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Prises de position - Prese di posizione - Toma de posición - Statements                        


 

Solidarité de classe avec les masses victimes de la guerre civile en Libye !

 

 

LES AFFRONTEMENTS ENTRE ETATS BOURGEOIS AU MOYEN-ORIENT ET LES RIVALITES INTER-IMPERIALISTES SONT RESPONSABLES DE LA GUERRE CIVILE

 

Le maréchal Khalifa Haftar, déjà maître de l’Est du pays, a lancé, début avril, ses troupes de ladite « l’Armée nationale libyenne » (ANL) à l’assaut de l’Ouest et de la capitale Tripoli. Ces combats ont déjà fait plusieurs centaines de morts et entraîné la fuite de milliers de civils. Chef expéditionnaire de l’attaque libyenne contre le Tchad en 1987, Haftar fut fait prisonnier lors des combats. Désavoué alors par Kadhafi, il se réfugia aux Etats Unis et devint son opposant résolu, tout en étant accusé d’être devenu une créature des Américains

Haftar souhaite détrôner le « Gouvernement d’union nationale » (GUN) de Tripoli issu de l’accord national reconnu par les États-Unis et l’ONU, présidé par le riche homme d’affaires Fayez al-Sarraj. Ce pouvoir et ses milices semblent prêts à défendre Tripoli coûte que coûte, ce qui laisse présager un potentiel bain de sang.

Avant sa marche sur Tripoli, Haftar avait réussi à prendre le contrôle, durant l'été 2018, des installations pétrolières du centre de la Libye et, plus tôt cette année, d’une bande du sud de la Libye comprenant l'un des principaux champs pétroliers du pays.

Derrière cet affrontement entre clans bourgeois, se cachent des rivalités entre puissances régionales mais également entre puissances impérialistes.

L’ANL est soutenue militairement par les Émirats Arabes Unis, l’Égypte et l’Arabie saoudite, le GUN par le Qatar et la Turquie. Ces puissances – ainsi que l’Iran – se déchirent pour conquérir des zones d’influence dans la région. Ces rivalités se traduisent par des tensions diplomatiques mais aussi par des affrontements militaires par alliés interposés, que ce soit en Syrie ou au Yémen. 

Aux tensions entre États capitalistes du Moyen-Orient se superposent des rivalités entre les impérialismes, tout particulièrement entre la France et l’Italie.

Tout en prétendant officiellement soutenir le GUN, la France intervient de trois façons dans cette guerre civile. Au niveau diplomatique, elle contribue à bloquer  les prises de position de la «communauté internationale» (par exemple un projet de résolution  britannique au Conseil de Sécurité en faveur d’un cessez-le-feu). Au niveau logistique, elle est le principal fournisseur des Émirats qui livrent du matériel militaire à Haftar. Au niveau militaire, des témoignages font état de conseillers militaires français sur le terrain. Il n’y a pas de preuves mais on sait que depuis quelques années, la France est le parrain d’Haftar. Ce soutien est clairement apparu en 2016 lorsque Paris a reconnu que trois agents de la DGSE, les services secrets français, étaient morts dans un accident d’hélicoptère dans la région de Benghazi. Officiellement, la France justifie son soutien à Haftar par la lutte contre les milices islamistes dans la zone sahélienne.

Les États-Unis et la Russie sont en retrait mais semblent jouer la carte Haftar. L’Italie ne l’entend pas de cette oreille : l’impérialisme italien est le principal parrain du GUN. Il compte sur lui notamment comme garde-côte pour empêcher les immigrants d’arriver sur ses rives.

En fait les impérialistes français et italiens ont des intérêts matériels opposés. Les deux membres de l'Union européenne mènent une guerre par procuration pour le contrôle des plus grandes ressources d’hydrocarbures d'Afrique qui se trouvent dans l’ancienne colonie italienne.

Le GUN de Fayez al-Sarraj a pris le contrôle de la National Oil Company of Libya (NOC), dans laquelle le groupe énergétique italien ENI est impliqué depuis une cinquantaine d’années. Avant son offensive, l'ANL de Haftar contrôlait déjà le croissant pétrolier, autour de Benghazi dans l'est du pays, et les champs pétroliers du sud-ouest du pays, dont le champ pétrolifère El Sharara, considéré comme le plus important du pays. Celui-ci est exploité depuis 1994 par un partenariat de plusieurs compagnies pétrolières internationales, à laquelle participe le groupe français Total.

La réalité est là : l’ordre imposé par la «communauté internationale», au nom du maintien de la paix de la stabilité, de la lutte contre le terrorisme…, n'est qu'une suite continue d'actes de violence et de guerres. Ces violences sont inspirées ou réalisées par les divers impérialismes qui ont des intérêts politiques, économiques, stratégiques et militaires bien précis à défendre ou à imposer dans les diverses régions du monde, et qui ont à se préparer pour soutenir dans le temps et dans l'espace ces actions militaires.

Cette guerre civile et cette guerre larvée entre impérialistes ont des conséquences dramatiques pour les masses libyennes. Les systèmes d'éducation et de santé se sont effondrés, le chômage a atteint 30 pour cent, un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté…  

La véritable solidarité avec les masses de Libye ne consiste pas à se mobiliser pour des appels creux à la «paix» ou au soutien d’initiatives diplomatiques de la «caverne de brigands» onusienne :; elle passe par la renaissance de la lutte anti-impérialiste, – la lutte anti-capitaliste révolutionnaire –, au sein des grands États bourgeois, s’opposant aux actes de brigandage des divers Etats bourgeois  et desserrant ainsi la pression impérialiste qui attise tous les conflits et toutes les rivalités capitalistes.

Cette renaissance de la lutte prolétarienne indépendante permettra aux prolétaires libyens de réaliser que la seule guerre qui vaille est la guerre entre les classes, unissant les prolétaires par-dessus les frontières d’États, d’origine ou de religion, contre tous les États bourgeois. La renaissance de la lutte pour le communisme véritable fera comprendre aux opprimés qu’il existe une alternative réelle à l’exploitation capitaliste.

Les prolétaires d’Occident peuvent contempler leur futur dans le miroir libyen, le futur de misères, de destructions et de guerres que leur réserve inévitablement le capitalisme si la révolution prolétarienne n’y met pas fin, si le prolétariat n’arrive pas à trouver la force de rompre la mortelle union entre les classes et à regagner sa force révolutionnaire en se réorganisant autour de son programme, de ses méthodes, de ses organisations et de son parti de classe.

Voilà à quoi doivent travailler les militants révolutionnaires et les prolétaires d’avant-garde soucieux des intérêts de leur classe.

 

- Contre les manœuvres criminelles des impérialistes occidentaux en Libye, parce que nous sommes contre toute guerre bourgeoise et contre toute bourgeoisie en guerre comme en paix ;

- Contre la politique belliciste de la France en Libye, contre ses interventions militaires en Afrique, au Moyen-Orient ou ailleurs, parce toute complicité avec la bourgeoisie et son Etat signifie la mort de la lutte de classe ;

- Contre toute forme de nationalisme, parce que le nationalisme provoque la division entre prolétaires pour le seul bénéfice des bourgeois et du capitalisme ;

- Contre toute forme de collaboration de classe, parce qu'elle empêche la lutte ouvrière :

- Contre toutes les illusions démocratiques, pacifistes, humanitaires… parce qu'elles paralysent le prolétariat et le soumettent à l'ordre bourgeois ;

- Pour la réorganisation classiste du prolétariat au-dessus des divisions nationales, parce que ce n'est qu'en s'unissant en une seule classe internationale que les prolétaires du monde entier pourront vaincre le capitalisme ;

- Pour la reprise de la lutte de classe contre la guerre bourgeoise, contre toutes les oppressions économiques, nationales, racistes, politiques ou militaires !

- Pour la reconstitution du Parti de classe international, organe dirigeant la classe ouvrière de tous les pays aussi bien dans la défense quotidienne contre l'exploitation et l'oppression, que dans la lutte révolutionnaire, le renversement des États bourgeois et l'instauration de la dictature internationale du prolétariat !

 

 

Parti Communiste International

21 Avril 2019

www.pcint.org

 

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