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Prises de position - Prese di posizione - Toma de posición - Statements                        


 

L’hécatombe des migrants noyés en Méditerranée continue !

Terrible démonstration que les gouvernements bourgeois, qu’ils soient démocratiques ou autoritaires, ne pourront jamais remédier aux causes de ces tragédies.

C’est le capitalisme qu’il faut noyer !

 

 

Guerres entre Etats, conflits entre milices, répressions armées, misère et destructions: des pays d'Afrique, du Proche et du Moyen Orient sont en pleine désagrégation, provoquant la fuite désespérée de millions d'êtres humains à la recherche d'une terre, d'un pays pour échapper à cet enfer et de tenter de survivre. Des masses désespérées traversent montagnes et déserts, où ils tombent entre les mains de trafiquants sans scrupules prêts à les escroquer ou à les lancer sur les mers dans des rafiots surchargés. Les témoignages des survivants de ces périples abondent en histoires de gens asphyxiés dans les cales, de femmes enceintes jetées à la mer, de protestataires frappés ou tués, de navires abandonnés à la dérive avec leurs cargaisons de personnes qui, pour la plupart ne savent même pas nager.

C'est ainsi que le dimanche 9 avril une embarcation partie des côtes égyptiennes et contenant plus de 1000 migrants coule au large de la Libye: 28 passagers sont sauvés et 24 cadavres sont retrouvés; quant aux 950 autres ils sont disparu sans laisser de traces! Un navire marchand s'étant approché de l'embarcation pour venir à son secours, les migrants se sont déplacés en masse sur l'un des côtés, la faisant chavirer; elle se composait de deux ponts couverts où les passagers entassés par les trafiquants étaient enfermés pour les empêcher de sortir à l'air libre: en un instant l'embarcation s'est transformée en un gigantesque cercueil!

Ces morts s'ajoutent à une longue série de milliers de morts en Méditerranée, transformée en un gigantesque cimetière. Rappelons le premier naufrage en masse de migrants, dans la nuit de noël 1996 où un bateau transportant des Indiens, des Pakistanais et des Cinghalais coula dans le canal de Sicile: le nombre de morts fut estimé à 283; en 2011 entre 500 et 700 Tunisiens trouvèrent la mort selon des estimations «non officielles», mais peut-être d'autant plus véridiques; le 3 octobre 2013 un naufrage à Lampedusa causa 368 morts, etc. Selon l'ONU, plus de 3000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée l'année dernière et plus de 1500 depuis le début de cette année!

Mais les médias reconnaissent que ces chiffres ne décrivent qu'une partie de la réalité, car beaucoup de tragédies semblables sont demeurées inconnues: de nombreuses embarcations parties d'Egypte, de Libye ou de Tunisie ne sont jamais arrivées nulle part, coulant sans laisser de traces, bien que les marines de n'importe quel pays, grâce aux moyens techniques modernes, auraient pu les découvrir à temps.

Devant ces «tragédies de la mer», les gouvernements des riches pays européens, à commencer par l'Italie, se frappent la poitrine, lancent des cris au ciel contre le «cynisme», l' «indifférence», la «spéculation», le «trafic d'êtres humains», les «esclavagistes du XXIe siècle»; ils s'exhortent les uns les autres à faire quelque chose, à intervenir, «y compris par les armes» pour empêcher le trafic de chair humaine! Ils invoquent les institutions européennes, l'ONU, le Conseil de Sécurité, comme si ces institutions étaient autre chose que les émanations de gouvernements bourgeois, comme si les représentants de ces gouvernements n'y siégeaient pas pour défendre tel ou tel intérêt.

Et les intérêts sur lesquels peuvent se mettre d'accord, mais seulement temporairement, les pays les plus puissants du monde, ne sont assurément pas ceux des millions de bras et de bouches réduits à la faim et au désespoir; ce sont ceux des affaires, de l'exploitation des ressources naturelles par l'intermédiaire de l'exploitation de la force de travail humaine; et face à ces intérêts, dans la mesure où la crise du mode de production capitaliste fait disparaître la «prospérité économique», il n'y a pas de guerre qui ne puisse se déchaîner, d'abus qui ne puissent être commis, de répressions et de brutalités qui ne puissent être justifiés, de tragédies qui ne puissent arriver. Dans ces conditions, même les «esclavagistes du XXIe siècle» peuvent être utiles aux puissances économiques qui ont soumis des populations entières, dans la mesure où ils maintiennent dans des limites tolérables par la dite «communauté internationale» ces tragédies et ces désespoirs. Mais si ces limites sont dépassées et si ces tragédies commencent à gêner les dirigeants de la démocratique Europe, alors ces derniers commencent à crier que «l'Europe ne peut pas fermer les yeux» devant  une «invasion» de réfugiés et de «clandestins»! En raison de sa position géographique l'Italie (et surtout Lampedusa et la Sicile) est le pays où ceux-ci pensent accoster, s'ils survivent au voyage, espérant pouvoir recommencer une vie moins misérable: mais l'«accueil» dans les Centres d'identification et d'expulsion tient plus du camp de concentration.

Aujourd'hui, devant la dernière hécatombe, le gouvernement italien (rejoint par le gouvernement français) a dévoilé sa stratégie: effectuer une opération de police internationale pour contrôler les plages et les ports de Libye. Etant donné l'effondrement de l'Etat libyen après la mort de Kadhafi, le conflit permanent entre les milices liées au gouvernement de Tobrouk et celles liées au gouvernement de Tripoli, ainsi que la montée en puissance de l' «Etat Islamique» (ISIS/Daech), les autorités italiennes toujours plus inquiètes d'un déferlement de masses désespérées de migrants, ont estimé qu'il était préférable de les arrêter avant qu'ils ne s'embarquent, en allant en Libye faire la guerre aux «passeurs et aux trafiquants d'êtres humains». La «solution» préconisée depuis toujours par la droite: arrêter les migrants sur la côte sud de la Méditerranée, c'est-à-dire les côtes d'Afrique du Nord, par un contrôle policier étroit, a été reprise par les gouvernements de centre-droit et de centre-gauche et elle est maintenant jugée urgente. Sous le prétexte du «terrorisme» (comme hier vis-à-vis de Saddam Hussein, puis de Kadhafi et maintenant du Califat islamiste), le gouvernement italien, avec ses complices européens, se prépare à une intervention militaire.

Telle est la réponse bourgeoise à ces tragédies: une opération de police, camouflée en action humanitaire sous le drapeau de l'ONU et de son Haut Commissariat aux Réfugiés, comme au Liban en 2006, en mobilisant l'armée, la marine et l'aviation!

Les bourgeois capitalistes européens n'ont pas d'autre réponse à donner; après avoir été responsables de la chute de gigantesques masses humaines dans la misère et le désespoir, après avoir saccagé mers, terres et sous-sols, après avoir dressé les uns contre les autres tribus et peuples, après avoir attisé les conflits religieux (entre sunnites et chiites, entre musulmans et chrétiens), après avoir détruit des pays et  laissé leurs anciennes colonies dans des situations de sous-développement et de ruine propices au régne de bandes armées et de trafiquants en tout genre, après avoir rendu impossible la vie de populations entieres, les bourgeois européens qui ont terrorisé le monde entier avec leurs capitaux, leurs guerres commerciales et leurs conflits armés, font maintenant mine de s'émouvoir de la dernière catastrophe;  ils n'ont pas honte de s'écrier: «assez! Plus jamais  de tragédies».... jusqu'à la suivante!

Ces morts en effet ne seront pas les derniers. Toutes les opérations de police internationale ne pourront faire disparaître la pression des conditions économiques devenues insupportables pour des millions d'être humains; cette pression n'a pas disparu après les «printemps arabes» et la «chute des dictateurs» en Tunisie et en Egypte ou après les guerres américaines en Irak et en Afghanistan et la guerre en Libye; comme elle n'a pas cessé dans les pays du Sahel, de la Corne de l'Afrique et du Yémen. Le capitalisme ne produit pas seulement du développement: il accumule en même temps des contradictions et des tensions économiques et sociales qui éclatent dans d'inévitables crises générales. Les moyens que les classes dominantes capitalistes ont à leur disposition pour y faire face et les surmonter ne peuvent que préparer des crises toujours plus graves, jusqu'à ce que les bourgeoisies les plus puissantes adoptent la «solution» qu'elles ont adopté en 1914 et en 1939: la guerre généralisée, la guerre mondiale.

C'est dans cette perspective qu'il faut inscrire les tragédies où des milliers de migrants se noient en Méditerranée. Contre ce présent et ce futur d'esclavage, de misère et de mort, il n'y a aucune solution bourgeoise qui tienne, il n'y a aucune prière qui soit capable d'arrêter la liste interminable des tragédies. Le coeur du problème est le mode de production capitaliste, la société fondée sur la propriété privée et l'appropriation privées des produits du travail humain,  la société divisée en classes, en un mot la société bourgeoise!

Ce n'est que par une lutte contre la misère, contre l'oppression et l'exploitation, une lutte ne s'arrêtant pas au cadre social existant ni au respect des règles politiques et sociales édictées par les classes dominantes bourgeoises pour assurer la continuité de leur pouvoir; par une lutte qui se fonde sur l'antagonisme entre la classe des travailleurs salariés, représentant la grande majorité des êtres humains, et la classe des propriétaires et des capitalistes, autrement dit la classe bourgeoisie; ce n'est que par une lutte orientée non vers des réformes, des changements de gouvernement et de personnel politique, mais vers le grand objectif de révolutionner de fond en comble la société, donc par la lutte de classe menée jusqu'au bout, jusqu'à la conquête du pouvoir politique par la classe prolétarienne, le renversement de la dictature bourgeoise et l'instauration de la dictature du prolétariat; ce n'est que par cette lutte révolutionnaire, prévue par le marxisme dès le milieu du dix-neuvième siècle, au moment où le capitalisme se lançait à l'assaut du monde entier, que peut être trouvée la solution définitive à toutes les causes profondes de l'exploitation de l'homme par l'homme, de la misère, de l'oppression et des guerres.

C'est dans cette perspective que luttent les communistes révolutionnaires, en s'organisant dans le parti de classe qui aura la tâche demain de diriger la lutte de classe dans tous les pays vers la révolution, la dictature prolétarienne et l'avènement d'une société sans classes, sans antagonismes de classes, sans oppressions: la société communiste.

 

 

Parti Communiste International

22 Avril 2015

www.pcint.org

 

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