Histoire de la Gauche communiste

Les premiers pas du Parti Communiste d’Italie

 

(«programme communiste»; N° 98; Mars 2003)

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La partie précédente de cette étude, tirée du volume III de la Storia della sinistra comunista, relatait la gestation et la naissance du Parti Communiste d’Italie. Nous allons voir maintenant les tous premiers pas du jeune parti.

 

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Ce n’est pas l’existence d’une homogénéité idéologique totale parmi les membres du nouveau parti qui distingue la scission de Livourne de celle de Tours et du Congrès d’unification de Halle (pour ne pas parler des congrès constitutifs des autres sections nationales de l’I.C.). Et d’ailleurs, croire que c’est là la condition obligatoire pour la naissance du parti de classe, reviendrait à donner raison aux «unitaires» qui reprochaient précisément ce manque d’homogénéité aux délégués d’Imola; ces derniers provenaient en effet de groupes hétérogènes, tant du point de vue de leur formation théorique et de leurs traditions politiques et organisationnelles, que de leur conception des buts ultimes de la société communiste et des voies et moyens pour y parvenir.

Et dans ce cas les vestales du parti «pur», c’est-à-dire né d’un tronc unique et demeuré intact à travers toutes les vicissitudes, auraient raison demain de repousser par principe toute contamination par des fragments de groupes d’origine impure.

A posteriori, il est évidemment facile de spéculer sur la possibilité théorique que la scission de 1921 se soit faite plus à gauche. Mais il ne suffit pas de constater que notre courant avait accepté que les choses ne se déroulent pas ainsi (1); il faut aussi comprendre que même dans cette hypothèse extrême, toute hétérogénéité n’aurait pas complètement disparu, sauf à partager les thèses des «camarades turinois» selon lesquelles la Fraction abstentionniste aurait dû se changer elle même en Parti Communiste d’Italie. En réalité ce qui s’est produit - et qui est resté un cas unique en Occident - c’est que dès la période de la préparation du Congrès, les divergences de formation théorique et d’orientation politique n’ont pas empêché les groupes convergents avec la Fraction d’adopter une plate-forme unique, non sujette à négociations, approuvée sans réserves, sans désaccords sur tel ou tel point avec celle de l’Internationale, appliquée en bloc dans une action de prosélytisme et de propagande effectuée au grand jour, donc contraignante aussi bien vis à vis de l’intérieur de l’organisation que par rapport aux masses. C’est aussi que la présence du noyau «abstentionniste» né sur cette base, formé à cette école et discipliné, au cours d’une période brève dans l’absolu mais riche de manifestations de vie active, à un «style de travail» pleinement cohérent avec l’orientation générale - donc radicalement différent du mode de travail des regroupements dont provenait le gros des nouveaux militants -, permit d’encadrer dès le début les capacités, les tendances, les habitudes mentales et pratiques si diverses, en les mettant au service d’une ligne d’action unique, suivie rigoureusement en vue d’objectifs précis à court comme à long terme, parce que reconnue comme adéquate aux exigences supérieures de la lutte révolutionnaire.

Dans un parti né sur de telles bases il devenait donc inconcevable, quelle que soit la forma mentis de tel ou tel dirigeant, non seulement qu’existent et que soient tolérés des courants dotés de leurs organes propres et défendant des perspectives et des programmes en désaccord notoire avec ceux du parti et du Komintern, comme ce fut le cas dans le PCF dès sa naissance; mais également que soit reconnue à l’occasion la liberté à tel ou tel militant de prendre publiquement des positions personnelles, comme cela arriva dans le VKPD dès sa fondation; et nous disons inconcevable pour souligner qu’il s’agit d’un phénomène d’autodiscipline librement et naturellement consentie, d’une discipline ni formelle, ni superficielle, ni bureaucratique, mais - comme on commençait alors à le dire - organique, par le simple fait que personne n’aurait pu songer à appartenir à un groupe, à un courant ou à une fraction personnelle. Il devenait ainsi naturel et spontané que le parti agisse comme un tout unique, présente aux prolétaires un seul visage, donne aux problèmes surgissant au fur et à mesure une réponse uniforme, et s’organise sur la base d’un encadrement souvent stupidement qualifié de militaire, alors qu’il était simplement le même partout. Ainsi, si une bavure se produisait, sa correction n’entraînait aucun traumatisme néfaste, en dépit de la persistance des inerties du passé.

Dans les années 1923-24, Gramsci expliquera cette compacité des cadres dirigeants du parti par la domination de la «vigoureuse personnalité» de Bordiga; mais un tel facteur personnel (dont nous sommes loin d’exclure le poids) ne pouvait agir dans ce sens et avec ces résultats, que dans la mesure ou il s’exerçait selon une ligne d’orientation théorique et programmatique constante et impersonnelle et avec la plus grande rigueur possible dans l’encadrement du travail collectif. C’est précisément dans la synthèse de ces deux termes que consiste l’ «art de la direction» qui rend possible un degré quasi parfait d’homogénéisation de l’hétérogénéité, comme ce fut le cas dans une très grande mesure pendant les cinq années qui suivirent Octobre pour le Parti Bolchevique, où il se développa en remodelant groupes et individus de formation très diverses, et comme ce fut le cas pour le PC d’I. durant ses deux premières années de vie. L’homogénéisation ne tombe pas du ciel, c’est une conquête: c’est l’un des enseignements de Livourne (2). C’est aussi le point dont il faut partir pour saisir les véritables caractéristiques distinctives du parti de classe dans la situation d’alors.

Le parti, dont la constitution est annoncée le 21 Juin à Livourne par Fortichiari au nom du C.C. de la fraction communiste (3), avec le salut et l’approbation du représentant de l’Internationale, était composé dans sa grande majorité de militants de la gauche maximaliste (4) qui avaient afflué dans PSI au cours des deux années d’après-guerre; et cette composition ne pouvait pas ne pas se refléter dans ses organes dirigeants. Il est faux que le «courant bordiguiste» s’y soit assuré la prédominance: seuls 4 des 15 membres du CC (Bordiga, Grieco, Parodi, Tarsia), et 2 (Bordiga et Grieco) des 5 membres du CE (formé de Bordiga, Fortichiari, Grieco, Repossi, Terracini) venaient de la Fraction communiste abstentionniste. Il est exact par contre que les deux organes fonctionnèrent suivant une ligne d’action et une méthode de travail que, faute d’autres adjectifs, nous ne pouvons que définir que «bordiguiste». Ainsi, quand lors de la réunion restreinte au Congrès de Marseille entre le sous-comité du PCF sur la politique générale et la délégation de l’Internationale Communiste, le 27 décembre 1921, Bordiga expliqua qu’ «en Italie il n’y a pas de secrétaire général mais un noyau de direction centrale composé de cinq personnes interchangeables qui assurent au Parti une continuité dans le travail de tous les jours» (5), il n’exprimait pas seulement un critère organisatif essentiel, qui ne consistait pas à prétendre que tous les membres du CE avaient des capacités identiques et pouvaient exécuter les mêmes tâches (6), mais que tous travaillaient sur la base d’une même méthode et des mêmes fondements programmatiques et tactiques, chacun pouvant et devant donc se considérer comme le porte parole de l’ensemble; il exprimait aussi la certitude politique que puisqu’il n’existe pas de garantie absolue contre les erreurs ou les improvisations hasardeuses individuelles, (7) la correction de celles-ci pouvaient être faite grâce à l’homogénéité et la continuité de la ligne générale du parti.

Fidèle aux engagements pris, Amadeo Bordiga présenta à la réunion du Comité Central qui se tenait le même soir, l’ordre du jour voté la veille par l’assemblée des délégués de la Fraction communiste abstentionniste:

«Considérant que la Fraction s’était constituée pour résoudre le problème historique de la constitution du Parti Communiste en Italie par la lutte contre les tendances opportunistes et réformistes; constatant que ce problème a été résolu par le résultat du Congrès de Livourne; affirmant que la question de la tactique parlementaire des communistes, telle qu’elle a été exposée et soutenue au niveau international par la Fraction par une contribution critique qui conserve sa valeur dans l’élaboration de l’action et de la méthode communiste, doit être considérée comme résolue dans le domaine de l’action par les résolutions du IIe Congrès de l’Internationale Communiste; affirmant qu’aucune fraction autonome n’est permise au sein du Parti communiste, où doit exister au contraire l’homogénéité et la discipline la plus strictes», l’assemblée décidait «la dissolution de la Fraction».

Il reste que c’est précisément sur la base des principes et des méthodes que celle-ci avait défendus au cours d’une longue bataille, et en conformité avec une ligne d’action et des méthodes de travail qui grâce à elle seule avaient pu être diffusés et appliqués en Italie, que le parti put agir pendant les deux ans suivant sans que jamais apparaisse l’hypothèse d’une autre voie à suivre; au contraire, le parti agit dans la conviction générale qu’il n’y avait qu’une seule voie, celle définie centralement.

Pour les historiens à la page, tout épisode de vie interne du parti (quel que soit le parti) doit soit avoir une explication «ésotérique» (dans ce cas les facteurs personnels déjà cités, ou alors les «manoeuvres» plus ou moins souterraines de X ou Y), soit une explication banalement profane: et les voilà qui «expliquent» la forte centralisation, la stricte discipline, la structure hiérarchique basée sur la conscience d’appartenir à une armée révolutionnaire internationale, à l’unité non formelle mais réelle entre la théorie et de la pratique, qui caractérisaient le jeune PC d’I, par le fait supplémentaire qu’il était né et avait grandi sous les coups de l’offensive fasciste et dans l’effort d’y riposter. Et ce sont les mêmes historiens qui accusent rituellement la direction «bordiguiste» d’avoir sous-évalué la menace et, pire encore, la réalité du fascisme! La vérité est que si, à l’évidence, le déchaînement de la réaction en chemise noire dont la férocité coûta la vie à quelques uns des meilleurs militants du parti dans les mois qui suivirent immédiatement, posait dès le début de façon urgente le problème d’une organisation centralisée, disciplinée et de type tendanciellement militaire, il est tout aussi vrai que pour notre courant le fascisme arrivait comme forme ouvertement déclarée de la dictature bourgeoise en remplacement de son déguisement démocratique; loin d’imposer un «changement de programme» y compris sur le plan organisationnel, son apparition ne faisait donc que rendre plus explicite le lien indissoluble entre le rôle dirigeant du parti par rapport à la classe et le centralisme de sa structure, entre la fermeté dans la doctrine et la rigueur dans l’action pratique et dans l’organisation; il en était la confirmation, non la cause. On pourrait soutenir au même titre que la structure rigoureusement «pyramidale» du parti d’alors répondait à l’exigence de «guérir» le gros des militants d’origine maximaliste des tares d’une telle hérédité: laxisme et fédéralisme en matière d’organisation, flou en matière de théorie et absence de principes en matière de tactique. Ce qui est vrai; mais c’était seulement une confirmation que seule la fidélité aux principes marxistes dont le IIe Congrès de Moscou avait fait la base de l’adhésion à l’Internationale (8), pouvait permettre de résoudre les graves problèmes de l’action révolutionnaire. En d’autres termes, le parti de Livourne serait né de la même façon, même si ces deux circonstances historiques n’avaient pas existé: exiger qu’il naisse ainsi était une question de principe et non le résultat d’une analyse de la situation contingente.

D’autre part, si en 1924, parmi les rares mérites qu’elle daignait lui attribuer, la minorité de droite du PC d’I reconnaissait à la direction de gauche exécrée de 1921-1922 la «création d’une “tradition” politique nettement distincte de celui du parti que nous avions quitté» en ayant «inspiré aux camarades un sens vraiment communiste de leurs devoirs de militants» (9), c’est parce qu’une telle «tradition» avait été mise en avant avec une extrême détermination tant au sommet qu’à la base, en donnant «d’en haut» à tout le parti un exemple peut-être unique en Europe de cohérence dans les prises de position programmatiques, de continuité dans l’action, de discipline organisationnelle, d’absence de manoeuvres personnelles ou de groupes et de la vieille maladie du carriérisme (10), qui rendaient obligatoires mais non oppressives les directives (et, si nécessaire, les ordres) émanant d’une structure qui ne craignait pas d’être et de se déclarer hiérarchique, et transparents les rapports internes d’un réseau de parti aux mailles pourtant si étroites.

Dans une telle organisation il n’était nullement scandaleux (pas plus qu’il ne serait aujourd’hui légitime d’y voir un signe précurseur du... stalinisme) mais il allait de soi que la direction effective du parti soit assurée non par un organe lourd et quasi parlementaire comme le comité directeur français ou la Zentrale allemande, mais par un Exécutif restreint, souple, de travail, permanent, investi des responsabilités politiques les plus complètes, sans autre limite que d’en répondre devant le Comité Central et, si nécessaire, devant l’I.C. comme instance suprême (11).

«L’interprétation et l’exécution des principes acceptés par les congrès sont toujours de la compétence du C.E. du Parti», déclarait ainsi l’article 48 des Statuts approuvés à Livourne, précisant que le CE assume la direction de l’organe central communiste, nomme et «peut remplacer à tout moment les rédacteurs des quotidiens du parti et des organes fédéraux et de tous les autres organes politiques des organismes dépendant du PC», tient sous son contrôle et sous sa direction l’Exécutif de la Fédération de la jeunesse et sous une dépendance directe les CE des Fédérations provinciales du Parti (la nomination de ses secrétaires n’est valide qu’après sa confirmation) et «peut dissoudre à tout moment une section du Parti pour des motifs disciplinaires et politiques», tandis qu’elle «prend la direction du travail parlementaire tant en ce qui concerne l’activité du Groupe parlementaire» (qui est nommé par lui) «que celle de ses membres» (articles 47, 51, 36, 33, 67, 62).

En somme, c’est le véritable organe central de travail (avant tout d’un point de vue politique) du parti: c’est donc sous sa direction que l’article 3 des «dispositions transitoires» votées à Livourne le soir du 21 janvier établissait qu’il doit être procédé à «la révision de la composition de toutes les charges électives du Parti dans les communes, les provinces et au parlement, avec possibilité de dissoudre ces organismes»; ce même article statuait que l’activité de ces organismes, s’ils étaient conservés, devaient être contrôlés et dirigés en permanence.

Jeune parti dirigé par de jeunes militants (12), le PC de Livourne conditionne l’acceptation des nouveaux inscrits à l’«adhésion inconditionnelle au programme, ainsi qu’à l’observation des statuts et de la discipline la plus rigoureuse envers les délibérations du parti et de l’Internationale communiste»; s’il ne vient pas d’une section de la Jeunesse, il est soumis à une période de candidature de 6 mois durant lesquels «il ne peut pas occuper des fonctions de responsabilité, mais a toutes les obligations de tous les autres inscrits»; il doit présenter des garanties pratiques de «fidélité et d’esprit de discipline»; l’adhérent est tenu, sous peine de sévères mesures, de s’acquitter de devoirs bien précis - aussi bien envers la section (13) et le parti, dans toute la gamme de leurs activités, qu’envers la classe: par exemple, il doit «adhérer aux organisations professionnelles et syndicales respectives» et faire partie des groupes communistes constitués en leur sein. La perspective d’une vérification, et donc d’un éventuelle révision de ses cadres peu de temps après leur formation, non seulement ne les effrayait ni ne les humiliait pas, mais paraissait inscrit dans le processus normal de développement du militantisme révolutionnaire dans les conditions historiques données:

«Notre parti est un petit parti, écrivait Amadeo Bordiga dans l’article «Notre parti» publié sur «Il Comunista» le 7 avril. Ceux qui hésitaient au départ sur notre activité et nos positions, ne sont pas tous passés dans nos rangs; ils sont restés en dehors de notre parti et du parti socialiste. C’est une bonne chose. D’autres s’éloigneront lors de la première révision, pour laquelle nous allons donner les normes (14). Les camarades solides et fidèles seront encouragés par notre sérieux. Il est bien difficile de trouver un parti qui - au moment même ou il s’organise - accomplit amputations et révisions. Seuls les communistes peuvent accomplir des actes de ce genre sur leur propre organisme: ils n’ont aucune aspiration éphémère, ils abhorrent le grand nombre, le trop grand nombre d’inscriptions: ils ont besoin de vérifier attentivement la qualité de ceux qui veulent s’inscrire dans les rangs révolutionnaires (...). Comme notre parti ne recrute pas sur la base de la coercition, celui qui ne se sent pas de faire tout ce que le parti lui demande peut librement nous quitter tout de suite. Mais ceux qui acceptent de rester signent, en entrant dans le Part communiste, une déclaration de renoncement à de nombreuses libertés (...). En raison de l’urgence des événements et de la nécessité de l’accélération de notre préparation, il est inadmissible que les communistes perdent une seule minute dans le travail de consolidation de leurs propres rangs. Nous voulons avoir l’assurance que personne ne manquera à son devoir quand le parti exigera sacrifices et renoncements. La composition de notre parti, à quatre vingt dix pour cent ouvrier, conforte notre espoir que le PC fera sentir au prolétariat qu’il est le vrai, le seul parti de la classe ouvrière. Les camarades et tout particulièrement les chefs, doivent méditer sur les énormes responsabilités que nous assumons en ce moment et que nous ne pouvons ni ne devons éviter. Nous sommes en état de guerre ouverte, et pour nous et nos militants le code de guerre est en vigueur».

Les tâches que le parti devait affronter apparaissaient énormes, mais tous étaient d’avis qu’il arriverait à les accomplir d’autant mieux qu’il resterait lié aux critères qui avaient présidé à sa constitution, en cherchant à trouver dans la situation d’isolement initiale, acceptée courageusement comme inévitable, un motif non de faiblesse mais de force. Les prolétaires - notre courant le rappellera à l’Internationale - nous jugent à nos actes, non selon ce que nous déclarons vouloir faire en agissant de manière incompréhensible pour eux ou en contradiction avec nos affirmations quotidiennes. Il était essentiel que les prolétaires voient dans le «nouveau» parti quelque chose de plus et de mieux qu’une édition revue et corrigée du «vieux» parti.

Il était nécessaire de tourner le dos au passé, et de ne pas remettre en cause la scission; c’est pourquoi les groupes déjà adhérents à la Fraction communiste reçurent à Livourne l’ordre de se constituer immédiatement en sections du PC d’I et de fonctionner comme telles, sans procéder à des convocations plénières du parti socialiste, même motivée par la demande d’un compte-rendu du travail au Congrès par les délégués communistes, et en indiquant aux autres membres du PSI favorables à l’Internationale et à sa section italienne la voie de l’adhésion à la section territoriale locale du PC, qu’elle soit majoritaire ou minoritaire.

La scission devait être présentée, et apparaître clairement dans tous les épisodes même minimes de l’action du parti, comme un fait irrévocable - car «non voulue ou provoquée par des motifs inavouables, ou par les égarements fanatiques de petits groupes de personnes» (15). Il ne suffisait pas de l’expliquer avec le Manifeste aux travailleurs d’Italie du 30 janvier dans les 36 réunions tenues dans toute l’Italie le 20 février pour les objectifs indiqués dans la Proclamation (16); il fallait le démontrer dans la pratique, surtout dans les secteurs les plus difficiles de l’activité et de l’intervention organisée du parti, comme, pour donner un exemple, dans le cas des municipalités, où il fut immédiatement décidé:

1) que les prolétaires ne doivent pas avoir d’illusions sur la possibilité de s’en servir comme instruments de conquête du pouvoir, plutôt que de simples moyens pour empêcher la classe bourgeoise de renforcer ses privilèges;

 2) d’éviter la formation et le maintien en vigueur de coalitions et de délégations mixtes de communistes, socialistes et autres, en rendant ainsi clair à tout le monde que le «principe de l’intransigeance et de l’anti-collaborationnisme s’applique autant vis-à-vis du PSI que par rapport aux autres partis, parce que le PCI se distingue des uns comme des autres dans son programme, dans son analyse de la situation historique et dans les solutions qu’il donne aux situations immédiates» (17).

Il était urgent de mettre de l’ordre dans la délicate question des rapports internationaux (comme indiqué dans le communiqué du 13/3) en réagissant à la mauvaise habitude traditionnelle dans les sections du PSI d’accueillir et de croire quiconque se vantait d’une accréditation de Moscou ou qui, s’il n’en avait pas, prétendait donner des preuves concrètes de connaissance du mouvement international (quitte à ce qu’on s’aperçoive, toujours trop tard, qu’il s’agissait d’un commis voyageur de ses propres affaires, d’un fouinard, d’un agent provocateur, etc...). Il fut donc statué que «pour ce qui concerne les relations et les communications avec l’I.C. et les partis communistes à l’étranger, elles doivent passer exclusivement par l’intermédiaire CE du PC d’I » et que quiconque prétendait représenter une organisation communiste, nationale ou internationale, «sans s’être mis d’abord en rapport avec le CE et avoir été accrédité par lui, doit être considéré comme un élément suspect et doit être rigoureusement tenu à l’écart» (18).

Devant le développement de l’offensive fasciste, il fallait rendre les prolétaires conscients de l’inévitabilité de cette contre-attaque bourgeoise en chemises noires en évitant, les pleurnicheries à la manière social-démocrate sur la violence cynique ou sur la loi et la justice violées; il fallait leur redonner confiance en eux en leur montrant la nécessité et en même temps la possibilité d’affronter l’ennemi sur son terrain, sans pour cela tomber dans la phrase creuse des maximalistes. Nous verrons plus loin comment le problème fut affronté par le parti dans les mois suivants, mais il est intéressant de souligner ici la double directive émise dès février: éviter «tant que ce sera possible, et dans la mesure du possible» de «se laisser entraîner dans des actions isolées, où, sans une organisation spécifique, le prolétariat sera le seul à recevoir les coups; mais préparer les armes et les instrument» pour faire front aussi à des attaques isolées et périphériques et, dans certains cas, en prendre l’initiative. «Economie des forces, donc», mais «organisation solide et discipline de fer» comme condition préalable (19).

«La nouvelle organisation de lutte du prolétariat italien, qui se distingue par la solidité des liens internationaux, doit se forger de façon à éviter toujours plus les pernicieux défauts traditionnels de la superficialité, du désordre, de personnalisme qui ont été fatals au vieux parti, et les remplacer par les nouveaux critères de sérieux, de froide pondération en même temps que d’engagement sans réserve de tous les militants pour la cause commune» (20).

Il régnait dans le PSI une habitude invétérée d’autonomie de décision des sections en matière de manoeuvres tactiques, qui servait de couverture providentielle à des accords entre partis, même conclus avec les meilleures intentions et toujours justifiés comme des initiatives ayant pour but de donner une résonance ou de gagner la sympathie au parti ou d’assurer la défense de la classe et de ses organisations. Pour le PC d’I il n’existait aucun motif absolu et obligatoire pour refuser des accords limités et temporaires avec des partis politiques «ouvriers», à condition qu’ils soient passés, s’ils étaient jugés opportuns, pour des objectifs et avec des modalités et des limites établies centralement, et non selon l’arbitraire de la section intéressée, et en privilégiant dans tous les cas les organisations économiques du prolétariat. Avec une opportunité soulignée tant par les épisodes significatifs de la guerre de classe qui suivirent que par les événements politiques importants comme les élections générales de Mai, un communiqué du 20/3 sur les Rapports avec les autres partis et courants politiques affirmait:

 «Les Fédérations provinciales et les Sections du Parti communiste sont averties que, sans autorisation spéciale du C.E, elles ne doivent pas conclure d’accords avec d’autres partis et courants politiques (républicains, socialistes, syndicalistes, anarchistes) pour des actions communes permanentes ou momentanées, comme des réunions, manifestations, publications de manifestes ou numéros spéciaux, constitution de comités d’étude, de propagande, d’agitation sur la vie chère, le chômage, contre la réaction, pour les victimes politiques etc., pour la conquête et la direction d’institutions variées d’assistance, culturelles, de solidarité, etc, etc.

On n’entend pas établir ainsi que tout accord de ce type soit interdit, mais seulement s’assurer qu’ils ne soient établis que dans les limites, pour les objectifs et avec les modalités que la centrale du parti établira et communiquera le cas échéant, afin d’éviter les actions désordonnées et non centralisées (21).

On n’entend pas exclure non plus l’intervention des communistes dans des manifestations dont l’initiative appartient à d’autres partis, pour y prendre la parole et exposer le programme précis du parti, dans le but d’obtenir l’adhésion des masses à nos principes et nos méthodes.

 Ces dispositions ne concernent pas les rapports avec les organismes syndicaux, qui seront réglés par d’autres communications spécifiques de l’Exécutif.

En ce qui l’assistance matérielle juridique aux victimes politiques il peut se constituer des comités mixtes, mais il est recommandé d’en demander la nomination aux organismes syndicaux (Bourses du Travail), toujours en en donnant l’information au CE».

Prenant acte de l’enthousiasme avec laquelle se menait le travail d’organisation interne du parti, le CE devait écrire dans une circulaire de mi-Février: «Il est nécessaire que cette splendide floraison de centres communistes ne se fasse pas sans ordre et sans direction; il faut organiser sans retard toutes les forces en un réseau dense de liens réciproques de manière à ce qu’aucun effort ne se perde et ne reste ignoré» (22). En l’espace de quelques mois un Exécutif qui ne disposait que de peu de moyens matériels et de peu de bras, mais qui était doté par contre d’une dose exceptionnelle d’énergie et de dynamisme et qui était appuyé avec ferveur et enthousiasme par une base composée à 98 % d’ouvriers, pouvait dire qu’il avait réalisé dans ses grandes lignes le processus de constitution à l’échelle nationale (23) des fédérations, des sections, des groupes syndicaux d’usine, des cercles communistes (24). Il avait fait de son siège de Milan (où le 30/1 commença à paraître deux fois par semaine «Il Comunista») le centre d’une intense activité de liaison, de coordination, d’orientation du travail de diffusion dans la classe. Il impulsait un Comité central syndical efficace et un premier embryon de Bureau central féminin; il veillait sur la rigoureuse application de la tactique du «parlementarisme révolutionnaire» par le Groupe parlementaire (18 députés avaient adhéré à Livourne) et les membres des municipalités, conseils communaux et provinciaux; il liquidait les différents financiers avec le PSI en évitant les séquelles fastidieuses et les polémiques irritantes; tout en publiant régulièrement les grands quotidiens «L’Ordine Nuovo» à Turin et «Il Lavoratore» à Trieste, il jetait les bases de la publication mensuelle de «Rassegna comunista» et du contrôle d’une série de mensuels et bimensuels de provinces destinés à diffuser largement la propagande et les mots d’ordre communistes dans les secteurs les plus importants du mouvement ouvrier italien tout en mettant le centre en contact plus étroit et permanent avec les problèmes y compris locaux et quotidiens de la classe.

C’est à cette époque que se forme ce qui sera la physionomie caractéristique de l’ensemble du parti au cours des deux années suivantes, avec tout ce qu’elle comporte de positif mais aussi de relativement négatif. Le nombre des inscrits se retrouva dans les faits inférieur au nombre des voix récoltées à Livourne: à la fin de l’année il dépassait de peu les 43.000 (la baisse fut encore plus importante pour la Fédération de la jeunesse, presque divisée par deux au cours de l’année 1921) (25). Cela ne doit pas étonner: le phénomène des militants qui se déclarent pour le communisme à la veille du Congrès mais qui sont pris d’hésitation une fois la scission réalisée, se retrouve aussi dans les partis français et allemand, et, à un niveau encore plus élevé, dans les fragments restants des partis socialistes; par rapport à ces derniers les cadres des sections nationales de l’I.C. montrèrent d’ailleurs une toute autre capacité de résistance à la pression des facteurs externes (comme, en Italie, l’offensive des forces légales et illégales de la répression bourgeoise). Plus que d’affaiblissement ou de raréfaction des effectifs, il s’agit d’une dure sélection à l’épreuve des lourdes exigences demandées par le parti à ses militants. Si ce phénomène et d’autres qui lui sont liés dont nous parlerons, ne donna jamais lieu à des reproches ou des regrets, cela posa au parti la tâche qu’il affronta rapidement et avec décision, de combler les vides et dépasser les obstacles créés par la situation objective; personne ne pensa à idéaliser cette situation, même si l’on s’efforçait d’en souligner les côtés positifs.

En fait la difficulté tant de «percer» dans les forteresses des grandes organisations économiques, que de gagner une influence parmi les couches petites-bourgeoises, notamment intellectuelles et paysannes, confirmait le jugement sur la résistance particulière que les conditions historiques et sociales de l’Europe hautement capitaliste offraient à l’attaque prolétarienne et qui, selon notre courant, imposait une tactique à la fois plus rigide et fermée sur le plan politique, et extrêmement souple et ouverte à la compréhension des exigences des différentes couches sociales sur le plan revendicatif.

La forte composante ouvrière constituait pour le parti une garantie solide de sérieux, de fermeté et d’esprit militant, mais elle ne contribuait pas à résoudre, mais aggravait plutôt les difficultés causées par le manque de forces disponibles sur le plan tant de la propagande orale et écrite (journalistes, orateurs), que de l’organisation (permanents, etc.).

Si le Parti était présent partout au plan national, 89 % de ses adhérents se concentraient dans le Piémont, en Vénétie julienne, Emilie, Lombardie, Toscane, Ligurie, Marche (26); il devait se consolider dans ces places fortes d’origine (et le faire dans les conditions toujours plus difficiles créées par le déchaînement de la réaction) avant, sinon de partir à la conquête du Mezzogiorno, du moins d’aller vers sa pénétration graduelle. Ce n’est que par la suite et que de façon marginale qu’il pourra attirer dans ses rangs une représentation un tant soit peu significative de petits et très petits paysans - sans pour cela se travestir en parti «national», héritier et continuateur du Risorgimento, etc. (comme, à la suite de Gramsci, le feront les staliniens), appliquant ainsi fidèlement les rigoureuses thèses marxistes du IIe Congrès sur la question agraire (27).

Se distinguant dès l’origine de tous les autres PC d’Europe occidentale par la quantité et l’intensité de son intervention dans les luttes revendicatives, le parti ne se développa rapidement que dans les catégories ouvrières et les Fédérations de métiers très combatives mais relativement secondaires comme celle des travailleurs du bois - tant continuaient à être fortes parmi les grandes masses l’emprise des organisateurs professionnels de la CGL et le prestige du vieux parti. Ce phénomène était d’ailleurs parallèle à celui du développement plus rapide en province que dans les capitales, dans les villes petites et moyennes que dans les grandes (28), qui peut s’expliquer par le poids matériel d’inerties sociales et politiques et de facteurs retardants de nature économique contre lesquels il fallait se battre et non les prendre comme des faits immuables. Le pourcentage enfin de femmes était faible, aspect spécifique d’une «réalité italienne» dont le parti a combattu la néfaste influence dès le début, en consacrant une large place dans sa presse aux problèmes des femmes prolétaires et en donnant une forte impulsion à la constitution de groupes féminins dans les sections, avec si possible une représentation dans les comités fédéraux et de sections, comme cela avait été indiqué à Livourne dans la déclaration de constitution du parti.

Homogénéité dans l’orientation, fermeté dans la direction, rigueur dans la tactique et l’organisation: tout ce qui, pour les historiens bourgeois est la marque d’un parti sectaire et «élitiste», reclus dans sa tour d’ivoire, était en réalité (et ceci pour le marxisme n’a pas besoin de confirmation) la condition et le moyen d’une politique d’initiative énergique par rapport à la classe, qui n’attendit pas que s’achève la structuration organisationnelle du parti, mais l’accompagna dès le début, en l’alimentant tout en s’en nourrissant - la politique d’un parti d’action révolutionnaire comme le IIIe Congrès appellera toutes les sections nationales de l’I.C. à le devenir.

 Une succession serrée de réunions d’organisateurs communistes, d’assemblées des principales Bourses du Travail et Fédérations de Métiers où le parti était fort, d’appels de la Commission syndicale communiste aux prolétaires organisés et d’articles de clarification et d’orientation précédèrent les interventions au Ve congrès de la CGL et au Xe de la Résistance, tenus à Livourne du 26/2 au 3/3, auxquels le PC d’I participa en force, non pas avec «l’illusion puérile d’obtenir un succès quelconque, mais avec l’intention d’exposer de manière claire son point de vue et d’attirer sur lui l’attention des masses et de tous ceux qui ont des yeux pour voir et l’impartialité d’esprit pour juger» (29). Il ne s’agissait pas seulement de combattre l’accusation des réformistes et des centristes selon laquelle la tactique des communistes consistait à «former des syndicats minoritaires à leur image» en montrant au contraire qu’ils cherchaient à «pénétrer et conquérir les syndicats existants, où se trouve la grande majorité des travailleurs, dont on ne peut s’éloigner, au sein de laquelle il faut travailler pour l’arracher à l’influence des chefs réformistes actuels» (30) - tout le contraire, donc, de ce que préconisaient les tribunistes hollandais ou le KAPD allemand.

Comme le firent au congrès Repossi et Tasca, Vota et Azzario, il fallait aussi opposer à la tentative des chefs confédéraux de réduire les questions en discussion à de simples questions techniques et organisationnelles, l’exigence d’un changement radical d’orientation de l’activité revendicative. Il ne s’agissait pas, bien entendu, de nier ou de sous-évaluer les luttes et les revendications immédiates des travailleurs, mais de les orienter et de les diriger vers la préparation des masses à l’assaut révolutionnaire; pour cela il fallait briser les racines du pacte d’alliance avec le PSI, et adhérer sans réserves à l’Internationale des Syndicats rouges en rompant tout lien avec Amsterdam. Il s’agissait en même temps de mettre en avant la nécessité d’un changement tout aussi radical de la structure des organisations syndicales, afin d’y permettre une vie interne plus riche, une participation plus directe des adhérents aux débats et aux décisions d’intérêt politique collectif, un contrôle plus strict des chefs par les syndiqués - non pas au nom d’une «plus grande démocratie», mais parce qu’ il aurait été ainsi plus facile de conquérir les organisations de «résistance ouvrière» à la cause révolutionnaire.

Les lignes directrices de l’intervention communiste au Congrès confédéral furent exposées avec une particulière clarté dans l’article de Bordiga «La bataille communiste pour le Congrès de la Confédération du Travail», paru dans le n° 4 du 10/2/1921 de «Il Comunista» que nous reproduisons en annexe et auquel nous renvoyons donc le lecteur (31). Ce ne furent pas directement les réformistes, mais les maximalistes qui formulèrent la motion Bensi d’approbation (point premier) du travail des dirigeants sociaux-démocrates (32) et les deux motions Ramella en faveur (second point) de «rapports toujours plus solides entre le PSI et la CGL» et d’ «adhésion inconditionnelle à l’initiative pour la création de l’Internationale des syndicats rouges, avec l’engagement (à propos d’... adhésion inconditionnelle !) de maintenir les rapports de la CGL avec le PSI et pourvu que soit reconnu pour l’Italie le principe de l’unité syndicale confédérale (que personne, dans le camp communiste, ne mettait en discussion)», ainsi que de la «sortie de l’Internationale des syndicats d’Amsterdam à la suite (et ceci voulait dire: après avoir pris connaissance des, et avoir validé l’opportunité d’adhérer à) des résolutions qui seront prises au Congrès syndical de Moscou». A l’inverse la motion présentée par les communistes (unique, mais séparable en deux parties, comme ce fut fait en conformité avec l’ordre du jour) posait de manière tranchante l’ensemble des problèmes rendus brûlants par la situation interne et internationale:

 

Motion communiste au Congrès de Livourne de la CGL

 

 «Le Congrès de la Confédération générale du Travail, après discussion à propos des rapports internationaux et des rapports avec le parti prolétarien, considérant:

que la situation causée dans tout le monde capitaliste par la grande guerre de 1914-1918 ne peut se résoudre que par la lutte révolutionnaire du prolétariat de tous les pays contre la bourgeoisie, pour lui arracher la direction de la société;

que la structure et les méthodes des vieilles organisations prolétariennes, tant syndicales que politiques, face aux problèmes de la guerre et de l’après-guerre, se sont révélées inadaptées à la lutte pour l’émancipation des masses, dégénérant dans la collaboration larvée ou ouverte avec la classe dominante;

que de la situation et des expériences révolutionnaires provoquées par la guerre sont nées les directives pour la réorganisation du mouvement prolétarien mondial, avec l’organisation de la nouvelle Internationale communiste;

que l’unique voie qui puisse mener à l’émancipation des travailleurs du joug du salariat est celle qui est tracée par le programme et les méthodes de l’Internationale communiste, par le renversement violent du pouvoir bourgeois et l’instauration de la dictature prolétarienne au travers du régime des Conseils de travailleurs, qui réalisera la démolition du système économique capitaliste et la construction de la nouvelle économie communiste ;

que l’instrument principal de la lutte prolétarienne pour réaliser ces objectifs est le parti politique de classe, le parti communiste, qui dans chaque pays constitue la section de la troisième Internationale;

que les syndicats ouvriers, voués par la politique social-démocrate des dirigeants réformistes et petit-bourgeois à une pratique contre-révolutionnaire de collaboration de classe, peuvent et doivent être des facteurs de très grande importance du travail révolutionnaire, quand en seront radicalement rénovés la structure, la fonction, les orientations, en les arrachant à la domination de la bureaucratie des fonctionnaires actuels;

 que la tactique adoptée par la troisième Internationale pour atteindre ces objectifs exclut et condamne la sortie des minorités révolutionnaires des rangs des syndicats dirigés par les réformistes, mais leur prescrit de travailler et lutter en leur sein, par la propagande des principes communistes, par la critique incessante du travail des chefs, par l’organisation d’un réseau de groupes communistes d’entreprises et de syndicats strictement liés au Parti communiste, dans le but de conquérir la direction du mouvement syndical et de l’ensemble des actions de classe du prolétariat;

reconnaît comme indispensable la création, aux côtés de l’Internationale communiste de Moscou d’une Internationale des syndicats révolutionnaires; but ne pouvant être atteint que par la sortie des confédérations syndicales conquises par les communistes, de l’Internationale syndicale jaune d’Amsterdam, organisme où se perpétuent les pratiques défaitistes de la Seconde Internationale, et à travers lequel les agents dissimulés de la bourgeoisie, et de son organisation de brigandage qui s’appelle la Société des Nations, tendent à conserver une influence sur les grandes masses prolétariennes;

estime que la Confédération syndicale nationale, ainsi que les minorités communistes organisées au sein des syndicats réformistes, doivent adhérer à l’Internationale syndicale rouge de Moscou, qui au flanc de l’Internationale politique rassemble tous les syndicats qui sont pour la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie. En conséquence, le Congrès délibère que la Confédération générale du Travail italienne:

 

a) rompe avec l’Internationale syndicale d’Amsterdam;

b) rompe le pacte d’alliance avec le Parti socialiste italien, tant parce que ce pacte est inspiré de critères tactiques social-démocrate dépassés que parce que ce parti est en dehors de la troisième Internationale;

c) adhère sans conditions à l’Internationale syndicale de Moscou et participe à son imminent Congrès mondial pour y soutenir les directives syndicales rappelées ci-dessus, c’est-à-dire celles qui sont contenues dans les thèses sur la question syndicale approuvées par le second congrès mondial de l’Internationale communiste;

d) aligne sur ces directives ses rapports avec le Parti communiste d’Italie, unique section italienne de la troisième Internationale, en y reconnaissant l’organisme à qui revient la direction de l’action de classe du prolétariat italien».

 

En dépit du peu de temps disponible pour la préparation du Congrès et en dépit de l’absurdité des critères du comptage des votes - par Fédérations et par Bourses du travail - , ceux-ci donnèrent les résultats suivants sur les deux points à l’ordre du jour: Point 1, Bourses du travail, motion socialiste: 598.241 voix, motion communiste: 293.428 voix, abstentions: 17.371. Fédérations de métiers, motion socialiste: 836.932 voix, motion communiste: 139.130, abstentions: 4.815. Point 2, Bourses du travail, motion socialiste: 556.608, motion communiste: 287.966, abstentions: 6.000; Fédérations de métiers, motion socialiste: 797.618, motion communiste: 130.499, abstentions: 15.347. tc "En dépit du peu de temps disponible pour la préparation du Congrès et en dépit de l’absurdité des critères du comptage des votes - par Fédérations et par Bourses du travail - , ceux-ci donnèrent les résultats suivants sur les deux points à l’ordre du jour\: Point 1, Bourses du travail, motion socialiste\: 598.241 voix, motion communiste\: 293.428 voix, abstentions\: 17.371. Fédérations de métiers, motion socialiste\: 836.932 voix, motion communiste\: 139.130, abstentions\: 4.815. Point 2, Bourses du travail, motion socialiste\: 556.608, motion communiste\: 287.966, abstentions\: 6.000; Fédérations de métiers, motion socialiste\: 797.618, motion communiste\: 130.499, abstentions\: 15.347. "

Le résultat des communiste représentait un succès notable obtenu en dépit de tous les obstacles de la procédure et de la situation; c’était en particulier un succès d’avoir obtenu de tels résultats précisément là où, comme dans les Bourses du travail, les débats politiques et la représentation proportionnelle étaient le plus souvent possibles, alors que dans les Fédérations de métier, il était difficile sinon quasiment impossible que s’affirme une tendance opposée à celle de la bureaucratie dominante. C’est donc à bon droit que le Compte-rendu du Comité central au IIe Congrès national du PC d’I, Rome, 20-24 Mars 1922, observe: «Il faut se rappeler que, selon les statuts confédéraux, tant les Bourses du travail que les Fédérations de métiers votent au congrès seulement pour la moitié de leurs inscrits, ceci pour que lors des votes le nombre d’inscrits n’apparaisse pas doublé.(...) Pour évaluer de manière plus objective la réalité, il faut mesurer les forces communistes existant au sein de la CGL uniquement sur la base des résultats des Bourses du travail selon lesquels 586.856 travailleurs s’étaient prononcés pour les directives communistes» tandis que 1.155.549 votaient pour les directives non tant socialistes proprement dites que plus précisément confédérales).

L’intervention des communistes au Congrès marqua le début d’une dure bataille à l’intérieur de la CGL dont les étapes suivantes seront les Conseils nationaux confédéraux des 22-25 Avril à Milan et de début Novembre à Vérone, et d’une intense activité à l’intérieur et à l’extérieur des confédérations (CGL et USI) tant pour l’unité syndicale que pour l’organisation d’une riposte de l’ensemble du prolétariat italien à l’offensive conduite sur tous les fronts par le patronat. Dans cette perspective une nouvelle réunion d’organisateurs communistes est organisée le 4 Mars pour compléter le Comité central Syndical provisoirement constitué à Livourne avec comme secrétaire Luigi Repossi (le C.S. où entreront aussi deux travailleurs agricoles) à la fois pour la coordination de la propagande et de l’agitation, et pour la «préparation des modifications statutaires» à proposer au Congrès national suivant de la CGL. Si l’on songe à la résistance opposée par le PCF à une action systématique au sein des syndicats, à sa répugnance à intervenir sur le terrain des organisations économiques (ce qui était une façon de se laisser les mains libres pour privilégier le travail... parlementaire ou municipal), ou à l’oscillation perpétuelle du VKPD entre un minimalisme myope et un «offensivisme» poussé à l’absurde, on ne peut pas ne pas constater que nous nous trouvons ici, pour ainsi dire, dans un autre monde - peut-être moins spectaculaire d’un point de vue immédiat, mais plus solide et plus réaliste à longue échéance.

Un aspect secondaire mais non sans intérêt de la bataille conduite dès sa naissance par le PC d’I pour la conquête des grandes masses, est l’intense action menée au sein de la Ligue des Locataires et de la Ligue prolétarienne des mutilés et invalides de guerre. Fondée en 1919, cette dernière avait tout de suite adhéré à l’I.C. avec d’autres organisations analogues d’autres pays, sans que cela empêche les réformistes et les maximalistes d’en garder le contrôle et d’en limiter l’activité à la défense des revendications économiques des anciens combattants. Dès le début, les communistes avaient au contraire compris l’importance qu’un tel organisme aurait pu revêtir pour la préparation militaire du prolétariat (33). Un appel des «communistes adhérents à la Ligue prolétarienne» paru dans «Il Comunista» du 20 février trace ainsi le programme que les groupes communistes au sein de la Ligue se proposaient de mettre en avant:

« 1) Stricte subordination de la Ligue au PC, unique et exclusive section en Italie de l’Internationale communiste, à laquelle la Ligue a donné son adhésion enthousiaste cette année; 2) action énergique de la Ligue prolétarienne pour développer l’action du Bureau International des anciens combattants (...); 3) élargissement des bases de la Ligue jusqu’à comprendre tous les anciens militaires et tous les militaires sans aucune distinction; 4) propagande résolue et tenace pour faire comprendre aux anciens combattants l’absolue nécessité de se préparer à devenir les combattants de l’armée révolutionnaire contre la dégénérescence malsaine de la lâcheté social-pacifiste» (34).

Au cours des deux années suivantes le Parti Communiste saura faire de la Ligue un des fiefs de son travail de pénétration dans les organisations intermédiaires et dans les rangs du prolétariat, combattant d’un côté les infiltrations social-pacifistes et de l’autre les tendances à la neutralité politique, même si il ne réussit pas, sur le plan immédiat, à la mettre au service de l’autodéfense prolétarienne, ni, dans une perspective plus vaste, de la préparation de l’ «encadrement de la garde rouge pour la guerre civile».

Par ailleurs le travail d’organisation du nouveau parti ne devait pas se faire au détriment d’un patient travail de clarification théorique. La nécessité de ce travail fut trop souvent alors mal comprise; il était pourtant indispensable étant donné que chez nombre de nouveaux adhérents persistaient les préjugés, les incertitudes et les ambiguïtés issus du passé maximaliste: l’adhésion par instinct à la IIIe Internationale, plus que par conviction au PC d’I, ne signifiait pas l’assimilation, même approximative, des fondements du communisme.

 

*  *  *

 

Les articles d’ Amadeo Bordiga (35) que nous publions en annexe étaient destinés à ce travail d’orientation et de clarification théorique, toujours envisagé sous l’angle de la préparation pratique des militants. Le premier («La fonction de la social-démocratie en Italie») combat l’illusion qu’un gouvernement social-démocrate puisse représenter un anneau intermédiaire entre le régime bourgeois et la révolution et la dictature prolétarienne, et donc l’idée que les communistes devraient faciliter sinon directement appuyer sa formation.. Comme le confirment les expériences allemande, hongroise et bavaroise, non seulement l’arrivée au pouvoir de la social-démocratie ne constitue pas une étape obligatoire vers la révolution, mais elle est en réalité un moyen ultime de défense du pouvoir bourgeois, n’hésitant pas à prendre en charge la répression violente et sanglante des masses en révolte. Par conséquent, explique l’article, si nous n’avons pas encore la force, comme ce serait bien préférable, d’empêcher cette funeste expérience en abattant l’Etat bourgeois en même temps que ses laquais, nous devons nous préparer à sa réalisation en conservant une indépendance politique et organisationnelle absolue.tc "Les articles d’ Amadeo Bordiga (35) que nous publions en annexe étaient destinés à ce travail d’orientation et de clarification théorique, toujours envisagé sous l’angle de la préparation pratique des militants. Le premier («La fonction de la social-démocratie en Italie») combat l’illusion qu’un gouvernement social-démocrate puisse représenter un anneau intermédiaire entre le régime bourgeois et la révolution et la dictature prolétarienne, et donc l’idée que les communistes devraient faciliter sinon directement appuyer sa formation.. Comme le confirment les expériences allemande, hongroise et bavaroise, non seulement l’arrivée au pouvoir de la social-démocratie ne constitue pas une étape obligatoire vers la révolution, mais elle est en réalité un moyen ultime de défense du pouvoir bourgeois, n’hésitant pas à prendre en charge la répression violente et sanglante des masses en révolte. Par conséquent, explique l’article, si nous n’avons pas encore la force, comme ce serait bien préférable, d’empêcher cette funeste expérience en abattant l’Etat bourgeois en même temps que ses laquais, nous devons nous préparer à sa réalisation en conservant une indépendance politique et organisationnelle absolue."

Les articles suivants («Le problème du pouvoir», «La marche vers le pouvoir», «L’utilisation de la violence») sont dirigés contre une variété bien «italienne» de social-démocrates (en pratique la grande majorité des réformistes) qui se croit marxiste par le seul fait qu’elle utilise les concepts de lutte de classe, d’intransigeance politique, d’arrivée au pouvoir sans participation bourgeoise; la réalité est que ces déclarations ne valent rien si elles ne sont pas complétées par la reconnaissance que «le pouvoir d’Etat reste de fait dans les mains de la bourgeoisie tant que subsistent les institutions parlementaires et exécutives de l’Etat actuel», c’est-à-dire par la reconnaissance de la nécessité inéluctable de les abattre par la violence révolutionnaire et de les remplacer par les institutions (aux buts inverses) de la dictature prolétarienne. Ces articles réfutent en même temps la thèse maximaliste qui tout en admettant en paroles la nécessité de la violence, en renvoie l’emploi aux conditions soit disant favorables qui se présenteraient à un moment donné futur: elle empêche ainsi le prolétariat et son parti de se préparer, y compris dans les situations les plus défavorables, à l’assaut inévitablement violent ou de l’adversaire contre ses organisations, ou de ces organisations contre l’ennemi et ses institutions étatiques.

 L’article «La clef de la diffamation du bolchevisme» que pour des raisons de place nous n’avons malheureusement pas pu reproduire en annexe était une première réponse aux principales variantes de la propagande diffamatoire des social-démocrates contre la révolution russe et en particulier de ceux qui, partis «en mission» dans la République des soviets à l’époque du IIe Congrès mondial, revenaient à la charge avec des «arguments» en faveur de la voie pacifique, graduelle, anti-révolutionnaire et anti-dictatoriale au socialisme. L’article démontre que jamais le programme communiste n’a soutenu que la forme politique instituée par le prolétariat après la prise du pouvoir sera fondée sur un principe abstrait d’égalité (au contraire, il a toujours indiqué que ce serait un régime d’inégalité, puisque de classe): «L’égalité politique, tant qu’existe le système de l’économie privée, est une illusoire fiction bourgeoise; il ne sera possible d’y arriver qu’en conséquence d’une égalité économique, résultat ultime du processus révolutionnaire. (...) il est préférable de dire que le pouvoir, la domination, la dictature du prolétariat conduiront à l’élimination de l’exploitation économique et de toute forme de domination politique. De sorte que, puisqu’il y aura inégalité politique tant qu’existera une fonction politique, la phrase égalité politique est une absurdité du point de vue marxiste; elle n’a jamais figuré dans les programmes à appliquer au régime révolutionnaire russe qu’il plaît à Bianchi de dire d’exception peut-être parce que pour ses pairs la règle est... la contre-révolution. Il est donc logique que la bourgeoisie n’ait en effet aucun droit politique dans le régime soviétique et que le semi-prolétariat rural en ait moins que le prolétariat urbain, classe dirigeante de la révolution».

L’article rappelle aussi que jamais l’objectif de la dictature prolétarienne en économie a été la gestion des entreprises par leurs conseils ouvriers respectifs et selon leurs exigences plutôt que par le pouvoir d’Etat central, et selon les intérêts généraux de la collectivité; et que les bolcheviks n’ont jamais cru que «l’égalité des conditions matérielles des hommes» puisse être atteinte, et vice-versa que les tares propres au mode de production capitaliste - la corruption, la spéculation, etc. - puissent être éliminés, du jour au lendemain par... décret. Il démontre au contraire que la critique basée sur l’absence de telles «réalisations» dans la Russie révolutionnaire révèle, dans la meilleure des hypothèses, une ignorance complète du communisme marxiste, et dans la pire, une parfaite mauvaise foi.

 

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La qualité des articles d’orientation théorico-programmatiques et de polémique générale avec les partis adverses, qui ne tombaient jamais dans la pure abstraction mais traitaient toujours les problèmes brûlants et les expériences vivantes de la lutte de classe, ne doit pas faire croire que la presse du parti était de tonalité essentiellement «doctrinaire». Bien au contraire, sa caractéristique nettement marquée était d’être une presse de combat. Elle se nourrissait d’un contact très étroit avec les développements de la situation de la classe ouvrière, d’une référence constante aux questions brûlantes de l’affrontement y compris physique avec la classe ennemie en Italie et dans le monde, d’une information détaillée sur les vicissitudes du mouvement ouvrier en général et du parti en particulier, et d’une attention vigilante aux problèmes d’organisation et à leur résolution sur tous les plans de l’intervention et de la discipline des forces communistes. Nous le disons non parce que nous ressentons le besoin de «justifier» le parti d’alors, de le «laver» de ce que seuls les super-opportunistes d’aujourd’hui peuvent considérer comme une honte - l’importance fondamentale donnée aux questions de principe -, mais tout simplement parce que ce serait défigurer la vérité que de l’ignorer.

Pas l’ombre d’un nuage n’assombrissait alors les relations entre ce parti et Moscou. Le 23 janvier, le CC avait envoyé de Milan à l’Internationale le message suivant (36):

«Chers camarades, nous supposons que vous avez reçu les premières nouvelles sur ce qui s’est passé au congrès de Livourne du PSI.

Après un très vif débat, qui a démontré une fois encore que la droite du parti était opposée tous les principes du communisme et de la Troisième internationale, et que sous le nom de Fraction communiste unitaire le centre faisait cause commune avec la droite, et par conséquent repoussait ouvertement les décisions et les conditions du IIe Congrès de l’Internationale; après des manifestations continuelles de ces deux tendances contre la politique de l’I.C. et contre vos représentants, la motion proposée par notre Fraction avec votre accord et votre soutien, a été repoussée, bien qu’elle ait atteint un score flatteur. Dans cette situation, après avoir déclaré que la majorité du congrès s’était mise par son vote en dehors de l’I.C, les délégués communistes se sont réunis séparément et dans le plus grand enthousiasme ils ont déclaré la constitution du Parti Communiste d’Italie, Section de l’Internationale communiste.

Au nom des délégués communistes réunis à Livourne, au nom des 60.000 camarades qu’ils représentent, au nom des masses prolétariennes qui déjà se pressent autour de nous, nous vous envoyons, camarades du CE, représentants des travailleurs communistes du monde entier, un salut vibrant de foi et de volonté communiste comme premier acte du nouveau Parti pour attester le lien de solidarité et de discipline avec lequel les communistes italiens se rattachent aujourd’hui à l’Internationale communiste.

Nous saluons en même temps le glorieux prolétariat de la Russie des Soviets, avant-garde de la révolution mondiale.

Vive la République universelle des Soviets! Vive l’Internationale communiste!»

Le 25 janvier 1921, le CE de l’Internationale répond par un radiogramme, curieusement rendu public par l’agence «Stefani» avant d’arriver au bureau central du parti. On y lisait:

 «Au Parti communiste d’Italie et aux camarades Bombacci, Bordiga, Terraccini et autres.

Le CE de l’I.C. exprime sa profonde solidarité et envoie son salut fraternel. Votre Parti est le seul accepté par l’Internationale communiste en Italie. Nous sommes profondément persuadés que les ouvriers conscients de votre pays passeront de jour en jour de votre côté. L’unité de Serrati et de sa fraction avec la fraction réformiste adversaire de la révolution prolétarienne montrera à tous que la fraction italienne des unitaires centristes est plus proche des éléments bourgeois réformistes que des communistes prolétariens. Toute l’I.C. tirera de ces faits la conclusion inévitable.

Soyez fermes, camarades, parce qu’en ce moment toutes les forces bourgeoises et leurs innombrables agents se concentrent contre votre parti. Les travailleurs communistes du monde entier sont avec vous. L’avenir sera vôtre, et non à ceux qui, sous une forme ou une autre, veulent s’entendre avec la bourgeoisie, les réformistes étant leurs intermédiaires.

Vive le Parti communiste d’Italie! Vive le prolétariat italien!»

Après avoir signalé que le message démentait toute dissension entre l’I.C. et les communistes italiens, «Il Comunista» écrivait dans un bref commentaire:

«De Moscou, glorieuse capitale de la révolution, l’organe central suprême de l’immense armée prolétarienne en lutte pour le communisme, tout en confirmant que nous sommes les interprètes de sa pensée et les soldats de son action, rappelle contre quels nombreux ennemis nous devons lutter, et il assure que tous les travailleurs communistes du monde sont avec nous.

C’est pour être dignes de ces derniers que nous devons consacrer toutes nos forces à la lutte contre les innombrables ennemis, en réussissant à abattre tous les obstacles et à dépasser toutes les difficultés. C’est ce point du message de Moscou qui, nous semble-t-il, nécessite à l’heure actuelle la plus vive attention de tous nos camarades, en leur rappelant que, si ce message nous confirme lumineusement que nous sommes sur la bonne voie, il reste à accomplir la partie la plus dure et la plus difficile de notre chemin. Et nous répétons avec une foi indéfectible ce qu’affirment les camarades de Moscou: l’avenir est à nous et à personne d’autre, parce que l’avenir est au communisme et à la révolution».

C’est dans cet esprit, étranger à toute rhétorique, que le Parti entamait sa dure bataille.

 

 

 


 

 

(1) On pourrait nous objecter que cela avait été accepté par discipline envers Moscou. Mais ce n’est vrai que pour ce qui est du degré à gauche avec lequel la scission s’est faite, non pour ce qui est du critère général suivi au cours du processus de scission qui impliquait nécessairement l’acceptation d’un minimum de «risque calculé», au sens d’une concordance imparfaite entre les différences parties. Du reste, que la gauche n’aie pas pensé «construire» le parti par une simple expansion «en tâche d’huile», cela est prouvé par son attitude, dès avant le IIe Congrès, vis-à-vis des groupes avec lesquels elle était en polémique ouverte, comme l’ «Ordine Nuovo»: celui-ci avait été invité à la Conférence nationale de Mai en qualité pas seulement d’«observateur», ou comme le KAPD dont elle n’excluait pas le retour au sein du parti allemand, exactement comme l’Exécutif de l’Internationale qui essaiera par la suite d’y arriver.

(2) Si nous voulions avancer une formule inédite, nous pourrions dire que, si le parti est toujours une minorité, et seulement en tant que minorité peut être l’organe et pas simplement une partie de la classe, l’existence d’une minorité de la minorité est nécessaire pour sa constitution, à savoir un noyau restreint qui permette à l’organe de fonctionner de la manière la plus homogène et donc la plus efficace possible. En 1921 ce concept général se manifeste dans le fait - contradictoire seulement en apparence - que la fraction abstentionniste fut le seul groupe à ne pas se dissoudre avant la constitution du parti.

(3) La formule était: «L’assemblée des délégués de la Fraction Communiste déclare constitué le Parti communiste d’Italie, Section de l’Internationale Communiste, et passe à la discussion sur l’organisation interne du Parti».

(4) Quoi que puissent dire rétrospectivement les historiens, les représentants les plus en vue du «groupe» de «L’Ordine Nuovo», à part Gramsci et quelques uns de ses collaborateurs les plus directs, appartenaient eux aussi à cette gauche maximaliste: c’est le cas des Terracini, Togliatti, Tasca, etc.

(5) cf les procès verbaux de la réunion dans «The Comintern, Historical Highlights», p.377.

(6) Officiellement, Bordiga était en charge de la politique générale, Grieco de l’organisation, Terracini de la presse et de la propagande, Repossi de l’activité syndicale, Fortichiari du «premier bureau», chargé de l’organisation illégale du parti. Il est évident qu’un Bordiga, qui selon Gramsci avait la capacité de travail de quatre, pouvait également diriger le travail de toute l’équipe dans les divers secteurs, sans que jamais ne surgissent... des conflits de compétences, ni sans que règne un sentiment de solidarité et de camaraderie dont même les pires adversaires de notre courant ont reconnu l’existence mais qui est si rare dans les partis à la structure aussi fortement «hiérarchisée».

(7) Au IIIe Congrès mondial la délégation italienne fut, au moins en partie, responsable d’une «fausse note» que notre courant attribua à «la grande facilité d’improvisation d’un des centristes actuels (nous sommes en 1925!- NdlR), qui ferait bien d’en prendre enfin la responsabilité» (cf. «Le danger opportuniste et l’Internationale», «l’Unita», 30/9/1925. Voir aussi le paragraphe 4 de la IIIe partie des «Thèses de Lyon», dans notre brochure «En défense de la continuité du programme communiste», Textes du P.C.Int. n°7). Il s’agissait d’ Umberto Terracini: inutile de dire que la responsabilité des «erreurs de type infantile» commises alors n’a jamais été reconnue par celui qui deviendra président de l’Assemblée constituante après la guerre.

(8) P.Spriano, historien quasi officiel de feu le Parti Communiste Italien, écrit que la section italienne de l’I.C. uniformisa rapidement sa structure organisationnelle sur le modèle de parti communiste élaboré lors du IIe Congrès du Comintern («Storia del Partito comunista italiano», vol. I, op.cit., 1967, p.167). En réalité le IIe Congrès n’avait «élaboré» aucun «modèle»; il avait fixé les bases de principe sur lesquelles, en cohérence avec la doctrine marxiste, devaient se fonder les sections nationales de l’I.C. C’est en cela que résidaient la force et la vitalité de ses Thèses.

(9) Voir le point 30 du Schéma de thèses de la minorité du CC du PC d’I, rédigé pour la conférence de Côme et publié sur «Lo Stato operaio» n°6 du 15/5/1924.

(10) Les militants d’aujour-d’hui devraient méditer à ce propos la lettre de Bordiga à Ambrogi du 16/9/1922, reproduite dans Mettewie-Morelli, «Lettres et documents d’Ersilio Ambrogi», Annales Feltrinelli 1977, pp. 193-194. On n’y trouve aucune trace de rhétorique: les «chefs» d’alors démontraient vraiment qu’ils occupaient des «postes de direction du parti - sans vouloir faire de sentimentalisme ou jouer au preux chevalier - pour travailler sérieusement et austèrement (souligné par nous -NdlR) et (en étant) prêts à tout moment à rentrer dans l’ombre du simple militant et à reprendre le travail pour se procurer les moyens nécessaires à leur modeste niveau de vie» car ils ne ressentaient pas la «nécessité d’être rivés à ces postes» et ne suffoquaient pas s’ils étaient «privés de l’insidieuse atmosphère de la notoriété et de l’autorité».

(11) Ce n’est pas un hasard si en Décembre 1921, l’Internationale avait délégué Bordiga et Walecki, membres de deux partis étrangers aux traditions anticentralistes du fameux «communisme occidental», pour enseigner aux principaux dirigeants du PCF (à la réunion de Marseille déjà évoquée) la vérité élémentaire - comme disait le premier, et le second répétait les mêmes positions - que «les décisions sérieuses ne peuvent être prises que dans un cercle restreint. Il faut les laisser à quatre, cinq ou six camarades qui méritent la confiance du parti», sans commettre, sous le prétexte d’éviter un «centralisme oligarchique» (comme le prétendaient aussi bien le Comité Directeur parisien que la puissante Fédération de la Seine) «l’erreur de diminuer le rôle de ces camarades en les confinant à l’examen des questions secondaires. Naturellement le petit bureau doit comparaître devant le comité directeur à intervalles réguliers, pour recevoir un programme et des directives générales de travail et rendre compte de son action; mais, entre chaque réunion du comité, il doit avoir les pouvoirs de celui-ci - plus grands en réalité, parce qu’il est composé de spécialistes qui se consacrent entièrement au parti».

Et encore: «Ainsi en une semaine il peut surgir des problèmes qui exigent une décision immédiate. Le petit bureau doit avoir la possibilité sans réserve de prendre ces décisions, dont il devra ensuite rendre compte». Une des «leçons du fascisme» en Italie était que «si le parti doit être une armée en lutte contre la bourgeoisie, réunir un comité nombreux devient impossible». Et s’il était vrai, comme le soutenait Rappoport, que plus on est nombreux, mieux on peut accomplir la tâche de diriger l’ensemble du parti, pourquoi alors n’être pas 240 plutôt que 24? («The Comintern...», op.cit., pp.336 et 343).

(12) Cela aussi est un produit du mode de constitution particulier du PC d’I, que l’on ne retrouve ni dans PCF, ni dans le VKPD. L’âge moyen des membres du CC était de 36 ans; celui du CE de 32; à Livourne, Bordiga n’a pas encore 32 ans, Grieco en a 28, Terracini 26, seuls Fortichiari et Reposi en ont 39. (cf: Martinelli, Il grupo dirigente nazionale (...), 1921-1943, in «Il PCI - Struttura e storia dell’organizzazione, 1921-1979», Annali Feltrinelli 1981, pp. 364-366).

(13) En 1921, la base du parti dans toutes les sections nationales de l’I.C est la section territoriale. Sans l’idéaliser, parce que «la révolution n’est pas une question de formes d’organisation», notre courant a toujours considéré que c’était la structure qui répondait le mieux à la nature et à la fonction du parti de classe. Comme celui-ci «est l’organe qui synthétise et unifie les impulsions des individus et des groupes provoqués par la lutte de classe», il est évident que «le type» de son organisation «doit être capable de se placer au-dessus des catégories particulières et par conséquent rassembler de façon synthétique des éléments qui proviennent des diverses catégories du prolétariat, de la paysannerie, des déserteurs de la classe bourgeoise, etc.» («La plate-forme de la Gauche», «L’Unita» du 7/7/1925). A l’inverse le groupe communiste d’usine ou de syndicat - déjà prévu dans le Rapport Bordiga-Terracini - , est subordonné à la section, il en est l’organe sur le lieu de travail ou dans le syndicat. Spriano ment donc tout à fait consciemment quand il écrit (op.cit. I, p.170) que dans le parti de 1921 «il n’y a pas d’organisation par cellules, sur le lieu de travail» et donc (p.119) que manque «le lien nécessaire entre parti et classe sur les lieux de production». L’opposition au futur tournant de l’Internationale en matière d’organisation, ne sera pas fondé sur un refus du «groupe», ou comme on dira de la «cellule» (il faut savoir que les groupes communistes furent en 21-22 des centres extrêmement actifs de diffusion des mots d’ordre du parti), mais sur le refus d’enfermer dans l’horizon forcément limité et sectoriel du lieu de travail, la base même du parti; sur le refus de transformer un organe subordonné en organe dirigeant, qui plus est en en faisant le modèle et la garantie de la «bolchévisation». A noter par ailleurs que le «groupe communiste» d’usine ou de syndicat figurait déjà, avec exactement les mêmes caractéristiques et les mêmes fonctions que celles assignées en 21, tant dans le Manifeste-Programme que dans la Motion de la Fraction communiste du PSI.

(14) Les normes (Première révision des inscrits) seront émises le 27/5. Les commissions de contrôle établies dans chaque section devaient présenter au CE de la section un état complet des adhérents effectifs, en précisant ceux qui «parce qu’ils ont démontré la faiblesse de leur activité dévolue au parti, ou la faiblesse de leur discipline, ou leur fidélité douteuse, ne sont pas jugés dignes de rester dans le parti»; ces états, validés par les commissions de contrôle, approuvés ou modifiés par les CE des sections et transmis au CE fédéral pour examen et jugement ultérieur, devaient être définitivement approuvés par le CE du parti, lequel était confiant «que les camarades coopéreront à cette première purification des rangs communistes, en faisant ainsi une démonstration de force et de renforcement de leur esprit révolutionnaire». L’opération se conclut en novembre avec un nombre limité de radiations.

(15) Cf «Premiers commentaires» (sur la scission), «Il Comunista» n°1 du 30/1.

(16) Le premier des deux textes reprenait en substance les mêmes thèmes que le Rapport du congrès de Livourne (cf. le volume Manifesti ed altri documenti politici, édité par le PC d’I, Rome, 1922, reprint Feltrinelli, dont une reproduction en a été publiée récemment par la section de Schio de «Il Programma Comunista»). Les réunions du 20/2 pour «la propagande et la presse communiste» servirent aussi à vérifier la discipline et l’efficacité organisationnelle du parti un mois après sa constitution. Un communiqué du CE paru le 27/2 avec le titre «Les enseignements» jugeant «satisfaisante l’organisation», n’hésita pas à dénoncer sans fausse pudeur «certains manquements de camarades et d’organisations du parti» (bien qu’ils soient dus essentiellement au manque d’ «entraînement») et à nommer, quelle que soit la position qu’ils occupaient dans la hiérarchie interne, ceux qui avaient manqué à l’appel. Un autre communiqué, paru sur «Il Comunista» du 10/2, combattait l’habitude venant du vieux parti de permettre à qui que ce soit de se présenter «pour parler dans des meetings, réunions, assemblées, en s’auto-proclamant représentant» du parti. Précisant que «le champ immense et fertile de la propagande ordinaire est ouvert à tous ceux qui sont dans nos rangs (...), seuls ceux reconnus effectivement idoines au travail de vulgarisation de nos principes doivent parler au nom et par délégation de notre organisation», il donnait l’avertissement suivant: «Le CE préviendra à l’avance avec un délai raisonnable les camarades propagandistes quand il aura besoin de leur travail; ces derniers ne pourront pas prétexter d’empêchements aux dispositions qui leur parviendront, sauf pour des raisons très graves et impérieuses».

(17) «Tactique dans les administrations locales», communiqué du CE sur «Il Comunista» du 24/2. La directive était de démissionner quand on était en minorité dans les conseils municipaux ou les députations, et de provoquer à l’inverse la démission des socialistes lorsqu’on était majoritaire. Sur le même thème, voir aussi «Les communistes au parlement et dans les municipalités» sur «Il Comunista» du 17/2, ou sont reprises et développées les thèses du IIe Congrès mondial.

(18) Il était précisé en outre que «l’I.C. et le PC d’I ne reconnaissent et ne soutiennent que les périodiques et journaux autorisés par le CE du PC d’I comme organes officiels du parti en Italie. Toute autre publication, quelles qu’en soient le titre et l’orientation, n’a rien à voir avec l’I.C. et sa section italienne». Serrati n’était pas le seul, en effet, à publier des revues, périodiques, textes ou brochures, se réclamant de l’étiquette de la IIIe Internationale.

(19) Cf «Qu’est-ce que le fascisme?», «Il Comunista» du 3/2. Sur les origines et la signification historique du fascisme, et sur la réponse prolétarienne et communiste à son offensive, voir les articles parus dans chaque numéro de «Il Comunista» (par exemple les 3, 6, 17 Février et les 3, 6 et 10 mars).

(20) «Notes sur les thèses de la Gauche», «Stato operaio» n° XVII du 22/5/1924.

(21) Un cas typique (et, pour ce qui est des résultats, unique) d’une alliance conclue localement pour la «défense contre la réaction» fut la constitution à Imola - à l’occasion d’un coup de main fasciste - d’un «front unique» avec les social-démocrates, accompagné du lancement en son nom d’un manifeste «inspiré de critères qui ne sont pas ceux suivis par le PC, alors même que la municipalité socialiste locale lançait un autre manifeste dicté, malgré le «front unique» avec les communistes, par des critère pacifistes et soporifiques, que le PC reprochera aux social-démocrates comme un oeuvre de défaitisme prolétarien». Le CE déplora le 9/6 qu’ «une section dirigée par de vieux camarades éprouvés» ait pris une telle décision contraire aux résolutions officielles et publiques du parti, et l’invitait à «s’en tenir aux directives et à la discipline du parti qui sont définies par les organes compétents avec l’accord unanime de tous les communistes». De quoi faire hurler nos trotskystes d’aujourd’hui!

(22) Communiqués du CE, «L’Ordine Nuovo» du 17/2.

 (23) Les sections de nationalité et langue italienne en Suisse constituaient un cas à part. Bien qu’ayant voté en majorité pour la motion communiste à Livourne, elles hésitaient cependant à traduire en actes la scission et continuaient à être organisées sous forme mixte. Cet état de fait était évidemment inacceptable pour le PC d’I et il donna lieu à d’énergiques mises en demeure de la part de ce dernier (cf. l’Appel du CE aux camarades de Suisse paru sous le titre «Contre certaines déviations» dans «Il Comunista» du 6/3). Le problème général de l’encadrement organisatif des communistes émigrés et réfugiés (des dispositions précises furent prises en avril-mai pour leur prêter assistance) se posait encore à l’époque du IIIe Congrès de l’Internationale. Il fut alors décidé que les sections à l’étranger des différents partis devaient se fondre dans les sections locales de l’I.C., avec la possibilité pour celles-ci d’autoriser la constitution en leur sein de groupes de langues étrangères.

 (24) Le Statut des cercles de quartier et des cercles éducatifs communistes paraît le 9/6 sur «Il Comunista». De leur côté, les objectifs et la composition des groupes communistes seront de mieux en mieux précisés au cours de l’année 1921. Mais dès mars, un communiqué du Comité central Syndical précisait: «Les groupes se composeront des camarades inscrits au Parti communistes et à la Fédération de la jeunesse communiste, qui en seront membres effectifs. Les groupes maintiendront en outre un lien et un contact cordial avec les éléments qui sympathisent avec les orientations communistes». Ils devaient se constituer «dans toute entreprise dotée d’une unité bien précise» et au sein des ligues professionnelles de chaque localité, donner des preuves «de leur volonté de transmettre au sein de la masse de leurs camarades les résultats du travail du parti: propagande communiste, communication des normes d’action décidées par les organisations du parti dans des situations particulières, attitude face à la bureaucratie syndicale dirigeante, etc.» et fonctionner «comme un réseau d’encadrement des masses pour toutes les formes d’action collective». Cf. «L’Ordine Nuovo» du 11/3/21.

(25) Selon un texte de 1922, le nombre des membres de la FJC étaient, pour l’année précédente: «25.000 qui payent régulièrement les cotisations, et 10.000 autres répartis entre candidats, inscrits aux cercles de quartier et aux cercles culturels communistes. En tout 35.000 jeunes qui constituent une riche réserve d’énergie et d’activité pour notre mouvement». On note que nombre des meilleures sections des jeunes s’étaient transformées en section du parti. Le Mezzogiorno et les îles ne comptaient que 3.525 inscrits au total.

(26) cf. A. De Clementis, «Radiografia del Partito dopo la scissione di Livorno», op.cit. Annales Feltrinelli 1981, pp. 906-907.

(27) La série d’articles «La question agraire - éléments marxistes du problème», fondamentale pour l’orientation du travail dans ce secteur, commença à paraître sur «Il Comunista» à partir du 29/5/1921; elle fut ensuite publié en volume à part.

(28) A la fin de 1921 il y avait 42.956 adhérents, répartis en 1.200 sections. Il y en avait 3.858 à Turin mais 3.338 à Novarre, 2.314 à Milan mais 2.672 à Forli et 2.147 à Ravenne (Florence dépassait Milan avec 2.505 adhérents), 1.516 à Gênes mais 1.130 à Crémone.

(29) Cf «La combativité des communistes», «L’Ordine Nuovo», 27/2/1921. Pour une des assemblées des organisateurs communistes, tenue les 4 et 5 février à Milan, toujours en vue du congrès confédéral de Livourne, voir le compte-rendu des travaux dans «Il Comunista» du 10/2.

(30) Cf «Le problème syndical», «Il Comunista», n°1, 30/1/1921.

(31) On peut aussi consulter «Vers le congrès confédéral» et «Les groupes communistes et le pacte d’alliance», d’Umberto Terracini, sur les n°2 et 4 des 3 et 10 Février de «Il Comunista». Le second article dénonce vigoureusement le caractère contre-révolutionnaire du vieux «pacte» qui réglait les rapports entre parti et organisation syndicale à la manière d’un traité entre puissances souveraines. Voir également l’ «Appel du Comité syndical communiste» paru sur «L’Ordine Nuovo» du 11/2, qui insiste sur les principaux points de l’intervention des délégués du PC d’I au Congrès.

(32) L’orateur déclara durant le débat qu’il était le porte-parole d’une «opposition raisonnable»: En réalité sa motion se limitait à faire «quelques réserves sur des activités particulières de la CGL» (sans préciser lesquelles), tout en approuvant «l’ensemble du travail accompli» par la CGL malgré «les faibles moyens à sa disposition», prenant acte de «l’énorme développement réalisé» et estimant qu’ «une accentuation toujours plus forte (sic !) de son action sur le terrain de la lutte de classe et une réorganisation technique plus adaptée» auraient permis de «la rendre plus forte et plus respectée».

(33) Voir en particulier les articles de R. Grieco («Les anciens combattants») et de S. Seassaro («L’éducation militaire») sur «Il Comunista» des 20/2 et 3/3, qui soutiennent bien sûr les revendications économiques de la Ligue, mais qui indiquent comme tâche principale «le travail d’éducation militaire des prolétaires (...) afin de préparer moralement et techniquement le prolétariat à l’accomplissement de son devoir le plus haut, le plus difficile et le plus noble envers la révolution et l’humanité: le devoir militaire révolutionnaire».

(34) Un programme plus ample et plus détaillé sera présenté au congrès national de la Ligue (18-21/9/1921), cf «Il Comunista» n°5/6.

(35) Participent aussi de façon intensive au travail de l’organe central du parti: Terracini, Grieco, Arcuno, Seassaro; occasionnellement: Repossi, Gennari, Scoccimaro. il n’y a aucun problème du mouvement ouvrier et communiste national et international qui n’y soit traité.

(36) Cf. «Il Comunista», 6/2/1921.

 

 

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