Note d’actualité

Réforme des allocations de chômage et réduction du temps de travail: les grandes escroqueries de la bourgeoisie européenne

(«programme communiste»; N° 98; Mars 2003)

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Grande-Bretagne

 

Pour comprendre les récents plans mis en place en Grande-Bretagne, il faut donc remonter à la fin de la 2ème Guerre Mondiale, quand le gouvernement mis en place le Welfare State (Etat providence). Supplantant les divers réseaux d’aides mutuelles et de solidarité gérés par des organisations issues du prolétariat mais engagées dans la collaboration des classes, ce système de mesures sociales institué par l’Etat bourgeois avait pour fonction de faire un pas supplémentaire dans l’intégration de la classe ouvrière afin de la mobiliser non plus dans l’effort de guerre, mais dans la reconstruction d’un pays dévasté. La menace de l’ennemi allemand n’étant plus là pour que les prolétaires acceptent de verser «du sang et des larmes» au profit en définitive de la classe dominante et de son système d’exploitation, il fallait leur donner maintenant une contrepartie si l’on voulait assurer le maintien de la paix sociale et empêcher la réapparition de la lutte de classe. Il importe de comprendre que cette «généreuse» contrepartie concédée par la bourgeoisie par l’intermédiaire des gouvernements travaillistes à ses esclaves salariés n’était en réalité qu’une petite miette de ses profits. Inaugurée en Grande-Bretagne cette politique qui était inspirée des mesures sociales fascistes, fut adoptée rapidement par tous les grands pays bourgeois, de l’Europe au Japon, avec les mêmes effets bénéfiques pour le capitalisme.

Après quelques décennies (les fameuses «trente glorieuses» célébrées par les économistes bourgeois de tous les pays), les nuages commencèrent à s’accumuler sur l’ancien «atelier du globe» inexorablement ravalé au rang de puissance de deuxième ordre. Les caisses de l’Etat se vidaient et le prolétariat d’Albion allait en subir les conséquences. La crise de 1973-74 marqua, peut-être ici plus qu’ailleurs, réellement un tournant. Des grèves et mouvements sociaux se succédèrent alors, avec, en bouquet final, en 1978-79, l’ «hiver de colère». Après avoir constaté l’incapacité des gouvernements travaillistes à rétablir la situation économique, même s’ils avaient réussi à calmer ou à désamorcer les grèves, la bourgeoisie fit appel à Thatcher. Ce fut le début d’une politique dite de «moins d’Etat» qui s’attaquait aux différentes mesures prises lors des décennies d’expansion économique, devenues maintenant trop coûteuses et qui pesaient sur le taux de profit moyen du capitalisme britannique: de la dénationalisation de certaines entreprises insuffisamment rentables afin qu’elles puissent être «restructurées», «dégraissées», etc., c’est-à-dire que l’exploitation des prolétaires puisse s’y accroître sans être gênée par les rigidités d’entreprises d’Etat (ou au contraire la privatisation de certaines autres, rentables, convoîtées par des capitalistes privés), à la liquidation de certains secteurs économiques traditionnels à bout de souffle (mines), à la suppression de diverses mesures sociales (au nom, par exemple, de la lutte contre «l’assistanat» qui favoriserait la fainéantise des prolétaires) ou de la place particulière prise par les syndicats dans la permanence de la paix sociale que les bourgeois jugeaient désormais exorbitante.

Une nouvelle fois la bourgeoisie britannique - la plus vieille et peut-être la plus expérimentée du monde - inaugurait un tournant politique qui allait être repris par tous les pays, à commencer par les Etats-Unis de Reagan, et qui débouchait sur le démantèlement progressif et partiel du Welfare State. Véritable attaque de grand style contre le prolétariat, mais menée encore de façon somme toute graduelle, elle fut marquée par de grands épisodes de luttes (il faut se rappeler la grande grève des mineurs britanniques); mais la classe ouvrière, en Grande-Bretagne comme partout, était encore trop anesthésiée par les décennies de collaboration des classes, encore trop engluée dans les filets du réformisme politique et syndical tissés à l’époque de la prospérité économique, pour pouvoir réagir de manière efficace à cette attaque en retrouvant les méthodes et les moyens de la lutte de classe. Le succès pour le capitalisme britannique fut à peu près complet au point que le taux de grèves est descendu à un niveau pratiquement jamais connu: la voie était libre pour rediscipliner la force de travail qui est une marchandise comme une autre, pour la plier aux nouvelles conditions de l’exploitation.

Différentes réformes et nombre de restructurations ont eu lieu que nous ne pouvons pas énumérer ici, en nous limitant à la question du chômage. Conséquence de ses difficultés économiques, le chômage est en même temps utilisé par la bourgeoisie pour éliminer certains ouvriers au niveau économique (les moins productifs, les plus âgés, ceux ayant des handicaps…) comme au niveau idéologique (les plus conscients politiquement, les plus combatifs, les «asociaux»…), pour geler les salaires sous la pression d’une armée industrielle de réserve croissante, et en général faire accepter aux prolétaires les exigences capitalistes. Le système de rémunération des sans-emploi sera réformé en ce sens, pour étrangler davantage financièrement les prolétaires et les obliger, à accepter de gré ou de force ce qu’on leur propose.

En effet, durant une assez longue période, les demandeurs d’emploi pouvaient toujours tenter d’obtenir des hauts salaires, le système d’allocations-chômage, lié à l’économie de la période au sein d’une des principales puissances impérialistes, leur permettant de vivre assez bien et donc d’attendre le moment opportun pour retrouver le chemin de l’exploitation; seule une minorité était alors vraiment reléguée à la misère dans ce pays de moins en moins compétitif. Cela donna d’ailleurs naissance à la fin des années 60 à une tendance refusant le travail et qui s’étendit dans les années 70. La marginalisation se développa donc, accentuant l’individualisme et engendrant la création de mouvements politiques marginaux de tendances petites-bourgeoises du genre anarco-écologistes vivant de leur militantisme et de ces allocations.

Dans les années 80, il y eut de nombreuses tentatives pour modifier le système de rémunération des chômeurs mais on a surtout vu le développement des petits boulots et des contrats précaires, notamment avec l’augmentation continuelle du travail en intérim (qui, bien que donnant aux travailleurs loués des droits identiques à leurs camarades embauchés, permet aux patrons de casser tout contrat du jour au lendemain sans préavis ni motif), représentant 4% de la population active en 2001 – la Grande-Bretagne étant le premier consommateur mondial en nombre de ce genre de main-d’œuvre -, qui abaisseront toujours plus le niveau de vie de tout le prolétariat. Puis, en 1996 c’est l’introduction du Job Seeker Allowances (JSA) qui entraînera la politique de Tony Blair.

 

Le J.S.A.

 

Le JSA a été mis en place afin de forcer les plus récalcitrants à rejoindre le marché du travail. Il entraîna un régime d’allocations plus sévère qui obligeait les chômeurs à rechercher et à trouver rapidement un emploi sous peine de se voir couper ces mêmes allocations. La bourgeoisie pouvait ainsi pousser l’armée industrielle de réserve à prouver sa volonté et son efficacité et donc à (re)devenir compétitive sur le marché du travail, ainsi qu’à accepter les salaires proposés.

Il y eut évidemment une opposition contre le JSA, issue de groupes plus ou moins politisés et de chômeurs. Marches, piquets et occupations de locaux permirent dans certaines villes la mobilisation d’une partie du personnel des Jobs Centers opposés au JSA pour deux raisons principales. D’un coté, le JSA renforçait la pression sur les chômeurs et poussait à appliquer des méthodes policières et, de l’autre, on leur imposait un salaire avec prime basée sur la performance, c’est-à-dire sur le nombre de chômeurs exclus ou casés. Mais ces quelques mouvements furent éphémères. La loi anti-grève et le fait que nombre d’employés des Job Centers ne sont pas fonctionnaires (travaillant souvent sous contrats avec de bas salaires) en furent notamment les causes. Le JSA fut finalement appliqué avec trois mois de retard, en octobre 1996.

Les chômeurs continuèrent cependant à se battre, notamment pour obtenir une révision du Project Work obligeant certains d’entre eux à travailler pour des sociétés de bienfaisance où les rémunérations sont faibles (la philanthropie s’arrêtant où l’exploitation salariale commence!). Le JSA a amplifié l’individualisme déjà fort chez les sans-emplois, par leur élimination du monde du travail, en leur faisant adopter des « solutions » individuelles, mais ce plan restait insuffisant pour la bourgeoisie car il ne poussait pas encore assez les chômeurs à rejoindre avec empressement le marché du travail. Il y eut alors le New Deal.

 

Le New Deal

 

Les Tories s’étaient attaqués aux indemnités chômage lorsqu’ils étaient au pouvoir. Le Labour Party clama qu’il allait réviser le système.  Evidemment, petits-bourgeois et gauchistes divers crurent que ce parti, parce que de gauche, allait le faire dans le sens des chômeurs! Mais voilà, le Labour Party gagna les élections avec un programme intitulé Welfare to Work (c’est-à-dire de l’Etat-providence au retour au travail) incarnant les valeurs du «New» Labour et il mit sur pied le New Deal (ND) consistant en un menu d’offres d’emploi pour les jeunes chômeurs et des subventions pour le patronat. Ce ND ressemblait à peu de choses près au système antérieur des Tories puisqu’il y avait un partenariat avec le patronat et qu’il consistait à un échange «équitable» : obtenir des allocations en échange de l’acceptation de n’importe quel emploi «offert». Bien évidemment, il créa non des emplois permanents mais précaires et durcit les sanctions contre les chômeurs peu motivés.

Mais le ND a aussi ses origines dans des programmes de créations d’emplois du «vieux» Labour Party. On a donc fait du neuf avec du vieux. Mais ça contentait les défenseurs d’un service public en totale décomposition, la plupart de ces jobs lui étant destinés du fait d’un besoin de main d’œuvre à moindre coût. Avec le JSA et le ND, on a rendu les allocataires «responsables» en les poussant dans une «guerre de tous contre tous» toujours plus féroce sur le marché du travail.

Depuis, le prolétaire au chômage n’a guère d’alternatives: accepter le job proposé ou n’être plus rémunéré et donc être exclu socialement. C’est donc un «marche ou crève» modifié en «crève-toi au boulot ou crève dans ta misère»! Tout cela a développé et fait accepter la précarité, la flexibilité et les bas salaires, même dans les emplois qualifiés. Le chômeur doit dorénavant prouver qu’il recherche un emploi; il est rediscipliné car obligé de se lever le matin au lieu de vaquer à d’autres occupations. Ces plans ont aussi permis aussi le turnover dans des secteurs économiques, comme par exemple l’informatique, pour y baisser les salaires et a permis également d’attaquer les familles monoparentales ou les prolétaires en maladie, en les obligeant à rejoindre le marché de l’emploi coûte que coûte afin de réduire les dépenses de l’Etat en aides sociales diverses, ce qui prouve que c’était bien tout le prolétariat qui était visé. De plus, certains employés des Job Centers ayant subi une privatisation, comme les agents-conseil sont maintenant souvent issus de sociétés privées dont le rôle est de placer la «clientèle» dans diverses catégories (secteurs, métier, formation…) avec des options.

Il faut bien comprendre que le faible taux de chômage dont se vante la Grande-Bretagne est au moins en partie fictif et qu’on ne peut guère se fier aveuglément aux chiffres officiels qui varient d’ailleurs selon les régions et les secteurs économiques. Ainsi, si le Sussex a un taux inférieur à la moyenne nationale, le nord de l’Angleterre est gangrené par un taux énorme. Faut-il chercher ailleurs la cause profonde des émeutes à caractère racial – le prolétariat immigré ou d’origine immigrée, surtout lorsqu’il n’a pas la peau bien blanche, étant toujours le premier bouc-émissaire du système - qui éclatent de temps à autre (Bradford, theâtre de telles émeutes lors de l’été 2001 où, sous peu, la population sera à majorité originaire du sous-continent indien, connaît un taux de chômage de 75 % dans certains quartiers; idem à Liverpool ou dans le Great Manchester avec Oldham…)?

Le JSA et le ND ont donc bel et bien été créés pour intensifier la production et tenter de rendre plus qualitative et plus maniable la force de travail afin que le Royaume-Uni reste compétitif face à ses principaux concurrents. Et ce n’est pas le salaire minimum, institué au printemps 1999, de £ 3,60 de l’heure (pas accordé aux prolétaires de moins de 21 ans), qui a empêché les coupes dans les salaires et les allocations de toutes sortes. Bien au contraire, chaque plan et chaque réforme en ont engendré d’autres: tous ces programmes n’ont pas été mis en place par hasard et sans être étudiés auparavant par la bourgeoisie quelque soit la couleur du gouvernement en place.

 

Allemagne

 

En Allemagne, les réformes entreprises depuis deux décennies n’ont pas eu la même origine qu’en Grande-Bretagne en raison des différences d’évolution historique, économique et sociale entre les deux pays. En effet, on n’y a pas attaqué le prolétariat en s’en prenant d’abord à ses chômeurs mais en s’en prenant à sa partie insérée dans la production, à ses esclaves salariés.

En RFA, la crise de 1973-74 secoue comme partout l’économie. Le million de chômeurs est alors officiellement atteint. Tous les secteurs sont touchés dont la métallurgie qui connaît 40 000 suppressions d’emplois entre 1975 et 78. Il y a des grèves mais elles restent bien encadrées par les syndicats qui revendiquent alors la semaine de 35 heures comme solution. Puis en 1980-82, nouvelle crise et taux officiel de 2 millions de chômeurs, les syndicats répondent en prônant de nouveau la r.t.t. Des négociations sont entamées entre leaders syndicaux qui, en bons serviteurs de la bourgeoisie, expliquent que la r.t.t. permettra le plein emploi et une économie plus productive, et patronat dont une partie va prendre de court ses partenaires sociaux, comme celui de BMW qui introduit avant la fin de ces mêmes négociations la semaine de 35 heures dans son usine de Regensburg car il avait compris qu’il faut passer par cette réduction et que la plus-value perdue en durée pourra, de toute façon, être regagnée en efficacité grâce à l’intensification du travail.

Mais, ailleurs, les syndicats, dont le mot d’ordre «r.t.t. = plein emploi» signifie «r.t.t. = paix sociale», doivent utiliser la grève, non plus comme une arme de lutte mais comme une simple protestation pacifique et soumise à une partie de la bourgeoisie, pour arracher leurs revendications et rester cohérents dans leur fonction de partenaires sociaux d’un coté et dans leur travail de sape de l’autre. Finalement, ils réduisent ce mouvement à des Schwerpunkstreik (1) dans certaines régions, et «triomphent» puisque la bourgeoisie accepte et signe un accord pour une r.t.t. par étapes. On passera de 40 à 38,5 heures par semaine. Cela n’empêche pas le chômage de progresser et apporte même de l’eau au moulin du capitalisme allemand pour accentuer l’exploitation du prolétariat actif et «motiver» les oisifs en réduisant leurs aides afin de les pousser à accepter n’importe quel emploi sous n’importe quelles conditions.

Ainsi, des changements ont lieu au fil des ans mais leur processus va être accéléré du fait d’une nouvelle crise économique en 1992-93. Ces changements vont s’opérer dans la composition de l’armée industrielle de réserve, les relations d’exploitation, les formes de précarité (comme l’intérim qui représente une forme – qui s’est banalisée - d’émigration économique à court terme sur un secteur géographique intra-muros déterminé) et la planification du temps de travail, tout cela accentué par la politique d’une sociale-démocratie arrivée récemment au pouvoir avec la bénédiction de la bourgeoisie pour reconsidérer l’économie et le social et tenter d’atténuer des antagonismes de classes et des problèmes sociaux de plus en plus visibles.

 

L’époque des réformes anti-prolétariennes

 

Tout commence donc en 1975, année où le pays connaît 4 millions et demi de chômeurs mais avec un turnover qui donnait un taux réel d’un million car, à cette époque, en RFA, on restait au chômage en moyenne 3 mois par an. Evidemment, l’Etat indemnisait confortablement ces privés d’emploi – toujours le privilège d’appartenir à une grande puissance impérialiste - qui pouvaient trouver un coté positif dans leur exclusion car elle leur permettait de se requalifier et de sortir quelque peu de la routine du système de production. Une partie de ces chômeurs vont alors prôner le refus du travail – la période étant encore propice à cela - devenant plus tard, évidemment, les premiers à revendiquer le maintien de l’Etat-providence afin de pouvoir vivre décemment dans ce système qui amortit les antagonismes de classes et sert de rempart aux explosions sociales et qui représente la mainmise de la bourgeoisie sur des systèmes de secours mutuels et d’entraide ouvrière qui étaient auparavant gérés par le prolétariat lui-même comme cela a été également le cas en France et dans d’autres pays.

Mais, avec les crises successives, le capitalisme allemand doit aussi revoir sa copie. L’Etat bourgeois ne peut accepter de rémunérer de cette façon les prolétaires «oisifs» dont une partie glisse progressivement vers le lumpen-prolétariat; la paix sociale a un prix mais il ne faut pas exagérer. Pour maintenir cette paix, il va multiplier les attaques contre toute la classe ouvrière en amputant les revenus des chômeurs par la mise en place d’un système de plus en plus répressif pour les pousser à rejoindre le marché du travail et pousser les actifs à faire des sacrifices (alors que, dans le même temps, on «invite» des prolétaires immigrés contre qui on adopte des lois toujours plus répressives). Au début des années 80, il y a une modification incessante de l’organisation du travail dans le pays, notamment avec le développement de la précarité comme en 85 avec l’adoption du Beschäftigungforderungsgesetz (2) qui ouvre la boîte de Pandore: travail temporaire, contrats précaires de courtes durées - on n’achète plus toute la force de travail, on en loue une partie en fonction du marché et donc de l’économie (production à flux tendu) - et agences intérimaires se développent à vitesse grand v, engendrant flexibilité et intensification du travail et baisse ou gel des salaires et autres revenus puisqu’à cette époque, le taux des allocations-chômage est diminué sauf pour les plus vieux afin de les écarter du marché du travail pour des raisons évidentes d’intensification de la production et de mises en places de nouvelles technologies. Ensuite, on mettra en place un nouveau système d’allocations-chômage et, pour ceux qui travaillent souvent, un système d’assurances privées. Ainsi, en plus de diviser le prolétariat en autochtones et immigrés, en actifs et oisifs et en embauchés et précaires, la bourgeoisie divise aussi les chômeurs tout en réduisant les dépenses de son Etat.

Et si entre 1985 et 92, 3 millions d’emplois sont créés, ils le sont dans les secteurs liés aux nouvelles technologies. Dans les usines où la main d’œuvre diminue sans cesse, les pertes d’emplois sont principalement comblées par l’arrivée de nouveaux travailleurs immigrés (les emplois les plus pénibles, et donc les moins payés, pour les derniers arrivants ; telle est la devise du capitalisme) pour baisser les salaires et intensifier la production. Puis arrive la crise de 1992-93 amplifiée par la réunification des deux Allemagne. Le taux de chômage passe de 3 à 4 millions alors que les emplois à temps partiel (15 heures par semaine – 630 DM par mois plus complément d’allocations-chômage) se développent. Durant ces années, les salaires sont bloqués et les coupes dans les diverses allocations-chômage se succèdent faisant perdre toute rémunération à de plus en plus de chômeurs, certains alors n’ayant plus que des primes d’aide pour subsister.

Avec les restructurations dans l’ex-RDA où les salaires sont également gelés suite à des accords entre partenaires sociaux et malgré, évidemment, des promesses de hausses lors des premiers jours de la réunification, le prolétariat d’Allemagne se retrouve alors avec du chômage et une intensification du travail à l’est - «le surmenage des uns détermine le chômage des autres» comme l’écrivit Engels - et la fin du travail à temps plein bien payé et quasiment assuré jusqu’à la retraite à l’ouest. Quant à l’arrivée du gouvernement Schröder au pouvoir, elle va vite mettre fin aux croyances en une sociale-démocratie teintée de vert.

En effet, à cette époque, les politiciens débattaient pour mettre en place un revenu minimum garanti du fait de la hausse incessante du chômage et du nombre de chômeurs n’ayant plus d’indemnités ou de couverture sociale. Finalement, les sociaux-démocrates, à l’instar de leurs pairs britanniques, vont reprendre le programme de leurs prédécesseurs le dépassant même grâce à la collaboration des syndicats qui vont participer à l’Alliance pour l’Emploi dont le but est de mettre en place des expérimentations sociale; les dirigeants du syndicat IG Metal déclaraient ouvertement qu’«il n’y a pas d’autre alternative pour la jeunesse que de la forcer à travailler en fonction des besoins de l’économie». Ce qui ressortira finalement de ces débats, c’est la création de nouveaux emplois pour alléger les coûts et accroître la flexibilité. Et cela grâce à la r.t.t. qui va être le produit d’une dégradation des conditions de travail et de vie pour tout le prolétariat dans le pays. Car le revenu minimum garanti offert par l’Etat allemand sera la fameuse semaine de 35 heures revendiquée depuis longtemps par les bonzes syndicaux.

 

La réduction du temps de travail ou la grande désillusion

 

La semaine des 35 heures fut donc un appel à l’aide des syndicats à l’Etat bourgeois dont les prolétaires vont être les victimes. En effet, la r.t.t. n’a pas stoppé les heures supplémentaires (h.s.), le chômage, la précarité et la flexibilité. Au contraire, elle apporta une certaine paix sociale en plus de l’intensification du travail et des coupes dans les salaires. Mais, contrairement à la France – la Grande-Bretagne n’ayant pas de temps de travail hebdomadaire légal -, il y eut en Allemagne une grève de 7 semaines pour « gagner » cette r.t.t. à l’évolution anarchique et sporadique.

Les prolétaires de la métallurgie qui travaillaient 48 heures par semaine en 1956 puis 40 en 1975 seront les premiers à obtenir le premier janvier 95 la semaine de 35 heures. Néanmoins, comme il faut produire toujours davantage, on intensifie la production plus rapidement qu’on abaisse le temps de travail et cela sans h.s. alors qu’à cette même date… une loi repousse la fin des h.s. de 2 ans. On nage dans le flou mais pas de problème, les machines ont un temps de fonctionnement plus long en Allemagne qu’ailleurs malgré un temps de travail légal plus court que le patronat avait, bien sûr, réaménagé au fil des réformes.

En effet, dans les années 80, on avait baissé le prix du travail aux pièces; on avait modifié les horaires et les salaires des équipes de nuit; les douches pour les ouvriers effectuant des travaux salissants dans les grandes entreprises n’étaient plus incluses dans le temps de travail donc payées; et en 1985, le recours aux agences intérimaires n’était plus limité comme prévu et on augmenta la durée maximale des CTT (Contrats de Travail Temporaire) à 18 mois puis à 24 mois, en 1996, pour récemment la limiter à 12 mois mais, grâce à une législation plus souple permettant au patronat de renouveler à l’infini ces CTT de 12 mois maximum s’il y a une période de 3 mois de chômage minimum entre chacun d’eux, la bourgeoisie allemande créant ainsi le temporaire à perpétuité. Entre 1983 et 93, le nombre de travailleurs à temps plein va baisser officiellement de 4 % alors que l’absentéisme diminuera également de 4 % suite aux pressions du patronat bien secondé par les syndicats.

Mais la plus importante r.t.t., et donc la plus grande arnaque, va avoir lieu chez VW (Volkswagen) en 1994. Tout commence en octobre 1993 parce que la production automobile avait subi de plein fouet une crise en 1992-93 comme jamais elle n’en avait subie auparavant. Le patronat de VW veut alors virer 31 000 de ses 108 000 employés pour rester compétitif au niveau mondial. L’IG Metal, qui comme tous les syndicats du pays connaissait pour la première fois depuis la fin de la 2ème guerre mondiale une perte d’adhérents, va alors intervenir et négocier pour «sauver l’emploi». Finalement, une r.t.t. drastique est adoptée puisque le temps de travail va passer à 28,8 heures par semaine, mais avec des conditions au bénéfice évidemment du patronat.

En effet, si des emplois furent sauvés, ce fut seulement pour deux ans et cela ne concernait que les emplois «garantis». Ainsi, en 1995, il ne restait plus que 94 000 emplois car on ne remplaçait plus les départs en retraite et on avait «remercié» les prolétaires en CTT en ne renouvelant pas leurs contrats, sans oublier qu’on avait largement diminué les primes de licenciement. Grâce à la r.t.t., VW avait pu restructurer en douceur et même créer sa propre agence d’intérim GIZ (les licenciements d’intérimaires, peu auparavant, avaient aussi servi à cela) en collaboration avec l’Etat fédéral de Basse-Saxe et… l’IG Metal. Par ailleurs, elle put employer durant les périodes de vacances des étudiants et des intérimaires payés 25 % en-dessous du salaire couramment pratiqué (3). Et en multipliant les équipes, VW n’a pas seulement réduit la communication entre travailleurs ou désaxé leur système de vie, elle a aussi rogné sur le temps disponible (4) afin d’intensifier le temps de montage d’un véhicule qui est passé de 30 heures en 1993 à 20 heures en 98.

La semaine de 28,8 heures était bel et bien de la propagande comme le prouve le cas de l’usine VW de Hanovre qui fabrique des camions: on y travaillait 37,5 heures par semaine payées 35; 1,2 heures étant donnée à la firme en échange d’un «emploi garanti» et 1,3 heures étant compensée en temps libre! Par contre, en cas de congés ou de maladie, on était payé sur la base de la semaine de 28,8 heures. Quant aux h.s., elles n’étaient rémunérées en tant que telles que lorsque le travailleur dépassait les 38,8 heures par semaine. Et il y avait dorénavant 12 dimanches travaillés par an et la réduction des temps de pause. En 1998, VW augmentait encore la production. Et à Wolfsburg, usine principale et siège de la firme, VW mit en place un nouveau plan de travail avec de nouvelles équipes et de nouveaux horaires étalés sur 4, 5 ou 6 jours adaptés aux besoins de la production. La r.t.t. avait donc permis la modulation.

Il y a eu aussi le cas de Daimler-Benz qui fit courir une rumeur sur l’éventuelle délocalisation de son usine de camions de Wörth – la précarité ne se limitant pas à la seule force de travail – vers la République Tchèque. Son patronat put ainsi négocier en toute tranquillité avec les syndicats qui firent nombre de concessions. Finalement, DB abaissa les coûts de production de 30% en réduisant le temps d’assemblage de 20% et la force de travail de 33% puisqu’il ne restait que 10 000 employés. Par ailleurs, on réadoptait une loi de 1938 (preuve que la démocratie n’hésite pas à adopter des lois fascistes quand elle en a besoin!) qui permettait de réguler le temps de travail et les congés en fonction des besoins de la production. On revenait aux journées de 8 heures pouvant être étendues jusqu’à 10 heures et à des semaines pouvant être étalées sur 6 jours, le dimanche compris devenant un jour comme les autres. La modulation était passée comme une lettre à la poste et les autres constructeurs prirent exemple en l’imposant dans la plupart de leurs usines. Evidemment, les équipementiers modulèrent aussi avec également des exceptions comme chez le fabriquant de pneus Pirelli où en échange de ne pas licencier jusqu’en… 2001, on fit passer en janvier 1999 la semaine de travail de 37,5 à 40 heures, permettant une hausse de 20% de la production, cela revenant au même puisque le bourgeois a deux solutions: ou réduire le temps de travail et intensifier la production ou allonger le temps de travail car, comme l’écrivit Marx, «l’ouvrier cherche à conserver la masse de son salaire en travaillant davantage, soit en faisant plus d’heures, soit en fournissant davantage dans la même heure. (…) Le résultat (étant) que plus il travaille, moins il reçoit de salaire (…)» (5) et moins il reçoit de salaire, plus le profit monte car «profit et salaire sont (…) en raison inverse l’un de l’autre». (6)

Tout cela confirme bien que la r.t.t. n’a fait qu’empirer à tout point de vue les conditions des prolétaires en Allemagne où on évalue à 3 M le nombre de ceux qui ont un second job ou qui font au moins 10 h.s. par semaine pour avoir un revenu correct; sans compter le développement du travail en intérim qui a progressé de 25% de janvier 2000 à fin 2001 et de celui à mi-temps ou avec des horaires très flexibles (les familles monoparentales et donc principalement les femmes y étant poussées dans un pays où les crèches ferment tôt). Dans le même temps, dans d’autres secteurs, on augmenta le temps de travail hebdomadaire jusqu’à 50 voire 60 heures comme à IBM où les h.s. n’étaient plus rémunérées comme telles, et les services publics subissaient des coupes dans les salaires et les primes comme dans les effectifs. L’Allemagne est donc loin d’être un modèle social: elle montre au contraire que la r.t.t. imposée n’est qu’une vaste escroquerie et que le prolétariat de la première puissance économique européenne est passé du rêve au cauchemar. C’est pourquoi elle a fait un émule sur ce sujet: la France qui a également pris exemple sur la Grande-Bretagne au sujet du système répressif contre l’armée industrielle de réserve.

 

France

 

Le PARE est donc passé après quelques petits problèmes de divergences entre bourgeois, son achèvement étant prévu pour juillet 2002, après les élections présidentielle et législatives. Remplaçant en partie le principe d’indemnisation déjà modifié au cours des deux dernières décennies et notamment en 1994, il a été créé non pour emmerder les chômeurs mais pour être intégré à une stratégie bien en place appliquée depuis des années par les bourgeoisies des Etats dominants de l’UE pour faire face à une période historique qui connaît nombre de bouleversements importants et des crises économiques successives avec, en conséquence, un développement technologique effrénée sans précédent.

Bien que le régime d’assurances-chômage (UNEDIC-ASSEDIC) soit né en 1958 et l’ANPE en 1967, la France ne rencontra des problèmes économiques majeurs qu’en 1974, même si le mouvement de Mai 1968 annonçait, comme d’autres mouvements politiques ou sociaux dans bien des pays à la même époque, cette crise qui mettait fin aux décennies d’expansion économique. Dès lors, le nombre de chômeurs augmenta considérablement et des lois et des accords se succédèrent non sans anicroches. Alors, la bourgeoisie se tourna vers le Parti Socialiste afin que ce parti réformiste et anti-prolétarien de longue date gagne les élections, organisant par la suite l’alternance politique à intervalles réguliers pour ne pas le discréditer et le remettre sur le devant de la scène à chaque moment opportun.

Dès la victoire de Mitterrand, la bourgeoisie a commencé à reprendre tous les avantages sociaux qu’elle avait accordés ou concédés encore peu auparavant, d’abord anarchiquement puis méthodiquement pour que ces attaques en amènent d’autres touchant ainsi tout le prolétariat. Et si le gouvernement de Mauroy, où se trouvent des ministres du Parti Communiste Français, instaure la 5e semaine de congés payés, la semaine légale de 39 heures ou la retraite à 60 ans, il va dans le même temps tenter une déréglementation dans le milieu du travail qui sera vouée à l’échec car confrontée à des mouvements sociaux. Néanmoins, le travail est réorganisé d’une manière détournée car quelques lois ouvrent la voix à des réformes calquées sur les Anglo-Saxons mais de façon plus sournoise. Ainsi, par exemple, on réduit le temps de travail d’une heure par semaine alors que, dans le même temps, on permet l’augmentation du nombre d’heures travaillées dans les services publics.

En conséquence, cela va engendrer une première attaque en 1985 pour assouplir les lois sur le travail à temps partiel et le travail précaire en simplifiant l’emploi des CDD et en étendant leur usage et leur durée maximale. La flexibilité est en route. En 1987, durant la première cohabitation politique, une loi sur l’aménagement du temps de travail est votée, tout comme une réforme sur l’apprentissage. Mais la fin des années 80 est surtout marquée par la naissance et le développement d’une multitude d’aides sociales et de «petits boulots» ou de contrats à temps partiels, principalement dans les administrations et services publics, comme le RMI (Revenu Minimum d’Insertion payé par la Caisse d’Allocations Familiales, c’est-à-dire par l’Etat et non l’UNEDIC), ou les ASS (Allocations Spécifiques de Solidarité), dont le but est de donner quelques miettes à des chômeurs de longue durée, c.-à-d.. suffisamment pour leur consommation immédiate et donc leur éviter de crever de faim « pour permettre la classe ouvrière de se perpétuer et de conserver l’effectif dont on a besoin » et d’avoir à faire face à d’éventuelles explosions sociales, mais pas trop afin de les préparer à rejoindre éventuellement et à tout moment le marché du travail, tout en les mettant sous la totale dépendance de l’Etat bourgeois (prouvant que la situation n’allait qu’empirer); et de divers contrats cachant derrière leurs différents sigles (TUC, SIVP…) une tactique bien définie et créés pour les prolétaires au chômage entrant dans certaines catégories (âge, temps d’inscription à l’ANPE…) en les poussant à entrer ou à revenir dans un monde du travail en constante mutation, en faisant miroiter une éventuelle embauche par la suite et en donnant un complément financier (pour ceux y ayant droit) variant selon le type de contrat permettant à la fois d’équilibrer plus ou moins les offres et les demandes dans l’emploi et de réduire la durée des droits et le taux des allocations-chômage.

Tout cela sera le prélude aux réformes des gouvernements successifs de Cresson, Balladur ou Juppé dont certaines provoqueront des mouvements sociaux de contestation (lycéens contre le CIP de Balladur, mouvement de novembre-décembre 1995) et seront remises à plus tard sous d’autres formes, plus vicieuses, par un nouveau gouvernement de gauche puisque la bourgeoisie va demander à Chirac de dissoudre l’Assemblée afin de permettre le retour du PS (vainqueur non par les votes mais par le découpage électoral) avec plusieurs alliés cette fois allant du MdC au PCF, en passant par les Verts qui vont vite faire tous leurs efforts pour démontrer que l’écologisme est bien une idéologie bourgeoise et réactionnaire. Le prolétariat, paralysé par les directions syndicales, va soubir une nouvelle dégradation de ses conditions de vie et de travail.

 

La réduction du temps de travail (r.t.t.)

 

La r.t.t. fut avancée comme una panacée contre le chômage d’abord par la CFDT - véritable laboratoire du réformisme à cette époque - à la fin des années 70, puis reprise comme promesse électorale lors de la campagne de Mitterrand en 1981. Ce «remède miracles» se limita alors à une réduction d’une heure (les 39 heures). Il faudra attendre les années 90 et la loi du député de droite de Robien pour voir cette promesse commencer à devenir réalité. Cette loi ouvrit la voie à d’autres plus agressives contre la classe ouvrière et, de ce fait, aux lois Aubry.

Les lois Aubry vont donc passer après la mise en place des «petits boulots», qui avaient accéléré le processus de réaménagement des horaires et de la production de certains secteurs et mêmes de certaines usines (avec les SIVP), de lois facilitant l’usage d’emplois précaires et de celle de de Robien. Le patronat qui rechignait d’abord à la r.t.t., va s’en accomoder lorsqu’il se rendra compte que les lois ont été rédigées afin de lui donner le plus de latitude possible pour que leur mise en place se révèle en définitive bénéfique pour lui.

 En outre les lois Aubry vont avoir pour conséquences: la fin d’une législation sociale uniforme, la division du monde du travail puisque la r.t.t. ne va pas se faire au même rythme et de la même façon selon plusieurs critères (secteur public ou entreprises privées de plus ou moins 20 employés, secteur restauration-hôtellerie, etc…), la création d’un second SMIC (si on écarte le SMIC hôtelier, le «SMIC jeune» et le système de paiement des agences de travail temporaire) basé sur 35 heure en gelant les salaires évidemment. Mais aussi l’annualisation du temps de travail permettant aux entreprises de produire en fonction de la demande d’où fin des temps de travail maximum légaux qu’ils soient journaliers, hebdomadaires ou mensuels; et une nouvelle application du travail de nuit (les femmes n’en étant plus exemptées) et de celui de week-end. Elles généralisent la modulation et la flexibilité permettant aux patrons d’un côté de ne plus avoir, ou très rarement et seulement après avoir «dégraissé» la totalité ou la majorité des intérimaires, ces coûteuses périodes de chômage-technique, et de l’autre de faire travailler au maximum les prolétaires dans les périodes où la production l’exige, sans payer d’heures supplémentaires.

Ces lois et leurs antécédents ont entraîné l’accroissement rapide du recours aux sociétés de travail temporaire (7), qui fonctionnent aujourd’hui avec les moyens des grandes entreprises – elles font maintenant partie des premiers employeurs privés du pays - et gérant à la manière des ANPE (dont ils sont les concurrents privés) la main-d’œuvre «réserviste» lors de «coups durs» dans la guerre économique quotidienne afin d’accroître la production et intensifier la flexibilité creusant davantage, sur le fond mais pas sur la forme, le fossé entre prolétaires embauchés et non-embauchés dont une partie rejoint régulièrement le lumpen-prolétariat alors que, dans le même temps, la barrière entre les mondes du travail et du chômage se réduisent à vue d’œil comme celle entre salaires et allocations. Elles ont permis également d’expulser plus facilement les travailleurs les plus âgés de la production afin d’accélérer perpétuellement la productivité, les Emplois-Jeunes (tenant ainsi les jeunes prolétaires avec des contrats de 5 ans) comblant ces «départs». Mais aussi pour tenter de réguler le chômage en fonction non des chômeurs mais de divers critères comme par exemple l’âge, toujours pour produire davantage - un «jeune» étant plus productif qu’un  «vieux» (8) – et en (ré)insérant (pour reprendre le vocabulaire policier de la bourgeoisie) la jeunesse prolétarienne; celle sans diplôme pour l’obliger à travailler coûte que coûte et celle aux diplômes dévalorisés (pour des études toujours plus coûteuses pour ceux qui ne sont pas nés dans la classe exploiteuse; d’ailleurs, environ un tiers des nouveaux inscrits dans les agences d’intérim sont des étudiants) démonstration que ces diplômes ne servent qu’à deux choses: réguler le marché du travail tout en faisant miroiter leur bien fondé qui cache, en réalité, un besoin pour la bourgeoisie d’adapter ses nouveaux contingents de prolétaires aux technologies actuelles dans l’éternelle guerre économique qu’elle livre, de manière toujours plus violente, contre ses concurrentes.

La r.t.t. n’est pas le résultat d’une lutte du prolétariat; il s’agit d’une mesure imposée par les serviteurs du capitalisme dans le but explicite de consolider la paix sociale, c’est-à-dire de consolider la soumission des prolétaires à leurs maîtres bourgeois en échange d’une concession de ceux-ci: l’augmentation du nombre d’emplois. Cette «concession» des bourgeois était payé par les prolétaires, comme on l’a vu ci-dessus par une intensification de l’exploitation sous forme de gel des salaires, du réaménagement des horaires de travail qui s’est traduit systématiquement par la suppression des petits avantages pouvant exister (pauses, etc.), et de la suppression des limites légales à la durée hebdomadaire du temps de travail (annualisation du temps de travail), etc. Si cette «augmentation de la productivité», objectif affiché lui aussi par le gouvernement, s’est bien réalisée à la grande satisfaction du patronat, par contre le nombre d’emplois réellement crééa été bien inférieur à ce qu’annonçait le gouvernement. Du coup, il s’est mis à parler plutôt d’«emplois sauvegardés»! Mais les derniers mois ont ramené, avec la ralentissement économique, les licenciements massifs, en dépit des 35 heures... En définitive la grande réforme des 35 heures s’est révélée n’être qu’une escroquerie pour les prolétaires. C’est la démonstration que dans la société bourgeoise les prolétaires ne peuvent rien attendre de bon de la bourgeoisie et de ses valets réformistes et qu’ils ne peuvent compter que sur leurs luttes pour se défendre. Et sur ce point les grèves qui ont accompagné à chaque fois ou presque la mise en place des 35 heures sont un signe encourageant de l’existence d’une certaine combativité, même si leur caractère limité montre tout le pas qui reste à franchir pour que la classe ouvrière puisse mener une lutte efficace de résistance contre l’offensive bourgeoise;

 

Le PARE et le PAP

 

Une des conséquences de la r.t.t. a été la création du PARE, validé en juillet 2001 par le Conseil d’Etat à la grande satisfaction du MEDEF et au grand désarroi de ceux qui comme les dirigeants du syndicat SUD croyaient trouver dans le recours aux institutions de l’Etat bourgeois un substitut commode à la lutte prolétarienne. Avec ce plan de retour à l’emploi, le chômeur a dorénavant un engagement à respecter (nouvelle manifestation de l’accroissement de la pression totalitaire que fait poser la société bourgeoise sur le prolétariat): rechercher activement et rapidement d’un emploi s’il veut percevoir des allocations-chômage, à condition qu’il y ait droit bien sûr, mais dans ce cas, elle dureront moins longtemps.

Même si le PARE n’est pas encore officiellement obligatoire, il est accompagné du PAP (Projet d’Action Personnalisé) qui se signe à l’ANPE et qui est, lui, quasiment obligatoire, même lorsque le nouveau demandeur d’emploi n’a pas droit à des indemnités pour diverses raisons. On se retrouve donc avec des demandeurs d’emploi sous l’ancien système, pour ceux inscrits jusqu’en juin 2001, et d’autres inscrits depuis le premier juillet 2001 que l’on divise en deux groupes: sous l’ancien système ou sous celui du PARE mais qui ont signé le PAP servant à faire une synthèse entre les souhaits des chômeurs et les besoins des entreprises. Et si le PARE a du mal à faire vraiment recette auprès des nouveaux inscrits, son adhésion se fait sournoisement car elle n’explique pas les conséquences néfastes pour les prolétaires inscrits aux ASSEDIC, ne montrant que le «bon» coté de la chose - la fin de la dégressivité des allocations-chômage -, ni les «ratés» comme avec les plans de formation jugés trop courts et de reconversion non adaptés prouvant le vrai rôle de ce plan.

C’est ainsi qu’on trouve dans les droits et obligations un article où il est dit que «le versement des allocations et l’accès aux services (…) sont consécutifs à la signature du PARE». Et si le refus du demandeur d’emploi à signer le PARE et le PAP ne permet pas, pour l’instant, la suppression ou la suspension de ses droits aux allocations-chômage, il doit donc dorénavant mener une recherche active d’emploi et prouver celle-ci, accepter tout contrat d’apprentissage proposé, se soumettre aux visites médicales et répondre à toute convocation des agents de l’ANPE. Quant à l’Allocation Formation Reclassement, elle est remplacée par une allocation versée seulement pendant la durée couvrant le temps d’indemnisation du chômeur, attaquant du même coup – et c’est ce qui fait rebuter certains chômeurs à adhérer à ce nouveau système – toutes formations de longue durée car n’étant plus rémunérées. Et si, pour l’instant, des chômeurs en Allocations Uniques Dégressives restent encore sous l’ancien système, ils devront adhérer obligatoirement au plan dans le futur comme 250 000 chômeurs pris dans les méandres de l’ASS (payée par le Ministère du Travail) et 600 000 RMIstes; les plus jeunes (il faut un âge minimum pour toucher le RMI et au moins 5 ans de travail jour pour jour – le calcul étant basé en heures pour les intérimaires, ce qui les pénalise surtout depuis la mise en route des 35 heures car les calculs se font toujours sur la base de semaines de 39 heure - sur les 10 dernières années pour les ASS sans parler d’autres conditions) ayant un nouveau plan également: le Trace, dont on n’a guère d’échos. Et si la date pour mettre tous les sans-emploi dans le même bateau, n’est pas encore fixée, c’est parce que le gouvernement Jospin voulait laisser passer la période électorale: le gouvernement Raffarin a repris le flambeau, nul doute qu’il continuera dans la voie tracée par ses prédécesseurs de gauche...

Quant au personnel des ASSEDIC, il a déjà subi des restructurations, il y a plusieurs mois, du fait d’une recentralisation de cette administration par régions, ce qui a valu quelques mouvements sociaux vite sabotés par les syndicats. Et pour celui de l’ANPE, c’est le flou total car il ne sait s’il subira des privatisations partielles. En attendant, il va connaître des bouleversements dans ses fonctions et même toucher, selon certaines rumeurs, des primes d’intéressement pour son rôle de flic comme cela se pratique outre-Manche. Et ce ne sont pas les quelques petites grèves ici et là par un personnel de plus en plus précaire, à l’instar des prolétaires qu’il gère, et connaissant une surcharge de travail due à la fois à la mise en place du PARE et du PAP et au passage aux 35h, qui changeront quoi que ce soit; d’autant plus que la bourgeoisie n’a pas à l’heure actuelle les moyens humains et matériels- le recrutement de 4 500 agents supplémentaires n’étant pour l’instant qu’une promesse – ni la volonté de mettre en place tout ce qu’elle a décidé, ce qui provoque entre les chômeurs et ce même personnel des tensions de plus en plus virulentes qui peuvent aller parfois jusqu’à l’agression physique.

En fait, le PARE et le PAP vont pousser les chômeurs de longue durée au même titre que les autres à accepter rapidement n’importe quel emploi sous n’importe quelles conditions et ne vont absolument pas résoudre le problème des prolétaires sans emploi fixe (après le Sans Domicile Fixe, le Sans Emploi Fixe?) mais amplifier le système actuel basé sur l’intérim, la précarité et la flexibilité à outrance, la formation professionnelle non choisie et rémunérée jusqu’à un certain point, des allocations faibles et courtes et sous conditions, le renforcement des contrôles et de la répression, la mobilité géographique, etc… Par ailleurs, ils permettent au patronat d’obtenir de nouvelles baisses de cotisations de la part de l’Etat tout en ayant réussi à faire croire que tout cela fut obtenu après une longue bataille…

En outre l’Etat bourgeois va pouvoir continuer à renflouer ses caisses et celles de l’UNEDIC comme il l’a déjà fait depuis l’instauration de l’AUD en 1994 (100 Milliards de francs d’excédent annoncés en 2001 après des années de vaches maigres) au détriment des chômeurs dont seuls 40 % sont actuellement indemnisés mais aussi des prolétaires partiellement ou «totalement» occupés qui en sont les principaux cotisants.

 

*   *   *

 

Le PARE et le PAP ne sont donc qu’une étape dans un processus que la bourgeoisie française a entamé il y a 20 ans et qui subit des modifications continuelles toujours plus nombreuses et agressives contre l’ensemble du prolétariat, élaborées et modifiées en fonction de l’évolution de la situation économique. En fait, la bourgeoisie des pays dominant l’UE a mis en pratique des programmes politiques, économiques et sociaux sur ses propres terres en copiant ceux de ses voisins en les adaptant en fonction des coutumes d’exploitation du prolétariat de son pays et en rivalisant d’ingéniosité pour les «perfectionner», évidemment dans un sens anti-prolétarien.

Si le PARE et le PAP sont l’étape suivant la r.t.t. en France, les petits contrats et la dégressivité ont été celles qui amenèrent cette r.t.t . copiée sur l’Allemagne; la Grande-Bretagne étant copiée sur la rémunération et la gestion des chômeurs. Dans l’avenir, ces trois pays plus, évidemment, l’Italie, parce que ce sont les locomotives de l’UE, se copieront pour opprimer davantage leur propre prolétariat, les autres pays suivant ces «modèles» même s’ils en ont été parfois des précurseurs comme la Belgique dans les années 80 avec son système très contraignant à l’encontre des chômeurs, qui servit quelque peu d’exemple par la suite.

La R.T.T. et les nouvelles mesures pour les chômeurs sont donc intégrées à la stratégie de la bourgeoisie de l’Hexagone pour tenter d’atténuer les contradictions toujours plus criantes d’un système capitaliste confronté à des crises qui se succèdent de plus en plus rapidement. Ce sont des plans bien établis pour servir la bourgeoisie dans l’affrontement économique qui l’oppose perpétuellement à ses rivales, véritable guerre qui « a ceci de particulier que les batailles y sont moins gagnées par le recrutement que par le congédiement de l’armée ouvrière», bref qui se traduit par une guerre de classe perpétuelle contre le prolétariat.

C’est pourquoi contre chaque attaque de la bourgeoisie, les prolétaires doivent réagir et riposter en surmontant tous les antagonismes (autochtone / étranger, embauché / précaire, actif / chômeur, travailleur du privé ou du public, secteur économique ou géographique, ancienneté, sexe, âge, religion…) qui ne peuvent que l’affaiblir. Mais pour cela, ils ont une chose primordiale à faire: couper les liens qui les enchaînent à la bourgeoisie, rompre avec tous les opportunistes, des réformistes traditionnels aux militants de l’extrême-gauche centriste et de la gauche qui pullulent à la tête de divers groupes petits-bourgeois et réformistes comme AC! et Attac, pour s’organiser sur des bases indépendantes de classe. Le retour aux méthodes et aux moyens de classe, à l’organisation de classe est une nécessité y compris pour les luttes de défense les plus élémentaires contre l’exploitation patronale et l’oppression étatique. C’est en fait la reprise de la lutte de classe, la reprise de la lutte prolétarienne anti-capitaliste que cherchent objectivement à empêcher (qu’ils en aient ou non conscience importe peu) non seulement les grandes organisations collaborationnistes de l’opportunisme politique et syndical classique, mais aussi toute la faune diverse de prétendus «soutiens» des travailleursi qui n’ont d’autre perspective que la démocratisation, l’amélioration, la réforme du capitalisme, et qui ne sont donc qu’une variété new-look du réformisme contre-révolutionnaire.

Pour les communistes, le travail parmi les chômeurs, qui «constituent un réservoir où les capitalistes puisent pour augmenter la production» (Engels) et contre les attaques qu’ils subissent est fondamental non seulement parce qu’il s’agit d’une fraction du prolétariat qui est plutôt vouée à voir son nombre augmenter qu’à disparaître, mais aussi parce que les chômeurs, plus difficiles à mobiliser et à organiser que les prolétaires disposant d’un poste de travail, peuvent plus facilement tomber sous l’influence du clientélisme bourgeois ou même de forces réactionnaires intéressées à les dresser contre leurs frères de classe lorsque ceux-ci n’arrivent pas à exprimer une véritable solidarité de classe.

L’union de tous les prolétaires, actifs ou non, est essentielle pour préparer les luttes contre les licenciements et les plans sociaux, le développement de la précarité et de la flexibilité, les bas salaires, l’intensification du travail ou tous les plans politiques et économiques mis en place contre le prolétariat embauché, précaire ou au chômage. Car la situation économique va se dégrader encore et d’autres lois et réformes toujours plus agressives contre le prolétariat vont se succéder à cadences toujours plus rapides pour les besoins d’une bourgeoisie en guerre ouverte contre ses concurrentes, de la même façon qu’on a fait appliquer les «petits boulots», le RMI, la dégressivité des allocations-chômage, la loi de Robien puis la r.t.t. et enfin le PARE et le PAP sans trop de remous avec la comédie de soit-disant virulents désaccords entre les partenaires sociaux ou en détournant les attaques par de subtiles manœuvres comme dans l’Education Nationale avec la semaine de 4 jours d’école dans l’enseignement primaire (9).

Chaque réaménagement de l’organisation du travail et chaque modification des systèmes contre les chômeurs doivent donc être combattus par l’ensemble du prolétariat si ce dernier ne veut pas voir ses conditions de vie continuer à se détériorer car, comme les plans de la bourgeoisie en entraînent d’autres, les revendications des prolétaires réagissent les unes sur les autres. Ainsi, par exemple, la lutte pour la r.t.t. doit contenir les questions de l’intensité du travail car «dès que la loi abrège la journée de travail, la machine se transforme aussitôt entre les mains du capitaliste en moyen systématique d’extorquer à chaque moment plus de labeur» comme l’écrivait Marx (10) - et du salaire horaire (en cas de r.t.t., les salaires doivent rester les mêmes d’où augmentation du taux horaire) sans oublier celle de l’embauche, conséquence des deux premières.

Par ces différentes mesures la bourgeoisie aggrave les conditions des prolétaires, rendant toujours plus creuse l’illusion que cette société peut leur garantir un emploi, un salaire et une vie décente; en réalité il n’y a jamais rien d’acquis pour les prolétaires au sein du mode de production capitaliste. Mais en recréant à une échelle générale ce qu’Engels définissait comme la caractéristique de la condition prolétarienne - l’instabilité des conditions de vie et de travail - la bourgeoisie des grands pays capitalistes recrée aussi les conditions objectives, matérielles, de la reprise de la lutte de classe prolétarienne.

 

 


 

 

 (1) Schwerpunkstreik: grève avec piquet qui ne paralyse que les grandes unités de production des grandes entreprises.

(2) Beschäftigungsforderungs-gesetz: loi promouvant l’emploi.

(3) En Allemagne, les travailleurs intérimaires ont un salaire de 10 à 20% inférieur à celui des travailleurs embauchés pour la même fonction et ils n’ont droit à aucune indemnité de congé.

(4) Le patronat a toujours rogné sur les pauses quand il a réduit le temps de travail. Prenons deux exemples: à l’usine Citroën à Aulnay, l’accord sur les 35 heures a été basé sur le travail effectif, le prolétaire y assurant une présence de 39 heures 15 par semaine, sa pause cantine quotidienne de 35 min. étant payée contrairement aux pauses physiologiques (16 min. par jour pour notamment aller aux toilettes). A l’usine SP Métal en Seine-Maritime, où on n’est pas encore passé aux 35h, il y a pourtant eu une r.t.t. d’une heure et, de ce fait, les prolétaires embauchés ou en CDD devraient y travailler théoriquement 38 heures payées 39. Eh bien non! Le patronat a su y faire. La r.t.t. a engendré une réduction du temps de pause de 5 minutes par jour. Avant, chaque semaine, les prolétaires travaillaient 39 heures – 2 heures 30 de pause (30 min. par jour.) soit 36 heures 30; aujourd’hui, ils travaillent 38 heures – 2 heures 05 (25 min. par jour) soit 35 heures 55. Il n’y a eu que 35 min. de r.t.t. alors que la production a été intensifiée pour rattraper l’heure «perdue». Comme l’écrivit Marx dans «Le Capital» (Ed. Soc., livre 1er, 4ème section, chap. XV, III 3, p. 292)  «Dès lors, on a commencé à évaluer la grandeur du travail doublement, d’après sa durée ou son extension, et d’après son degré d’intensité, c’est à dire la masse qui en est comprimée dans un espace de temps donné, une heure, par exemple. L’heure plus dense de la journée de 10 heures contient autant ou plus de travail, plus de dépense en force vitale, que l’heure poreuse de la journée de 12 heures. Une heure de celle-là produit, par conséquent, autant ou plus de valeur qu’une heure et un cinquième de celle-ci. Trois heures et un tiers de surtravail sur six heures et deux tiers de travail nécessaire fournissent donc au capitaliste au moins la même masse de plus-value relative qu’auparavant quatre heures de surtravail sur huit heures de travail nécessaire».

Par ailleurs, la réduction ou la suppression des temps de pause brise, au même titre que la multiplication des équipes aux effectifs toujours plus réduits, de nombreux liens et la communication entre les travailleurs rendant difficile voire parfois impossible le travail militant et la circulation de l’information sur les sujets les intéressant et les touchant. Tout est donc bien orchestré pour compartimenter et individualiser davantage les prolétaires dont les relations internes sont de plus en plus exécrables avec le stress et les cadences, surtout entre équipes.

(5) K. Marx, « Travail salarié et Capital », Œuvres choisies en 2 vol., Ed. Progrès, 1955, Tome I, p. 98.

(6) K. Marx, op. cit., p. 93.

(7) Le syndicat des Entreprises de Travail Temporaire dénombrait en l’an 2000, 604 335 intérimaires à plein temps en France, soit 2% de la population active.

(8) Avec le PARE-PAP, l’Allocation Chômeurs Agés versée aux chômeurs de – 60 ans ayant cotisé 40 ans risque d’être abolie le 1er janvier 2003 après avoir failli passer à la trappe le 1er janvier 2002.

(9) Derrière ce système inauguré il y a quelques années et expérimenté dans de plus en plus d’écoles, se profile la r.t.t. pour le personnel concerné. Par ailleurs, si cela permet aux enfants d’avoir un week-end complet, cela tombe, comme par hasard, au moment où les parents qui sont prolétaires, se retrouvent sous l’annualisation du temps de travail et donc dans une organisation du travail modifiée où il est souvent devenu impossible de faire des projets à court, moyen ou long terme car ils peuvent être appelés à travailler à tout moment, surtout dans l’industrie sous-traitante. A noter aussi qu’on a préféré ce système à celui où les cours du samedi matin seraient déplacés au mercredi matin, cela afin de ne pas froisser le clergé dans un pays où la religion est «séparée» de l’Etat !

(10) K. Marx, «Le Capital», Ed. Sociales, livre I, 4ème section, chap. XV, III 3, p. 293.

 

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