject/RNPVZ4E12QG

(2) https://www.feb.be/newsletters/feb-2021-direct_accord-social--un-compromis-equilibre-pour-la-relance-de-leconomie/

(3) L’Echo, 24/6/21

(4) Lutte ouvrière Belgique, 20/6/21

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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