|
Prises
de position - |
Quel futur pour les Palestiniens de Gaza ?
Les Palestiniens sont confrontés à leur extermination systématique, voulue et organisée par Israël avec le consentement et le soutien de tous les impérialistes, à commencer par les très démocratiques États-Unis d’Amérique et les États européens.
Après des décennies de tentatives infructueuses pour constituer une nation et un État indépendant, à l’égal des autres et surtout d’Israël, il semble qu’il n’y ait pas d’issue ; mais une issue existe, et c’est la voie historique de la reprise de la lutte de classe du prolétariat non seulement dans les pays du Moyen-Orient, mais surtout dans les pays capitalistes avancés dans la perspective de la révolution prolétarienne et communiste internationale, en Europe, en Amérique, en Russie, en Extrême-Orient, en Chine et au Japon ; une lutte de classe qui ne manquera pas de frapper, de l’extérieur, même les pays où la collaboration de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie s’est si solidement ancrée au fil des décennies qu’elle semble inattaquable, comme en Israël.
Pour beaucoup, cette perspective peut sembler irréaliste, imaginaire et irréalisable, au même titre qu’un « réveil » des classes laborieuses des pays du Moyen-Orient.
La classe dominante bourgeoise a surmonté en plus de deux cents ans une série interminable de crises économiques, commerciales et financières, de luttes sociales et d’assauts du pouvoir par le prolétariat, et même une révolution comme la révolution bolchévique de 1917 avec son influence temporaire sur l’Europe et le monde, elle a surmonté deux guerres mondiales, l’une plus dévastatrice que l’autre et avec leurs conséquences négatives, elle a continué à développer l’économie industrielle et capitaliste en soumettant à ses lois toutes les parties du monde, même les plus éloignées géographiquement des grands centres financiers et impérialistes, et elle a lié chaque prolétariat aux intérêts nationaux de sa propre bourgeoisie, en étouffant les révoltes et les rébellions chaque fois qu’elles éclataient, et en continuant à déclencher des guerres dans toutes les parties du monde au point d’ébranler l’Europe pacifique. Après tous ces faits, ce qui semble impossible, ce n’est pas la révolte, la rébellion des couches populaires ou de nations entières contre l’oppression qu’elles subissent constamment de la part des grands États impérialistes, des grands monopoles et trusts mondiaux, des grandes banques, mais que les révoltes et les rébellions se transforment en luttes de classe organisées comme c’était le cas au XIXe siècle et au cours des trente premières années du XXe siècle.
Jusqu’à présent et en fonction des intérêts immédiats et futurs de leur propre bourgeoisie, on a vu des États démocratiques s’allier ou s’opposer à d’autres États démocratiques ou à des États autoritaires, totalitaires, mais tous également bourgeois et antiprolétariens ; on assiste depuis des décennies à une militarisation de plus en plus forte des frontières et de chaque nation, peu importe que cette militarisation soit l’œuvre de la bourgeoisie nationale ou d’autres bourgeoisies qui se sont imposées par la guerre. Il est de plus en plus évident, surtout depuis la fin de la deuxième guerre impérialiste mondiale, que la lutte de concurrence entre les différents capitalismes nationaux a mis en avant ce que le Manifeste du Parti communiste, Le Capital, L’Impérialisme, en un mot le marxisme, avait prévu il y a cent quatre-vingts, cent soixante et cent dix ans : les États bourgeois, qu’ils soient démocratiques, monarchiques-constitutionnels ou totalitaires, sont, dans tous les pays, des instruments de la domination capitaliste sur la société ; ils sucent la sueur et le sang du travail salarié des masses prolétariennes, la sueur et le sang des masses paysannes pauvres, dans le seul but de renforcer le pouvoir du capitalisme sur tous les territoires de la planète, sur toutes les mers et dans tous les ciels. Selon la bourgeoisie, et donc la grande bourgeoisie capitaliste, non seulement les grandes et petites entreprises, les grands et petits commerces, toutes les petites et grandes propriétés, donc chaque pays, et chaque individu dès sa naissance et tant qu’il respire, mais aussi toutes les générations qui suivront, doivent répondre aux lois du capital. Si l’on imagine l’avenir à partir de ce qui se passe dans le présent, il ne sera pas celui du bien-être tant vanté, de la paix tant invoquée, des libertés, de l’égalité et de la fraternité revendiquées : l’avenir envisagé dans chaque pays par la bourgeoisie dominante est raconté par les gueules des canons, les bombes qui pleuvent du ciel, les missiles tirés depuis la terre, la mer et le ciel. Et quand ce ne sont pas les canons qui tirent, les bombes et les missiles qui font des ravages et rasent des villes entières, ce sont la faim, la malnutrition, la soif, la famine qui prennent la relève et la criminalité qui profitent toujours du chaos causé par les crises sociales et les guerres. La bourgeoisie et la criminalité, bien qu’elles se combattent, se soutiennent mutuellement, sont toutes deux filles du mode de production capitaliste, et leur dieu tout-puissant est l’argent auquel elles sacrifient tout, y compris les peuples.
Contre ce monde, contre ce futur, ce n’est pas la « bonne volonté » des hommes, ce n’est pas la « démocratie » avec ses fausses « valeurs de liberté et d’égalité » qui représentent la solution. La classe bourgeoise n’est pas composée d’hommes qui se soucient de la société des hommes, mais d’hommes qui sont les instruments du capital, la main du dieu-capital, dont les intérêts se dressent contre la société humaine. Lorsque les intérêts du capital, de l’argent, des marchandises, c’est-à-dire d’une économie visant à soumettre le travail humain exclusivement à la valorisation du capital, remplacent les intérêts de la vie sociale de l’espèce humaine, alors aucune violence n’est bannie : la violence du capital et de son économie mercantile, se transfère directement dans la violence de la classe qui détient le pouvoir politique, économique et militaire, soumettant toute la société aux intérêts du capitalisme et, à cette fin, cette classe s’approprie non seulement toute la richesse produite par le travail humain en la centralisant, mais elle exerce également toutes sortes de violences pour défendre son pouvoir et l’étendre à des territoires plus vastes.
La guerre – que la bourgeoisie israélienne mène depuis des décennies contre tous les peuples qui habitent les territoires limitrophes de ce qu’elle a toujours considéré comme la « Terre promise » (... promise par le Dieu d’Israël), à commencer contre la population palestinienne qui est présente depuis plusieurs millénaires dans toute la région en tant, elle aussi, que population sémite comme la population juive –, n’a pas pour origine le prétendu antisémitisme des Palestiniens, mais l’intérêt et la nécessité pour les deux peuples de dominer l’autre afin de contrôler le même territoire, en particulier les zones fertiles le long du Jourdain. Les conflits religieux millénaires ne sont en réalité qu’une justification idéologique pour les deux parties. Avec le développement du capitalisme, et donc des classes bourgeoises pour chaque population de la région, les conflits ont inévitablement pris les caractéristiques d’une guerre permanente dans laquelle – après l’effondrement de l’Empire ottoman qui dominait ces territoires depuis quatre siècles et leur colonisation par les puissances impérialistes victorieuses de la Première Guerre mondiale, c’est-à-dire l’Angleterre et la France –, toute la région du Proche et du Moyen-Orient a été complètement démembrée à partir des anciennes institutions impériales. L’Angleterre et la France y ont institué, à des fins de domination impérialiste, de nouvelles entités nationales : Irak, Palestine/Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Koweït, Arabie saoudite, sans tenir compte des traditions sédentaires des différentes ethnies et populations, mais uniquement de leurs propres intérêts impérialistes.
Naturellement, les intérêts des puissances impérialistes prévoyaient non seulement le partage du Proche et Moyen-Orient anciennement ottoman en zones d’influence (la Syrie et le Liban ont donc été attribués à la France, la Jordanie, la Palestine/Israël, l’Irak, le Koweït et l’Arabie saoudite à l’Angleterre) afin de contrôler directement les voies de communication, le monopole du commerce et l’exploitation des gisements pétroliers, mais aussi à l’excitation des différentes minorités (tout d’abord la minorité kurde, puis la minorité juive) contre les populations arabes. À la fin de la Première Guerre mondiale, le traité de Sèvres (1920) a défini les nouvelles frontières, modifiant radicalement l’ensemble de la région du Moyen-Orient. Avec la Seconde Guerre mondiale, la défaite des puissances de l’Axe et des entités étatiques arabes qui les soutenaient, ainsi que l’extermination des Juifs, les démocraties impérialistes victorieuses pour la deuxième fois sur les totalitarismes impérialistes n’ont fait qu’aggraver les conflits entre les populations du Moyen-Orient, en particulier en ce qui concerne la création d’Israël qui, de “foyer juif” est devenu en 1948 un véritable État sur un territoire que les puissances impérialistes mondiales réunies au sein de l’ONU depuis 1945 auraient voulu diviser en deux États distincts, l’un palestinien et l’autre juif, ce qui ne s’est jamais produit. Il était évident que l’Angleterre, les États-Unis et la France elle-même se soient essentiellement rangés du côté de la population juive et non des populations arabes, au-delà des déclarations répétées sur les conflits israélo-arabes et sur les « deux peuples, deux États », depuis la constitution violente de l’État d’Israël qui a provoqué la première grande catastrophe (en arabe, al-Nakba) pour les Palestiniens, contraints de fuir au Liban et en Jordanie ; ni l’Angleterre, ni même la France, ne sont intervenues pour empêcher l’exode forcé de 700 000 Palestiniens de leur terre occupée militairement par les Israéliens. Un État juif convenait à toutes les puissances impérialistes, car il pouvait jouer pour elles le rôle de leur gendarme dans une région turbulente et difficile à gérer après son démembrement total ; et il apaisait la mauvaise conscience des démocraties impérialistes qui, bien que conscientes du sort réservé à des millions de Juifs dans les camps de concentration nazis, n’ont absolument rien fait pour mettre fin à cette extermination annoncée.
Ainsi, une fois la guerre terminée, elles ont favorisé la migration de centaines de milliers de Juifs de Pologne, d’Allemagne, de Russie et du Moyen-Orient vers Israël, leur nouvelle patrie. Ainsi, l’impérialisme – sous des apparences formellement démocratiques ou non – espérait atténuer, voire pacifier, un Moyen-Orient qui s’annonçait plutôt comme une région où les conflits ethniques, religieux, politiques et économiques des peuples qui l’habitaient depuis toujours allaient se croiser, s’aggraver, avec les intérêts contradictoires des différentes puissances impérialistes. Entre-temps, au cours des décennies qui ont suivi 1948, Israël est devenu un pays capitaliste très avancé et avec des visées expansionnistes importantes, visées qui ne pouvaient se réaliser sans qu’il soumette d’abord l’ensemble de la population palestinienne afin qu’elle ne puisse en aucun cas nuire à l’intérêt de Tel-Aviv de s’approprier l’ensemble du territoire palestinien, même au prix de l’extermination de toute la population palestinienne, comme cela se produit à Gaza depuis plus de 600 jours.
Les rébellions, les révoltes, les guerres dont les Palestiniens sont les protagonistes depuis plus de soixante ans, bien qu’ils les aient constamment perdu et qu’ils aient dû se battre non seulement contre l’armée israélienne, mais aussi contre les gouvernements et les armées des pays arabes qui se déclaraient partisans et amis de la « cause palestinienne », n’ont pas réussi à « résoudre » la « question palestinienne ». Tout en s’appuyant sur l’influence et la direction de groupes politiques et de milices qui, depuis l’OLP jusqu’à l’ANP actuelle et au Hamas, ont au contraire démontré qu’ils faisaient passer leurs propres intérêts partisans et leurs propres privilèges, en exploitant les masses prolétariennes et paysannes palestiniennes, et en se mettant tour à tour au service de l’une ou l’autre puissance régionale, de l’une ou l’autre puissance impérialiste. Tout en subissant les conséquences les plus terribles en termes d’oppression, d’humiliation, de torture, de mort, les masses palestiniennes continuent à résister et à survivre sur des lambeaux de terre qui se transforment cependant de plus en plus en cimetières à ciel ouvert.
Il est évident que toutes les puissances impérialistes sont intéressées à maintenir de bonnes relations économiques, commerciales, financières et politiques avec Israël ; elles ont continué à faire le commerce des armes de toutes sortes, même après le 8 octobre 2023, et les grands champions en la matière sont les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, voire l’Espagne qui, dans le sillage de la récente reconnaissance par Pedro Sánchez de l’» État palestinien », a augmenté ses importations d’armes en provenance d’Israël après le 7 octobre 2023, y compris les nouveaux missiles Spike et les mortiers Cardom « testés au combat » à Gaza (1). Ils n’ont rien fait pour que les paroles conciliantes des « deux peuples, deux États » (dont ils savent très bien qu’ils n’existeront jamais) soient suivies d’actes, et rien pour mettre fin aux violences systématiques de l’armée et des colons israéliens contre la population civile palestinienne.
À quoi a servi leur grande puissance politique, économique et militaire ? À protéger la population civile palestinienne ? À effrayer l’État d’Israël en le menaçant de lourdes représailles s’il ne mettait pas fin à ses violences systématiques contre la population palestinienne sans défense ? Certainement pas, puisque après 600 jours de bombardements rasant la bande de Gaza, avec plus de cent mille morts parmi les victimes confirmées et celles qui gisent sous les décombres, avec ses centaines de milliers de blessés, de mourants, d’affamés et de malades sans soins, de nombreux dirigeants en costume-cravate se permettent de dire – devant les caméras – qu’Israël « exagère », qu’il a « dépassé les limites » (les limites de quoi : combien de morts civils sont « acceptables » pour ces messieurs en près de deux ans de bombardements, frappant des écoles, des hôpitaux, des habitations civiles, des camps de réfugiés ?), qu’il est temps de « négocier »... Négocier avec qui ?, avec le Hamas, qui est coresponsable de la guerre déclenchée par Israël, et qui a, au contraire, intérêt à ce que la population de Gaza continue de subir toutes les atrocités dont l’armée israélienne est capable, pour avoir ainsi une raison supplémentaire de se réorganiser et de retrouver son influence sur au moins une partie des Palestiniens et de continuer à jouer son rôle d’agent en sous-main de certaines puissances régionales, et pas seulement de l’Iran, qui ont intérêt à maintenir Israël occupé dans la zone territoriale de ce qui était autrefois la Palestine ?
Et ce ne sont certainement pas les prétendues « aides humanitaires », sous forme de camions remplis de nourriture, de médicaments, de vêtements et d’équipements qui arrivent à la frontière de Gaza et qui, depuis le 2 mars dernier, sont bloqués sous le soleil par l’armée israélienne, empêchant toute aide à la population systématiquement bombardée et réduite à la famine, qui facilitent la survie des Palestiniens de Gaza. Après avoir chassé d’Israël l’organisation humanitaire de l’ONU, l’URNWA, accusée de terrorisme par le gouvernement lui-même terroriste d’Israël, et après avoir organisé avec les États-Unis une nouvelle organisation humanitaire autoproclamée, l’Alliance of Lawyers for Palestine (ASAP), sous le commandement de la soi-disant Gaza Humanitarian Foundation (GHF), financée par le Mossad et le ministère israélien de la Défense et constituée en réalité de mercenaires américains et d’anciens agents de la CIA, Israël poursuit rapidement son plan visant à rassembler la plupart des Palestiniens de la bande de Gaza dans le sud du territoire. Près de la frontière avec l’Égypte et sous la supervision des États-Unis, il a organisé quatre points de collecte pour la distribution de nourriture (contre les 400 points de collecte de l’URNWA dans toute la bande), en construisant de longs et étroits couloirs de barbelés et en soumettant à une identification tous ceux qui font la queue à l’aide des systèmes biométriques les plus avancés. Après des jours et des semaines de famine, il est évident que les Palestiniens se bousculent pour obtenir ne serait-ce qu’une infime quantité de nourriture. Comme prévu, pour disperser la foule et obliger les Palestiniens à emprunter avec ordre les couloirs spécialement aménagés et pour empêcher l’assaut sur le peu de nourriture disponible, les entreprises américaines et les milices criminelles organisées par certains clans palestiniens en accord avec le gouvernement de Netanyahou (2) ont tiré sur la foule, ajoutant d’autres morts et blessés aux dizaines de milliers déjà fauchés par les attaques d’Israël. De cette manière, les Palestiniens sont traités pire que les prisonniers dans n’importe quel camp de concentration : derrière l’« aide humanitaire » - utile pour apaiser la mauvaise conscience des pays impérialistes - brillent les canons des mitrailleuses et des chars d’assaut, transformant ainsi les points de collecte pour la distribution de nourriture en pièges mortels.
Et tandis que dans la bande de Gaza se perpétue ce long et lourd carnage, le prince Faisal bin Farhan, ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, avait l’intention de rencontrer Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, le dimanche 1er juin, pour discuter de ce qui devrait devenir un jour l’ « État palestinien » tant convoité. Depuis plus de cinquante ans, aucun haut fonctionnaire saoudien n’a mis les pieds en Palestine ; depuis plus de cinquante ans, Riyad reste silencieux sur toute la tragédie du peuple palestinien. À la tête d’une délégation arabe composée des ministres des Affaires étrangères d’Égypte, de Jordanie et d’autres pays de la Ligue arabe, le prince Faisal bin Farhan avait l’intention de lancer une initiative par laquelle l’Arabie saoudite souhaiterait retrouver un rôle fondamental dans la reconstruction des relations interétatiques entre les pays arabes de la région et Israël, en jouant, comme il sied aux marchands les plus expérimentés, sur plusieurs tableaux. Tout d’abord, en normalisant les relations avec Israël selon les fameux accords d’Abraham, interrompus en raison de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et de la réponse très violente d’Israël sur la bande de Gaza, mais qui avaient aplani les relations entre Israël et Bahreïn, les Émirats et le Maroc, et qui pouvaient être reprises entre Tel Aviv et Riyad. Ensuite, en renouant les relations avec l’ANP après les avoir abandonnées, en remettant la « cause palestinienne » au premier plan, en accord avec la France de Macron, avec laquelle Riyad a organisé une conférence à l’ONU les 17-20 juin prochains afin de relancer la reconnaissance de l’État palestinien. On assiste ainsi à une énième mise en scène dans laquelle la « cause palestinienne » est utilisée, tantôt par une puissance, tantôt par une autre, comme levier pour imposer ses propres intérêts de partage dans une région systématiquement soumise à des conflits tendanciellement insolubles et dans laquelle les puissances régionales que sont l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie et bien sûr Israël tentent depuis au moins soixante ans de s’imposer par rapport aux autres prétendants. Mais derrière elles, ou à leurs côtés, agissent les puissances impérialistes historiques et un impérialisme plus jeune, comme la Chine, également intéressées non pas par la « cause palestinienne », mais par le pétrole et les routes commerciales qui traversent la mer Rouge, le canal de Suez et le golfe Persique. Cette visite à Ramallah a bien entendu été empêchée par Israël et évidemment ... reportée. La preuve que le grand plan israélien prévoit de réduire la présence des Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie à un minimum historique possible, est la poursuite des implantations de colons en Cisjordanie et, demain, une fois l’extermination à Gaza terminée, également dans la bande de Gaza. Ce n’était pas une coïncidence si la visite du Saoudien Faisal bin Farhan à Ramallah était prévue vingt-quatre heures après que le gouvernement Netanyahu ait approuvé 22 nouvelles colonies en Cisjordanie occupée, la plus grande opération de colonisation dans les territoires occupés destinés illusoirement à un État palestinien...
La guerre dans le Moyen-Orient dévasté a été, est et sera la situation normale car trop de conflits se sont accumulés et concentrés au cours d’un siècle et plus et continuent à en générer d’autres. Face à cette situation de guerre permanente, seule l’explosion de la lutte de classe prolétarienne pourra apporter une réponse historique aux carnages incessants par lesquels les bourgeoisies régionales et impérialistes tentent à chaque fois d’imposer leurs intérêts partisans spécifiques. Une lutte de classe prolétarienne qui peut éclater en Égypte comme en Syrie, en Iran, comme en Turquie, en Arabie saoudite comme au Liban ou en Irak ou en Palestine même, mais qui pourrait avoir la caractéristique de propager rapidement l’incendie dans toute la région.
Malheureusement, et ce n’est pas nouveau, aucune une issue à l’oppression, aux massacres et à l’extermination actuelle des Palestiniens ne se pointe à l’horizon. Sous le drapeau du « droit d’Israël à se défendre », la bourgeoisie juive sanguinaire, au nom du « peuple élu de Dieu », d’un Dieu qui exige une obéissance totale et auquel on doit même le plus grand sacrifice, celui de la vie humaine justifie le « droit d’Israël à se défendre » par toute action, même la plus violente et la plus inhumaine, conçue, planifiée et menée contre tout autre peuple païen ou considéré comme ennemi. En vertu de cette très ancienne conviction religieuse, le « peuple élu de Dieu » a construit au cours du temps, de génération en génération, un lien de solidarité très étroit entre tous ses membres. Pour ces communautés juives expulsées de divers pays depuis l’Empire romain, elle a contribué à leur résistance dans l’histoire en les consacrant au commerce et aux prêts d’argent, en les transformant au fil du temps en usuriers et en banquiers, car, selon la loi, pour survivre, ils ne pouvaient pas posséder de biens immobiliers ni de terres. Mais, en même temps, cela n’a pas suffi à les protéger des massacres et des pogroms qui les ont frappés depuis le Moyen Âge en Allemagne, en Angleterre, en France et surtout en Russie. Un « peuple élu par Dieu » mais persécuté par de nombreux autres peuples, surtout chrétiens qui, dans l’hypocrisie infinie du catholicisme, du protestantisme et du christianisme orthodoxes, canalisaient le mécontentement des classes inférieures vers les communautés juives, facilement identifiables et ghettoïsable.
Mais le fait d’avoir été persécutés pendant des siècles n’a pas empêché la plupart des communautés juives de s’enrichir grâce au commerce et à l’usure, dans un monde où les relations, violentes ou moins violentes, entre les différentes populations s’intensifiaient, mettant de plus en plus en évidence la nécessité d’échanger des produits, puis des marchandises, à tel point que lorsque l’or, l’argent puis la monnaie sont devenus la mesure des échanges, la pratique marchande et usuraire renforcée et affinée au fil des siècles par les Juifs les a placés dans une position sociale privilégiée, au point de devenir des représentants de premier plan du capitalisme.
L’absence de lutte des classes en Israël, en Europe, en Amérique, dans les pays arabes du Moyen-Orient, ne permet pas au prolétariat palestinien, et encore moins à la population palestinienne en général, de compter sur la seule solidarité concrète qui l’aiderait à réagir à l’extermination, en se débarrassant des sangsues national-bourgeoises du Hamas, de l’ANP et de tous les différents clans et formations politico-militaires qui, au cours des dernières décennies, ont représenté non pas une « solution nationale et démocratique » au conflit israélo-palestinien, mais l’exploitation de la combativité et de la résistance indomptable des prolétaires palestiniens pour affirmer leurs propres intérêts de classe bourgeois, leurs propres privilèges, tantôt par des affrontements armés contre Israël et contre tel ou tel État arabe qui se révélait aussi répressif à leur égard qu’Israël, tantôt par les compromis les plus vils et les plus cyniques avec les pouvoirs dominants représentés par Israël ou les pays arabes, les États-Unis ou les États européens.
La dernière offensive d’Israël contre la population de Gaza, après la fausse trêve conclue avec Washington, a été baptisée « les chars de Gédéon ». Chaque nom donné par Israël à ses guerres a toujours eu une forte valeur symbolique. Dans ce cas, la référence est à la Bible, en particulier au Livre des Juges et aux exploits du juge Gédéon (XIe-Xe siècle avant J.-C.), « choisi par Dieu » pour ramener les Israélites à la foi en Dieu, après qu’ils se soient éloignés des commandements de Dieu et aient été opprimés par des peuples païens tels que les Madianites et les Amalécites. Ses exploits se résument à l’opération d’extermination que Gédéon organisa avec une attaque nocturne surprise dans le camp des Madianites ; la surprise facilita la victoire de Gédéon et de ses 300 guerriers ; il tua personnellement les princes capturés et ordonna l’extermination de la population de deux villages, Succoth et Penuel, coupables de ne pas avoir soutenu ses soldats. Ainsi rétablis, la loi du Dieu d’Israël et le contrôle du territoire habité par les Israélites, le juge Gédéon garantit, selon le récit biblique, la paix pendant quarante ans. Il fut élevé, dans le Nouveau Testament, au rang d’exemple de foi pour tous les chrétiens, une foi qui imposait, en fait, l’extermination de tous ceux qui ne se soumettaient pas à la loi du Dieu d’Israël... et à la loi du Dieu des chrétiens...
Et qu’est-ce que ce qui se passe à Gaza depuis le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas contre les kibboutz israéliens limitrophes de Gaza, si ce n’est un extermination organisée dans les moindres détails ? Un extermination consommée avec l’assentiment de tous les États dits civilisés, et dont ils devront rendre compte un jour devant l’avancée du mouvement révolutionnaire prolétarien qui, poussé par les contradictions toujours plus aiguës et fortes du capitalisme mondial, renaîtra inévitablement de ses cendres.
(1) Cf. https://contropiano.org/altro/2025/06/05/benefici-inconfessabili-la-compravendita-darmi-tra-la-spagna-e-israele-dopo-il-7-ottobre-0183806
(2) Voir par exemple https://fr.timesofisrael.com/israel-a-effectivement-arme-un-gang-de-gaza-pour-renforcer-lopposition- au-hamas/, à propos de Yasser Abu Shabab, membre d’une puissante famille de Khan Yunis dans le sud de la bande de Gaza, qui, en accord avec les forces israéliennes, a organisé les attaques contre des centaines de camions du Programme alimentaire mondial des Nations unies.
5 juin 2025
Parti Communiste International
Il comunista - le prolétaire - el proletario - proletarian - programme communiste - el programa comunista - Communist Program
www.pcint.org