Bourgeois palestiniens profiteurs de guerre

(«le prolétaire»; N° 554; Août-Sept.-Oct. 2024)

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Depuis quelques années les exportations turques vers Israël n’ont cessé d’augmenter, en dépit du soutien affiché de la Turquie aux Palestiniens en général et au Hamas en particulier (cela fait partie du soutien habituel de la diplomatie turque aux Frères Musulmans). La Turquie est ainsi devenue le 5ème fournisseur d’Israël en 2022 (5,2% des importations) derrière la Chine (12,2%), les Etats Unis (9%), l’Allemagne (6,5%), et la Suisse (5,6%) et devant la  Belgique (4,2%),  les Pays-Bas (3,97%), la France (3,3%) et l’Italie (3,2%) (1).

La guerre à Gaza a vu le gouvernement turc multiplier les condamnations d’Israël et se poser en champion du soutien aux Palestiniens. Mais l’opposition turque avait beau jeu de dénoncer l’hypocrisie de cette attitude alors que continuaient les  juteux échanges avec l’Etat hébreu. Le président turc Erdogan décréta donc l’arrêt total du commerce avec ce pays en mai dernier, tant qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu.

Cet embargo pouvait avoir de fortes conséquences en Israël en particulier pour certains secteurs comme le bâtiment déjà fortement impactés par l’absence de 85000 travailleurs palestiniens interdits de séjour depuis le 7 octobre (2). Mais cela en avait également pour les entreprises turques qui voyaient disparaître un marché lucratif; les patrons des entreprises touchées étaient «furieux» de cette décision (3).

La colère n’a pas duré: les exportations turques à destination d’Israël ont en effet continué, mais elles se font officiellement à destination de la Palestine; selon les chiffres publiés par l’Association des Exportateurs Turcs, en juillet les exportations vers la Palestine avaient ainsi augmenté de 1180% par rapport à l’année précédente! Les exportations de ciment avaient enregistré une hausse de 463000%, une hausse de 51000% pour l’acier, de 35000% pour l’acier, de 19127% pour les vêtements, de 5000% pour les automobiles (4)...

Des entreprises ou «hommes d’affaires» palestiniens de Cisjordanie ou de Jérusalem Est agissent comme intermédiaires en commandant les marchandises en Turquie, qui sont ensuite réceptionnées par les entreprises israéliennes concernées lorsqu’elles sont débarquées dans des ports israéliens. Ces intermédiaires prennent au passage une commission de 5 à 8% (5): ils ont encaissé plus de 6 millions de dollars rien qu’en juillet. Les entreprises israéliennes sont satisfaites de ce procédé qui leur évite de payer beaucoup plus cher en passant par des pays comme la Bosnie ou la Grèce et en plus avec un délai beaucoup plus grand dans les livraisons (un mois contre une semaine en moyenne actuellement).

La continuation de la guerre à Gaza est ainsi une occasion inespérée de profits faciles pour des bourgeois palestiniens: tant pis pour milliers de victimes des bombardements et des raids israéliens, les profits priment tout sous le capitalisme...

 


 

(1) Service économique de l’Ambassade de France en Israël cf. https://www.tresor.economie.gouv.fr/. Les services de l’ONU donnent des chiffres différents.

(2) cf. les Echos, 14/08/2024. Erdogan s’est bien gardé de décréter un embargo du trafic du pétrole vers Israël dont 40% passe par des ports turcs: ce serait pourtant le moyen de mettre l’économie et l’armée israéliennes à genoux...

(3) selon Globes (bulletin économique israélien), 6/05/2024, qui écrit que pour certaines entreprises turques le marché israélien représente 80% de leurs débouchés.

(4) cf. Türkiye Today, 27/08/2024.

(5) cf. Globes, 7/08/2024

 

 

Parti Communiste International

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