De la crise de la société bourgeoise à la révolution communiste mondiale

( Manifeste du Parti Communiste International. 1981 )

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Sommaire

 

●    INTRODUCTION

●    PREMIERE PARTIE : Retour au communisme révolutionnaire de Marx et de Lénine

            I. Le capitalisme appelle la révolution communiste

            II. La classe ouvrière possède dans son passé les armes pour vaincre

    DEUXIEME PARTIE : Objectifs, voies et moyens de la révolution communiste mondiale

            I. Position du parti devant les grandes tendances politiques de l’impérialisme

            II. Les tâches de la révolution communiste mondiale

            III. Orientations internationales d’action du parti

    CONCLUSION

●    ANNEXES

                1. Les principes du communisme révolutionnaire

                2. Bibliographie du mouvement communiste

 

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DEUXIEME PARTIE : Objectifs, voies et moyens de la révolution communiste mondiale

 

I. Position du parti devant les grandes tendances politiques de l’impérialisme

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1. La révolution prolétarienne et les faux socialismes

 

Les bolcheviks furent portés au pouvoir en Octobre1917 sur la vague d’une révolution dont les tâches économiques étaient pour l’essentiel antiféodales, c’est-à-dire non encore anticapitalistes. L’État n’en était pas moins prolétarien et sa politique, notamment la lutte contre la guerre impérialiste et l’aide à la révolution mondiale, authentiquement communiste révolutionnaire.

En attendant que la révolution prolétarienne et communiste triomphe en Europe occidentale et puisse, selon la conception même de Lénine, fournir aux paysans russes les moyens techniques nécessaires pour passer au travail associé et assurer ainsi les conditions de la transformation socialiste, les bolcheviks pouvaient seulement espérer maîtriser, grâce au contrôle de l’État prolétarien, les conséquences sociales du développement du capitalisme en Russie.

En parvenant à dénaturer la direction du parti communiste de l’État soviétique, la contre-révolution stalinienne brisait toute possibilité de diriger le développement de la société russe vers le cap du communisme et le livrait aux forces déchaînées du capitalisme national, présentes aussi bien dans l’industrie d’État que dans la petite production industrielle ou agricole.

Mais, si elle balaya toutes les conquêtes prolétariennes et communistes d’Octobre, la contre-révolution ne remettait pas en cause la transformation capitaliste révolutionnaire en Russie, qui se poursuivit dès lors à un rythme échevelé avec l’industrialisme stalinien, avant que le capitalisme devenu adulte n’oblige les successeurs de Staline à des réformes libérales, destinées à adapter les mécanismes de l’économie nationale aux exigences de la concurrence internationale.

Dans l’Est de l’Europe, le « socialisme » des démocraties populaires n’est qu’une forme bourgeoise, liée à la domination de l’impérialisme grand-russe dans les chasses gardées qui lui sont échues après les accords de partage du monde à Yalta.

En Chine comme au Vietnam, des partis soi-disant communistes ont été portés au pouvoir par des révolutions dirigées contre l’impérialisme et les vieilles classes précapitalistes. Mais, pour grandioses qu’elles aient été et malgré leur importance pour le développement de l’humanité, ces révolutions ne pouvaient pas dépasser le stade national-démocratique et donc bourgeois, étant donné l’anéantissement de tout mouvement prolétarien indépendant par la contre-révolution stalinienne. Il n’est même pas nécessaire de s’appesantir sur le cas de Cuba ou des autres pays où des révolutions bourgeoises, d’ailleurs plus ou moins réalisées par en haut, ont cru pouvoir invoquer le drapeau d’un socialisme... national.

Dans aucun pays du monde, aucune transformation graduelle, aucune transition au socialisme n’est possible sans l’établissement préalable de la dictature prolétarienne sur les ruines de l’État en place.

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2. L’illusion réactionnaire du retour aux formes libérales du capitalisme

 

Dans la première moitié du xxe siècle, le développement du capitalisme a vu, dans le domaine économique, l’apparition de syndicats patronaux regroupant les employeurs dans un but de monopole, et des tentatives de contrôler et de diriger la production et les échanges selon des plans centraux, allant jusqu’à la gestion de secteurs entiers de la production par l’Etat ; dans le domaine politique, le renforcement du potentiel policier et militaire de l’Etat et les formes totalitaires de gouvernement. Il ne s’agit pas là de types nouveaux d’organisation sociale constituant une transition du capitalisme au socialisme, encore moins d’un retour à des régimes politiques pré-bourgeois ; il s’agit au contraire de formes précises de gestion encore plus directe et plus exclusive du pouvoir et de l’État par les forces les plus développées du capital.

Cette tendance, qui s’est manifestée hier avec brutalité dans le fascisme historique et qui existe aussi sous la forme des dictatures « national-communistes » dans les pays de l’Est européen, trouve son plein épanouissement dans les démocraties blindées d’Occident, héritières du fascisme. Le pluralisme hypocrite de ces dernières repose sur l’existence de forts partis ouvriers bourgeois, comme les partis soi-disant communistes ou, pour ce qui est de l’Europe, euro-communistes, ainsi que de puissants partis démocratiques comme les partis social-démocrates.

Cette tendance existe aussi à plein dans les pays de jeune capitalisme, comme la Turquie ou les pays latino-américains, et même dans les pays d’Asie ou d’Afrique à peine émancipés de la tutelle coloniale. La bourgeoisie y a recours aux formes de gestion économique les plus centralisées, pour bander toutes ses forces afin de tenir sur un marché mondial déjà archi-saturé. Elle s’initie en même temps aux formes de domination politique les plus centralisatrices et les plus totalitaires pour tenir en laisse les masses laborieuses remuantes et un prolétariat qui menace d’être extrêmement dynamique. Et ce alors que subsiste encore dans la société et dans l’État, suivant les aires et les pays, toute une gamme de rapports et d’influences sociales archaïques.

D’où le rôle démesuré joué par l’État, qui s’insinue dans toute la vie économique, s’est assujetti les syndicats ouvriers nés du mouvement anti-impérialiste, et plie sous la terreur politique quotidienne les masses exploitées. Et comme cette puissance a besoin d’être fermement tenue en mains par une force elle-même concentrée, c’est l’armée qui, avec sa structure fortement hiérarchisée, se trouve souvent désignée pour cette tâche. Là où le mouvement social n’a pas encore produit de parti unique, expression la plus achevée de cette tendance, c’est elle qui en tient lieu, ou bien elle en crée un qui n’est que son ombre.

Plus les réformes bourgeoises tardent, plus l’intervention despotique de la hiérarchie militaire se révèle indispensable pour les réaliser en évitant des explosions populaires ; plus elles sont achevées, plus s’affirme encore la tendance à l’unification des classes bourgeoises autour de cet axe centralisateur. Ces dictatures capitalistes mûrissantes peuvent alors se parer de formes multiples de participation démocratique, qui conduisent à une sorte de militarisme plébiscitaire ou de dictature militaire consensuelle.

Ce processus exclut des interprétations pacifistes et progressistes du développement du régime bourgeois et confirme les prévisions marxistes sur la concentration et l’alignement antagonique des forces de classe. Pour que ses énergies révolutionnaires puissent se renforcer et se concentrer avec un potentiel correspondant, le prolétariat doit repousser la revendication d’un retour illusoire au libéralisme démocratique ainsi que la demande de garanties légales, et ne pas les admettre comme moyen d’agitation. Dans les pays capitalistes développés, il doit liquider historiquement la méthode des alliances du parti révolutionnaire de classe pour des buts transitoires, que ce soit avec des partis bourgeois et petit-bourgeois, ou avec des partis pseudo-ouvriers à programme réformiste ; il tend à liquider également cette méthode, qui pouvait y être utilisé à condition de maintenir fermement l’indépendance politique et organisative du parti, dans les pays où s’achève le cycle révolutionnaire bourgeois au fur et à mesure que s’épuise, dans une aire après l’autre, la capacité des divers courants à se placer sur le terrain de la lutte révolutionnaire contre l’État en place.

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3. Le mensonge de l’égalité des nations en régime capitaliste

 

Au début du xxe siècle, la généralisation des grands trusts capitalistes et leur interpénétration avec les États nationaux avait déjà mené au partage du monde entre une poignée de groupes financiers et de grands États impérialistes. Sa remise en cause périodique a déjà provoqué deux guerres impérialistes.

La victoire des alliés lors de la seconde guerre mondiale n’a pas mis fin à la tendance à la subordination des colonies et des nations plus petites aux exigences d’une poignée de super-puissances impérialistes. Elle a poussé à fond la constitution du monde capitaliste en constellation de grands États, maîtres des classes travailleuses des métropoles, des colonies, des semi-colonies et de tous les États mineurs d’Europe.

La grande vague anti-impérialiste qui a secoué l’ordre impérialiste mondial dans les dernières décennies ne pouvait à elle seule contrecarrer cette tendance. Elle l’a au contraire continuée en remplaçant les formes désormais révolues du vieil impérialisme colonial par les formes plus modernes, qui dérivent de la concentration économique toujours plus grande et portent la vassalisation des États plus petits à un degré encore plus élevé.

L’antagonisme entre grands blocs impérialistes, qui condamne les super-États à mettre les États plus petits en coupe réglée, et la tendance naturelle de la bourgeoisie des petits États à se mettre sous la protection d’États plus puissants pour défendre ses privilèges sociaux, renforcent encore ce processus. Il exclut donc lui aussi toutes les interprétations évolutionnistes du développement de la dictature internationale du capital et confirme totalement la prévision marxiste.

Pour que les énergies révolutionnaires ne soient pas entravées dans les pièges du libéralisme bourgeois, le prolétariat doit repousser la revendication d’une impossible égalité des nations en régime bourgeois. Il doit rejeter toute politique visant à faire de l’indépendance nationale ou de l’unité nationale d’États constitués sur la base d’un capitalisme mûr un objectif de la révolution prolétarienne ; il doit considérer comme des utopies réactionnaires aussi bien l’idée de rechercher une impossible indépendance économique, que le rêve petit-bourgeois de libérer les petits pays de l’exploitation économique et de l’oppression politique par les plus grands sans la révolution prolétarienne.

Le prolétariat révolutionnaire repousse donc toute alliance avec les partis bourgeois et petit-bourgeois qui poursuivent de tels objectifs, dès lors que la lutte révolutionnaire pour la constitution de l’État national contre l’impérialisme et les vieilles classes est achevée.

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4. L’opposition inconditionnelle à tout gouvernement bourgeois

 

La véritable tactique communiste a toujours consisté en une opposition totale à l’État bourgeois constitué et donc à tous les gouvernements bourgeois, dans toutes les phases successives de la domination de la bourgeoisie.

Dans les pays où des gouvernements de la gauche bourgeoise sont théoriquement encore susceptibles de faire des réformes démocratiques – et donc bourgeoises – qui intéressent le prolétariat, la seule attitude envisageable du point de vue de la préparation révolutionnaire du prolétariat consiste à arracher ces réformes, comme toute concession économique ou politique, par la lutte contre le gouvernement en place.

Cette tactique intransigeante est à plus forte raison impérative dans les pays de plein capitalisme et d’impérialisme vieillissant, d’autant plus que depuis le début du siècle les gouvernements bourgeois ont la longue habitude de s’affubler d’un masque ouvrier, grâce à la participation de partis réformistes, dans le but de faire accepter à la classe ouvrière les sacrifices exigés par la marche chaotique du capital. La pire erreur serait de considérer ces partis comme l’aile droite du mouvement ouvrier. Ils constituent en réalité l’aile gauche de la bourgeoisie, et font office de lieutenants de la bourgeoisie dans les rangs ouvriers.

Si le parti communiste ne nie pas que dans des conditions déterminées de tels gouvernements puissent éventuellement être amenés à faire des concessions à la classe ouvrière, il a le devoir de les contraindre par une forte pression prolétarienne à réaliser leurs promesses ; il doit en même temps apprendre à la classe ouvrière que les concessions de ces gouvernements ne visent pas à favoriser son mouvement, mais au contraire à assurer le meilleur fonctionnement de l’ordre capitaliste et, en cas de crise, à garantir à la bourgeoisie l’essentiel, c’est-à-dire le pouvoir politique, contre les efforts du prolétariat de secouer le joug.

De leur propre gré, de tels gouvernements n’ont jamais laissé de liberté de mouvement au prolétariat que dans la mesure où il se laissait endormir par leurs concessions au point de les considérer comme ses propres représentants et de les appuyer. Une longue expérience historique, en particulier la répression de l’insurrection berlinoise de janvier 1919, a prouvé qu’ils sont capables de répondre par la réaction la plus féroce au premier assaut des masses contre les institutions de l’État démocratique bourgeois.

Il n’existe donc aucun régime prétendument de transition entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat qui ne doive être combattu avec la dernière énergie. Le seul gouvernement ouvrier possible ne peut naître que de l’insurrection ouvrière victorieuse, sur les décombres de la machine de l’État capitaliste, sur la base de la dictature du prolétariat.

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5. La contre-révolution stalinienne et le retour à la perspective révolutionnaire

 

Après avoir livré l’État soviétique et l’Internationale communiste à l’ordre établi international, la contre-révolution stalinienne barrait définitivement toute issue révolutionnaire à la crise ouverte par la première guerre impérialiste mondiale et rendait par conséquent inévitable un nouveau partage impérialiste du monde.

Dans les préparatifs de la guerre et dans la deuxième boucherie impérialiste mondiale elle-même, la bourgeoisie et le stalinisme ont fini par liquider toute réaction et toute organisation indépendante de classe.

Avec l’anéantissement de tout mouvement prolétarien de classe et la victoire dans la guerre du camp impérialiste le plus puissant, groupé autour des Etats-Unis d’Amérique, cœur du capitalisme mondial et nouveau gendarme du monde, s’est ouverte une nouvelle période de domination incontestée du capital, que seul l’essoufflement du formidable cycle d’accumulation capitaliste de l’après-guerre permettait de remettre en cause.

De fait, l’espoir que la puissante vague des révolutions anti-impérialistes qui a secoué l’Asie, l’Afrique, et s’est répercutée en Amérique latine, réveille le prolétariat des métropoles et que s’opère la soudure entre les deux mouvements, s’est révélé trop optimiste. La profondeur de la léthargie de la classe ouvrière était telle, que l’effet immédiat de la vague anti-impérialiste a été de revaloriser encore à ses yeux les idéologies démocratique et nationaliste.

Cependant, si les effets subversifs pour le prolétariat de cette irruption des masses des pays économiquement arriérés sur la scène politique ont été retardés, ils sont désormais multipliés par le retour des crises capitalistes. En pesant davantage encore sur les conditions de vie des masses exploitées des pays dominés, celles-ci ont déjà fait naître une vague sociale authentiquement prolétarienne qui, partie de la périphérie, mord progressivement dans l’aire des pays de vieux capitalisme et menace déjà de gagner les grandes métropoles impérialistes elles-mêmes.

Avec le tournant marqué par la crise de 1974-75, c’est le cycle trentenaire de l’accumulation de l’après-guerre qui cède la place à une nouvelle période de crises capitalistes et d’instabilité de tous les rapports sociaux, en même temps que s’épuise le cycle des révolutions anticoloniales. Parallèlement, la frontière économique et donc politique entre l’Est et l’Ouest s’ouvre, tandis, que s’effrite toujours davantage le mythe du socialisme réel.

De tous ces événements qui s’entrelacent sur l’arène du monde entier surgit à nouveau l’alternative inéluctable : ou guerre impérialiste ou révolution prolétarienne mondiale.

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6. Le défaitisme révolutionnaire dans la guerre impérialiste

 

Les guerres impérialistes étant une conséquence inéluctable du capitalisme, il ne saurait être question de paix durable excluant toute oppression nationale et étatique sans le renversement du régime capitaliste d’exploitation et d’oppression.

Le prolétariat ne peut imaginer lutter contre les menées criminelles de l’impérialisme et se libérer de sa domination sans lutter contre les campagnes de l’un et l’autre camp impérialiste et leurs justifications. Il doit combattre aussi bien d’un côté la fausse croisade anti-impérialiste et la prétendue défense du socialisme par la Russie super-capitaliste et impérialiste, que de l’autre la fausse croisade pour les libertés et les Droits de l’Homme de l’hyperimpérialisme américain, ou le mensonge chinois de la lutte contre l’hégémonisme.

Le prolétariat doit combattre toutes les prétentions hypocrites de chaque impérialisme à libérer les nationalités opprimées par les autres impérialismes : il n’attend pas la fin de l’oppression nationale-coloniale de la victoire d’un camp impérialiste sur l’autre, mais de la victoire révolutionnaire de la nationalité opprimée, qu’il est du devoir du prolétariat du pays oppresseur d’encourager et de favoriser ; de même que, plus généralement, il n’attend la fin de toute oppression de type national que de l’union du prolétariat international, de la destruction révolutionnaire des États oppresseurs et de la suppression du capitalisme.

La classe ouvrière doit en même temps repousser toutes les idées pacifistes. Elles combat naturellement le pacifisme émanant des bourgeoisies de pays plus petits, même impérialistes, qui cherchent à se tenir à l’écart d’un conflit susceptible de remettre en cause leurs privilèges ou explorent, comme les impérialismes européens, d’éternelles troisièmes voies entre les deux superpuissances : elles ne le font qu’au prix d’une pression accrue sur leurs zones d’influence et ne pourront rien obtenir d’autre qu’un maximum d’atouts pour marchander leur adhésion à l’un ou l’autre camp de guerre.

Elle doit se protéger également du pacifisme typique des démocrates petit-bourgeois. Ces bavards se vantent de pouvoir s’opposer à la guerre par les idées pacifistes. Ils entravent en réalité la préparation de la révolution violente, qui peut seule en finir avec les guerres. Le prolétariat sait par expérience que le pacifisme petit-bourgeois est toujours le premier à transformer son refus de la guerre en jusqu’au boutisme militariste dès que, selon l’argumentation traditionnelle, tous les moyens pacifiques pour éviter la guerre auront été épuisés.

Si la révolution n’avait pas la force de couper l’herbe sous les pieds de la guerre impérialiste et que cette dernière éclatait, la seule voie de salut pour le prolétariat serait de relever le drapeau du défaitisme révolutionnaire de Liebknecht et de Lénine en proclamant dans tous les États que l’ennemi principal est dans « son » propre pays, que la condition la plus favorable à la révolution est celle de la défaite de son propre État. Les communistes devraient alors affirmer, contre tous les opportunistes faiseurs de paix, que la paix véritable est impossible sans révolution et lutter pour transformer la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire.

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7. Le besoin du parti unique fortement centralisé de la révolution mondiale

 

La révolution prolétarienne a définitivement perdu son caractère essentiellement européen et nord-américain. Elle a définitivement cessé d’être le fait de la race blanche. La victoire de la révolution anticoloniale et antiféodale dans les continents économiquement arriérés a désormais créé dans le monde entier les prémisses indispensables de la révolution prolétarienne comme but immédiat de la lutte de la classe ouvrière. Ceci reste vrai, même si la transformation communiste de la société ne pourra se faire partout au même rythme. Et si de nombreuses luttes non encore prolétariennes éclateront nécessairement dans les parties les plus retardataires d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine, elles entrent cependant dans la stratégie de la révolution communiste mondiale.

Quelle que soit la zone, périphérique ou non, où la combinaison des contradictions capitalistes permettra une accumulation de matières explosives susceptibles de déclencher une vague révolutionnaire internationale, c’est vraisemblablement en Europe centrale que se gagnera, après une série de batailles menées sur tous les continents, la première manche décisive de la prochaine vague révolutionnaire. C’est dans cette région que la Sainte Alliance contre-révolutionnaire impérialiste concentre le maximum de forces d’intimidation et de destruction. Mais c’est aussi là que se trouve le cœur de la plus forte concentration ouvrière, dont le tissu vivant est ininterrompu de Liverpool à Sverdlovsk. Et c’est en même temps-là, au centre même des forteresses capitalistes, que les antagonismes impérialistes sont les plus violents et que la chaîne des États bourgeois, constamment détruits et reconstruits après des éruptions révolutionnaires et des guerres impérialistes, trouve son maillon faible.

Une victoire révolutionnaire en Europe ne pourrait être acquise que contre les armées coalisées des impérialismes russe et américain et entraînerait à terme l’effondrement de la Russie capitaliste, surtout si la Chine et le Japon ont déjà été conquis. Mais pour que cette victoire, encore partielle, se transforme en un succès définitif de la révolution mondiale, il faudrait encore que les forces unies du prolétariat révolutionnaire d’Europe, d’Asie, d’Afrique et des deux Amériques, entraînant derrière lui les masses paysannes pauvres des continents dominés, puissent venir à bout de la superforteresse impérialiste nord-américaine.

Face à la collaboration des différentes bourgeoisies « qui ne font qu’un contre le prolétariat » (Marx) désormais aussi dans les pays du Tiers Monde, et face à la centralisation des fonctions contre-révolutionnaires sous l’égide des grands États impérialistes, le prolétariat ne peut concentrer des forces suffisantes pour en finir avec l’ordre impérialiste qu’en « subordonnant les intérêts de la lutte prolétarienne dans un pays à l’intérêt de cette lutte dans le monde entier » (Lénine) et en concentrant ses forces dans un parti mondial fortement centralisé.

La dégénérescence du parti prolétarien en Russie, et la contre-révolution qui s’en est suivie sous le drapeau mensonger du communisme, ne remet nullement en cause le besoin de la direction du parti sur l’État prolétarien ; pas davantage que la mise au pas de l’Internationale dégénérée par l’État national russe à partir de 1926, et la terrible confusion qui s’en est suivie pour le mouvement prolétarien, ne remet en cause le besoin du parti mondial du prolétariat.

La contre-révolution bourgeoise a pu profiter de certaines faiblesses de l’Internationale qui, du fait de l’immaturité du communisme en Europe occidentale, laissait un trop grand flou dans le domaine tactique et organisatif. Elle a pu profiter d’une certaine confusion entre le parti et l’État en Russie, due à l’immense saignée de la classe ouvrière russe dans la guerre civile, puis à son accaparement dans les tâches de la gestion du capitalisme, nécessaire à sa propre survie et au besoin de maintenir une alliance avec la paysannerie tant que tardait la révolution européenne, c’est-à-dire à l’isolement insupportable dans lequel s’est trouvé la révolution prolétarienne dans un pays économiquement arriéré. Elle a profité du fait que l’Internationale reposait entièrement sur ce parti russe soumis aux pressions les plus terribles. De telles faiblesses du parti prolétarien auraient pu être surmontées dans d’autres conditions historiques. Et si l’adversaire a pu prendre appui sur elles pour capter le parti, c’est à travers des heurts historiques entre des forces gigantesques que la révolution a finalement eu le dessous.

Ce serait donc folie que d’en tirer argument pour jeter aux orties les armes de l’État et du parti. La seule attitude marxiste et révolutionnaire consiste à améliorer ces armes en les rendant encore plus tranchantes, en tenant encore mieux en mains l’État prolétarien par un parti encore plus solide.

La défense du régime prolétarien contre les dangers de dégénérescence contenus dans les insuccès et les reculs possibles de l’œuvre de transformation économique et sociale – dont la réalisation intégrale est inconcevable dans les limites d’un seul pays – ne peut être assurée que par une coordination constante entre la politique de l’État ouvrier et la lutte unitaire internationale, incessante en temps de paix comme en temps de guerre, du prolétariat de chaque pays contre sa bourgeoisie et son appareil étatique et militaire. Cette coordination ne peut être assurée qu’au moyen du contrôle politique et programmatique du parti communiste mondial sur l’appareil de l’État où la classe ouvrière a conquis le pouvoir.

 

 

Parti Communiste International

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