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Algérie : Non à la mascarade électorale et aux illusions démocratiques, oui à la lutte de classe prolétarienne contre le capitalisme !

 

 

Après avoir été contraintes au printemps dernier, sous la pression des gigantesques manifestations populaires du Hirak, de renoncer à faire réélire le président potiche Bouteflika pour un 5e mandat, les autorités algériennes se sont obstinées à organiser une nouvelle mascarade électorale : 5 candidats, issus du système en place, se présentent aux élections présidentielles du 12 décembre, rejetées par une très grande partie de la population : les candidats ont renoncé à mener une campagne électorale en raison de l’hostilité ouverte de la population qui voit avec raison dans ces élections une simple opération pour conforter le pouvoir en place.

Les manifestations qui depuis février se répètent toutes les semaines contre le système, ont connu un déclin inévitable pendant l’été. Le président par intérim Bensalah en avait profité pour claironner que c’était la fin du Hirak ; mais dès le mois de septembre les manifestations de masse ont repris et elles ont gagné en importance à l’approche de l’échéance électorale.

Pour la 37ème manifestation du Hirak, le premier novembre, jour de la fête nationale commémorant le début de la guerre d’indépendance, c’est une véritable marée humaine qui a envahi les rues d’Alger. Le slogan principal résumant la teneur générale des revendications était « pour une deuxième indépendance ».

Ces références à une « deuxième indépendance », les orientations nationalistes et les professions de foi pacifistes sont la démonstration de la domination politique dans le Hirak de la petite bourgeoisie ; celle-ci redoute la lutte des classes parce qu’elle se situe entre les deux classes antagonistes de la société –  capitalistes  et prolétaires – dont l’affrontement menace de la broyer, et c’est la raison pour laquelle elle se fait l’avocat d’un « intérêt général » ou « national » au dessus des classes et qu’elle a comme idéal la démocratie. Mais ce prétendu intérêt général n’est toujours en définitive que l’intérêt du capital et la démocratie n’est que l’une des formes de la domination de la bourgeoisie.

Les autorités n’ont pas ménagé leur peine depuis quelques mois pour affaiblir le Hirak : des tentatives de division par la condamnation de porteurs du drapeau berbère à une répression grandissante des manifestants et des manifestations quand c’est possible (comme lors des manifestations d’étudiants, moins nombreuses), au verrouillage des médias et à l’interdiction de réunions d’opposants – sans parler d’arrestations de personnalités autrefois toutes puissantes qui sont présentées comme une lutte contre la corruption telle que le demande la population.

C’est ainsi que début mai, Saïd Bouteflika, l’ancien « homme fort » du clan présidentiel était arrêté avec les généraux Tewfik (ancien chef de la redoutable Sécurité Militaire) et Tartag (successeur de ce dernier comme chef des Services de Sécurité) (1) pour « complot contre l’autorité militaire », en l’espèce le chef d’Etat-major, le général Gaïd Salah, le nouveau dirigeant de fait du pays; d’autres ont suivi par la suite.

Ces arrestations sont en réalité l’expression des féroces luttes de clan au sein de la classe dirigeante, qui se répercutent au sein de l’Armée, force dirigeante de l’Algérie depuis l’indépendance. Jusqu’ici ces luttes se déroulaient pour l’essentiel hors de vue de la population, mais la détérioration de la situation économico-socio-politique, dont le Hirak est l’expression, les a fait apparaître au grand jour.

 

UNE « GREVE GENERALE »  INTERCLASSISTE ?

 

L’unanimisme populaire et national qui caractérise politiquement le Hirak a été un facteur important dans la mobilisation pacifique de très larges couches de la population. Les participants aux énormes manifestations en ont retiré un sentiment de puissance, alimenté en outre par l’impossibilité pour le pouvoir de recourir à des mesures extrêmes de répression face à des foules aussi grandes sans provoquer l’explosion qu’il redoutait.

Cependant ces manifestations pacifiques rituelles si nombreuses qu’elles soient, se sont révélées incapables non seulement de faire « dégager » le pouvoir, mais même de lui arracher les moindres concessions. C’est ce qui explique que depuis quelques semaines et avec une insistance de plus en plus forte dans la dernière période, la perspective d’un appel à la grève générale revient au premier plan ; les prolétaires sont en effet le véritable moteur du mouvement qui est né sur le terreau d’une crise sociale rampante. Leur force potentielle va bien au-delà de toutes les manifestations, car ils sont capables de mettre à genoux l’économie du pays. Mais ces perspectives de grève générale ne signifient pas que les intérêts propres des prolétaires soient passés au premier plan : au contraire selon certains  la force des prolétaires devrait être  mise au service d’intérêts qui ne sont pas les leurs.

C’est ainsi que le Pacte de l’Alternative Démocratique (PAD) qui regroupe partis trotskystes (PST, PT), néo-staliniens (MDS), berbéristes (FFS), bourgeois libéraux (RCD), etc., accusant dans une conférence de presse le pouvoir de mettre « en danger la cohésion sociale et nationale ainsi que la pérennité de l’Etat », évoque comme moyens d’action « y compris la grève générale » – à condition que soit mis en place « un service minimum dans les secteurs stratégiques » ! (2). Ou le PST qui appelle à une « grève générale unitaire » pour imposer « l’élection d’une Assemblée constituante souveraine représentative des aspirations démocratiques et sociales de la majorité des masses populaires » (3) : une telle Assemblée, pour laquelle le PST appelle les prolétaires à la grève générale, ignorerait les « aspirations » de classe du prolétariat, au profit d’ « aspirations » interclassistes !

Les intérêts prolétariens sont à l’opposé : non la cohésion sociale et nationale qui signifie la paralysie du prolétariat, mais le déploiement de la lutte de classe ; non la pérennité de l’Etat bourgeois, pilier de la dictature de la bourgeoisie, mais la lutte pour l’abattre; non une Assemblée constituante démocratique pour réformer la société, mais le combat révolutionnaire pour renverser le capitalisme et instaurer l’Etat des ouvriers et des exploités : la dictature du prolétariat  !

Les chefs militaires dont le vieux général Gaïd Salah n’est que le porte-parole, sont les agents du capitalisme tel qu’il s’est développé en Algérie depuis l’indépendance, en exploitant les prolétaires et en ruinant la petite paysannerie, comme le fait le capitalisme sous tous les cieux. Le Hirak est impuissant dans sa lutte « contre le système » parce que son interclassisme l’empêche de devenir une lutte anti-capitaliste.

Seul le prolétariat peut mener la lutte contre le capitalisme, entraînant derrière lui les masses exploitées, en union avec les prolétaires des autres pays. Mais pour cela la condition première est qu’il s’organise et combatte sur des positions de classe, pour la défense de ses intérêts propres et qu’il se dote de son organe politique, le parti de classe, pour diriger sa lutte : c’est cela le besoin le plus pressant pour les prolétaires d’Algérie, et du monde !

 

Non à la mascarade électorale, non aux impasses démocratiques !

Oui à la lutte prolétarienne de classe contre le capitalisme !

Pour la constitution du parti révolutionnaire communiste, internationaliste et international !

 


 

 (1) En même temps que ces caciques du régime algérien était arrêtée aussi la « trotskyste » Louiza Hanoune ; connue pour ses compromissions avec l’ancien clan présidentiel la dirigeante du Parti des Travailleurs avait participé à une réunion discrète entre Tewfik et Bouteflika pour discuter d’un renversement de Gaïd Salah, au moment même où son parti faisait mine de reprendre le slogan du Hirak : « système, dégage ! ».

(2) Liberté, 9/12/19

(3) Déclaration du Secrétariat National du PST, 16/11/2019

 

 

Parti Communiste International

10 décembre 2019

www.pcint.org

 

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