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Prises de position - Prese di posizione - Toma de posición - Statements                        


 

Du mouvement des Gilets Jaunes à la reprise de la lutte prolétarienne de classe

 

 

Né comme un mouvement de protestation contre la hausse des taxes sur le diesel, le mouvement des Gilets Jaunes a presqu’immédiatement pris une autre envergure pour devenir une protestation contre les taxes et impôts. Porté par la sympathie générale parmi de larges couches de la population et jouissant au départ d’un accueil bienveillant des médias, il s’est élargi rapidement à toute une série de revendications sociales comme la hausse des retraites.

Les affrontements avec les forces policières à Paris et dans de nombreuses villes et la radicalisation des revendications politiques du mouvement, dont la démission de Macron était le point central, ont entraîné un changement d’attitude des médias mais aussi des forces politiques de l’opposition: toutes, de la droite à la gauche, avaient affirmé le soutenir (de Wauquiez revêtant un gilet jaune à Hollande encourageant les Gilets Jaunes à continuer leur action, sans parler de Mélenchon ou de Le Pen). Tout en déclarant «comprendre la colère» des Gilets Jaunes (comme le gouvernement!) les partis et politiciens divers ont prudemment fait marche arrière, tandis que les médias se mettaient à diffuser la propagande gouvernementale contre les «casseurs» et en soutien à la police.

 

Les pompiers syndicaux à la rescousse

 

Cela n’a pas suffi à arrêter la mobilisation et le gouvernement a même fait appel à un certain moment aux syndicats que, depuis son entrée en fonction, il avait laissé sur la touche: le 5 décembre Macron demandait «aux forces politiques, aux forces syndicales, au patronat, de lancer un appel clair et explicite au calme et au respect du cadre républicain» et Grivaux, le porte-parole du gouvernement, ajoutait que «le moment que nous vivons n’est plus à l’opposition politique mais à la République». Face au danger social, tous les syndicats et partis bourgeos doivent faire bloc! Répondant illico à cet appel à la défense de l’ordre établi, la CGT, la CFDT, FO, la FSU, l’UNSA, la CGC et la CFTC se réunissaient et rédigeaient un communiqué condamnant «toutes formes de violence dans l’expression des revendications»; et les organisations syndicales se félicitaient que le gouvernement ait «ouvert les portes du dialogue» (1).

Le 7 décembre, après une réunion avec Elisabeth Borne, la ministre des Transports et de l’écologie, la CGT et FO annulaient la grève illimitée des chauffeurs routiers qui devait commencer le lundi suivant; et le 10 décembre la CFDT et FO étaient reçues par le gouvernement, la CGT s’abstenant au dernier moment d’y aller pour conserver auprès de ses adhérents de base une apparence d’indépendance.

En fait si le gouvernement avait ouvert les portes aux représentants syndicaux, il déchaînait la brutalité policière et la répression contre les manifestants Gilets Jaunes: mobilisation de dizaines de milliers de policiers et de gendarmes (et même des gendarmes à cheval!), utilisation de toute une variété d’armes: divers types de grenades, quantité sans précédent de gaz lacrymogènes, flashballs, canons à eau, etc, et même fichage des Gilets Jaunes hospitalisés en utilisant une mesure promulguée dans le cadre de la lutte anti-terroriste!

On recensait parmi les victimes des services de police et de gendarmerie lors des manifestations de novembre et de décembre; environ 1700 blessés dont 82 graves (yeux crevés, mains arrachées, etc.) et une vieille dame tuée par une grenade (sans compter la dizaine de morts lors d’accidents sur les barrages). Selon le Ministère de la Justice plus de 5300 «gardes à vue» avaient eu lieu, de plus en plus souvent dans le cadre d’arrestations préventives, et des centaines de condamnation à des peines de prison ont été prononcées. L’attentat de Strasbourg a fourni le prétexte au gouvernement, enhardi également par la décrue du mouvement, pour démanteler la plupart des barrages et inciter les tribunaux à faire preuve de fermeté à l’égard des manifestants arrêtés.

 

Crise politique

 

Le mouvement des Gilets Jaunes a provoqué les premières véritables difficultés du gouvernement Macron. Sans doute n’est-ce pas la première fois qu’un mouvement de ce genre pose problème à un gouvernement: il suffit de se rappeler comment les «Bonnets Rouges» de Bretagne avaient contraint en 2013 le gouvernement Hollande à une humiliante et coûteuse reculade, après de violentes manifestations et une mobilisation massive. Initié par des sociétés de transport opposées à l’«écotaxe», auxquels s’étaient joints les exploitants agricoles de la FNSEA, ce mouvement avait entraîné derrière lui des ouvriers d’abattoirs en difficulté menés par FO, dans une orientation régionaliste clairement bourgeoise.

Cependant le mouvement des Gilets Jaunes se distingue de celui des Bonnets Rouges par le fait qu’il n’a jamais été dirigé par des organisations patronales. Il s’est développé et étendu en dehors d’organisations professionnelles ou politiques; même si des forces politiques de droite ou d’extrême droite ont contribué à sa naissance ou ont cherché à l’influencer, elles ont été vite marginalisées par son hostilité envers les partis et les syndicats en général.

Par la suite, son extension pratiquement d’emblée nationale, sa capacité à résister non seulement à la propagande des médias, à la répression, mais aussi aux promesses gouvernementales et aux manoeuvres de division visant à faire émerger un courant prêt au compromis avec les autorités, ont débouché une véritable crise politique. Le gouvernement qui se vantait de continuer quoi qu’il arrive sa politique dite de «réformes», en fait ses attaques antisociales, a été obligé d’abandonner la taxe prévue sur le diesel, et Macron a annoncé une série de mesures en faveur des plus pauvres.

Ce qui a motivé ce recul, c’est moins le mouvement en lui-même, que la crainte qu’il finisse par encourager les prolétaires à entrer en lutte sur leur propre terrain, le seul terrain mortel pour les bourgeois, celui de la lutte de classe contre l’exploitation capitaliste.

Centré sur les revendications anti-taxes, le mouvement des Gilets Jaunes est de nature petite-bourgeoise – comme le démontre le fait que jamais les patrons ni le système capitaliste ne sont pris pour cible de ses critiques. A l’instar de tous les mouvements petits bourgeois, si divers soient-ils, il se prétend au-dessus des classes, assurant défendre les intérêts de «tous les citoyens». Comme il affirme représenter «le peuple», «la nation», dans leur ensemble, il est bien naturel qu’il ait adopté comme emblèmes le drapeau français et la Marseillaise et qu’il utilise toute une imaginerie renvoyant à la révolution bourgeoise de 1789.

Cet interclassisme signifie aussi que des prolétaires y participent. Ils se reconnaissent non seulement dans l’hostilité au gouvernement, mais surtout dans des revendications comme la hausse des pensions, des minima sociaux et du SMIC (hausse du SMIC d’ailleurs combattue par les petits patrons Gilets Jaunes). La persistance du mouvement s’explique par son enracinement social, par la participation de nombreux prolétaires qui n’ont rien à perdre, et la sympathie qu’il rencontre auprès de larges couches exploitées, alors que les petits patrons et les catégories petites bourgeoises supérieures s’en détournent peu à peu. Cela signifie-t-il que le mouvement pourrait changer de nature et devenir prolétarien? Pour cela il faudrait qu’existe une force de classe assez puissante et organisée pour arracher les prolétaires à l’influence petite bourgeoise – ce qui est tout sauf le cas!

 Mais le risque de contagion au prolétariat des usines et des grandes entreprises, en dépit du contrôle syndical, a néanmoins été jugé suffisamment grave pour décider le gouvernement à faire des concessions pour éteindre l’incendie.

Il n’y a pas de doute que nombre des mesures annoncées sont de la poudre aux yeux, comme l’augmentation du smic qui en réalité est simple prime versée à seulement une partie des travailleurs:(le gouvernement ne voulait surtout pas relever le taux horaire pour ne pas gêner les patrons); et que d’autres, comme l’organisation d’un «grand débat national» relèvent de la diversion.

Mais malgré tout, ces mesures – dont le coût est chiffré de 8 à 10 milliards d’euros en dépenses et en pertes de rentrées fiscales– se traduiraient par une hausse du déficit du budget. Ce qui représenterait un affaiblissement politique de l’impérialisme français en Europe au moment où il veut apparaître comme une force dirigeante.

Mais le souci principal des cercles bourgeois dirigeants n’est pas là: ils appréhendent que soit compromise la poursuite des attaques capitalistes qui ont été menées pour l’instant sans désemparer par le gouvernement.

Aussi, tout en repoussant les sujets les plus immédiatement brûlants, comme celui des retraites, le gouvernement a symboliquement réaffirmé sa détermination à garder le cap en publiant en fin d’année un décret durcissant les sanctions contre les chômeurs qui refuseraient une offre d’emploi ou rateraient un rendez-vous à Pôle-Emploi – alors même que des négociations sont toujours en cours sur une réforme de l’assurance-chômage. Et, lors d’une visite officielle en Allemagne, le premier ministre a affirmé devant plusieurs centaines de patrons qu’il voulait «frapper vite, frapper fort, agir de manière profonde». De son côté, le 11 janvier, à la veille de la neuvième journée de manifestation des Gilets Jaunes, Macron n’a pas hésité à attribuer ce mouvement à un «refus de l’effort»: pour les bourgeois en général et les banquiers en particulier les pauvres et les prolétaires ne font jamais assez d’efforts!

Il serait erroné de hausser les épaules devant ces coups de menton; ce qui s’exprime là c’est bien la détermination des capitalistes français, dont les taux de profit restent trop faibles par rapport à ceux des concurrents, à accroître toujours davantage l’exploitation des prolétaires – peut-être en accordant s’il le faut un répit aux couches petites bourgeoises.

 

Où vont les Gilets Jaunes?

 

Les manifestations de «l’acte 9» (12 janvier) ont montré un regain de la mobilisation (près de cent mille manifestants, selon les chiffres donnés par France Info), tandis que les enquêtes d’opinion attestent d’une approbation toujours très importante parmi les ouvriers et les employés. Mais les doutes et les divergences sur la suite à donner se manifestent davantage au sein du mouvement; certains leaders en perte de vitesse veulent constituer un parti politique ou participer en tout cas aux prochaines échéances électorales, alors que d’autres, tout en continuant à appeler à la mobilisation, se disent prêts à négocier avec Macron dont ils demandaient auparavant la démission. Dans certains endroits comme à Toulouse des assemblées de Gilets Jaunes ont fait appel aux syndicats. Se tourner vers les pompiers sociaux qui ont démontré et démontrent tous les jours leur attachement au statuquo est une preuve supplémentaire que le mouvement n’a rien de révolutionnaire comme se l’imaginent certains exaltés.

 

Le mirage du RIC

 

Cela est également démontré s’il le fallait par ce qui est devenu la revendication centrale des Gilets Jaunes: le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Ce type de consultation qui existe en Suisse a toujours été un rêve pour les démocrates en France; sa revendication s’est répandue comme une traînée de poudre parmi les Gilets Jaunes, malgré les nombreuses expériences qui ont démontré qu’il s’agissait d’une farce, au même titre que les autres mécanismes électoraux de la démocratie bourgeoise. Il suffit de rappeler que malgré un «non» retentissant au référendum sur le traité de Maastricht, celui-ci a été ratifié par le parlement. A son époque, De Gaulle était un spécialiste du référendum: mais lorsqu’il avait essayé d’arrêter le mouvement de grève en mai 68 avec un référendum, la poursuite des manifestations et des grèves avait fait misérablement capoter sa tentative.

Mais, selon ses partisans, le RIC serait décidé à l’initiative des citoyens de base, ce qui empêcherait les manipulations par les politiciens vendus. En cela ils en font que montre leurs illusions démocratiques – illusions inhérentes à tout mouvement interclassiste, qui s’imagine défendre les intérêts de «tous les français» et qui entend seulement réformer la société du capital, non la détruire ni même la combattre.

 

La critique marxiste de la démocratie

 

La critique marxiste de la démocratie n’est pas basée sur les manoeuvres et les manipulations du pouvoir, mais sur la dénonciation du mensonge démocratique et de l’idéologie «citoyenne». Selon ce mensonge et cette idéologie, tous les individus seraient égaux (en droit) et capables, dans un régime démocratique, de déterminer la politique de l’Etat en exprimant leur opinion par un vote.

En réalité, comme chacun sait, les individus ne sont pas égaux; il y a des exploités, qui ne possèdent rien, et une minorité d’exploiteurs qui possèdent tout (ou presque). Ces exploiteurs constituent la classe dominante, qui s’appuie sur un appareil d’Etat constitué pour défendre cette inégalité en défendant le mode de production capitaliste. La classe dominante qui possède tous les moyens de production, possède aussi les moyens de production des «idées» (médias, école, institutions religieuses et étatiques, partis politiques, etc.); comme disait Marx, en temps normal les idées dominantes sont les idées de la classe dominante. Cela explique que les exploités votent «naturellement» pour des bourgeois, pour leurs patrons, etc.

Les choses changent quand les luttes de classe affaiblissent la domination de la classe bourgeoise sur la société; alors au moins une partie des prolétaires, une avant-garde, peut se libérer des idées dominantes – la majorité ne pourra le faire qu’après le renversement de la classe dominante et la fin de l’abrutissement par les institutions bourgeoises. Comme disait aussi Marx, la révolution est nécessaire y compris pour émanciper le cerveau des prolétaires et des masses. Mais si en théorie on peut imaginer que dans une situation d’affaiblissement de la domination bourgeoise, les élections puissent aboutir à des résultats contraires à ce qu’elle veut, il reste le fait que même dans le plus démocratique des régimes démocratiques, ce n’est pas le bulletin de vote qui détermine la politique de l’Etat, mais le fait que cet Etat est l’organe de la domination bourgeoise; et qu’il est en particulier sous la dépendance des groupes capitalistes les plus puissants (parfois contre d’autres groupes capitalistes plus faibles).

Qui peut croire que si un RIC tranquillement organisé donnait un résultat opposé aux intérêts des bourgeois, ceux-ci s’inclineraient gentiment? Seuls peuvent le croire les petits bourgeois qui refusent de voir la division de la société en classes antagoniques et qui s’imaginent que l’Etat, avec sa police, ses juges, etc., peut être au service de tous les «citoyens».

Les marxistes n’opposent pas une «vraie» démocratie qu’elle soit «de base», «directe», «participative», ou maintenant «des ronds-points», à une fausse, mais la lutte de classe contre les capitalistes, leur Etats et leur système économique, à la démocratie en général.

 

Une seule perspective: la reprise de la lutte de classe anticpaitaliste

 

La lutte de classe, poussée jusqu’au bout, jusqu’à la prise révolutionnaire du pouvoir, est le seul moyen pour les prolétaires de s’émanciper, en mettant fin au capitalisme. Mais c’est aussi le seul moyen pour les couches petites bourgeoises de combattre avec succès le capitalisme qui les broie. Le Manifeste du Parti Communiste expliquait que les classes moyennes peuvent devenir révolutionnaires dans la mesure où elles abandonnent leur point de vue de classe pour adhérer à celui du prolétariat (2).

La croyance que des «actes» à répétition finiront par obtenir de l’Etat bourgeois un changement radical en faveur des exploités, est une illusion complète. Il n’y a pas d’autre solution que la reprise de la lutte prolétarienne de classe, de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme et l’Etat bourgeois. S’engager dans la lutte de classe signifie rompre dans les faits avec le mensonge démocratique de l’égalité de tous les «citoyens». Les «citoyens» comme le «peuple» sont divisés en classes aux intérêts opposés; c’est la lutte au sein des citoyens, au sein du peuple, et l’organisation indépendante de classe qui est la seule voie de l’émancipation. Par contre, l’unité démocratique des citoyens et du peuple signifie pour les prolétaires renoncer à défendre leurs intérêts propres, donc rester éternellement dominés et exploités.

L’objectif doit être le renversement, la destruction, de l’Etat bourgeois et son remplacement par l’Etat de la dictature du prolétariat qui sera un «demi-Etat» comme disait Engels, parce qu’il ne reposera pas principalement sur une bureaucratie, mais sur la participation des masses les plus larges aux «affaires publiques»; et non pas sa démocratisation, comme le veulent les démocrates petits bourgeois. Démocrate ou dictatorial, l’Etat bourgeois est toujours au service du capitalisme contre le prolétariat et les masses exploitées.

Cet objectif ne peut pas être immédiat, mais c’est le seul réaliste. En tant que tel, le mouvement des Gilets Jaunes ne peut constituer une étape vers cette alternative. Mais la détermination et la ténacité dont il fait preuve et qui sont largement dues à la présence de prolétaires en son sein, doivent servir d’exemple pour les futures luttes ouvrières (3). L’aggravation des tensions sociales dont l’apparition des Gilets Jaunes est la démonstration, se traduira tôt ou tard mais inévitablement par de nouvelles luttes prolétariennes.

Si au cours de celles-ci une minorité au moins des prolétaires trouve la force de se libérer de la tutelle paralysante des syndicats et autres organisations collaborationnistes pour mener les luttes sur des positions de classe, alors ils auront fait un premier pas significatif vers leur émancipation, et celle de tous les opprimés, du maudit système capitaliste.

 


 

(1) Présent à la réunion de l’intersyndicale, Solidaires (Sud) a refusé de signer, estimant que ce communiqué était «hors sol». En réalité il n’est pas du tout hors sol; il correspond très exactement au rôle de conservation sociale et de sabotage des luttes des appareils syndicaux collaborationnistes, et en particulier de l’intersyndicale dont fait partie Solidaire, comme l’a encore démontré la défaite organisée de la lutte des cheminots l’année dernière.

(2) «Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires: elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat» cf Le Manifeste, ch. 1, «Bourgeois et prolétaires».

(3) Le Monde des 13-14/1/19 cite un professeur qui écrit cyniquement à propos des Gilets Jaunes: «Un des éléments de force des personnes mobilisées (...) c’est que contrairement à des militants syndicaux habitués à la défaite et à la résignation elles acceptent moins facilement de rentrer chez elles». Cette habitude de la défaite et de la résignation, c’est l’oeuvre du syndicalisme de collaboration de classe.

 

 

Parti Communiste International

13 janvier 2019

www.pcint.org

 

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