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Belgique

Baromètre, paupérisme et lutte entre les classes

 

 

La Fédération Générale du Travail de Belgique (FGTB), syndicat affilié à la Confédération Syndicale Internationale, vient de publier son baromètre socio-économique. C’est une série d’indicateurs économiques issus de sources officielles multiples (commission européenne, OCDE, Institut syndical européen, ...). On constate que le pouvoir d’achat réel des habitants est en berne. Les salaires ne suivent plus l’augmentation du coût de la vie. Les travailleurs ont perdu près de 2% de pouvoir d’achat sur les années 2016 et 2017.

Le chômage réel augmente. Ainsi, en plus des 365.000 chômeurs répertoriés, il faut ajouter 42.000 jeunes ayant terminé leurs études (sans allocations de chômage) et plus d’une centaine de milliers de prolétaires inscrits sur base volontaire ou obligatoire.

Le chômage est un phénomène social inévitable en régime capitaliste. Il s’aggrave brutalement avec les crises du capitalisme, prenant un caractère de masse et chronique, mais en fait il est la conséquence permanente de l’action des lois économiques objectives qui régissent l’existence de cette formation économique et sociale où une partie des travailleurs demeurent sans boulot, formant une population relativement excédentaire. Marx l’appelait « l’armée industrielle de réserve » : «Plus grande est la richesse sociale, c’est-à-dire le capital en fonction, la grandeur et l’énergie de son accroissement, donc, aussi, la masse absolue du prolétariat et la force productive de son travail, et plus s’accroît l’armée industrielle de réserve. (…)Mais plus cette armée de réserve grossit comparativement à l’armée active du travail, plus grossit aussi la surpopulation consolidée, dont la misère est en raison inverse du tourment de son travail (…)plus s’accroît aussi le paupérisme officiel [c’est-à-dire reconnu par les autorités](.. .). Voilà la loi générale, absolue, de l’accumulation capitaliste» (1).

L’armée des chômeurs est utilisée par les capitalistes, premièrement lors de l’extension de la production en période d’essor économique, deuxièmement, en tant que moyen d’intensifier l’exploitation de la partie occupée du prolétariat. Le chômage affecte tout particulièrement les ouvriers non qualifiés et peu qualifiés, les jeunes et les femmes, ainsi que les couches de la population victimes de discrimination raciale.

Des centaines de milliers de personnes n’ont pas droit aux allocations de chômage. Elles sont obligées de quémander un revenu « d’intégration » auprès des services sociaux. 

En 2015, 22% des ménages wallons, 13% des ménages bruxellois et près de 11% des ménages flamands n’arrivaient pas à satisfaire leurs besoins en chauffage.

La pension moyenne des femmes tourne autour de 880 euros et se situe sous le seuil de pauvreté. Celle des hommes s’élève à 1.182 euros et dépasse légèrement le seuil officiel de pauvreté européen.
 

L’heure du dialogue social ou celle de la lutte de classe ?

 

Fort de ce bilan, Le syndicat appelle, non à combattre le capitalisme, mais à améliorer et élargir l’accès à une sécurité sociale de qualité, une réduction du temps de travail avec maintien du salaire, un salaire minimum de 14€/heure, une pension de 1.500 euros, le retour de l’âge légal à la pension à 65 ans, ... 

La FGTB va jusqu’à murmurer que des actions ponctuelles «en fonction de l’évolution du dialogue social» (2) seront éventuellement prévues...

La politique du gouvernement NVA / MR généralise et aggrave les attaques contre le prolétariat. Il est fermement décidé à réaliser les desiderata patronaux et ne fait que porter à un degré plus élevé la politique suivie par la coalition précédente (avec la participation du PS) qui avait déjà multiplié les largesses aux actionnaires.

Mais ce sont au fond tous les gouvernements bourgeois, qu’ils soient de droite ou de gauche, qui font la politique réclamée par le mode de production capitaliste. Le capitalisme a besoin d’augmenter ses profits pour faire face à ses concurrents en Europe et sur le marché mondial. Une seule possibilité pour cela: accroître l’exploitation des travailleurs, diminuer les dépenses sociales (le salaire indirect). C’est pourquoi les capitalistes et les gouvernements à leur service mènent une lutte de classe, ouverte ou feutrée, mais permanente, contre les travailleurs.

Ceux-ci ne peuvent donc rien attendre d’un «dialogue social» entre les appareils syndicaux,  les capitalistes et l’Etat bourgeois : s’opposer à la détérioration constante de leur situation n’est pas possible en dialoguant gentiment avec leurs exploiteurs, mais seulement en luttant contre eux. Prolétaires et capitalistes, travailleurs et patrons, ne sont pas des «partenaires», ce sont des adversaires de classe

La méthode de la « concertation » préconisée par les syndicats, c’est-à-dire la collaboration de classe, n’aboutit qu’à la défaite des travailleurs en les empêchant de recourir à leur arme : la lutte de classe qui est la seule possibilité de faire reculer les capitalistes et leur Etat.

La mobilisation ne doit donc pas se limiter à des manifestations-processions sans lendemains qui dispersent en vain la combativité ouvrière ; elle doit déboucher sur une lutte réelle renouant avec les méthodes et les moyens de la lutte de classe, dans une perspective clairement anticapitaliste.

Il est possible de résister et de vaincre, mais à condition de rompre avec les méthodes défaitistes de la concertation avec les patrons préconisées par les appareils syndicaux : il est urgent de revenir à la lutte classe contre classe !

 


 

(1) cf «Le Capital», Livre I, section VII, chapitre 25

(2) cf L’Echo du 27/10/18

 

 

Parti Communiste International

2 novembre 2018

www.pcint.org

 

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