Back

Prises de position - Prese di posizione - Toma de posición - Statements                        


 

Un tremblement de terre frappe de centre de l’Italie:

Une nouvelle fois mesures de prévention inexistantes, mais terrain fertile à toutes les spéculations de l’urgence et de la reconstruction!

 

 

Le séisme qui, dans la nuit du 24 au 25 août qui a intéressé une large zone dans les Apennins a rasé plusieurs villages et dévasté de très nombreux hameaux: Amatric, Accumoli, Pescara del Tronto et Arquata del Tronto n’existent pratiquement plus. Au matin du 27 on dénombrait 290 morts, plus de 260 blessés et le nombre de disparus n’était pas encore connu car en période estivale la région accueille de nombreux vacanciers venus du reste du pays ou de l’étranger: de nombreux corps sont encore ensevelis sous les décombres et le nombre total des victimes pourrait dépasser les 300.

Ce séisme a été appelé par Il Sole 24 Ore du 25/8 comme le jumeau de celui qui a frappé l’Aquila en 2009, après des centaines de petites secousses prémonitoires (mais qui étaient restées ignorées en dépit des alertes lancées par la population et les géologues de l’Institut National de Géophysique et Vulcanologie); jumeau parce que les deux zones sont voisines et les magnitudes similaires (6.3 à l’Aquila, 6.0 à Accumoli) et parce qu’ils sont arrivés à peu près à la même heure: 3h 32 pour l’un et 3h36 pour l’autre; seule la saison est différente (il semblait qu’il ne devait pas y avoir de tremblement de terre pendant l’été): en avril pour le premier, en août pour celui d’aujourd’hui.

Mais ce qui rend réellement jumeaux ces deux séismes italiens, c’est le manque systématique de mesures de prévention véritable, qui mette en sécurité les vieux immeubles dont beaucoup se trouvent dans les centres historiques d’origine médiévale, et de contrôler que les “nouveaux” immeubles ont été et sont construits suivant les normes antisismiques appropriées.

Rien que pour avoir une idée: selon l’Ufficio studi della Camera (il fatto quotidiano, 25/8/2016), en cinquante ans, à partir du tremblement de terre de Belice en 1968 à 2009 “la gestion de l’urgence et de la reconstruction a coûté 135 milliards d’euros, en plus de 90 milliards mis par l’Etat” et en ajoutant les tremblements de terre les plus récents on arrive à 150 milliards fin 2012! L’endettement de l’Etat est donc notable, comme se rendent compte  tous ceux qui payent des impôts si l’on sait que «pour Belice on paiera jusqu’à fin 2018, pour d’autres jusqu’en 2033”. Il est connu depuis toujours que l’Italie est un pays à risque sismique: “plus de 60% des constructions (7 millions) ont été édifiés avant l’établissement de normes antisismiques et 2,5 millions sont en très mauvais état. Mais on n’a fait que peu de choses, pratiquement rien”.

Ce sont les bourgeois eux-mêmes à mettre en évidence, chaque fois qu’ils commentent les tremblements de terre ou autres catastrophes “naturelles”  et les pertes en vies humaines que les coûts de la prévention seraient bien inférieurs aux coûts de la reconstruction. Il sole 24 Ore rappelle qu’”en 1996, selon le sous-secrétaire à la Protection Civile “on pourra dire adieu aux effets destructeurs des tremblements de terre grâce à un investissement  annuel constant de 2-3 mille milliards de lires”, soit 3,6 milliards d’euros. Une dépense à la portée de tout gouvernement”.

Cela signifie que l’absence de mesures de prévention correspond à un manque de volonté politique de les réaliser systématiquement: A quoi donc sont dus les dommages causés aux habitations et à l’environnement, comme la plus grande partie des victimes? A la fatalité inscrutable des événements naturels? Au châtiment de Dieu? A l’incurie ou à l’insouciance de quelque fonctionnaire? Quels sont en fait les priorités sociales si ce ne sont pas la vie, la santé, le bien-être des êtres humains,

Pour la société bourgeoise, pour la société capitaliste, la priorité n’est en réalité jamais la vie, la santé, le bien-être des êtres humains, mais la vie, la santé, le bien-être du capital; celui-ci est bien plus attiré par l’affairisme et la spéculation qui suivent régulièrement toutes les catastrophes, tous les désastres causés par des évènements naturels, mais qui 999 neuf fois sur mille auraient pu être prévenus.

 

A Norcia, dons la région de l’Ombrie, épicentre de la deuxième secousse de ce tremblement de terre, il n’y a eu ni victimes, ni dommages graves causés aux constructions. Coup de chance? Efficacité de la “bénédiction papale avec indulgence plénière” reçue il y a deux ans? Bien sûr que non. A Norcia qui à vol d’oiseau n’est qu’à 25 km d’Amatrice, la reconstruction après deux séismes en 1979 et 1997, avait été faite en suivant les normes antisismique – démonstration qu’il est possible d’éviter des catastrophes à condition d’y mettre le prix.

Mais Norcia reste un cas isolé, non pas parce qu’il serait difficile de refaire ailleurs ce qui y a été fait (d’ailleurs, les normes comme les techniques ont évolué au cours des dernières décennies, selon un architecte qui avait travaillé à la reconstruction dans cette ville), mais parce que comme l’expliquait l’un de nos “Fils du Temps”, “grosses destructions signifie grosses affaires, et le retour sur investissement est quadruplé” (1).

Nous ne craignons pas d’être démentis, ce sont les journalistes bourgeois eux-mêmes qui admettent cette énorme contradiction dans la société actuelle. Par ailleurs, les gouvernements peuvent bien changer (et en Italie ils ont beaucoup changé), les réactions et les aux tremblements de terre et leurs conséquences ne changent guère: les cataclysmes périodiques constituent toujours les plus grandes affaires de l’    année comme l’avait montré encore une fois le séisme de l’Aquila avec tous ses scandales. Et en définitive, peu importe si ce sont des organisations mafieuses ou des entreprises légales qui suivent les dites lois du marché ; celui qui en tire profit c’est le capitalisme et donc la classe sociale qui le représente et qui le défend, en temps de paix comme en temps de guerre, la bourgeoisie; à chaque catastrophe, pour camoufler l’affairisme qui la caractérise, elle fait tourner à plein régime sa machine à propagande qui étale le spectacle de la mort de la souffrance et des destructions au détriment de toute autre information. Et on assiste à chaque fois au rituel des “plus hautes autorités de l’Etat” qui viennent prononcer des “paroles de réconfort”,  promettre aux populations touchées qu’elle ne seront pas seules, et qu’il n’y aura plus jamais de telles catastrophes...

Mais les victimes savent que ce que l’Etat a fait, fait et fera pour elles, n’est qu’une goutte d’eau et que les mesures et les gestes de solidarité effectués dans l’urgence – dûs en bonne partie d’ailleurs à l’abnégation de bénévoles y compris de migrants vivant dans ces villages – sont destinés à disparaître en quelques semaines. Il suffit de regarder les exemples de Belice ou l’Aquila, où non seulement les membres du gouvernement, mais les “grands du monde”, étaient venus faire devant les caméras de télévision des promesses qui n’ont jamais été tenues.

Dans une période  où le réformisme collaborationniste jouit encore d’une situation qui depuis des décennies le met à l’abri de la réaction de classe prolétarienne et qui vit parasitairement ds bribes de l’exploitation des masses exploitées du monde entier que lui concède la classe bourgeoise, les prolétaires ne perçoivent pas encore que la société capitaliste tire une énergie nouvelle des catastrophes comme des guerres qui ravagent des pays entiers, causant des victimes par centaines de milliers.

“Le développement de la production mercantile sur la base du travail salarié conduit inéluctablement à la course au profit et à l’accumulation, à la concentration du capital et à l’impérialisme: nocivité, pollution, empoisonnement et catastrophes ne sont que des aspects des conséquences de ce développement” disait un autre Fil du Temps (2). Cela signifie qu’on ne peut pas attendre d’un régime bourgeois un changement, c’est-à-dire une politique dont la priorité absolue, toujours et partout, dans la vie quotidienne comme au travail, dans les usines comme à la campagne et dans toutes les activités humaines, serait la prévention des maladies, des accidents, de la pollution, des catastrophes.

La bourgeoisie sait parfaitement que pour continuer à exploiter le travail salarié sous toutes les latitudes, elle doit concéder, au moins, aux couches supérieures du prolétariat, un niveau de vie un peu plus décent, et elle doit protéger un minimum les populations des conséquences les plus désastreuses de son développement. Mais il lui est parfaitement impossible d’orienter l’économie dans un direction diverse de celle que son propre mode de production impose inexorablement.

L’économie capitaliste est l’économie du malheur ; la société bourgeoise cultive les catastrophes,  elle n’est pas réformable. Elle doit être non seulement combattue, mais détruite ; et on ne peut atteindre cet objectif que par la lutte de classe du prolétariat qui a un intérêt national et surtout international à en finir avec un mode de production qui privilégie les intérêts du capital au détriment des intérêts de la vie humaine ; lutte de classe qui renaissant à partir de la lutte élémentaire de défense économique et sociale, devra trouver dans son développement l’orientation et la direction que seul peut donner le parti prolétarien de classe.

C’est pour cette raison que la révolution dont la classe des travailleurs salariés est porteuse, est la bête noire de la classe bourgeoise. Il pourrait sembler étonnant de parler de révolution au moment où les populations frappées par la tragédie du tremblement de terre, par le terrible choc d’avoir perdu ses proches, son logement, son travail et par conséquent une perspective de vie future, mais les conséquences catastrophiques des phénomènes naturels sont pour l’essentiel dues au mode de production capitaliste.

 La longue série de ces catastrophes où la science bourgeoises se montre impuissante même quand elles pourraient apporter des réponses techniques, démontre que la solution ne réside pas dans la « bonne volonté » de gouvernements qui se décideraient enfin à diriger des investissements suffisants dans la défense de la vie humaine, en détournant des capitaux de l’accumulation et de la course au profit ; cela n’arrivera jamais car c’est la puissance des la force sociale du capital qui guide la main des gouvernants, non l’inverse.

Cette force sociale ne pourra être vaincue que par la puissance d’une autre force sociale, celle des prolétaires dont l’exploitation toujours plus bestiale nourrit le capitalisme. Il est historiquement inévitable que cette force sociale du prolétariat s’affronte au capitalisme ; pour vaincre il lui faudra abattre le pouvoir politique de la classe bourgeoise qui grâce à la force armée de l’Etat défend le capitalisme et l’esclavage salarié. Ce n’est que par la révolution de classe que le prolétariat pourra échapper à cet esclavage salarié, pourra échapper à sa condition d’éternelle victime, vouée à périr dans l’effondrement de logements mal construits, dans les accidents du travail ou dans les affrontements entre factions bourgeoises, tout cela exclusivement pour le profit capitaliste !

 


 

(1) « Homicide des morts », décembre 1951.

(2) « Politique et Construction », 1952.

 

 

Parti Communiste International

27 août 2016

www.pcint.org

 

Top

Retour prises de positions

Retour archives