De la crise de la société bourgeoise à la révolution communiste mondiale

( Manifeste du Parti Communiste International. 1981 )

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Sommaire

 

●    INTRODUCTION

●    PREMIERE PARTIE : Retour au communisme révolutionnaire de Marx et de Lénine

            I. Le capitalisme appelle la révolution communiste

            II. La classe ouvrière possède dans son passé les armes pour vaincre

    DEUXIEME PARTIE : Objectifs, voies et moyens de la révolution communiste mondiale

            I. Position du parti devant les grandes tendances politiques de l’impérialisme

            II. Les tâches de la révolution communiste mondiale

            III. Orientations internationales d’action du parti

    CONCLUSION

●    ANNEXES

                1. Les principes du communisme révolutionnaire

                2. Bibliographie du mouvement communiste

 

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DEUXIEME PARTIE : Objectifs, voies et moyens de la révolution communiste mondiale

 

II. Les tâches de la révolution communiste mondiale

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1. La conquête du pouvoir politique

 

Le renversement du pouvoir politique de la bourgeoisie serait impensable sans une succession de batailles révolutionnaires ayant la planète entière pour théâtre, sans une série d’insurrections et de contre-révolutions, de guerres civiles et de guerres entre États, jusqu’à la chute des grands États impérialistes qui sont les gendarmes du monde.

La victoire de l’insurrection dans un pays a pour conditions élémentaires : l’ébranlement de l’État capitaliste par une crise politique qui pousse à des disputes à l’intérieur de la classe dominante, par une crise militaire ou une crise sociale, et l’entrée en lutte des larges masses prolétariennes défendant contre l’ordre établi leurs conditions de vie devenues intolérables.

Cependant, si ces conditions sont nécessaires, elles ne sont pas en elles-mêmes suffisantes au succès. Ce dernier ne peut en effet être assuré que si le parti communiste est parvenu, par sa participation à toutes les batailles partielles qui ont précédé, à conquérir une influence décisive sur l’avant-garde prolétarienne au détriment des autres courants, une influence suffisante sur les masses ouvrières et semi-prolétariennes, en particulier les travailleurs sous l’uniforme. Il doit être aussi parvenu à neutraliser au moins une fraction des couches intermédiaires et indécises de la population. C’est ainsi qu’au moment décisif l’adversaire pourra être privé d’une partie de ses arrières et que toutes les luttes prolétariennes et, dans certaines zones encore, les luttes paysannes menées contre les propriétaires fonciers, pourront, quels que soient les fronts où elles sont menées, être concentrées et centralisées en une force unique et puissante qui, en s’appuyant sur la garde prolétarienne armée, pourra briser la force elle-même concentrée et centralisée de la bourgeoisie.

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2. L’instauration de la dictature prolétarienne et ses caractères

 

Après le renversement du pouvoir capitaliste, le prolétariat ne pourra s’organiser en classe dominante qu’en détruisant le vieil appareil d’État. Il ne pourrait pas assurer sa victoire sans la destruction totale, au cours du soulèvement armé, de la hiérarchie militaire dont le terrorisme est indispensable pour faire marcher les prolétaires sous les drapeaux contre leurs frères de classe, sans la dispersion des corps de mercenaires et policiers, sans la constitution sur les ruines de l’armée bourgeoise, de l’armée rouge prolétarienne organisée sur la base de l’armement général du prolétariat.

Le prolétariat victorieux s’empressera également de briser les machines administrative et judiciaire de l’État capitaliste, en supprimant notamment la hiérarchie des fonctionnaires.

Il dispersera enfin les parlements et autres institutions représentatives bourgeoises qu’il rejette totalement comme formes de son propre pouvoir et en finira avec la fiction bourgeoise de la séparation des pouvoirs.

L’État prolétarien sera constitué d’organes de travail et de participation des masses prolétariennes, grâce auxquels sera assumé l’ensemble des tâches économiques, politiques, militaires, judiciaires et administratives de la révolution, dans des formes qui, en tenant compte des conditions économiques et du niveau d’éducation des masses qui varie avec les différentes régions du monde, permettront au plus tôt de supprimer l’administration de l’État comme activité sociale séparée des autres.

Les syndicats de travailleurs, qui subsisteront dans l’État prolétarien tant que subsistera même en partie le salariat, auront pour tâche de protéger le niveau de vie de la classe travailleuse, convergeant avec le parti et l’État prolétarien dans cette fonction comme dans celle de la transformation communiste de la société.

L’État prolétarien, dans la mesure même où son appareil est un instrument et une arme de lutte dans une époque historique de transition, ne tire pas sa force organisationnelle de règles constitutionnelles ni de schémas représentatifs quelconques. L’expression historique la plus haute d’une telle organisation a été jusqu’à présent celle des conseils des travailleurs née au cours de la révolution russe d’octobre 1917 dans la période où la classe ouvrière s’organisait militairement sous la direction exclusive du parti bolchevik, et où étaient à l’ordre du jour la conquête totalitaire du pouvoir, la dissolution de l’assemblée constituante, la lutte pour repousser les attaques extérieures des gouvernements bourgeois et pour écraser la rébellion intérieure des classes vaincues, des couches moyennes et petites-bourgeoises et des partis opportunistes qui, dans les phases décisives, sont les alliés inévitables de la contre-révolution.

L’État prolétarien est une dictature dans la mesure où le prolétariat ne partage le pouvoir avec personne et où « son pouvoir n’est lié par aucune loi » (Lénine). Le prolétariat ne peut faire face à toutes les tentatives des classes déchues qu’en les privant de tout droit et de toute fonction politique, et en ne tolérant aucune tentative d’organisation de leur part.

La dictature du prolétariat est indispensable pour entraîner par le radicalisme et l’audace de ses mesures révolutionnaires l’adhésion des larges masses exploitées et miséreuses des villes et des campagnes et pour diriger par tous les moyens, violents et pacifiques, militaires et économiques, pédagogiques et administratifs, la grande masse de la population, contre les habitudes héritées de siècles d’esclavage, dans la « mise en place » de l’économie socialiste.

Seule cette dictature assurera au prolétariat la plus grande liberté de mouvement et d’organisation. C’est la condition qui permet de concentrer au maximum les forces prolétariennes contre les efforts des classes déchues pour reconquérir leurs privilèges politiques et sociaux, et pour conserver les privilèges économiques découlant de la production marchande tant qu’elle subsiste. C’est aussi la condition pour faire face aux dures exigences de la guerre civile et de la guerre révolutionnaire internationale.

Refusant de sacrifier à quelque principe démocratique que ce soit et irrespectueux de tout formalisme libéral dans la lutte contre l’adversaire capitaliste, les communistes ont le même comportement vis-à-vis de la dictature prolétarienne. Elle ne tire sa force d’aucun fétichisme constitutionnel, d’aucune forme organisative ou de consultations populaires, mais de la possibilité de donner la plus grande efficacité aux énergies révolutionnaires du prolétariat libérées au maximum par la victoire. Cela n’est possible que par la direction sans partage du parti communiste. Armé d’un programme théoriquement sûr et d’une détermination inébranlable, instruit par une longue expérience révolutionnaire et pourvu d’une discipline interne ferme et d’une centralisation absolue, il est parvenu à conquérir, à travers les grandes batailles qui ont précédé la prise du pouvoir, la conduite effective de la lutte révolutionnaire du prolétariat, auquel il confère ainsi une totale unité de but, de volonté et d’action, et constitue par conséquent l’organe indispensable de la lutte révolutionnaire.

Parce qu’elles poussent la lutte des classes à son paroxysme, l’insurrection et la dictature exigent, plus que toute autre circonstance ou lutte, la coordination d’immenses forces ouvrières et leur concentration au point critique et au moment décisif avec le maximum de rapidité et d’efficacité. Cela n’est réalisable que grâce à l’unification et à la centralisation de ces forces en une seule armée prolétarienne, elle-même dotée d’un état-major unique et incontesté, c’est-à-dire de la direction exclusive du parti.

La dictature du prolétariat est nécessairement la dictature du seul parti communiste.

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3. La dictature prolétarienne et la paysannerie

 

La question paysanne a considérablement diminué en importance dans les pays les plus industrialisés, où l’agriculture n’utilise plus qu’une part infime de la population. Elle conserve cependant un grand poids dans les plus pauvres du Sud et de l’Est de l’Europe et surtout dans les pays d’Asie, d’Afrique et même d’Amérique latine.

Dans les campagnes, la révolution prolétarienne ne se présentera pas seulement comme la lutte du prolétariat agricole, frère jumeau du prolétariat industriel, contre la classe capitaliste, et celle de la paysannerie pauvre contre les propriétaires fonciers. Elle s’accompagnera aussi, dans les continents dominés, de la lutte des masses pauvres et sans terre et parfois même de couches de la paysannerie moyenne contre les restes de la propriété foncière archaïque, patriarcale, féodale ou coloniale, avec tout son cortège de résidus serviles et esclavagistes, de privilèges impérialistes et de castes.

Si en 1920 la perspective était l’union des centaines de millions de paysans d’Orient avec les prolétaires d’Occident pour la destruction de l’impérialisme mondial et l’instauration de la République Universelle des Soviets, elle devient désormais celle de l’union des centaines de millions de prolétaires des vieux et des nouveaux mondes entraînant derrière eux, dans la lutte contre les forteresses impérialistes et toute la chaîne mondiale des États bourgeois, les masses aussi nombreuses de paysans pauvres et exploités du monde entier pour l’instauration d’un État prolétarien international unique.

Les mesures immédiates de la dictature prolétarienne dans les campagnes varieront énormément d’une région à l’autre, étant donné la vaste gamme de situations particulières dues à la profusion des rapports des classes et des sous-classes, l’infinie diversité des modes de production et de faire-valoir, les différences de mobilité et d’entraînement des diverses classes de la paysannerie. L’attitude communiste sera donc dictée par le besoin urgent de conquérir les masses prolétariennes et semi-prolétariennes des campagnes à la lutte contre les classes dominantes et de neutraliser les autres couches, par le besoin de renforcer le pouvoir prolétarien, d’approvisionner les villes et l’armée révolutionnaire, avant de pouvoir entreprendre de façon systématique la transformation socialiste de l’agriculture.

Seul le communisme peut utiliser les moyens gigantesques de l’agriculture moderne pour soulager les masses exploitées des campagnes et des villes de la faim, provoquée dans des proportions toujours plus monstrueuses par la concentration des terres dans les mains de propriétaires fonciers parasitaires et des moyens de production dans les mains de capitalistes agraires soumettant l’alimentation humaine aux ravages de la loi du profit.

Il réalisera le passage à la grande production par l’expropriation révolutionnaire des expropriateurs. La nationalisation de la terre permettra la mise à la disposition de la société des exploitations modernes fondées sur le travail associé, et ce au plus tôt afin de répondre aux besoins alimentaires les plus pressants des masses exploitées des villes. Elle permettra, suivant les conditions économiques et politiques particulières, de passer à la grande exploitation moderne sur les grandes propriétés de type traditionnel ou de remettre aux paysans exploités les terres nécessaires à la vie de leur famille tout en engageant le processus de leur intégration progressive à l’agriculture socialisée, à laquelle les masses paysannes seront entraînées par des avantages techniques et économiques, par l’éducation et par l’exemple d’un travail plus productif et de conditions de travail et de vie plus humaines.

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4. La dictature prolétarienne et les peuples et nationalités opprimés

 

En libérant toutes les forces productives, devenues sociales et internationales, de la camisole de force des États nationaux et en mettant ainsi à la disposition commune de tous les pays les richesses de l’ensemble de la planète aujourd’hui accaparées par une poignée de rapaces impérialistes, et donc avec la transformation communiste de la société, la dictature prolétarienne créera les bases de la disparition définitive de toute oppression des nations plus petites par les plus grandes, avant même que le communisme permette le dépassement des différences de nationalités dans l’humanité organisée de façon unitaire.

Dans l’immédiat, le prolétariat victorieux combattra toute oppression nationale et ethnique en assurant à toutes les nationalités et ethnies opprimées le droit de se séparer de l’État dans les frontières duquel elles sont enfermées, de constituer un nouvel État ou de se lier à celui de leur choix, et la faculté d’élaborer leurs propres institutions régionales ou locales, avec la pleine liberté de culture et de langue, tout en proclamant que le but du communisme est non seulement le rapprochement et l’entente entre les diverses nationalités, mais encore leur fusion totale.

Le prolétariat révolutionnaire ne voit là aucune atteinte à la vie économique unifiée et centralisée, et aucun obstacle à la tendance de toutes les cultures et de toutes les langues à fusionner en une culture unique et internationale de l’humanité. Il est convaincu au contraire que, de la même manière que le droit au divorce est la condition de la libre union des sexes, le droit à la séparation nationale est le chemin le plus court pour réaliser, fût-ce en passant par la fédération, l’union librement consentie de toutes les nationalités dans la République universelle centralisée, qui deviendra ainsi le cadre de leur harmonieuse fusion dans l’espèce unie.

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5. Les tâches des premières dictatures victorieuses

 

Le prolétariat victorieux dans un pays ou un groupe de pays ne pourra pas réaliser d’un coup son programme intégral. Il aura pour tâches prioritaires de renforcer son pouvoir et d’étendre la révolution prolétarienne jusqu’à l’établissement de la dictature du prolétariat à l’échelle du monde entier, arène véritable de la transformation communiste de la société.

Toutes ses mesures immédiates seront donc subordonnées aux exigences suprêmes de la démolition de la vieille machine étatique et de la constitution du nouveau pouvoir de classe, décrites au chapitre intitulé « L’instauration de la dictature prolétarienne et ses caractéristiques », et de la guerre révolutionnaire internationale, et donc, en premier lieu, aux besoins de l’armement général du prolétariat et de la mise sur pied d’une puissante armée rouge révolutionnaire, bras armé de la révolution mondiale et de son parti international.

C’est pour répondre à ces exigences prioritaires que la dictature victorieuse donnera sur le champ satisfaction à toutes les revendications politiques immédiates contenues dans le chapitre suivant sur les « Orientations internationales d’action du parti ». Cela dopera l’énergie révolutionnaire des prolétaires et des paysans pauvres et assurera leur plus large participation aux tâches de la révolution et à l’État prolétarien.

Toute une série de mesures économiques et sociales révolutionnaires seront également prises immédiatement pour soulager de la misère les larges masses exploitées et pauvres des villes et des campagnes, stimuler leur ardeur révolutionnaire et, pour certaines, entraîner leur sympathie pour le nouveau pouvoir ou au moins leur neutralité dans les gigantesques affrontements en cours. De telles mesures sont relativement indépendantes du degré de développement de l’économie, mais leurs délais de mise en pratique ou la proportion dans laquelle elles pourront être satisfaites restent encore au moins en partie tributaires des vicissitudes de la guerre civile. Il s’agit de mesures comme la baisse radicale des loyers, des tarifs publics, la gratuité des transports, la hausse substantielle immédiate des salaires des catégories les plus exploitées comme les ouvriers agricoles ou les apprentis, l’expropriation des appartements luxueux ou vides et la réquisition des logements sous-occupés au profit des masses pauvres, la suppression des fermages des paysans pauvres, le rationnement général de l’alimentation au profit des travailleurs, la mise en place de crèches et de jardins d’enfants gratuits, l’organisation de la vie collective et le secours aux vieux travailleurs, etc. Quant aux autres revendications économiques indiquées également dans le chapitre suivant sur les « Orientations internationales d’action du parti », il s’efforcera de les satisfaire au plus tôt, en tenant compte des mêmes considérations.

Ce n’est que lorsque le pouvoir sera conquis dans les États les plus puissants, maîtres du marché mondial et gendarmes de la planète, que la tâche immédiate fondamentale de la dictature prolétarienne deviendra la transformation en grand et systématique de la société, alors que jusque-là les mesures prises dans ce sens sont toujours susceptibles d’être remises en question par un rapport de forces local ou international défavorable.

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6. Les grands objectifs de la transformation révolutionnaire

 

a) L’établissement d’un plan unique mondial.

 

L’appropriation sociale collective des moyens de production et d’échange sera favorisée par toute une gamme de moyens, allant de la coopération et du simple contrôle ouvrier sur le patron à la nationalisation et à l’expropriation immédiate, selon le degré de socialisation effectivement atteint. Il s’agit de rendre la production et la distribution collectives en supprimant toute appropriation particulière d’entreprises privées ou publiques, c’est-à-dire en centralisant les moyens de production de manière à briser toutes les limites de propriété personnelle, d’entreprise et d’État.

La transformation de l’agriculture présente, du fait de la propriété foncière et de l’arriération économique, des aspects particuliers déjà traités précédemment (Voir le chapitre intitulé : « La dictature prolétarienne et la paysannerie »), et elle sera favorisée par une aide puissante et sans contrepartie du secteur industriel en machines, engrais, techniques, etc., et par un apport massif de force de travail au moment des gros travaux agricoles par les travailleurs des villes, organisés à cet effet en armées industrielles.

Grâce à la centralisation des syndicats ouvriers et de toute une gamme d’organisations appropriées, l’État prolétarien mettra donc progressivement à la disposition de la société l’ensemble des moyens de production et d’échange, de la force de travail humaine, des ressources et des richesses sociales, aujourd’hui accaparées, aux dépens de l’immense majorité de la population exploitée et en particulier des masses affamées des pays économiquement arriérés, par une infime minorité de capitalistes appartenant essentiellement à un petit groupe de pays hyperimpérialistes.

Ce plan s’accompagnera donc de mesures de transfert massif et sans contrepartie de nourriture et de biens de première nécessité des pays capitalistes riches vers les plus pauvres. A plus long terme, le transfert brutal des moyens de production, accompagné au départ de travailleurs qualifiés et d’instructeurs, permettra d’arracher les campagnes du Tiers Monde à l’arriération et à la marginalisation, de porter son activité productive au niveau moyen de la société et de jeter les bases d’une organisation rationnelle de la production et de l’ensemble de la vie sociale à l’échelle de la planète.

La centralisation de toutes les ressources naturelles et humaines et de tous les moyens de production et de distribution permettra aussi d’abolir, en commençant par l’arrêt de la construction dans les zones urbaines, l’opposition entre villes et campagnes que le capitalisme pousse au paroxysme, de répartir de façon judicieuse les ressources humaines et les activités dans l’espace géographique, et de mettre les immenses capacités de la nature et de la société au service du développement harmonieux de l’humanité.

 

b) L’élévation de la consommation des larges masses.

 

La formidable capacité productive atteinte par l’humanité permet de satisfaire dans un délai relativement bref les besoins élémentaires des larges masses de tous les continents et de supprimer les différences de classes.

La réduction importante de la part des richesses consacrées par le capital aux biens de production par rapport aux biens de consommation dans sa course épuisante à la production pour la production, la reconversion des productions de guerre, de luxe, de biens parasitaires, nuisibles et antisociaux en production de biens de consommation utiles aux larges masses, l’élimination du gaspillage insensé que produisent l’anarchie capitaliste et la rotation démentielle du capital, augmenteront dans une proportion énorme les quantités de biens dont la société disposera.

L’augmentation de la consommation des larges masses se fera sur cette base par l’augmentation des salaires, tant qu’ils existent et, surtout, par l’augmentation des prestations gratuites dans les institutions de vie collective organisée.

 

c) La diminution radicale et sans délai de la durée du travail à moins de 4 heures.

 

L’utilisation rationnelle des capacités productives existantes, combinée dans un premier temps à l’obligation du travail pour toute la population en âge de travailler, l’incorporation au travail social des masses de chômeurs, de populations marginalisées ou sous-occupées permettront avec l’élimination de l’économie de marché, de réduire de façon draconienne la durée et l’intensité du travail.

Cette mesure est indispensable pour améliorer la santé des larges masses prolétariennes et leur permettre d’assurer au plus vite le maximum de tâches administratives, politiques et militaires collectives.

C’est aussi la condition pour que chaque être humain puisse se livrer à une riche gamme d’activités sociales et donc pour en finir avec la division sociale du travail, en particulier pour supprimer la division entre le travail manuel et intellectuel et lever l’opposition entre l’école et le travail productif. En libérant de nouvelles forces productives, ces résultats permettront à leur tour de limiter au strict minimum nécessaire les tâches ingrates et répétitives, non encore effectuées par la machine, et de briser la barrière entre les loisirs et le travail, qui deviendra ainsi un besoin primordial de l’humanité.

 

d) Organisation collective de la consommation et de la vie sociale.

 

L’organisation collective appliquée à tous les domaines de la consommation et de la vie sociale permettra une formidable économie de travail social, influera à son tour sur la réduction du temps de travail de tous et améliorera dans des proportions grandissantes la qualité de la consommation et de la vie sociale.

Une telle mesure, accompagnée par la participation de tous les membres de la société au travail productif suivant leurs forces, permettra de réintégrer à la vie collective les vieux travailleurs, que le capitalisme voue à la misère et à un intolérable abandon après les avoir épuisés au travail.

Les enfants seront arrachés à l’exploitation capitaliste et à l’exploitation familiale, et soustraits à la barbarie de l’éducation privée, au délaissement où ils sont plongés comme à l’exclusivisme de la possession individuelle des parents qui sert de dérivatif à la solitude et à l’individualisme. Ils trouveront, en liaison avec la participation dès le plus jeune âge aux tâches collectives suivant les besoins de leur propre développement, l’espace social, psychologique et affectif d’une éducation riche et joyeuse.

L’accomplissement collectif de toutes les tâches qui vouent aujourd’hui la moitié féminine de l’humanité à l’esclavage domestique, au ménage privé et à l’éducation artisanale des enfants, et que le capitalisme maintient pour masquer le chômage et déprimer le salaire ouvrier, permettra aussi la pleine participation à la vie sociale. Avec l’élimination de l’infériorité sociale de la femme disparaîtra aussi son oppression sexuelle dans le mariage bourgeois, forme la plus commune de prostitution.

Une fois brisées les chaînes de la famille monogamique moderne, sanctionnée par la loi et la religion, la société pourra connaître l’union vraiment libre des couples, l’entente vraiment affectueuse des générations, l’amour vraiment désintéressé des enfants dans la grande famille sociale de l’humanité.

Dans une telle société, où aura définitivement disparu la guerre de tous contre tous et tout individualisme, aura également disparu toute opposition durable entre individu et société. Dans la société de l’espèce unie, la participation à l’effort collectif sera devenue le premier besoin vital et « le libre développement de chacun sera devenu », comme disait le Manifeste de 1848, « la condition du libre développement de tous ».

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7. Le communisme et l’extinction de l’État

 

A la fin de cette phase de transition révolutionnaire qui exige la dictature prolétarienne de classe pour centraliser l’ensemble de l’économie et éliminer le capital, le salaire ainsi que tous les rapports marchands, la société pourra entrer dans la société communiste dont les phases, scientifiquement déterminées par Marx, sont les suivantes :

Stade inférieur du communisme, ou socialisme. La société est déjà parvenue à la disposition des produits en général et elle les a assignés à ses membres au moyen d’un plan de contingentement. L’échange et la monnaie ont cessé d’assurer cette fonction. L’obligation de travail et l’enregistrement du temps de travail fourni subsistent, et le certificat attestant cette fourniture est le fameux bon de travail qui ne circule pas et n’est donc pas accumulable.

Stade supérieur du communisme. La productivité du travail est devenue suffisante, si bien qu’aucune contrainte ni contingentement n’est nécessaire. La société peut écrire sur son drapeau : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » !

Avec la fin de la période de la transition révolutionnaire, l’État a disparu en tant qu’État de classe, en tant que dictature de classe. Les classes ont cessé d’exister, mais la persistance d’une règle de répartition sociale, d’une règle d’égalité et donc du « droit bourgeois » entraîne que l’État existe encore en tant qu’instrument de contrainte sociale. Cependant, à mesure que la société peut mieux faire face au développement des besoins de l’ensemble de la population et de chacun de ses membres, l’instrument de la contrainte disparaît avec la nécessité de la contrainte elle-même. L’État n’est plus alors qu’un simple organe d’administration rationnelle des opérations de production ; mieux, il lui cède la place : avec le communisme intégral, l’État s’est éteint, pour reprendre l’expression célèbre d’Engels.

 

 

Parti Communiste International

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