Réarmement : le NPA-A reprend les vieux mensonges pacifistes

(«le prolétaire»; N° 556; Février-Mars 2025 )

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Le «NPA-l’Anticapitaliste» de Besancenot et Poutou (ou NPA-A) a répondu dès le lendemain au «réarmement» proclamé dans l’intervention télévisée de Macron le 5/3  par un cri du coeur petit-bourgeois : «Non au militarisme néo-libéral face à Trump et Poutine!» Le sous-titre est: «Soutien aux résistances armées et non armées des peuples contre tous les néo-colonialismes» (communiqué du 6/03/2025).

Y aurait-il pour les trotskystes du NPA-A un bon militarisme, pas néo-libéral? Ce serait logique pour un parti demandant la livraison d’armes à l’Ukraine (il avait été signalé pour cette raison par l’hebdomadaire réactionnaire Le Point comme étant une exception parmi les partis de gauche «munichois») (1). Mais le NPA-A réfute la volonté de Macron de «faire participer la France et l’Europe à la montée militariste», «face à l’axe néo-fasciste Trump-Netanyahou-Poutine (sic)»! Heureusement, il y a une solution: «D’autres voies sont pourtant possibles : la coopération internationale, sur le plan économique, écologique, social; le soutien aux peuples en lutte, par en bas (?), contre les dirigeants dictatoriaux ou ultralibéraux».

Nulle référence dans le communiqué de ce parti soi-disant «anticapitaliste» au prolétariat, aux luttes de la classe ouvrière contre le capitalisme; à la place on parle de «peuple», c’est-à-dire d’un ensemble de classes sociales, aux intérêts en réalité différents et opposés, que seule veut réunir l’idéologie petite bourgeoise. Le NPA-A propose la «coopération internationale» comme alternatice au réarmement pour répondre à «l’axe néo-faciste»; il s’agit vraisemblablement d’un écho aux lamentations bourgeoises sur le non respect par Trump des accords de coopération entre les Etats, comme les accords commerciaux, l’accord de Paris sur le climat, etc. Mais le problème est que si cette coopération internationale n’existe plus, c’est parce que les oppositions d’intérêts entre les Etats deviennent trop fortes, remettant en cause les accords existants: la coopération internationale n’est alors plus possible et elle laisse la place aux affrontements ouverts, armés ou non armés. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un problème strictement bourgeois; les prolétaires n’ont pas à conseiller aux Etats bourgeois la meillere façon de régler leurs rapports réciproques, ils doivent les combattre dans tous les cas; de leur côté, les communistes doivent combattre la dangereuse illusion selon laquelle la solution aux risques de guerre serait la coopération internationale des Etats: coopérations et affrontements dépendent du degré des contradictions capitalistes, pas d’un choix politique. La seule alternative, la seule réponse aux risques de guerre et à la guerre, est la lutte contre le capitalisme, fondée sur l’union internationale des prolétaires. Le communiqué du NPA-A, lui, indique «quelques boussoles» à suivre pour «maintenir une alternative progressiste et révolutionnaire»:  pas de «désarmement des agresséEs» et «intervention sur les enjeux liés aux armes»; notamment, «pour nous, les industries militaires doivent être socialisées, soumises à un contrôle démocratique des citoyenNEs, interdites d’exportation vers des dictatures» (il y aura donc de bonnes ventes d’armes, des marchands de canon démocrates).

Le texte n’explicite pas la nature de cette «intervention» qui permettrait de réaliser ce fumeux plan de contrôle démocratique des industries d’armement et des «décisions militaires»; mais elle ne pourrait être que de nature électorale et parlementaire, selon les vieilles illusions réformistes. Pour les révolutionnaires communistes, la perspective n’est pas de soumettre le complexe militaro-industriel à un contrôle démocratique des citoyens, mais de le briser – comme tout l’appareil d’Etat bourgeois –, par la révolution des prolétaires imposant leur  dictature de classe. Utopique? Infiniment moins que la perspective mensongère du contrôle démocratique du militarisme bourgeois, qui n’a jamais abouti qu’à des massacres...

Dans un article plus récent (2) le NPA-A précise ses positions, en faisant tout d’abord une triste découverte: «Dans les relations internationales, la force est en train de remplacer le droit. (...) Trump et Poutine sont ainsi en train de dessiner un monde, où il n’existerait d’autre loi que celle du plus fort». Avant Trump et Poutine, le droit l’emportait donc sur la force? A se demander non seulement si nos «anticapitalistes» ont jamais lu des textes marxistes, mais s’ils ont jamais prêté attention à ce qui se passe dans le monde! «La force prime le droit», cette formule de Bismarck a été continuellement démontrée par l’histoire en dépit des illusions démocratiques toujours renaissantes répandues par le pacifisme petit bourgeois et le réformisme  social-démocrate.

Le militarisme n’est pas la bonne réponse au risque de guerre, selon le NPA-A, car : «Construire une paix durable ne peut se faire que sur la justice et le droit». (...) «C’est pour cela que le mouvement ouvrier a toujours promu une politique de désarmement, qui doit aujourd’hui se traduire par le mot d’ordre d’interdiction des armes nucléaires, chimiques ou biologiques, la réorientation des industries liées à l’armement (...)».

L’ignorance ou le mensonge atteignent ici des sommets! Lénine, les bolvheviks, l’Internationale Communiste des premières années, Trotsky, ont combattu la perspective fallacieuse du «désarmement» qui ne sert qu’à égarer les prolétaires. Il a fallu la victoire de la contre-révolution stalinienne pour que réapparaisse dans le mouvement ouvrier cette politique qui à la veille de la première guerre mondiale avait été promue par les chefs réformistes. Après la deuxième guerre mondiale elle est devenue la politique officielle des partis staliniens et un thème majeur de la propagande soviétique. Cela n’a pas empêché la course aux armements et la multiplication des guerres coloniales – avec la complicité des tenants du désarmement! Le NPA-A s’inscrit pleinement dans cette ligne anti-prolétarienne.

Répétons donc une citation de Lénine sur le désarmement: «Dans la société socialiste, il n’y aura plus de guerres; par conséquent, le désarmement sera réalisé. Mais c’est ne pas être un socialiste que d’espérer la réalisation du socialisme en dehors de la révolution sociale et de la dictature du prolétariat. (...)

Notre mot d’ordre doit être l’armement du prolétariat pour qu’il puisse vaincre, exproprier et désarmer la bourgeoisie» (3).

 


 

(1) «Seule voix discordante à l’extrême gauche, le NPA, qui propose de livrer gratuitement des armes à l’Ukraine pour combattre le néo-impérialisme russe» cf Le Point, 29/03/2024.

(2) «Pour le droit des peuples, contre le militarisme», https://npa-lanticapitaliste.org/actualite/politique/pour-le-droit-des-peuples-contre-le-militarisme

(3) Lénine «A propos du mot d’ordre du désarmement», oct.1916 https://www.marxists.org/ francais/ lenin/ works/ 1916/10/vil19161000.htm

 

 

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